Le portail officiel français Eduscol, dépendant du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche tient entre autres à nous renseigner sur l'actualité du numérique en ce qui nous concerne. Voici une info inté-récente, de ce mois de mai :
Répertoire pour l'enseignement du français
Mise en ligne de la version 2013-2014 du répertoire web du
site Internet « Amélioration du français » élaboré par le Centre
collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) du Québec. Il
comprend la description de 105 ressources en ligne sélectionnées sur la
base de la qualité du contenu proposé et en fonction de leur dimension
pédagogique. La plupart des sites recensés, accessibles gratuitement,
visent à « intéresser quiconque souhaite perfectionner son français ».
Le CCDMD
est un centre de production de matériel didactique géré par le collège
de Maisonneuve qui offre de nombreuses ressources informatisées et des
documents imprimés pour apprendre le français et l'anglais, à
destination du personnel enseignant et des élèves de l'ensemble du
réseau collégial du Québec. Le catalogue en ligne affiche plus de 200
produits (sites web, manuels et logiciels) dont le site Amélioration du français.
Des ressources pour l'apprentissage du français
Le site Amélioration du français met à la disposition des élèves et des enseignants plus de 1100 documents. Ces ressources, souligne le site, «
sont destinées principalement à l’apprentissage de la langue et conçues
par des enseignants de cégeps [et] s’adressent prioritairement à
l’ordre collégial. Cependant, elles peuvent certainement être utiles à
l’ensemble des usagers soucieux d’améliorer leurs connaissances en
français ». Grâce à l'outil de recherche interne, l’utilisateur accède via un index de mots-clés aux principales ressources pédagogiques.
Nouveauté technologique (depuis le 27 mars 2014), l'application gratuite France Terme permet de découvrir près de 7 000 vocables scientifiques et techniques et leurs équivalents étrangers,
officiellement recommandés par le Journal officiel de la République française. Elle est téléchargeable sur Google Play. Voici la description qu'on peut lire sur le site avant installation :
Description
Vous pouvez le dire en français ! Découvrez l'application FranceTerme.
Cette
application vous permet d’accéder à tout moment aux termes spécialisés
de la base de données FranceTerme de la délégation générale à la langue
française et aux langues de France (ministère de la Culture et de la
Communication), qui compte près de 7 000 termes français, avec leur
définition et leurs équivalents étrangers.
L’application, qui
n’est pas un dictionnaire de langue générale, vous permet de découvrir
de très nombreux termes scientifiques et techniques. Ces termes, des
plus largement en usage jusqu’aux plus spécialisés, proposés par des
experts de multiples domaines, ont été recommandés et publiés au Journal
officiel par la Commission générale de terminologie et de néologie,
dans le cadre du dispositif institutionnel d’enrichissement de la langue
française.
L’application, libre et gratuite, peut constituer un
outil précieux pour vous exprimer en langue française quel que soit
votre travail : rédaction ou traduction d'un article de presse, d’un
mémoire, d’une note, d'un cahier des charges, d'une proposition
commerciale… quelques clics et vous avez le bon terme : Ayez le
réflexe FranceTerme !
Savez-vous que vous pouvez retrouver chaque vendredi une vidéo extraite d'une des productions de CNRS Images ?
Un widget interactif vous permet, si vous le désirez, d'inclure La Vidéo du vendredi sur votre site (mode d’emploi).
En voilà un exemple de ce service du Centre national de la Recherche scientifique...
24/01/2014 Et pour quelques degrés de plus
Les
caractéristiques et la qualité d’un vin sont intimement liés au climat.
Avec les évolutions actuelles et futures, les zones viticoles pourraient
changer. Dans le Val de Loire, l’un des sites pilotes depuis 2007,
Hervé Quenol et son équipe ont installé dans les vignobles des réseaux
de capteurs et de stations météorologiques. L’intérêt de ces recherches
est de simuler le climat futur afin de proposer aux viticulteurs des
méthodes ou des cépages adaptés à ces changements… Réalisation : Christophe Gombert – Production : CNRS Images
Le webdocumentaire Un empire dans mon assiette est le résultat d'une enquête réalisée par Judith Rueff sur le groupe suisse Nestlé, numéro 1 mondial de l'alimentation, dont le chiffre d'affaires atteignit en 2013, selon sa déclaration, 92,2 milliards de francs suisses entraînant des bénéfices de 10 milliards de francs suisses. Il dispose de 18 usines en Espagne, 39 en France, 30 en Allemagne, 71 aux États-Unis, 21 en République populaire de Chine, 24 au Brésil, 12 en Afrique du Sud, 13 en Australie... 5 500 tasses de Nescafé sont bues chaque seconde dans le monde. Les 8 000 marques Nestlé, la multinationale aux mille visages, autorisent difficilement les gens —contraints de manger et de boire— à s'en affranchir : elles inondent les rayons agroalimentaires des grandes et petites surfaces partout dans le monde.
Coproduit par Ligne 4 et Les Films d'ici 2 pour France Télévisions, en partenariat avec Le Monde, France Info et Terra Eco, ce projet transmédia, dont l'objectif est carrément de prendre l'oiseau au nid, fut mis en ligne le 24 avril 2014 et émis sur la chaîne de télévision France 5 le 28 suivant (France 5 a également diffusé le documentaire Un empire en Afrique le mardi 29 avril à 21h44).
Cette enquête décrypte (ou démasque, selon Terra Eco) la stratégie prédatrice de Nestlé. Sur le portail d'accès, l'internaute est prié de naviguer dans un placard virtuel rempli d'articles vendus par la multinationale vaudoise. Il devra explorer une toile bariolée farcie de nombreuses silhouettes d'emballages, choisir un produit, répondre à une question à choix multiple qu'on lui pose à son propos et regarder le reportage filmé ou l'infographie animée analysant les dessous louches, sans fards publicitaires, de la marchandise décortiquée. Ainsi déniche-t-on des denrées étiquetées "durables" qui ne sont en fait ni bio, ni équitables, ou des céréales Fitniaise contenant les mêmes taux de graisse et de sucre qu'un Choc-à-pic...
On avance de la sorte dans le parcours proposé : à chaque jalon 1, 2, 3, une carte dévoile l'étendue sur la planète de cet empire colossal, de ce petit nid... de vautours ?
Un exemple : on clique sur la silhouette d'une bouteille d'eau minérale Perrier. À partir d'une interrogation double, De l'eau dans le gaz ou du gaz dans l'eau ? Quelle proposition vous semble juste, pour obtenir du Perrier en bouteille ?, trois possibilités A, B, C s'ouvrent à votre considération :
On met tout simplement l'eau de la source naturellement gazeuse
On puise l'eau de la source naturellement gazeuse. Puis on sépare l'eau et le gaz avant de les reconditionner ensemble lors de l'embouteillage.
On injecte dans de l'eau plate ou dégazéifiée du CO2 en proportion variable selon la taille des bulles que l'on souhaite obtenir.
Après avoir validé sa réponse, on reçoit la réponse correcte et une explication là-dessus. On visionne ensuite une vidéo d'environ 5 minutes dont le point de départ est une question simple et époustouflante : Peut-on délocaliser la production d'une eau minérale ? C'est tout l'enjeu d'une bataille juridique qui vient d'opposer Nestlé à la petite ville de Vergèze, dans le Gard, où jaillit la source de la célèbre eau pétillante en question, exploitée il y a 150 ans... Précisons que Nestlé Waters racheta le site de production en 1992 et que la population de Vergèze craint une délocalisation masquée de la production de Perrier.
Si nous prenons une autre référence "prestigieuse" car georgeclooneysée, les capsules Nespresso, Laurent Castaignède (ingénieur, BCO2 Ingénierie) nous apprend qu'elles produiraient, en raison notamment de
leur emballage multiple, deux fois plus d'émissions de gaz à effet de serre qu'une machine à café à
percolateur (celle des bars) ou à filtre.
Une autre QCM nous décèle qu'en buvant un bol de Nesquick, on absorbe 20% de cacao et 80% de sucre. On risque d'en déduire que c'est en sucrant qu'ils se sucrent. Mais ce n'est pas par hasard que Grosquick a disparu du marketing du petit nid, tout comme le troisième des oisillons qui l'habitaient jusqu'en 1966...
En matière de bourrage de crâne corporatif, un autre article de cette cuisine nous rappelle que "des réalisateurs connus se sont pliés à l'exercice du film publicitaire" vantant des produits Nestlé. Concrètement, Claire Denis, Michel Gondry, Ridley Scott et Jean-Paul Rappeneau. Au bout du compte, la propagande et ses spectacles constituent le bouillon et la bouillie de culture de notre civilisation, et Nestlé ne saurait s'en priver.
Comme le rappelle le journal Le Monde, derrière les marques que nous connaissons depuis des décennies, "il y a des stratégies marketing et commerciales bien rodées, des marchés et des matières premières, un réseau d'influence et une image à soigner", dans ce cas, à verdir. Et un violent lobbying à faire peur. Ou des activités d'espionnage contre des militants altermondialistes (le Nestlégate, pour lequel, en dépit de sa légion d'avocats, la société Nestlé -en compagnie de Securitas, firme qui se met à la disposition de tous ceux qui souhaitent "se permettre d'évoluer à leur guise, sans souci"- a été condamnée par le Tribunal Civil de Lausanne) :
Le 25 janvier 2013, exactement un an après la tenue du procès civil et quatre ans et demi après le dépôt de la plainte, le verdict est enfin tombé : Nestlé et la société de surveillance Securitas sont condamnées pour leurs pratiques d’espionnage d’Attac et des auteurs du livre « Attac contre l’Empire Nestlé ». Le Tribunal a reconnu qu’il s’agissait d’une infiltration illicite et a admis que les droits de la personnalité des plaignant-e-s ont été violés. Il a condamné Nestlé et Securitas à leur verser une réparation pour tort moral de l’ordre de CHF 3000.- chacun-e ainsi qu’une partie des frais d’avocats.
Source : ATTAC Suisse.
Quant au forcing des très grands auprès des décideurs, le dit lobbying, il s’exerce à travers une myriade d’associations —comme nous le rappelle Marc Pigeon, chercheur au CEO (Corporate Europe Observatory)— et recourt à une désinformation calculée et systématique.
Il s'agit de tout faire pour fragiliser les régulations et rafler des subventions :
Agribusiness lobbying in Brussels involves biotech, food, animal feed,
agrofuels and pesticide producers targeting decision makers to weaken
regulations or to get subsidies.
Monique Goyens (directrice générale du Bureau Européen des Unions de Consommateurs, BEUC) explique que, sous la pression et l’intoxication sournoise de l’industrie agroalimentaire, l’étiquetage des emballages des produits alimentaires approuvé par l’UE est « inodore, incolore, insipide, incompréhensible » pour « le commun des mortels », au lieu d’être, comme on l'avait proposé à la Commission, un feu tricolore facilitant aux gens de faire des choix, même sains, car ils saisiraient en un clin d’œil si un aliment est riche ou non en sucre, en sel ou en matière grasse.
Coût de ce lobbying ? D’après CEO (juin 2010), 1 milliard d’euros. Pour chaque lobbyiste consumériste, il y en a 5 de l’industrie, sans compter la pression directe des entreprises.
« Inventer » provient du verbe latin « invenio » qui veut dire, entre autres, « trouver (après recherches) » ou « inventer » : multa a majoribus nostris inventa sunt (beaucoup de choses ont été inventées par nos ancêtres). Voilà justement ce que l’on peut dire à propos de la découverte en Afrique du Sud des propriétés de deux plantes endémiques, le Rooibos (“buisson rougeâtre” en afrikaans) et le Honeybush. N’empêche. Depuis notamment 2010, nous avons pu lire dans la presse ou sur internet des titres du type :
Nestlé veut patenter le rooibos Nestlé a été accusée de « biopiratage » pour utilisation illégale du Rooibos, endémique d'Afrique du Sud qui devait entrer dans une composition servant à traiter et/ou prévenir des maladies inflammatoires. L'infraction, commise sur la base d'une convention onusienne qui légifère en la matière, la Convention sur la Diversité Biologique, se rapporte au consentement préalable qui doit être obtenu par le pays fournisseur de la ressource et des tenants du savoir traditionnel associé. Dans un deuxième temps, cette convention demande à l'exploitant de partager les bénéfices commerciaux et non-commerciaux avec ces derniers selon des dispositions mutuellement convenues. Mais le gouvernement Sud-Africain a déclaré à Natural Justice et à la Déclaration de Berne1 que ni Nestlé ni Nestec - la filiale technique, scientifique et commerciale de la compagnie - n'ont reçu de consentement pour l'exploitation du Rooibos. De plus, il existe en Afrique du Sud un cadre légal qui interdit des activitiés de prospection sans une patente délivrée par le Ministère des Affaires environnementales. Nestlé, de son côté, se défend en avançant que ce n'est pas elle mais ses fournisseurs sud-africains qui ont collecté et qui lui ont procuré la plante.
Mais sans succès puisque c'est avant tout à elle qu'appartient le devoir de s'assurer de la provenance licite des produits qu'elle veut utiliser.(...) Horizon-Durable.ch
C'est vraiment fort de café... et de thé ! Nestlé, comme tant d’autres multinationales, tente de se construire un monopole à partir d’une invention centenaire due à une collectivité traditionnelle.
D’après la définition de Vandana Shiva, lauréate du prix Nobel alternatif, la biopiraterie est « un déni du travail millénaire de millions de personnes et de cerveaux travaillant pour le bien de l’humanité », et, ajoute-jé, à travers le système des brevets d'invention, une appropriation éhontée et restrictive de savoirs qui découlent de ce travail millénaire. Et toute cette merde au nom de la propriété privée —qui fut autrefois l’alibi de l’esclavagisme, soit dit en passant.
Encore un cas qui montre à quel point le Grand Capital —qui se gargarise sans désemparer du mot « innovation »— ne pratique en fait que les innovations financière, technologique et publicitaire pour mettre en œuvre sa vraie nature, le dépôt du brevet de l’eau chaude —ou de l’eau tout court, comme on va voir tout à l'heure— pour doper ses caisses sans complexes, même au détriment des plus vulnérables, car il ne trouve pas dégueulasse de les spolier ; sa flèche (son conatus) le pousserait, si ça se trouve, à patenter le fil à couper le beurre.
Le reportage de Judith Rueff nous fait cadeau d’un entretien avec François Meienberg, porte-parole de l'ONGDéclaration de Berne. L'enquête qu'ils menèrent en compagnie de Natural Justice révéla donc que cinq demandes de brevets déposées par Nestlé concernaient l’utilisation de Rooibos et de Honeybush : sa filiale Nestec envisageait d’exploiter les propriétés anti-inflamatoires et cosmétiques de ces "alicaments" (mot-valise composé de « aliment » + « médicament »), vertus connues depuis belle lurette par les peuples indigènes qui les exploitent pour en faire du thé, du savon et des crèmes. Certaines communautés en dépendent pour vivre et risqueraient de voir leur droit de commercialisation restreint à cause de ce genre de brevets.
Le documentaire aborde aussi la qualité des produits de Nestlé. Membre de l'ADNC-Association de Diététique et Nutrition Critiques, Sylvain Duval s’exprime à propos de la devise nestléienne, Good Food, Good Life :
« Good Food, Good Life… C’est faux, en fait, c’est de la com (…). Il n’y a pas de bons aliments faits par l’industrie ; bons si, ils sont bons au goût mais ils ne sont pas bons en composition. »
Béatrice de Reynal, nutritionniste, passe au peigne fin quelques produits emblématiques, très familiaux, de chez Nestlé, dont le Knacki Herta (100% pur porc) : « Le Knacki, c’est vraiment une mayonnaise avec beaucoup de gras dedans et assez peu de viande, donc, en fait, c’est un produit que les enfants aiment bien parce que c’est mou, mais en réalité c’est un produit d’un point de vue nutritionnel qui est pas très qualitatif » ; le Hachis Parmentier (recette + équilibrée, purée + savoureuse) : « Il n’y a que 38% de viande, alors que, chez vous, vous auriez mis 100% de viande et, évidemment, avec 38% de viande seulement, ça veut dire que pour un enfant en croissance, pour une femme dont les besoins en fer sont très élevés, et bien là, vous n’avez pas notablement de fer dans un plat comme ça. » ; les minipizzas Piccolinis (Buitoni) : « Là-dedans, en fait, il y a beaucoup de sel et il n’y a pas tellement de micronutriments. Il n’y a sans doute pas beaucoup de matière grasse dans la pâte, donc, ça, c’est plutôt bien, mais quand même il y a 218 calories pour 100 grammes, sachant que là-dedans il y a 270 grammes. » ; Flanby (totalement renversant !, 70% de lait) : quant à ces produits laitiers fantaisie, il faut toujours lire leur composition, « là, on voit qu’il y a du sirop glucose-fructose (…), c’est un substitut de sucre qui physiologiquement est accusé de maux, en particulier de syndromes métaboliques, le diabète, etc. ».
Ce genre de denrées constitue, selon Sylvain Duval, 90% du contenu des caddies des mamans qui font les courses dans les supermarchés.
D’autre part, M. Duval affirme qu’à chaque fois qu’il y a des réglementations, ces entreprises sont contre et proposent qu'on leur fasse signer des chartes d’autorégulation, « ce qui est faux : elles n’ont jamais tenu leurs promesses, ou alors, elles ont tenu leurs promesses à coups de 5% par an. (…) Ces chartes sont vraiment de la poudre aux yeux, c’est vraiment un jeu de dupes. »
L'ADNC recommande sur son site, soit dit en passant, des documentaires vidéo à se procurer. Cliquez ci-contre pour accéder à cet inventaire. À ne pas se taire.
Yasmine Motarjemi, ancienne sous-directrice de la sécurité alimentaire du géant suisse (avant d’être licenciée en 2010), affirme dans ce film que chez Nestlé, la priorité n’était pas exactement la conformité avec la réglementation en matière alimentaire : « les améliorations venaient toujours après les incidents (…), alors que, dans une bonne gestion de la sécurité alimentaire, il faut prendre des mesures préventives et agir en amont des problèmes ».
Début 2003, elle découvrit qu’il y avait une quarantaine de plaintes pour étouffement concernant des biscuits de Nestlé pour les bébés. Elle apprendra par la suite que le problème était connu de longue date par la direction, ce qui ne lui avait pas empêché de laisser le produit sur le marché sans toucher même à l'étiquetage à propos de l’âge de consommation.
Le film évoque le scandale, en Chine, du lait en poudre pour nourrissons contaminé à la mélamine. C’était en 2008 ; bilan officiel : six décès et 300 000 intoxications. Nous savons que ce lait provoqua un tollé également en ArabieSaoudite et à Taïwan. Et que déjà en 2005, Nestlé avait dû retirer du marché du lait infantile en Italie, en France, en Espagne et au Portugal. Motif: il contenait des traces d'encre. Le hasard ?
En 2011, Yasmine Motarjemi porta plainte contre Nestlé pour harcèlement moral. Elle déclare dans ce webdocumentaire : « Nestlé est dirigée par des hommes d’affaires, des gens dont le seul but, la seule pensée, c’est de faire des profits. Ils n’ont pas une compréhension très approfondie de la nourriture et des risques sanitaires. Je demande aux consommateurs comment on peut mettre la santé de nos enfants dans les mains de gens qui ne pensent qu’au profit. »
Terra Eco, partenaire du projet Un empire dans mon assiette, reprend sur son site quelques sujets de l'enquête de Judith Rueff et les soumet à notre réflexion :
Le site de RTBF (la radio-télévision belge francophone), quant à lui, commente la parution de ce documentaire et nous recommande aussi d'autres lectures pour en savoir plus :
Selon le PDG de Nestlé, Peter Brabeck (déclarations de 2005), « Oui, il y a chez nous une jolie chanson folklorique qui dit « Les bêtes ont besoin d’eau, hollara et hollari… », vous pouvez vous en souvenir ; l’eau est bien sûr la matière première [das wichtigste Rohmaterial !!!!] la plus importante qu’il nous reste au monde. Il s’agit de savoir si oui ou non, nous privatisons l’approvisionnement normal en eau de la population. Et là s'affrontent deux points de vue différents. Le premier, que je qualifierais d'extrême, est préconisé par certains… par les ONG, qui réclament que l’eau soit déclarée un…euh…mmm… droit public. Autrement dit, en tant qu’êtres humains, ils devraient simplement avoir le droit d’avoir de l'eau. C'est une solution extrême. Et l’autre qui dit « l’eau est une denrée alimentaire et, comme toute denrée, elle devrait avoir une valeur marchande ». Personnellement, je crois qu’il est préférable de donner une valeur à une denrée afin que nous soyons tous conscients qu’elle a un coût et puis qu’on prenne des mesures adaptées pour cette partie de la population qui n’a pas accès à cette eau, que l’on intervienne à leur égard d’une manière plus spécifique, car il existe à ce propos beaucoup de possibilités différentes. »
[„...das Wasser ist natürlich das wichtigste... Rohmaterial, das wir heute noch auf der Welt haben. Es geht darum, ob wir die normale Wasserversorgung der Bevölkerung privatisieren oder nicht. Und da gibt es zwei verschiedene Anschauungen. Die eine Anschauung, extrem, würde ich sagen, wird von einigen... von den NGOs vertreten, die darauf pochen, dass Wasser zu einem... äähh...mmm... öffentlichen Recht erklärt wird. Das heißt, als Menschen sollten Sie einfach Recht haben, um Wasser zu haben. Das ist die eine Extremlösung, ja? Und... der [sic] andere, die sagt: „Wasser ist ein... Lebensmittel und, so wie jedes andere Lebensmittel, sollte das einen Marktwert haben. Ich persönlich glaube, es ist besser, man gibt einem Lebensmittel einen Wert, so dass wir alle bewusst sind, dass das etwas kostet, und dann anschließend versucht, dass man mehr spezifisch, für diesen Teil der Bevölkerung, der keinen Zugang zu diesem Wasser hat, dass man dort etwas spezifischer eingreift und da gibt es, ja, viele verschiedene Möglichkeiten dazu.“]
En 2012, Nestlé avait déjà été montrée du doigt par une enquête accablante (Bottle Life) d’Urs Schnell et de Res Gehriger, diffusé sur ARTE, qui montrait comment la multinationale faisait main basse sur les ressources en eau pour les vendre au prix fort. (2)
Nestlé et le business de l’eau en bouteille ou comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l’agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de soixante dix marques partout dans le monde (Perrier, San Pellegrino, Vittel).
La marchandisation de tout, y compris de l'eau, fait partie bien évidemment de la doxa libérale :
Le porte-parole de la Commission européenne, M. Joe Hennan a déclaré à
la publication EUobserver.com du 18 mai [2010] : "We consider water to be a
commodity like anything else".
Prétendre que l’eau est une marchandise comme les autres dénote d’une méconnaissance grave du droit communautaire comme d’ailleurs de la réalité sociale. La Commission peut affirmer ce qu’elle veut, mais elle ne peut ignorer que la directive-cadre sur l’eau (2000/60/CE) adoptée par l’Union européenneet et qui s’impose à tous, commence par l’affirmation solennelle selon laquelle “l’eau n’est pas un bien marchand comme les autres” (“commercial product like any other”). En lire plus.
Smets se voyait contraint de rappeler que l'eau...
Comme la nature a d'autres éléments, nous avions déjà appris, le 17 mars 2010, que Greenpeace dénonçait Nestlé pour d'autres raisons :
Greenpeace dénonce Nestlé, qui contribue à la déforestation en Indonésie
Grignoter une barre chocolatée Kitkat revient à tuer un
orang-outang ? Le rapprochement peut étonner mais le lien est réel.
Greenpeace lance une campagne pour dénoncer l’utilisation par Nestlé
d’huile de palme issue de la destruction des forêts tropicales et des
tourbières indonésiennes, dans la fabrication de certains de ses
produits, notamment les barres chocolatées Kitkat. En lire plus.
Pour vérifier à quel point de grandes marques de chocolat comme Crunch ou KitKat s'estiment quittes envers l'éthique ou la justice les plus élémentaires, envers par exemple les enfants exploités dans les plantations de cacao en Côte-d'Ivoire, cliquez ci-contre ou jetez un coup d'œil à la vidéo ci-dessous, reportage que nous devons à Jérémie Drieu et Johann Nertomb et qui fut diffusé sur Envoyé Spécial (France 2) le 28 avril 2011. On y apprend qu'il y a plus de 15 000 enfants esclaves dans les plantations de cacao d'Afrique de l'Ouest. Les multinationales du chocolat peuvent ainsi acheter leur matière première au bon prix, selon Henry Blémin Guida, officier de renseignement criminel à Interpol. "Pas de contrôle, pas de traçabilité : c'est plus simple pour les affaires" :
Ah, l'émoi de Cémoi. Quant à Nestlé, le titan veveysan refusa de s'exprimer sur cette question. Là, ils sont "moins preneurs pour parler" car ils veulent aussi "garder leur réputation".
Chiffres d'affaires de l'industrie du chocolat chaque année ? 62 milliards. Argent investi pour la bonne cause ? 3 petits millions (42 fois moins de ce qu'il faudrait pour atteindre les objectifs du protocole Harkin-Engel signé en 2001) bénéficiant seulement 2% des plantations ivoiriennes. Vous comprenez donc en quoi ça consiste que la réputation ou le prestige ?
Décidément, on vérifie que petit à petit, l'oiseau fait son nid et qu'au bout du conte, tout empire empire tout. Le modèle agricole mondial qui en découle ne tient pas la route et —selon le juriste belge Olivier De Schutter, qui vient de quitter son poste de rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation— est dangereusement à bout de souffle.
Au sujet de ce modèle, dont Nestlé n'est que l'une des sociétés oligarques transcontinentales, il est utile de citer pour conclure un autre ancien rapporteur spécial —concrètement le premier, de 2000 à 2008— des Nations unies pour le droit à l'alimentation. Il s'agit de Jean Ziegler, auteur de l'essai Destruction massive - Géopolitique de la faim (sous-titre en hommage à Josué de Castro), Éd. du Seuil, 2011, édition revue en juillet 2012. Dans son ouvrage, pages 169-170 (collection Points), on lit :
Aujourd'hui, les deux cents premières sociétés de l'agroalimentaire
contrôlent le quart environ des ressources productives mondiales. Ces
sociétés réalisent le plus souvent des profits astronomiques et
disposent de ressources financières bien supérieures à celles des
gouvernements de la plupart des pays dans lesquels elles sont
implantées [Cf. Andrew Clapham, Human Rights Obligations of Non-State
Actors, Oxford, Oxford University Press, 2006]. Elles exercent un
monopole de fait sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, de la
production à la distribution au détail en passant par la transformation
et la commercialisation des produits, ce qui a pour effet de restreindre
le choix des agriculteurs et des consommateurs.
Jean Ziegler cite un peu plus loin Denis Horman et son texte Pouvoir et stratégie des multinationales de l'agroalimentaire, publié sur le site de Gresea (Groupe de Recherche pour une stratégie économique alternative), qui servit de base à l’exposé introductif de l’Université des alternatives
organisé en avril 2006 sur le thème de la souveraineté alimentaire. Horman y écrivait :
(...)
Dix firmes contrôlent un tiers du marché des semences
commercialisées. Ces mêmes dix firmes contrôlent 100% du marché des
semences génétiquement modifiées (appelées également "transgéniques").
Les firmes en question sont les suivantes : Monsanto (États-Unis),
DuPont/Pioneer (États-Unis), Novartis (Suisse), Limagrain (France),
Advanta (Angleterre et Hollande), Guipo Pulsar/Semons/ELM (Mexique),
Sakata (Japon), KWS HG (Allemagne) et Taki (Japon) [6].
Six firmes contrôlent 77% du marché des produits chimiques pour l’agriculture : Bayer, Syngenta, BASF, Dow, DuPont, Monsanto.
Dans le secteur de la transformation et de la commercialisation des
produits agricoles, il n’est pas rare que plus de 80% du commerce d’un
produit agricole se retrouve entre les mains d’une poignée de
méga-entreprises. Six sociétés concentrent quelque 85% du commerce
mondial des céréales ; huit se partagent environ 60% des ventes
mondiales de café ; trois détiennent plus de 80% des ventes de cacao et
trois se répartissent 80% du commerce des bananes [7].
A titre d’exemple, la société américaine Cargill
est le plus important négociant d’oléagineux au monde, le deuxième plus
gros producteur d’engrais phosphaté et un acteur majeur du commerce des
céréales, du café, du cacao, du sucre, des semences, de la volaille.
Rien que dans le secteur du café, son chiffre d’affaires excède le PIB de tous les pays africains dont elle achète le café [8]. Monsanto, une autre multinationale
américaine, s’est hissée, à travers rachats, fusions et alliances, au
rang de premier vendeur de semences transgéniques au monde, de deuxième
producteur de semences et de troisième vendeur de produits agrochimiques
(insecticides, herbicides…). Les ¾ de la surface totale des semences
transgéniques dans le monde sont des semences en provenance de Monsanto.
En 1998, Phil Angell, directeur de la communication chez Monsanto, se
permettait de déclarer : "Nous n’avons pas à garantir la sécurité des
produits alimentaires génétiquement modifiés. Notre intérêt est d’en
vendre le plus possible" [9].
(...)
[6] Vandana Shiva, Le terrorisme alimentaire, Comment les multinationales affament le Tiers-Monde, Ed. Fayard, 2001, pp. 19-20.
[7] John
Medeley, Le commerce de la faim, la sécurité alimentaire sacrifiée sur
l’autel du libre-échange, Col. Enjeux Planète, 2002, pp.135-137.
[9] Isabelle
Delforge, Nourrir le monde ou l’agrobusiness, Enquête sur Monsanto, MDM
Oxfam/Déclaration de Berne/Orcades/Oxfam-Solidarité, mai 2000.
______________________________________
(1) De quarante à trente heures par semaine avec simultanément une baisse de salaire de 25 % à 30 %.
(2) Allemagne/Suisse, 2012, 1h30mn. Coproduction : ARTE, DokLab, Eikon, Südwest, SF.
Le site du film nous détaille beaucoup d'informations intéressantes dont dix choses à savoir :
Stratégiquement parlant, l’eau en bouteille fait partie des domaines
majeurs de Nestlé. Aujourd’hui déjà, Nestlé fait avec l’eau en
bouteille un dixième de son chiffre d’affaires global, lequel s’élève à
110 milliards de francs suisses.
Nestlé est devenu le leader du marché de l’eau en bouteille en
adoptant une politique d’acquisition, rachetant notamment des marques
telles que Vittel et Perrier.
Nestlé acquiert constamment les droits sur des sources et des nappes
phréatiques, ceci afin de satisfaire la demande croissante pour de
l’eau en bouteille, une demande que l’entreprise a créée elle-même.
Dans de nombreux Etats, les dispositions légales au sujet des droits
sur l’eau sont vétustes. Nestlé profite de cet état de fait, non
seulement dans le Tiers-monde, mais aussi aux USA et dans d’autres pays
occidentaux.
Nestlé utilise ses moyens financiers et politiques pour s’opposer
aux efforts de communautés locales qui veulent que l’eau souterraine
demeure un bien public.
Nestlé utilise de l’eau pour fabriquer de l’eau.
Nestlé propage l’eau en bouteille à grands coups de campagnes
marketing et publicitaires. Nestlé affaiblit ainsi la conscience des
gens à l’égard de la nécessité de garantir une alimentation en eau
publique et efficace.
Nestlé s’affiche en bienfaiteur – à travers une foule de dons et
d’actions à l’échelle locale mais aussi en déclarant que les mesures de
rationalisation dans la production et la distribution de l’eau en
bouteille sont durables à long terme.
Avec l’eau en bouteille, Nestlé crée des dépendances – justement là
où les systèmes d’approvisionnement en eau potable s’écroulent,
principalement dans le Tiers-monde.
Le commerce de Nestlé avec l’eau n’est pas simplement un commerce
comme les autres, c’est un commerce avec une matière première absolument
indispensable à la survie des habitants de la planète.
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Mise à jour du 31 mars 2016 :
— La Presse (Canada) du le 27 août 2015 - Selon l'Agence France-Presse, on accuse Nestlé de soutenir consciemment l'esclavage qui sévit dans le milieu de la pêche en Thaïlande en utilisant des fruits de mer dans des produits alimentaires pour chats :
Selon cette plainte, «Nestlé importe via un fournisseur thaïlandais, Thai Union Frozen Products PCL, plus de 28 millions de livres (12 000 tonnes) d'aliments pour animaux à base de fruits de mer pour de grandes marques vendues en Amérique dont une partie sont produits dans des conditions d'esclavage». Des hommes et des garçons venus de pays plus pauvres que la Thaïlande comme le Cambodge ou la Birmanie sont vendus à des capitaines de bateaux de pêche, qui exigent d'eux un travail dangereux et harassant à raison de 20 heures par jour, en les payant très peu ou pas du tout, sous peine d'être battus ou même tués, accuse encore la plainte. «En cachant cela au public, Nestlé a de fait conduit des millions de consommateurs à soutenir et encourager l'esclavage dans des prisons flottantes», a accusé l'un des associés du cabinet, Steve Berman, cité dans le communiqué, en invitant les utilisateurs des marques en cause à se joindre à cette plainte. (...)
Les producteurs de Kit-Kat, Snickers, M & M’s et autres friandises prisées par les enfants exploiteraient-ils d’autres enfants pour récolter le cacao qui entrent dans leurs recettes ? Les groupes Nestlé, Hershey’s et Mars sont, en tout cas, visés par trois plaintes collectives (class actions) déposées à la fin de septembre en Californie auprès du cabinet juridique américain Hagens Berman, spécialisé dans le droit des consommateurs. Motif : la traite et le travail forcé des enfants dans les plantations de Côte d’Ivoire. Selon les plaignants, ces trois firmes agroalimentaires importent du cacao en provenance de fournisseurs qui emploient des enfants, qui plus est dans des conditions de travail dangereuses et pénibles. Ils évoquent le transport de charges lourdes, l’exposition à des substances toxiques, le travail forcé et l’absence de paie, les menaces physiques. Nombre de ces enfants seraient vendus par des trafiquants qui les enlèvent ou les achètent dans des pays voisins de la Côte d’Ivoire. « Les consommateurs qui sont venus nous consulter ont été indignés d’apprendre que les sucreries qu’ils mangent avaient un arrière-goût si sombre et amer, que le travail des enfants et l’esclavagisme faisaient partie de la production de chocolat par Nestlé, Mars et Hershey’s, affirme Steve Berman, membre du cabinet. Ces firmes s’abstiennent de divulguer ces informations sur l’exploitation des enfants et le travail forcé et trompent donc les consommateurs qui soutiennent indirectement ce type d’exploitation. » (...)
La société suisse, Nestlé, sera poursuivie concernant des allégations sur l’utilisation du travail d’enfants esclaves dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire. Reuters a rapporté que la Cour suprême américaine a rejeté l’appel interjeté par Nestlé, Archer Daniels Midland et Cargill pour mettre fin à la poursuite judiciaire.
__________________________________ Mise à jour du 14 février 2021 :
Huit anciens enfants esclavisés attaquent en justice Nestlé, Mars et d'autres multinationales du chocolat devant une cour des États-Unis. Ils dénoncent l'exploitation et la maltraitance de milliers d'enfants dans la production de cacao en Côte d'Ivoire. Source : THE GUARDIAN (12 février 2021). En savoir plus.