jeudi 29 octobre 2015

Courts métrages en français, ALCINE45

Le jeudi 12 novembre, à 16h, nous nous déplaçons à Alcalá de Henares pour notre rendez-vous annuel avec les courts métrages en français d'Idiomas en corto, la section éducative du festival cinématographique ALCINE. Notre séance aura lieu à 17h30 dans le Teatro Salón Cervantes.
Cette année, ALCINE45 nous propose quatre courts métrages dont trois tout récents. Au programme...



» BELLE GUEULE, écrit et réalisé par Emma Benestan. Année 2015, fiction, 25 min.
Avec Oulaya Amamra, Samir Guesmi, Ilian Bergala, Anas El Mokaddam, Youssef Daouadji...

Synopsis : C'est l'été, le sud. Tous les jours, Sarah, 16 ans, vend des beignets avec son père sur les plages. Un soir, elle fait la rencontre de Baptiste...



» TIGRES À LA QUEUE LEU LEU, court métrage en animation, de 8 minutes, adapté d'un conte coréen illustré par Kwoon Moon-hee, écrit et réalisé par Benoît Chieux, produit par Les Films de l'Arlequin en 2014. Voix : Jonas Lanciaux, Maxime Lainé, Dora Benousilio.

Synopsis : Un garçon très paresseux, houspillé par sa mère qui n’en peut plus de le voir dormir et manger à longueur de journée, décide de se mettre au travail et révèle des ressources insoupçonnées d’imagination, d’inventivité et de persévérance.



»  SES SOUFFLES, de Just Philippot. Scénaristes : Just Philippot et Pierre Dejon. Directeur de la photographie : Pierre Dejon. Produit par offshore en 2015. Comédie dramatique. Durée : 24' 30''. Ses Souffles, sur Unifrance. Making of.

Synopsis : Lizon vient d’assister à l’anniversaire de sa copine Marie. Les amies autour du gâteau d’anniversaire, les bougies à souffler, le vœu à faire l’ont émerveillée... Pour ses 9 ans, Lizon veut faire la même chose. Un anniversaire avec un gâteau, des bougies et ses amies, chez elle : dans la voiture.





» LE GÉNIE DE LA BOÎTE DE RAVIOLIS, court métrage en animation (comédie) de Claude Barras, produit en 2005. Voix : Oskar Gomez Mata et Pierre-Isaïe Duc.

Synopsis : Comme tous les soirs en rentrant du travail, Armand, ouvrier à la chaîne d'une usine de pâtes alimentaires, s'ouvre une boîte de raviolis en guise de dîner. Mais ce soir, un énorme génie surgit de la boîte. Il propose à Armand d'exaucer deux de ses vœux.



  

dimanche 18 octobre 2015

Images d'Art et la base photographique de la Réunion des Musées Nationaux (RMN)

Le 14 octobre 2015, donc mercredi dernier, la ministre française de la Culture, Fleur Pellerin, inaugura Images d'art à la Cité des sciences, à Paris. Elle ne manqua pas de s'en gargariser : « Je veux que chacun puisse se constituer son propre musée imaginaire. Images d'art est un projet qui répond pleinement à cette préoccupation ». « Il est une belle manière de faire progresser l'accès de tous à la culture, grâce au numérique. »
Il s'agirait d'un site web proposant au public des photographies —à découvrir, collectionner et partager gratuitement— de plus de 500 000 œuvres que l'on peut contempler dans les musées français. Le quotidien Le Monde informait à ce propos :
Conçue par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais à partir de son fonds photographique, cette plate-forme numérique se présente sur sa page d'accueil sous la forme d'un mur d'images actualisé en permanence (voir la démonstration sur YouTube). En cliquant sur chacune d'elle, le visiteur se voit proposer d'autres œuvres du même artiste et de la même période et peut voir plus précisément qui utilise la même technique ou les mêmes couleurs dominantes. Un second niveau de lecture affiche les détails de l'œuvre, son auteur, son titre, l'année de sa création et le musée où elle est exposée. En outre, une fonctionnalité permet de partager n'importe quelle image par le biais d'une messagerie électronique ou des réseaux sociaux. Appelé à évoluer, le site va peu à peu s'enrichir de toutes les ressources disponibles sur le Web pour chaque œuvre : le site est interconnecté avec des musées en ligne et l'encyclopédie en ligne Wikipédia, et envisage des liens renvoyant vers l'Institut national de l'audiovisuel (INA) pour permettre d'accéder à des vidéos des œuvres. L'ensemble des données du site est accessible pour un usage privé ou scolaire, grâce à une interface, le but étant de favoriser les usages pédagogiques. Un bel outil documentaire et de découverte mis à disposition des élèves et des étudiants.
D'autres sites, tel Culturebox, ont également couvert cette information.

Beaucoup d'œuvres sont en effet disponibles, c'est-à-dire, visibles, comme La contre-attaque décisive de Micheletto Attendolo da Cotignola (circa 1456), le deuxième panneau de La Bataille de San Romano, du peintre Paolo Uccello, qui se trouve au Louvre de Paris.

Source : Images d'Art

Il arrive néanmoins que Didier Rykner se demande, dans un article hébergé par La Tribune de l'Art, où réside la nouveauté ou le caractère « innovant » de ce site, et fait des remarques, lance des questions et donne des conseils absolument pertinents « puisqu’à de rares exceptions, plusieurs articles sur le web reprennent les éléments de langage d’auto-promotion du ministère de la Culture ». Voilà pourquoi je me permets de copier-coller son texte dans son intégralité, car il illustre et ce cas et les pompes habituelles du système en place...
Lancement du site Images-art : mais où est la nouveauté ?
Chapeau l’artiste ! Lancer un site internet qui existe déjà, sous une forme un peu différente mais moins riche, et communiquer sur sa nouveauté, son caractère « innovant », « universel », et sa contribution éminente au « rayonnement de la France dans le monde », c’est l’exploit que vient de réussir Fleur Pellerin, avec une certaine réussite, il faut l’avouer, puisqu’à de rares exceptions, plusieurs articles sur le web reprennent les éléments de langage d’auto-promotion du ministère de la Culture.

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Copie écran de la recherche « Ingres » sur Photo RMN
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Copie écran de la recherche « Ingres » sur Images-art

Le site, c’est celui de la base photographique de la Réunion des Musées Nationaux. Il y a longtemps que celui-ci existe et propose aux internautes un nombre impressionnant de photographies d’œuvres d’art des musées français et parfois aussi de musées étrangers. Il y a plus d’un an, ce portail avait subi une refonte comportant quelques bugs, mais ceux-ci semblent réparés, avec des fonctionnalités plutôt ergonomiques.
Pourquoi, alors, créer un nouveau site (« Images-art ») comprenant à peu près les mêmes fonctionnalités ? On peut, légitimement, se poser la question lorsque l’on compare les deux…

- Chaque site permet de faire une recherche sur un terme générique mais le site Photo RMN propose également une recherche avancée, ce que n’autorise pas Images-art.
- Chaque site donne les résultats sous la forme d’une mosaïque d’images (ill. 1 et 2), la seule différence entre les deux étant la taille des vignettes, plus grande pour Images-art que pour Photo RMN (ce qui n’est pas forcément plus pratique car on voit moins d’images sur l’écran et le choix est donc moins facile).
- Sur chaque site, les résultats d’une recherche peuvent être affinés en cliquant, à gauche de l’écran, sur des critères classés par catégorie : auteur, période, localisation, technique. Le site Photo RMN rajoute un critère format (horizontal, vertical, carré) pas forcément indispensable, tandis qu’Images-art propose un critère « couleur » dont nous ne voyons pas l’utilité et qui ne fonctionne d’ailleurs pas.
- Sur chaque site, on peut créer un ou plusieurs albums qui permettent de retrouver, lors d’une consultation ultérieure, les images que l’on a choisies.
- Sur le site Images-art, des images sont proposées de manière qui semble aléatoire, avant toute recherche, ce qui constitue une porte d’entrée pour l’amateur qui veut simplement se promener sans savoir ce qu’il cherche. Ceci est également possible sur le site Photo RMN, mais à partir d’albums déterminés par sujet et à l’arborescence simple.
On voit donc qu’en réalité il s’agit à peu près de la même chose ! Mieux encore, le site Photo RMN offre de nombreux avantages par rapport à l’autre :
- il est beaucoup plus riche (850 000 images contre 500 000),
- il est plus précis ; un seul exemple, en tapant « Ingres » :
* outre que pour Photo RMN on compte 980 images, et pour Images-art seulement 560, le premier permet immédiatement de trouver les photographies concernant uniquement des œuvres d’Ingres (lorsque l’on clique la première image marquée « Jean-Dominique Ingres », on obtient toutes les œuvres créées par Ingres), ce qui n’est pas possible avec le second,
* les critères permettant d’affiner la recherche à gauche de l’écran proposent, pour Images-art, « 17e siècle » ! Et si l’on clique dessus, les trois images retenues sont : Le bain turc, dessin anonyme daté de 1862 et sans aucun rapport avec Ingres, sinon le titre, L’Allégorie de l’Espérance chrétienne, tableau attribué à Bartolomeo Schedone mais conservé… au Musée Ingres de Montauban, et Audience aux ambassadeurs de Siam, almanach édité chez François Jollain…
- il permet, grâce à des mots clés, de rebondir d’une image à l’autre. Ainsi, si l’on choisit la Grande Odalisque d’Ingres, le site Images d’art propose des « œuvres suggérées » selon des critères pas toujours clairs, tandis que Photo RMN propose les mots clés suivants : dos, éventail, nu féminin, odalisque, Orientalisme (art), sensualité, turban, ce qui nous semble beaucoup plus pertinent.
Le seul véritable avantage du site Images-art par rapport à Photo RMN relève du gadget : le partage de l’image sur Facebook et Twitter. Pourquoi seulement Facebook et Twitter, et pas les autres réseaux sociaux ? C’est la (bonne) question que pose un article que vient de publier un contributeur Wikipedia. L’auteur de celui-ci, Sylvain Machefert, souligne par ailleurs à raison que le site – il partage en cela le défaut de Photo RMN - ne propose qu’une basse définition des images (bien moins bonne que Wikipedia). Si celles-ci restent suffisantes pour un écran, il est impossible de zoomer dans les détails. On comprend d’ailleurs pourquoi : comme pour la base Photo RMN, qui a au départ pour objectif de commercialiser les photos, le site Images-art, pourtant vanté par Fleur Pellerin, se prévaut lui aussi d’un droit d’auteur sur des photos dont une grande partie représente pourtant des œuvres du domaine public ! Une pratique qu’un récent rapport parlementaire qualifiait de « copyfraud » (voir l’article) et qui est donc vantée par la ministre de la Culture !
Signalons enfin que le site propose une API, c’est-à-dire qu’il met à disposition des informaticiens l’ensemble des images et données qu’il contient. Sauf que cette interface de programmation est en réalité celle de la base Photo RMN et qu’elle ne peut donc être mise au crédit du nouveau site. Plus gênant encore : Sylvain Machefert cite ici Lionel Maurel, un spécialisé du droit d’auteur très actif sur internet1, qui fait remarquer que les conditions générales d’utilisation de cette API sont tellement drastiques qu’elles interdisent les extractions substantielles des données et métadonnées, alors que c’est pourtant justement leur but !
Il est donc évidemment préférable de consulter le site Photo RMN plutôt qu’Images-art. Mais aux lecteurs de La Tribune de l’Art, nous donnerons surtout le conseil suivant : utilisez le moteur de recherche « Collections », du site Culture.fr, qui est en réalité ce qu’on appelle un « méta-moteur » qui va rechercher les images dans plusieurs bases de données du ministère de la Culture, notamment Photo RMN, mais aussi la base Atlas du Louvre, la base Joconde, la base Palissy, la base Mérimée, la base MNR, etc., etc. Preuve que le ministère de la Culture peut également produire d’excellents outils, ce moteur « Collection » permet depuis de nombreuses années de trouver facilement beaucoup plus d’informations et d’images que ce que le site Images-art propose aujourd’hui. Il est curieux que Fleur Pellerin, qui se pique de numérique, ne le sache pas.
Didier Rykner, samedi 17 octobre 2015

Notes

1Voir son blog S.I.Lex et son compte Twitter.

Disons pour conclure que la Tribune de l'Art aborde l’actualité du patrimoine et de l’art occidental du moyen-âge aux années 30.

samedi 17 octobre 2015

Langues enseignées en Europe, selon Eurostat

« Donner à des millions d’hommes la connaissance de l’anglais, 
c’est comme les réduire en esclavage. » (Gandhi, 1908)



À l’occasion de la Journée européenne des langues —qui a lieu chaque année le 26 septembre à l'initiative du Conseil de l'Europe—, Eurostat, l’Office statistique de l’Union européenne, publie des données sur l’apprentissage des langues étrangères dans les écoles de grand nombre de pays de notre continent. Une infographie est également disponible sur le site web de l'Office.

Selon le communiqué de presse d'Eurostat de cette année, en 2013, 17,7 millions d'élèves de l'enseignement primaire (soit 81,7 % de l'ensemble des élèves de ce niveau) dans l'Union européenne étudiaient au moins une langue étrangère, dont 1 million (4,6 %) apprenaient deux langues étrangères ou plus.
Vous n'allez pas me croire, mais selon ce rapport, "la prépondérance de l'anglais se confirme", voire "l'anglais domine nettement", et dans le primaire et dans le secondaire, conclusion qui vous laisse, j'en suis persuadé, époustouflés et bouche bée. C'est pour cela que nous avons besoin de rapports, et de rapports annuels pondus après de longues études, sans quoi nous ne saurions guère de quoi il retourne, y compris dans ce meilleur des mondes de la mondialisation la plus heureuse où les événements se succèdent comme par hasard et en toute liberté.

C'est ainsi qu'à l'échelle de l'enseignement primaire, l'anglais, étudié par 16,7 millions d'élèves, était de loin, très loin, la langue "la plus populaire" (sic). La seule obligatoire (légalement ou de fait), risque-t-on de supputer ? Enfin, de quoi réfléchir peut-être à la popularité des contraintes ou à l'expressivité de l'actinomycose (1).
Quant au français, il arrivait en deuxième position... loin, très loin derrière.
Puis...
La prépondérance de l’anglais se confirme dans le premier cycle de l’enseignement secondaire (élèves âgés de 11 à 15 ans environ en fonction du système éducatif national), avec 17,1 millions d’élèves dans l’UE apprenant l’anglais en tant que langue étrangère (95,6% de tous les élèves de ce niveau) en 2013. Le français (4,9 millions, soit 27,4%) arrivait en deuxième position, suivi par l’allemand (2,9 millions, soit 16,3%), l’espagnol (2,1 millions, soit 11,6%), le russe (0,5 million, soit 2,7%) et l’italien (0,2 million, soit 1,0%).
Par ailleurs, ce communiqué de presse nous rappelle :
Actuellement, 24 langues officielles sont reconnues au sein de l’UE. En parallèle existent des langues régionales, des langues minoritaires et des langues parlées par les populations migrantes. Il convient également de noter que plusieurs États membres de l’UE comptent plus d’une langue officielle.
Un proche, qui n'avait pas vu par exemple l'infographie évoquée plus haut, commentait goguenard qu'il n'y avait pas de données sur les Îles Britanniques. En fait, on vérifie que le taux d'élèves de l'enseignement secondaire supérieur britannique (à partir de 15-16 ans, normalement) qui n'apprennent aucune langue étrangère est de... 52%. En tout cas, la presse anglaise aborde le sujet de temps à autre...
UK pupils 'worst in Europe for learning foreign languages'
The UK is the worst nation in Europe for the teaching of foreign languages following a dramatic collapse in the subject under Labour.


(The Telegraph, le 30 août 2011)
Deux ans plus tard (15/02/2013), The Telegraph persiste et signe :
English teenagers 'worst in Europe' at languages
British teenagers are trapped in a "vicious circle of monolingualism", a report warned yesterday as figures showed English youngsters are among the worst in Europe at foreign languages.
Concernant d'autres journaux, The Daily Mail remarquait également l'année dernière l'état pitoyable de l'apprentissage des langues étrangères en Angleterre et ses retombées sur l'économie de la Grande-Bretagne (dommage, ce quotidien n'avait pas considéré utile de comparer les chiffres de ces répercussions et des revenus découlant de l'industrie de l'enseignement de l'anglais au Royaume-Uni, tous ses secteurs confondus : droits d'inscription, transport, hébergement, nourriture, activités touristiques, souvenirs, marché de l'édition...) :
English youths 'Europe’s worst at languages’: Just 9% of pupils have basic mastery of French compared with 42% elsewhere
  • UK is missing out on almost £50billion-a-year in lost contracts because of poor language skills among the workforce 
  • English 15-year-olds came bottom of a table of 14 countries for competence in the main language taught in schools
  • Forty-four universities had scrapped language degrees since 2000.
The Guardian s'en souciait aussi (21/06/2014) :
Learning languages is key to UK's success in the global economy
Sponsored feature: The under-resourced teaching of foreign languages in the UK must improve if Britain is to compete in the global economy, a Guardian roundtable foun.
Dix mois avant, en août 2013, The Guardian nous prévenait : 40% des départements universitaires des îles risquaient de fermer à court terme (10 ans) et, de toute façon, le nombre d'universités proposant des études en langues modernes avait chuté de 40% depuis 2000...
Language teaching crisis as 40% of university departments face closure
Number of universities offering modern languages degrees plunges from 105 in 2000 to 62 at start of this academic year
Néanmoins, en matière de prééminence en cancritude linguistique, le débat existe car certaines sources soutiennent que le pays le plus réticent à apprendre des langues étrangères, donc le plus inébranlable à l'heure de préserver une nature foncièrement unilingue, serait plutôt... l'Irlande.

Oui, je sais, ce sujet est extrêmement important et mérite une analyse beaucoup plus détaillée, mais ce billet ne tient qu'à le présenter d'une manière non spécialisée et non exhaustive dans le but d'inviter tout le monde à y réfléchir. Bref, n'ayons pas la langue liée et posons deux questions (rhétoriques) en guise de conclusion, pour l'instant :

1) Quelle est la langue étrangère dont l'étude est tellement prépondérant qu'elle est en train de marginaliser toutes les autres, y compris les langues natives dans les plans de l'enseignement obligatoire de pays petit à petit gibraltarisés comme l'Espagne ? (cf. Esperanza Aguirre qui ne veut pas qu'on apprenne l'anglais, mais EN anglais).

2)  Quels sont les pays de l'Europe et de la planète [cf. son pays guide (2)] où l'on marginalise de plus en plus l'enseignement et l'apprentissage des langues étrangères ?

Je me souviens d'une conférence qui résumait ces deux aspects... Ou d'un ouvrage incluant quelques dizaines de pages très documentées et intelligentes à cet égard (Enrique Bernárdez : El lenguaje como cultura, Alianza, 2008)

Bien entendu, si l'on veut tout dire, il faudrait évoquer aussi les ravages subis par l'anglais en raison de sa position dominante de langue impériale et obligatoire. À ce propos, en septembre 2013, Jeremy Gardner publiait un essai intitulé Misused English Words and Expressions in EU Publications qui prête également à réflexion. Son introduction commençait comme cela :
Over the years, the European institutions have developed a vocabulary that differs from that of any recognised form of English. It includes words that do not exist or are relatively unknown to native English speakers outside the EU institutions and often even to standard spellcheckers/grammar checkers (‘planification’, ‘to precise’ or ‘telematics’ for example) and words that are used with a meaning, often derived from other languages, that is not usually found in English dictionaries (‘coherent’ being a case in point). (...)

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(1)  Langue de bois : gonflement, durcissement de la langue et ulcération superficielle des bovins atteints d'actinomycose et d'actinobacillose.

(2)  « Plusieurs États américains ont déjà pris ou s'apprêtent à prendre des mesures permettant aux étudiants d'apprendre le langage informatique plutôt que le français, l'espagnol, l'allemand ou le japonais... » (Source : Le Figaro, le 05/04/2015)

mardi 13 octobre 2015

Cao Bang RC4

Cao Bang RC4 est un documentaire conçu pour le web dont voici l'introduction :
En octobre 1950, l'armée française, engagée en Indochine contre le Vietminh, subit une défaite sans précédent dans la région de Cao Bang, aux confins du Tonkin. Huit de ses meilleurs bataillons sont anéantis en quelques jours sur la Route Coloniale 4 (RC4), qui longe la frontière avec la Chine. Les Français perdent 6 000 hommes, plusieurs places fortes et le contrôle de la région. Le Vietminh peut désormais recevoir sans entraves l'aide militaire de la Chine et intensifier sa guerre de Libération. Cette déroute passera quasi inaperçue en France et les survivants resteront longtemps murés dans le silence.
Pourtant, le désastre de Cao Bang est le tournant de la Guerre d'Indochine. Il déclenche une onde de choc qui entraînera non seulement la perte de toute l'Indochine mais aussi la fin de l'empire colonial français.
Comment la petite armée du Vietminh, sans avions ni blindés, a-t-elle pu infliger une telle déroute à la France ? Pourquoi la France n'en a-t-elle tiré aucun enseignement ?
Plus de 60 années après les faits, les derniers témoins encore en vie ont accepté de témoigner. Ceux du Corps Expéditionnaire Français, engagés dans une guerre ouverte contre le Communisme, et ceux du Vietminh, qui se battaient pour libérer leur pays. Ils avaient vingt ans, ils venaient de France, d'Europe ou des villages de l'Atlas. Ils étaient paras, légionnaires, tirailleurs ou goumiers
(1). Ils nous livrent, au crépuscule de leurs vies, leur ultime témoignage.
L'écriture, la réalisation et la production de ce film didactique sont dues à Jérôme Santelli, qui revendique la mémoire des soldats oubliés par la patrie colonisatrice —qui, tenace dans son être, enrôlait des colonisés pour poursuivre son aventure coloniale, sa redondante flèche.
Le documentaire produit par Santelli nous présente des témoignages, une chronologie, des archives, un lexique, une filmo-bibliographie, des biographies, des cartes et des liens d'intérêt.

Les témoignages recueillis dans Cao Bang RC4 correspondent à des acteurs présents sur les lieux en octobre 1950 : Madeleine Astor Vieille (Convoyeuse de l'Air au Tonkin), Roger Aubert (Sergent-chef au 36ème Goum du 3ème Tabor), Jean Bailly (Sergent au 60ème Goum du 1er Tabor), Etienne Bouchet (Adjudant-chef à la compagnie de Légion de renfort du 1er BEP), Jacques Brianchon (Sergent au 3ème Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes), Charles-Henri de Pirey (Aspirant, officier adjoint du 60ème Goum - 1er Tabor), Joseph dal Magro (Sergent-chef au 5ème Goum du 11ème Tabor), Dang Van Viet (Dang Van Viet est le commandant du régiment d'élite 174), Xavier du Crest de Villeneuve (Lieutenant, adjoint du commandant du 59ème Goum du 1er Tabor), Jacques Laurent (Lieutenant 1ère compagnie 1er Bataillon 3ème REI - Chef du poste de Lung Vaï), La Van Cau (Commando de choc au régiment 174), Régis Lebœuf (Sergent à la 136ème compagnie des Forces Indochinoises), Georges Longeret (Commandant de compagnie au 2ème BEP), René Mary (Adjoint de l’Officier de Renseignement du 3ème Bataillon du 3ème REI à Cao Bang), Ali Nadi (Sergent-chef au 60ème Goum du 1er Tabor), Pierre Pédoussaut (Médecin Capitaine au 1er BEP), Robert Schuermans (Sergent au 3ème Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes), Serge Têtu (Sergent-chef au 58ème Goum du 1er Tabor) et Amédée Thévenet. Celui-ci, par exemple, avait 22 ans en 1950 et était sergent au bataillon de marche du 8e régiment de tirailleurs marocains. Il se rappelle : "La route est comme un ruisseau qui serpenterait entre des montagnes, le paysage est ce qu'on appelait la baie d'Along terrestre". "Le long de cette route, sur les pitons, quand on les a reconquis, on installe des postes. Qui tient le poste, tient la région."
Dang Van Viet évoque à son tour : "Je suis Dan Van Viet, le roi de la RC4, le tigre de la RC4. J'ai mené beaucoup d'embuscades sur cette route. Nous étions cent fois plus faibles que nos ennemis. Face à eux, nous devions faire une guerre du peuple. Tout le monde était en guerre, même les enfants, les vieillards."

Au fil de ce documentaire, on parcourt successivement onze étapes numérotées dont voici les vidéos :

1) La Route Coloniale 4, ses postes et ses convois.
2) Le Corps Expéditionnaire Français (Croisade contre le Communisme. Le Corps Expéditionnaire Français)
3) La menace Vietminh (Le Roi de la RC4. Le 2ème Bureau à Cao Bang)
4) La chute de Dong Khé (Les commandos de choc Vietminh. La Van Cau, héros du Vietminh)
5) La Colonne Le Page (Les combats du Na Kéo. Coup d’arrêt à Dong Khé. Coc Xa, le combat mythique)
6) La Colonne Charton (L’évacuation de Cao Bang. Le repli par la RC4, le mauvais choix)
7) La Capture (La capture. Prisonnier du Vietminh)
8) Abandon de That Khé et Lang Son (Évacuation sanitaire à That Khé. L’abandon de That Khé. L’abandon de Lang Son)
9) Un désastre sans précédent (L’ignorance et le mépris. Une grande victoire de Giap. Un désastre sanitaire. Un sentiment d'abandon)
10) La captivité (Dans les camps du Vietminh. Oncle Hô et le lavage de cerveau. Tentatives d'évasion)
11) La libération (Libération des prisonniers : la longue marche vers Hanoï. Suspicion et indifférence)

Le Web du film nous suggère des sites à visiter pour aller plus loin...
L'attaque du poste de Bo Cung
Le récit passionnant de l'attaque d'un poste de la RC4 tenu par une section de légionnaires commandée par le lieutenant Jaluzot lors de l'offensive générale du Vietminh.
Indochine Images
Un blog très bien documenté sur les événements de la RC4 et la géographie des combats réalisé par Jean-Luc Martin.
Mémoires d'Indochine
Un carnet de recherche au contenu pédagogique et scientifique. L’histoire de la décolonisation au Viêt-Nam, Laos et Cambodge a le plus souvent été présentée sous l’angle des littératures officielles marquées par le prisme des vainqueurs. L’objectif de ce carnet de recherche est d’inverser la tendance générale des histoires officielles...
Indo Editions
Le site web des éditions Indo-éditions, spécialiste des livres sur la Guerre d'Indochine.
Le site de l’ANAI
L’Association Nationale des Anciens et Amis de l'Indochine et du Souvenir Indochinois.
ANAPI
Le site de l’Association Nationale des Anciens Prisonniers Internés Déportés d’Indochine.
Saïgon / Vietnam
Un site pour les amoureux et les nostalgiques du Vietnam et de Saïgon.
Histoires d’aviateurs
Des très nombreux témoignages d’aviateurs relatifs à la guerre d’Indochine.
Mann Up
Un site de photos anciennes du Vietnam
Médecins allemands pro vietminh
Une page consacrée à des Légionnaires allemands ayant rejoint les rangs du Vietminh.
La guerre d’Indochine 1945-1954
Un outil multimédia sur la guerre d’Indochine produit par l’Université du Québec.

(1) Goumier : [de « goum », de l'arabe qaum « troupe »] Durant la colonisation française, soldat faisant partie d'un contingent militaire recruté en Afrique du Nord parmi la population locale.