Sous les câlins des forces de l'ordre et de l'état d'urgence de l'État dans tous ses états (1), la COP21 commence demain, dans une véritable urgence planétaire, et l'INA nous écrit :
La grand messe écologique commence demain à Paris. Un seul objectif pour la Cop 21 : trouver un accord. Explorez ici notre module Atmosphère avec une sélection de plus de 400 vidéos géolocalisées sur les questions liées à l’évolution du climat : le réchauffement climatique, la pollution, les énergies renouvelables, les modes de vie et les discours politiques.
La cartographie interactive proposée par l'INA (sous le titre Atmosphère. Histoire du climat en vidéos) comporte plus de 400 vidéos géolocalisées sur des questions liées à l’évolution du climat et s'ouvrant lorsque l'internaute clique sur les petits cercles bleus.
La mappemonde peut être déplacée et zoomée de plusieurs manières: molette de la souris, double-clic, échelle de zoom… Le menu facilite un accès direct aux lieux associés à des vidéos, un filtrage par thèmes et un moteur de recherche.
Tout de même, côté espoirs ou chances, Mix & Remix (Philippe Becquelin, né en 1958 à Saint-Maurice, dans le canton du Valais, en Suisse) nous avait bel et bien prévenus dans le Siné mensuel de septembre 2015 (2)...
Toutes les grandes conférences internationales sur le climat ont été un
échec jusqu’à aujourd’hui. Lors de chaque nouvelle conférence, la
panique est de plus en plus grande et des moyens plus élevés sont
injectés dans des discussions dont rien ne semble aboutir. Et pour
cause, les bases mêmes des rouages productivistes ne sont pas
questionnés.
À propos du combat inégal entre le productivisme et la vraie vie, Candide résiste a déjà proposé quelques réflexions, dont...
(...) La loi de 1955 sur l’état d’urgence comporte deux dispositions
essentielles : les assignations à résidence et les perquisitions sans
l’autorisation d’un juge. Le 20 novembre 2015, la loi a été modifiée
pour s’appliquer plus largement à toute personne lorsqu’il existe « des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace ».
(2) Mise à jour du 2 décembre 2015 : à propos de pollueurs-payeurs démasqués et détournés, vous pouvez admirer la qualité artistique des membres de Brandalismici, ici ou là. Au sujet de l'état d'urgence, voici le très nuancé avis de Frédéric Lordon. Entre autres, il recommande de consulter le Recensement des joies (ou pas) de l'état d'urgence en France, par la Quadrature du Net.
__________________________________ Mise à jour du 7/12/2015 : Europe’s PR firms greenwashing for Big Polluters : Le Corporate Europe Observatory présente une étude sur les activités en Europe de sept entreprises de "relations publiques" (spécialisées en pressions ou influence : "lobbying") verdissant des clients très gros pollueurs, car sur la planète libérale, c'est aux barbares d'avoir barre sur tout le vivant, y compris sur nous tous, petites bêtes. On peut accéder directement à ce rapport en anglais : The Climate Smokescreen.
Nous n'allons pas oublier facilement la nuit du 13 novembre, sa douleur. Comme nous n'oublions pas non plus le matin du 11 mars 2011, épouvante qui nous a saisis de particulièrement près.
Mais ce genre d'horreur concerne depuis très longtemps d'autres latitudes, d'autres peuples. Leurs souffrances, trop souvent liées aux "interventions" de nos pays et/ou de nos alliés, devraient également susciter et notre émotion et notre réflexion —voire notre examen de conscience, jamais notre habitude ou notre indifférence. Les douleurs, ce sont les mêmes à Paris ou à... , pointillé où l'on pourrait écrire les noms de tant de villes ou pays meurtris par la violence, de tant de quartiers ou de groupes humains. De tant d'êtres humains stigmatisés. La paix est plus trouvable, plus atteignable lorsque la justice et la fraternité sont au rendez-vous, ailleurs et parmi nous, lorsqu'on n'institutionnalise pas pour de bon le racisme, la racialisation de la dite racaille.
Extrait de LÀ-BAS Hebdo #26 « LA DIGNITÉ EN MARCHE », à écouter en intégralité ici. Animation : Daniel MERMET Réalisation : Jonathan DUONG Image : Jeanne LORRAIN Son : Jérôme CHÉLIUS Préparation : Grégory SALOMONOVITCH
_____________________________ Mise à jour du 24.11.15
"C’est très important d’apporter des fleurs à nos morts, c'est très important de lire plusieurs fois le livre d'Hemingway Paris est une fête. Nous sommes une civilisation très ancienne et nous porterons au plus haut nos valeurs. […] Nous fraterniserons avec les 5 millions de musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment et nous nous battrons contre les 10.000 barbares qui tuent, soi-disant au nom d’Allah"
(Déclaration de l'avocate parisienne Danielle Mérian auprès de BFMTV)
99 est un pourcentage. Nous le savons « officiellement » depuis le 14 octobre 2015. Ce jour-là, une enquête du Crédit Suisse —institution bancaire dont j'ai nettoyé les bureaux zurichois dans les années 80 du siècle dernier sous son ancienne dénomination (Schweizerische Kreditanstalt)— faisait état du niveau actuel d'accumulation capitaliste (1), flèche et fourberie irréformables, indécrottables : les 1% les plus riches de la planète détiennent désormais 50,4% de la richesse du monde. Donc, 1% de la population mondiale contrôle la moitié de la richesse matérielle sur terre, un peu plus en fait que les 99% autres. Et ces 1% possèdent également un chœur de sous-fifres-bobardiers qui nous ressassent à longueur d'ondes et de toiles qu'« il n'y a pas d'argent » et qu'« il faut respecter les règles du jeu ».
Concernant les critères suivis par l'étude de notre vénérable prestataire mondial de services financiers, RT en français nous explique que...
Pour définir la notion de richesse, Crédit suisse a donc
évalué la valeur des actifs, y compris les marchés immobilier et
boursier et les investissements des ménages mais a toutefois exclu la
dette.
Sujet passionnant, celui de la dette (cf. Maurizio Lazzarato : Gouverner par la dette, Éditions Les Prairies Ordinaires, Paris, 2014) car elle est la capture par excellence dans la déprédation financière moderne et la garantie d'une asymétrie permanente.
Donc, 99 est un pourcentage, et un à peu près d'humanité. Hors dividendes.
Implanté à Lyon, 99.média nous donne la bienvenue sur son site, tout frais, sans publicité, puisque la vraie indépendance se doit de bannir et le joug économique et les bourrages de crâne concomitants.
Selon Le Monde (Check-list) et Le Parisien, par ce miracle libéral qui fait que les journaux de la presse plurielle produisent souvent les mêmes textes, « ce site [est] composée de six anciens journalistes de la chaîne européenne Euronews », dont le fondateur, le Français Jérôme Plan. Sur 99.média, ils se définissent comme un « média gratuit à but non lucratif qui propose des documentaires en six langues », savoir français, anglais, portugais, castillan, allemand et italien. « Et bientôt plus ». Leur projet serait "ouvert, polyglotte, propulseur et créatif ».
Puis je continue de lire sur Le Monde comme sur Le Parisien :
« Nous pensons que vous serez prêts à
nous donner un coup de main en participant à nos campagnes de
crowdfunding [financement participatif] et en parlant de nous à vos
amis », poursuivent les journalistes, qui comptent à terme passer par la
plate-forme européenneUlule pour financer d'abord leurs productions.
Pour l'instant, sous la rubrique « vidéos », ils ont inauguré trois séries au noms parfaitement intentionnels : "Murs" ("Ils séparent, protègent ou isolent. Certains se font grimper dessus, d'autres se font taguer. Ils sont en béton ou dans les têtes."), "Combats" (Histoires de luttes, de frictions, de confrontations, de révolutions.) et "Hors-jeu".
Au bout du compte, ils tiennent à raconter des "histoires invisibles" —comme Modiano choisit d'écrire sur Des Inconnues. Car, selon leurs propres mots...
... c’est le média des invisibles, les 99% de la population que les médias traditionnels ne nous montrent pas, faute de place ou parce que leur ligne éditoriale en est trop éloignée. Les invisibles, c’est vous, c’est nous. Ceux qui sont hors-champ, hors-cadre, oubliés. Nous voulons filmer aux marges de notre monde, parce que c’est là que se trouve le monde, le vrai, celui qui foisonne d’histoires. Ce que nous diffusons avant tout, ce sont des documentaires pertinents, uniques, émouvants, divertissants, qui créent le débat. Nous mettons l’accent sur l’humain, sur les hommes et les femmes qui façonnent le monde d’aujourd’hui ou qui ont pesé sur celui d’hier.
Deux documentaires sont pour l'instant sur leur toile : Lost in Manboo (9 minutes ; Masata et Hitomi, deux Tokyoïtes, ont élu domicile dans un cybercafé de Tokyo de 4 mètres carrés) et L'Aventure(4 x 10 minutes ; trois migrants ivoiriens sont bloqués à Athènes. Ils ne veulent qu’une seule chose : partir).
J'imagine que 99.média est en rapport direct avec 99%Média, site qui se présente comme un "regroupement volontaire de citoyennes et de citoyens engagés activement dans la lutte pour la justice sociale par la production de contenu médiatique et documentaire". Son à propos précise :
Partout sur la planète, nous sommes aujourd’hui des millions à
prendre conscience du pouvoir oppressant d’une minorité qui corrompt nos
institutions et instaure une logique idéologique impitoyable dans
l’ensemble des sphères de l’activité humaine.
Face à ce constat, la colère gronde et les actions de contestations
se multiplient. Pourtant, les groupes médiatiques dominants traitent
souvent ces interventions citoyennes comme des évènements isolés où les
idées qui les animent sont soigneusement extirpées pour ne garder qu’un
substrat anecdotique calqué sur le fait divers.
L’information est désormais réduite à une marchandise par les
gestionnaires de ces groupes et sa pertinence mesurée selon son
potentiel monnayable, souvent au grand dam des journalistes
professionnels confinés à vivre dans des conditions précaires et obligés
à accepter les règles du jeu.
Aujourd’hui le concept d’espace public est en voie d’être revisité:
il n’est plus le terrain de jeux exclusif des groupes médiatiques et des
firmes de relations publiques. Notre rapport à la réalité change et
cette dernière est désormais investie par un nombre croissant de
journalistes-citoyens, documentalistes indépendants, activistes-média et
artistes-vidéo.
La révolution en cours ne réclame pas de changements; elle est le changement. Celui du regard que nous portons sur le réel.
Indépendant et d’avant-garde par sa structure de production
médiatique, 99%Média encourage la multiplicité des regards originaux et
innovateurs sur la réalité sociale et propose une vision différente de
celle des médias corporatifs. 99%Média est un laboratoire encourageant
l’expérimentation afin de permettre l’émergence de nouvelles formes
d’expression médiatiques adaptées au XXIe siècle. Les productions de 99%Média rapprochent les créateurs de leur
public en court-circuitant les intermédiaires qui contrôlent le
processus créatif du cinéma. Pour 99%Média, le cinéma n’appartient pas
qu’à «l’industrie» cinématographique et l’information à l’industrie
médiatique. 99%Média entend bousculer les principes de ces industries
pour proposer un écosystème médiatique adapté au XXIe siècle.
Depuis sa naissance, 99%Média a déjà couvert plus d’une centaine
d’évènements, conférences et manifestations qui ont été vus par des
centaines de milliers d’internautes à travers le monde.
Plusieurs projets documentaires sont actuellement sur les tables de montage.
Le jeudi 12 novembre, à 16h, nous nous déplaçons à Alcalá de Henares pour notre
rendez-vous annuel avec les courts métrages en français d'Idiomas en corto, la section éducative du festival cinématographique ALCINE. Notre séance aura lieu à 17h30 dans le
Teatro Salón Cervantes.
Cette année, ALCINE45 nous propose quatre courts métrages dont trois tout récents. Au programme...
» BELLE GUEULE, écrit et réalisé par Emma Benestan. Année 2015, fiction, 25 min.
Avec Oulaya Amamra, Samir Guesmi, Ilian Bergala, Anas El Mokaddam, Youssef Daouadji...
Synopsis : C'est l'été, le sud. Tous les jours, Sarah, 16 ans, vend des beignets avec son père sur les plages. Un soir, elle fait la rencontre de Baptiste...
» TIGRES À LA QUEUE LEU LEU, court métrage en animation, de 8 minutes, adapté d'un conte coréen illustré par Kwoon Moon-hee, écrit et réalisé par Benoît Chieux, produit par Les Films de l'Arlequin en 2014. Voix : Jonas Lanciaux, Maxime Lainé, Dora Benousilio.
Synopsis : Un garçon très paresseux, houspillé par sa mère qui n’en peut plus de le voir dormir et manger à longueur de
journée, décide de se mettre au travail et révèle des ressources insoupçonnées d’imagination, d’inventivité et de persévérance.
Synopsis : Lizon vient d’assister à l’anniversaire de sa copine Marie. Les amies autour du gâteau d’anniversaire, les bougies à souffler, le vœu à faire l’ont émerveillée... Pour ses 9 ans, Lizon veut faire la même chose. Un anniversaire avec un gâteau, des bougies et ses amies, chez elle : dans la voiture.
» LE GÉNIE DE LA BOÎTE DE RAVIOLIS, court métrage en animation (comédie) de Claude Barras, produit en 2005. Voix : Oskar Gomez Mata et Pierre-Isaïe Duc.
Synopsis : Comme tous les soirs en rentrant du travail, Armand, ouvrier à la chaîne d'une usine de pâtes alimentaires, s'ouvre une boîte de raviolis en guise de dîner. Mais ce soir, un énorme génie surgit de la boîte. Il propose à Armand d'exaucer deux de ses vœux.
Le 14 octobre 2015, donc mercredi dernier, la ministre française de la Culture, Fleur Pellerin, inaugura Images d'art à la Cité des sciences, à Paris. Elle ne manqua pas de s'en gargariser : « Je veux que chacun puisse se constituer son propre musée imaginaire. Images d'art est un projet qui répond pleinement à cette préoccupation ». « Il est une belle manière de faire progresser l'accès de tous à la culture, grâce au numérique. »
Il s'agirait d'un site web proposant au public des photographies —à découvrir, collectionner et partager gratuitement— de plus de 500 000 œuvres que l'on peut contempler dans
les musées français. Le quotidien Le Monde informait à ce propos :
Conçue par la Réunion des musées nationaux-Grand
Palais à partir de son fonds photographique, cette plate-forme numérique
se présente sur sa page d'accueil sous la forme d'un mur d'images
actualisé en permanence (voir la démonstration sur YouTube).
En cliquant sur chacune d'elle, le visiteur se voit proposer d'autres
œuvres du même artiste et de la même période et peut voir plus
précisément qui utilise la même technique ou les mêmes couleurs
dominantes. Un second niveau de lecture affiche les détails de l'œuvre,
son auteur, son titre, l'année de sa création et le musée où elle est
exposée. En outre, une fonctionnalité permet de partager n'importe
quelle
image par le biais d'une messagerie électronique ou des réseaux sociaux.
Appelé à évoluer, le site va peu à peu s'enrichir de toutes les
ressources disponibles sur le Web pour chaque œuvre : le site est
interconnecté avec des musées en ligne et l'encyclopédie en ligne
Wikipédia, et envisage des liens renvoyant vers l'Institut national de
l'audiovisuel (INA) pour permettre d'accéder à des vidéos des œuvres.
L'ensemble des données du site est accessible pour un usage privé ou
scolaire, grâce à une interface, le but étant de favoriser les usages
pédagogiques. Un bel outil documentaire et de découverte mis à
disposition des élèves et des étudiants.
D'autres sites, tel Culturebox, ont également couvert cette information.
Beaucoup d'œuvres sont en effet disponibles, c'est-à-dire, visibles, comme La contre-attaque décisive de Micheletto Attendolo da Cotignola (circa 1456), le deuxième panneau de La Bataille de San Romano, du peintre Paolo Uccello, qui se trouve au Louvre de Paris.
Il arrive néanmoins que Didier Rykner se demande, dans un article hébergé par La Tribune de l'Art, où réside la nouveauté ou le caractère « innovant » de ce site, et fait des remarques, lance des questions et donne des conseils absolument pertinents « puisqu’à de rares exceptions, plusieurs articles sur le web reprennent
les éléments de langage d’auto-promotion du ministère de la Culture ». Voilà pourquoi je me permets de copier-coller son texte dans son intégralité, car il illustre et ce cas et les pompes habituelles du système en place...
Lancement du site Images-art : mais où est la nouveauté ?
Chapeau l’artiste ! Lancer un site internet qui existe déjà, sous une forme un peu différente mais moins riche, et communiquer sur sa nouveauté, son caractère « innovant », « universel », et sa contribution éminente au « rayonnement de la France dans le monde », c’est l’exploit que vient de réussir Fleur Pellerin, avec une certaine réussite, il faut l’avouer, puisqu’à de rares exceptions, plusieurs articles sur le web reprennent les éléments de langage d’auto-promotion du ministère de la Culture.
Copie écran de la recherche « Ingres » sur Photo RMN
Copie écran de la recherche « Ingres » sur Images-art
Le site, c’est celui de la base photographique de la Réunion des Musées Nationaux.
Il y a longtemps que celui-ci existe et propose aux internautes un
nombre impressionnant de photographies d’œuvres d’art des musées
français et parfois aussi de musées étrangers. Il y a plus d’un an, ce
portail avait subi une refonte comportant quelques bugs, mais ceux-ci
semblent réparés, avec des fonctionnalités plutôt ergonomiques.
Pourquoi, alors, créer un nouveau site (« Images-art ») comprenant à peu près les mêmes fonctionnalités ? On peut, légitimement, se poser la question lorsque l’on compare les deux…
Chaque
site permet de faire une recherche sur un terme générique mais le site
Photo RMN propose également une recherche avancée, ce que n’autorise pas
Images-art.
Chaque site donne les résultats sous la forme d’une mosaïque d’images (ill.
1 et 2), la seule différence entre les deux étant la taille des
vignettes, plus grande pour Images-art que pour Photo RMN (ce qui n’est
pas forcément plus pratique car on voit moins d’images sur l’écran et le
choix est donc moins facile).
Sur
chaque site, les résultats d’une recherche peuvent être affinés en
cliquant, à gauche de l’écran, sur des critères classés par catégorie :
auteur, période, localisation, technique. Le site Photo RMN rajoute un
critère format (horizontal, vertical, carré) pas forcément
indispensable, tandis qu’Images-art propose un critère « couleur » dont
nous ne voyons pas l’utilité et qui ne fonctionne d’ailleurs pas.
Sur
chaque site, on peut créer un ou plusieurs albums qui permettent de
retrouver, lors d’une consultation ultérieure, les images que l’on a
choisies.
Sur
le site Images-art, des images sont proposées de manière qui semble
aléatoire, avant toute recherche, ce qui constitue une porte d’entrée
pour l’amateur qui veut simplement se promener sans savoir ce qu’il
cherche. Ceci est également possible sur le site Photo RMN, mais à
partir d’albums déterminés par sujet et à l’arborescence simple.
On voit donc qu’en réalité il s’agit à peu près de la même chose !
Mieux encore, le site Photo RMN offre de nombreux avantages par rapport à
l’autre :
il est beaucoup plus riche (850 000 images contre 500 000),
il est plus précis ; un seul exemple, en tapant « Ingres » :
* outre que pour Photo RMN on compte 980 images, et pour Images-art
seulement 560, le premier permet immédiatement de trouver les
photographies concernant uniquement des œuvres d’Ingres (lorsque l’on clique la première image marquée « Jean-Dominique Ingres », on obtient toutes les œuvres créées par Ingres), ce qui n’est pas possible avec le second,
* les critères permettant d’affiner la recherche à gauche de l’écran proposent, pour Images-art, « 17e siècle » ! Et si l’on clique dessus, les trois images retenues sont : Le bain turc, dessin anonyme daté de 1862 et sans aucun rapport avec Ingres, sinon le titre, L’Allégorie de l’Espérance chrétienne, tableau attribué à Bartolomeo Schedone mais conservé… au Musée Ingres de Montauban, et Audience aux ambassadeurs de Siam, almanach édité chez François Jollain…
il permet, grâce à des mots clés, de rebondir d’une image à l’autre. Ainsi, si l’on choisit la Grande Odalisque d’Ingres, le site Images d’art propose des « œuvres suggérées » selon des critères pas toujours clairs, tandis que Photo RMN
propose les mots clés suivants : dos, éventail, nu féminin, odalisque,
Orientalisme (art), sensualité, turban, ce qui nous semble beaucoup plus
pertinent.
Le seul véritable avantage du site Images-art par rapport à Photo RMN
relève du gadget : le partage de l’image sur Facebook et Twitter.
Pourquoi seulement Facebook et Twitter, et pas les autres réseaux
sociaux ? C’est la (bonne) question que pose un article que vient de publier un contributeur Wikipedia.
L’auteur de celui-ci, Sylvain Machefert, souligne par ailleurs à raison
que le site – il partage en cela le défaut de Photo RMN - ne propose
qu’une basse définition des images (bien moins bonne que Wikipedia). Si
celles-ci restent suffisantes pour un écran, il est impossible de zoomer
dans les détails. On comprend d’ailleurs pourquoi : comme pour la base
Photo RMN, qui a au départ pour objectif de commercialiser les photos,
le site Images-art, pourtant vanté par Fleur Pellerin, se prévaut lui
aussi d’un droit d’auteur sur des photos dont une grande partie
représente pourtant des œuvres du domaine public ! Une pratique qu’un
récent rapport parlementaire qualifiait de « copyfraud » (voir l’article) et qui est donc vantée par la ministre de la Culture !
Signalons enfin que le site propose une API, c’est-à-dire qu’il met à
disposition des informaticiens l’ensemble des images et données qu’il
contient. Sauf que cette interface de programmation est en réalité celle
de la base Photo RMN et qu’elle ne peut donc être mise au crédit du
nouveau site. Plus gênant encore : Sylvain Machefert cite ici Lionel
Maurel, un spécialisé du droit d’auteur très actif sur internet1, qui fait remarquer que les conditions générales d’utilisation
de cette API sont tellement drastiques qu’elles interdisent les
extractions substantielles des données et métadonnées, alors que c’est
pourtant justement leur but !
Il est donc évidemment préférable de consulter le site Photo RMN plutôt qu’Images-art. Mais aux lecteurs de La Tribune de l’Art, nous donnerons surtout le conseil suivant : utilisez le moteur de recherche « Collections »,
du site Culture.fr, qui est en réalité ce qu’on appelle un
« méta-moteur » qui va rechercher les images dans plusieurs bases de
données du ministère de la Culture, notamment Photo RMN, mais aussi la
base Atlas du Louvre, la base Joconde, la base Palissy, la base Mérimée,
la base MNR, etc., etc. Preuve que le ministère de la Culture peut
également produire d’excellents outils, ce moteur « Collection » permet
depuis de nombreuses années de trouver facilement beaucoup plus
d’informations et d’images que ce que le site Images-art propose
aujourd’hui. Il est curieux que Fleur Pellerin, qui se pique de
numérique, ne le sache pas.
« Donner à des millions d’hommes la connaissance de l’anglais,
c’est comme les réduire en esclavage. » (Gandhi, 1908)
À l’occasion de la Journée européenne des langues —qui a lieu chaque année le 26 septembre à l'initiative du Conseil de l'Europe—, Eurostat, l’Office statistique de l’Union européenne, publie des données sur l’apprentissage des langues étrangères dans les écoles de grand nombre de pays de notre continent. Une infographie est également disponible sur le site web de l'Office.
Selon le communiqué de presse d'Eurostat de cette année, en 2013, 17,7 millions d'élèves de l'enseignement primaire (soit 81,7 % de l'ensemble des élèves de ce niveau) dans l'Union européenne étudiaient au moins une langue étrangère, dont 1 million (4,6 %) apprenaient deux langues étrangères ou plus.
Vous n'allez pas me croire, mais selon ce rapport, "la prépondérance de l'anglais se confirme", voire "l'anglais domine nettement", et dans le primaire et dans le secondaire, conclusion qui vous laisse, j'en suis persuadé, époustouflés et bouche bée. C'est pour cela que nous avons besoin de rapports, et de rapports annuels pondus après de longues études, sans quoi nous ne saurions guère de quoi il retourne, y compris dans ce meilleur des mondes de la mondialisation la plus heureuse où les événements se succèdent comme par hasard et en toute liberté.
C'est ainsi qu'à l'échelle de l'enseignement primaire, l'anglais, étudié par 16,7 millions d'élèves, était de loin, très loin, la langue "la plus populaire" (sic). La seule obligatoire (légalement ou de fait), risque-t-on de supputer ? Enfin, de quoi réfléchir peut-être à la popularité des contraintes ou à l'expressivité de l'actinomycose (1).
Quant au français, il arrivait en deuxième position... loin, très loin derrière.
Puis...
La prépondérance de l’anglais se confirme dans le premier cycle de l’enseignement secondaire (élèves âgés de 11 à 15 ans environ en fonction du système éducatif national), avec 17,1 millions d’élèves dans l’UE apprenant l’anglais en tant que langue étrangère (95,6% de tous les élèves de ce niveau) en 2013. Le français (4,9 millions, soit 27,4%) arrivait en deuxième position, suivi par l’allemand (2,9 millions, soit 16,3%), l’espagnol (2,1 millions, soit 11,6%), le russe (0,5 million, soit 2,7%) et l’italien (0,2 million, soit 1,0%).
Par ailleurs, ce communiqué de presse nous rappelle :
Actuellement,
24 langues officielles sont reconnues au sein de l’UE. En parallèle
existent des langues régionales, des langues minoritaires et des langues
parlées par les populations migrantes. Il convient également de
noter que plusieurs États membres de l’UE comptent plus d’une
langue officielle.
Deux ans plus tard (15/02/2013), The Telegraph persiste et signe :
English teenagers 'worst in Europe' at languages British teenagers are trapped in a "vicious circle of monolingualism", a report warned yesterday as figures showed English youngsters are among the worst in Europe at foreign languages.
Concernant d'autres journaux, The Daily Mail remarquait également l'année dernière l'état pitoyable de l'apprentissage des langues étrangères en Angleterre et ses retombées sur l'économie de la Grande-Bretagne (dommage, ce quotidien n'avait pas considéré utile de comparer les chiffres de ces répercussions et des revenus découlant de l'industrie de l'enseignement de l'anglais au Royaume-Uni, tous ses secteurs confondus : droits d'inscription, transport, hébergement, nourriture, activités touristiques, souvenirs, marché de l'édition...) :
Dix mois avant, en août 2013, The Guardian nous prévenait: 40% des départements universitaires des îles risquaient de fermer à court terme (10 ans) et, de toute façon, le nombre d'universités proposant des études en langues modernes avait chuté de 40% depuis 2000...
Néanmoins, en matière de prééminence en cancritude linguistique, le débat existe car certaines sources soutiennent que le pays le plus réticent à apprendre des langues étrangères, donc le plus inébranlable à l'heure de préserver une nature foncièrement unilingue, serait plutôt... l'Irlande.
Oui, je sais, ce sujet est extrêmement important et mérite une analyse beaucoup plus détaillée, mais ce billet ne tient qu'à le présenter d'une manière non spécialisée et non exhaustive dans le but d'inviter tout le monde à y réfléchir. Bref, n'ayons pas la langue liée et posons deux questions (rhétoriques) en guise de conclusion, pour l'instant :
1)Quelle est la langue étrangère dont l'étude est tellement prépondérant qu'elle est en train de marginaliser toutes les autres, y compris les langues natives dans les plans de l'enseignement obligatoire de pays petit à petit gibraltarisés comme l'Espagne ? (cf. Esperanza Aguirre qui ne veut pas qu'on apprenne l'anglais, mais EN anglais).
2)Quels sont les pays de l'Europe et de la planète [cf. son pays guide (2)] où l'on marginalise de plus en plus l'enseignement et l'apprentissage des langues étrangères ?
Bien entendu, si l'on veut tout dire, il faudrait évoquer aussi les ravages subis par l'anglais en raison de sa position dominante de langue impériale et obligatoire. À ce propos, en septembre 2013, Jeremy Gardner publiait un essai intitulé Misused English Words and Expressions in EU Publicationsqui prête également à réflexion. Son introduction commençait comme cela :
Over the years, the European institutions have developed a vocabulary that differs from that of any recognised form of English. It includes words that do not exist or are relatively unknown to native English speakers outside the EU institutions and often even to standard spellcheckers/grammar checkers (‘planification’, ‘to precise’ or ‘telematics’ for example) and words that are used with a meaning, often derived from other languages, that is not usually found in English dictionaries (‘coherent’ being a case in point). (...)
________________________________________
(1) Langue de bois : gonflement, durcissement de la langue et ulcération superficielle des bovins atteints d'actinomycose et d'actinobacillose.
(2) « Plusieurs États américains ont déjà pris ou s'apprêtent à prendre des mesures permettant aux étudiants d'apprendre le langage informatique plutôt que le français, l'espagnol, l'allemand ou le japonais... » (Source : Le Figaro, le 05/04/2015)
Cao Bang RC4 est un documentaire conçu pour le web dont voici l'introduction :
En octobre 1950, l'armée française, engagée en Indochine contre le
Vietminh, subit une défaite sans précédent dans la
région de Cao Bang, aux confins du Tonkin. Huit de ses meilleurs bataillons sont anéantis en quelques jours sur la Route Coloniale 4 (RC4), qui longe la frontière avec la Chine. Les Français perdent 6 000 hommes, plusieurs places fortes et le contrôle de la région. Le Vietminh peut désormais recevoir sans entraves l'aide militaire de la Chine et intensifier sa guerre de Libération. Cette déroute passera quasi inaperçue en France et les survivants resteront longtemps murés dans le silence. Pourtant, le désastre de Cao Bang est le tournant de la Guerre d'Indochine. Il déclenche une onde de choc qui entraînera non seulement la perte de toute l'Indochine mais aussi la fin de l'empire colonial français. Comment la petite armée du Vietminh, sans avions ni blindés, a-t-elle pu infliger une telle déroute à la France ? Pourquoi la France n'en a-t-elle tiré aucun enseignement ? Plus de 60 années après les faits, les derniers témoins encore en vie ont accepté de témoigner. Ceux du Corps Expéditionnaire Français, engagés dans une guerre ouverte contre le Communisme, et ceux du Vietminh, qui se battaient pour libérer leur pays. Ils avaient vingt ans, ils venaient de France, d'Europe ou des villages de l'Atlas. Ils étaient paras, légionnaires, tirailleurs ou goumiers (1). Ils nous livrent, au crépuscule de leurs vies, leur ultime témoignage.
L'écriture, la réalisation et la production de ce film didactique sont dues à Jérôme Santelli, qui revendique la mémoire des soldats oubliés par la patrie colonisatrice —qui, tenace dans son être, enrôlait des colonisés pour poursuivre son aventure coloniale, sa redondante flèche.
Le documentaire produit par Santelli nous présente des témoignages, une chronologie, des archives, un lexique, une filmo-bibliographie, des biographies, des cartes et des liens d'intérêt.
Les témoignages recueillis dans Cao Bang RC4 correspondent à des acteurs présents sur les lieux en octobre 1950 : Madeleine Astor Vieille (Convoyeuse de l'Air au Tonkin), Roger Aubert (Sergent-chef au 36ème Goum du 3ème Tabor), Jean Bailly (Sergent au 60ème Goum du 1er Tabor), Etienne Bouchet (Adjudant-chef à la compagnie de Légion de renfort du 1er BEP), Jacques Brianchon (Sergent au 3ème Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes), Charles-Henri de Pirey (Aspirant, officier adjoint du 60ème Goum - 1er Tabor), Joseph dal Magro (Sergent-chef au 5ème Goum du 11ème Tabor), Dang Van Viet (Dang Van Viet est le commandant du régiment d'élite 174), Xavier du Crest de Villeneuve (Lieutenant, adjoint du commandant du 59ème Goum du 1er Tabor), Jacques Laurent (Lieutenant 1ère compagnie 1er Bataillon 3ème REI - Chef du poste de Lung Vaï), La Van Cau (Commando de choc au régiment 174), Régis Lebœuf (Sergent à la 136ème compagnie des Forces Indochinoises), Georges Longeret (Commandant de compagnie au 2ème BEP), René Mary (Adjoint de l’Officier de Renseignement du 3ème Bataillon du 3ème REI à Cao Bang), Ali Nadi (Sergent-chef au 60ème Goum du 1er Tabor), Pierre Pédoussaut (Médecin Capitaine au 1er BEP), Robert Schuermans (Sergent au 3ème Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes), Serge Têtu (Sergent-chef au 58ème Goum du 1er Tabor) et Amédée Thévenet. Celui-ci, par exemple, avait 22 ans en 1950 et était sergent au bataillon de marche du 8e régiment de tirailleurs marocains. Il se rappelle : "La route est comme un ruisseau qui serpenterait entre des montagnes, le paysage est ce qu'on appelait la baie d'Along terrestre". "Le long de cette route, sur les pitons, quand on les a reconquis, on installe des postes. Qui tient le poste, tient la région."
Dang Van Viet évoque à son tour : "Je suis Dan Van Viet, le roi de la RC4, le tigre de la RC4. J'ai
mené beaucoup d'embuscades sur cette route. Nous étions cent fois plus
faibles que nos ennemis. Face à eux, nous devions faire une guerre du
peuple. Tout le
monde était en guerre, même les enfants, les vieillards."
Au fil de ce documentaire, on parcourt successivement onze étapes numérotées dont voici les vidéos :
1) La Route Coloniale 4, ses postes et ses convois. 2) Le Corps Expéditionnaire Français (Croisade contre le Communisme. Le Corps Expéditionnaire Français) 3) La menace Vietminh (Le Roi de la RC4. Le 2ème Bureau à Cao Bang) 4) La chute de Dong Khé (Les commandos de choc Vietminh. La Van Cau, héros du Vietminh) 5) La Colonne Le Page (Les combats du Na Kéo. Coup d’arrêt à Dong Khé. Coc Xa, le combat mythique) 6) La Colonne Charton (L’évacuation de Cao Bang. Le repli par la RC4, le mauvais choix) 7)La Capture (La capture. Prisonnier du Vietminh) 8) Abandon de That Khé et Lang Son (Évacuation sanitaire à That Khé. L’abandon de That Khé. L’abandon de Lang Son) 9)Un désastre sans précédent (L’ignorance et le mépris. Une grande victoire de Giap. Un désastre sanitaire. Un sentiment d'abandon) 10) La captivité (Dans les camps du Vietminh. Oncle Hô et le lavage de cerveau. Tentatives d'évasion) 11) La libération (Libération des prisonniers : la longue marche vers Hanoï. Suspicion et indifférence)
Le Web du film nous suggère des sites à visiter pour aller plus loin...
L'attaque du poste de Bo Cung
Le
récit passionnant de l'attaque d'un poste de la RC4 tenu par une
section de légionnaires commandée par le lieutenant Jaluzot lors de
l'offensive générale du Vietminh. Indochine Images
Un blog très bien documenté sur les événements de la RC4 et la géographie des combats réalisé par Jean-Luc Martin. Mémoires d'Indochine
Un
carnet de recherche au contenu pédagogique et scientifique. L’histoire
de la décolonisation au Viêt-Nam, Laos et Cambodge a le plus
souvent été présentée sous l’angle des littératures officielles marquées
par le prisme des vainqueurs. L’objectif de ce carnet de recherche est
d’inverser la tendance générale des histoires officielles... Indo Editions
Le site web des éditions Indo-éditions, spécialiste des livres sur la Guerre d'Indochine. Le site de l’ANAI
L’Association Nationale des Anciens et Amis de l'Indochine et du Souvenir Indochinois. ANAPI
Le site de l’Association Nationale des Anciens Prisonniers Internés Déportés d’Indochine. Saïgon / Vietnam
Un site pour les amoureux et les nostalgiques du Vietnam et de Saïgon. Histoires d’aviateurs
Des très nombreux témoignages d’aviateurs relatifs à la guerre d’Indochine. Mann Up
Un site de photos anciennes du Vietnam Médecins allemands pro vietminh
Une page consacrée à des Légionnaires allemands ayant rejoint les rangs du Vietminh. La guerre d’Indochine 1945-1954
Un outil multimédia sur la guerre d’Indochine produit par l’Université du Québec.
(1) Goumier : [de « goum », de l'arabeqaum « troupe »] Durant la colonisation française, soldat faisant partie d'un contingent militaire recruté en Afrique du Nord parmi la population locale.
Fondation Mapfre, Sala Recoletos, Paseo de Recoletos, 23, Madrid, visite personnelle du 25/09/2015. Visite en groupe prévue pour le 20 novembre 2015 à 14h30. Rendez-vous à 14h dans le parvis de la Fondation. Première rétrospective consacrée à Pierre Bonnard en Espagne depuis plus de 30 ans. Du 19 septembre 2015 au 10 janvier 2016. Commissaires généraux : Guy Cogeval et Pablo Jiménez Burillo Commissaire scientifique : Isabelle Cahn Dossier de presse en français.
NABI: mot arabe ou hébreu qui veut dire "prophète, homme inspiré par Dieu".
Dans les arts, c'est le nom adopté en 1888 par les Nabis, de jeunes peintres de l'Académie Julian (Maurice Denis, Edouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Paul-Elie Ranson et Pierre Bonnard, aiguillonnés par l'enthousiasme de Paul Sérusier et à l'aune de Paul Gauguin) qui voulaient s'affranchir de l'enseignement officiel. Bientôt, d'autres artistes s'ajouteraient au mouvement Nabi, comme le suisse Félix Vallotton, le sculpteur Aristide Maillol, Georges Lacombe ou le lithographe Henri-Gabriel Ibels.
Bon, d'accord, c'est tout bon, c'est bonard, ce sont les joies, les promenades, les danses, les douceurs, les nonchalances, les nus, les chapeaux, les loges, les pâtés de sable ou les lumières côtes d'Azur ou normandes, les voyages... l'Arcadie de la bonne société, de la classe des loisirs, des toujours-admis-qui-à-la-fin-ne-trouvent-pas-leur-place, car il y a aussi le mal-être, les bovarysmes ? On dirait du Jacques Henri Lartigue avec l'existentialisme et les couleurs en prime...
C'est Bonnard, Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867-Le Cannet, 1947), un grand (aussi bien pour Toulouse-Lautrec que pour Matisse ou Balthus, ami lui aussi des belles endormies...). À côté, toujours dans la Fundación Mapfre, il y a le contraste des photos de Josef Koudelka, le nomade, l'apatride (officiellement tchèque naturalisé français), la nationalité incertaine par temps de tant de tics patriotiques, belliqueux, pas si fisc... Mais ce sera pour une autre fois.
Alors, c'est Bonnard, quel bonheur. Et pourtant... on vient de le dire un peu plus haut, ses autoportraits les plus mûrs sont l'expression d'une impénétrable angoisse, d'une vitalité exsangue —une chair livide, un visage anémique— désavouant les suggestions préalables genre la vie n'est qu'une partie de plaisir... ou de croquet. Son dernier autoportrait exposé date de 1945 et mélange sans ménagement son penchant japonard et une détresse qui a la profondeur des yeux vides —un peu avant, le visage flou sang du Boxeur, un pantin déformé, montrait également les orbites vides—. Deux trous noirs et des lèvres rapetissées et scellées en dehors de tout espoir.
Avant d'y arriver, il est question d'un parcours visuel où les différentes techniques, influences et recherches (pointillisme, éléments mouchetés, la manière de Gauguin —cf. le Nu sombre—, les cadrages, les approches, l'explosion totale des couleurs, etc.) sont toujours au service des activités et des personnages de la vie quotidienne de l'artiste, de son intimité. Sagesse de l'abordage et la culture de ce qui vous est quotidien, très bien connu. Y compris les corps, les corsages, les nus à la toilette (merveille de l'orange) ou dans la baignoire, sa muse étant presque toujours Marthe (Marthe de Méligny, de son vrai nom plébéien Maria Boursin), sa fascination, sa compagne, finalement son épouse légale.
C'est donc un parcours où la sueur et les casquettes du travail salarié n'existent pas : ceux qui triment y sont absents ou ne sont que des personnages secondaires ayant du mal à accéder à un coin de toile où se rendre visibles —la nourrice, le serveur, les travailleurs de la Grande Jatte (l'île des Impressionnistes sur la Seine). La peinture chez Bonnard, c'est plus aisément un infini à la portée des caniches, des chats blancs baldaquins, des chevaux des seigneurs...
Ou, bien entendu, une splendeur des couleurs vibrantes au service de ses paysages chéris de Normandie ou de la Côte-d'Azur, de Vernon (à 3 kms de Giverny), de Trouville ou du Cannet, où l'on peut visiter depuis 2011 un musée en son honneur.
On doit la production de cette importante rétrospective au Musée d’Orsay (Paris), à la Fundación MAPFRE (Madrid) et aux Fine Arts Museums of San Francisco. Moi, par exemple, je n'avais vu jusqu'à présent que quelques œuvres éparpillées de Bonnard aux musées d'Orsay de Paris ou Toulouse-Lautrec d’Albi, ou dans la salle d'expositions de l'Arroyo de Santo Domingo, à Salamanque, où l'on montrait des gravures de la collection réunie par la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex.
L'agencement des toiles, dessins (moyens de pensée —comme l'écrit pour Clément Rosset— plutôt que maîtrise), panneaux, paravents, photographies, éventails... constituant cette exposition résulte peu ou prou des neuf sections conçues pour celle, précédente, du musée d'Orsay :
1) Un Nabi très japonard (Panneaux décoratifs ou paravents à l’influence japonaise),
2) Faire jaillir l’imprévu. (Carpe diem : chant à l’immédiateté et acceptation expresse de l’inconscient)
3) Intérieur,
4) Histoire d’Eau,
5) Clic clac Kodak,
6) Portraits choisis,
7) Le jardin sauvage (Bonnard en Normandie),
8) Ultra-violet,
9) Et in Arcadia Ego, section évoquant les bergers de Virgile —dans un tableau de Poussin— qui découvrent une tombe dont l’épitaphe, « et in Arcadia Ego », nous rappelle que la mort n’épargne personne, même en Arcadie. Le vitalisme arcadien n’est pas incompatible avec une lucidité existentielle
La distribution choisie pour l'exposition de la Fundación Mapfre suit un schéma semblable mais non identique (voir à cet égard, dans l'en-tête de ce billet, le dossier de presse en français) : I - un Nabi très japonard, II - Intérieur, III - Intimité, IV - Portraits choisis, V - Ultraviolet, VI - Et in Arcadia Ego. Les grands décors, VII - Œuvre graphique, VIII - Click, Clack, Kodak
Dans le dossier de presse, on nous explique quel est le but de cet agencement :
L'exposition prétend donc présenter une vision complète de l'œuvre de Bonnard, articulée autour des fondements de sa peinture, plus que sur une stricte division chronologique, afin de transmettre l'unité de son œuvre, mais sans perdre de vue son évolution tout au long de sa longue carrière.
Les amateurs d'art Nabi et d'Impressionnisme voyageant à Paris ont la possibilité de jouir, jusqu'au 7 février 2016, au Musée Marmottan Monet, sous le titre "Villa Flora. Les temps enchantés", de l'exquise collection d'Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler qu'ils réunirent entre 1905 et 1936 dans leur villa Flora, à Winterthur (Suisse).
Le Canard enchaîné, journal satirique paraissant le mercredi, existe depuis cent ans,toujours persuadé que « La liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas ». Son indépendance découle du fait qu'il s'interdit d'insérer toute publicité : il n'est l'otage d'aucun grand groupe économique, donc il peut divulguer
des informations que d'autres média taisent pour préserver
leurs annonceurs. Ses journalistes montrent un niveau linguistique et culturel haut de gamme et se soumettent à des règles de déontologie absolument insolites de nos jours, vu les contenus honteux de la plupart de ses confrères, que ce soit en France ou à l'étranger. Enfin, le journalisme d'enquête, la satire et, d'une manière générale, l'humour et les jeux de mots complètent les piliers d'un hebdomadaire incomparable et à la peau dure. Au sujet de sa création, nous pouvons lire sur le web :
Le Canard enchaîné a
été fondé le 10 septembre 1915 par Maurice et Jeanne Maréchal avec la
complicité de Victor Smell. Il se donna pour mission, sous une
coloration pacifiste, anticléricale et antimilitariste, d'être une
tribune impertinente luttant contre la propagande du gouvernement et
également de se battre contre la censure, les méfaits du conformisme et
le «bourrage de crâne». Né du « Canard du Boyau, journal de poilus du
74ème régiment d'infanterie, il effectue un essai pendant deux mois,
mais disparaît en octobre de la même année pour réapparaître en 1916.
Pourquoi l'appellation de "Canard" ? Justement parce qu'en argot, canard
signifie "journal", bien sûr, mais aussi "fausse nouvelle lancée dans
la presse. Or, on sait que la presse abonde de fausses nouvelles à
l'époque contre lesquelles Maurice Maréchal s'insurge. L'hebdomadaire a
été fondé avec peu de ressources et a obtenu dès les premières semaines
de sa sortie un succès suffisamment important pour pouvoir se passer de
commanditaire et de publicité.
À cause de cette brève disparation en octobre 1915, après seulement cinq numéros, le Canard estime qu'il faudra attendre au mois de juillet 2016 pour célébrer son centenaire. À l'heure actuelle, il a 75 000 abonnés, tire presque 400 000 exemplaires par semaine en moyenne et compte sur le travail de 57 journalistes.
Nous disposons d'images à l'égard de cette publication hors norme. En mars 2011, l'INA proposait une série pour le web tirée d'un documentaire, Presse et pouvoir, un divorce impossible, au titre éloquent. Ils la présentaient comme cela :
Quel est le pouvoir réel des médias ? Comment s’articulent les relations
complexes qu’entretiennent journalistes et hommes politiques ? Fruit
d’une enquête menée par Michel Royer et Philippe Reinhard, « Presse et pouvoir, un divorce impossible »
décrypte l’ambiguïté de cette relation, de la manipulation des médias par les politiques au rôle du Canard enchaîné au sein de la presse française, en passant par le phénomène des spin doctors et les rapports entre groupes médias et industriels. Ina.fr vous propose de découvrir, jour après jour, la web-série tirée de ce documentaire.
La vidéo qui suit est le volet de cette série évoquant l'incontournable rôle du Canard au sein de la presse française...
5 avril 2011 - 3min 46s
À propos de l'information servie en France par les grands média, je rappelle la pertinence de l'essai Les nouveaux chiens de garde, de Serge Halimi, ainsi que du film documentaire homonyme à propos duquel Candide a écrit ici et là.
Vendeurs de guerre (HaMaabada, The Lab - Israel's Weapons-Testing Human Laboratory) est un film documentaire, produit en France et en Belgique (Gum Films, The Factory, Luna Blue Film et RTBF) en 2013, écrit et réalisé par Yotam Feldman, journaliste spécialisé dans les affaires militaires qui pense que la guerre est devenue un mode de vie. Nous en devons la traduction et l'adaptation à Eytan Kapon.La synopsis officielle signale :
Armement, sécurité, nouvelles théories militaires, autant de domaines où Israël est à la pointe. Ses entreprises ont développé les drones ou le fusil permettant de tirer dans les coins. Les plus grandes armées du monde viennent sur place pour découvrir ces produits, qui ont souvent été utilisés en Cisjordanie, avant de les acheter, faisant d'Israël un des plus grands exportateurs d'armes de la planète.
Voici quelques notes que j'ai prises pendant mon visionnement et qui pourraient constituer une aide à la compréhension. Attention, il y a bon nombre de commentaires de mon cru.
Le film commence dans une foire très particulière, un salon des armements. Yotan Feldman s'y hasarde.
Quel est le prix d’un missile Jumper, par exemple ? Un expert y répond :
— « D’un point de vue financier, disons… L’argent est un moyen pour évaluer sa valeur, mais en termes de marché le potentiel est si grand qu’on a du mal à l’évaluer. Chacun de ces missiles coûte le prix d’un appartement à Tel Aviv. »
— « Il peut aussi en détruire un. »
— « C’est vrai, haha,… (…) Ça peut surprendre, mais il est relativement bon marché. La taille du marché augmente d’année en année. (…) L’humanité investit de telles sommes pour s’entretuer. Si on investissait une partie pour améliorer notre vie, le monde serait différent. »
Faites vos comptes… Et puis, si l’affaire vous intéresse, contactez IAI (Israel Aerospace Industries)
Amiram Levin, ancien général et chef du commandement nord de l'armée israélienne (1994-98) :
« Puisque nous voulons préserver un équilibre, nous devons mettre la punition au centre de notre stratégie. La punition offre une marge de manœuvre. (…) L’objectif principal de nos forces est de tuer l’ennemi (…). La quantité est plus importante que la qualité (…). Entre nous, dès leur naissance, la plupart de ces gars sont destinés à mourir. Alors, aidons-les. »
Amos Golan, ancien lieutenant-colonel. Dans les 80, il a commandé une unité d’élite en Cisjordanie. Puis il est devenu inventeur d’armes comme le cornershot (un M16 raccourci et segmenté dont on peut dévier le canon), engin qu’on a utilisé partout où il y a eu des combats urbains. On peut tirer sans être exposé et avec une énorme précision, dès la première balle. Un chat en peluche placé sur la partie avant du cornershot réussit à le camoufler complètement. Golan est pour la recherche et la créativité, il paraît répugner à ce qu’on le considère comme un « vendeur d’armes », ou comme quelqu'un de riche, et il remercie Dieu pour tout : il a démarré avec rien et il est parvenu à un énorme succès. Par ailleurs, il distingue fort bien entre les bons et les méchants ; lui et les siens, et leur pays, correspondent à la première catégorie. Quant à la simplicité de la méchanceté… Bref, ne ratez pas ses définitions.
Shimon Naveh, ancien lieutenant-colonel. Après avoir commandé une division, il étudia la philosophie, l’anthropologie et les théories militaires urbaines. Il se promène au milieu d’un labyrinthe créé par l’armée israélienne pour disposer d’un champ d’entraînement semblable aux ruelles de la casbah de Naplouse. « On voit bien que ce n’est pas un village arabe, ha, ha ! C’est une ville morte. Peut-être que, dans nos rêves, c’est ce à quoi devraient ressembler les villages palestiniens, ha, ha ! Mais ce n’est pas le cas. », explose-t-il rigolo, persuadé de la complicité de son interlocuteur. Comment pourrait-il en être autrement ? Et pourtant…
« Victrix causa deis placvit sed victa Catoni », écrivit Lucain (Farsalia, I, 128). Les dieux embrassèrent la cause victorieuse, mais Caton celle vaincue. Et pour cause ! car dans ce cas de figure, le stoïcisme rejoint aisément l’esprit d’équité !
Pour lutter dans cette toile d’araignée urbaine bien serrée, on ne combat pas dans les rues, « on les laisse désertes et on entre dans les immeubles en perçant des trous dans les murs ».
Shimon Naveh est aujourd’hui un consulteur très recherché en matière militaire urbaine. Plusieurs des officiers engagés dans les opérations de répression de Naplouse « s’élancèrent plus tard dans les affaires », dans des sociétés d’armement ou de consulting, par exemple. Ces experts assistent à des cocktails de leur guilde où les muscles et les gros cous concurrencent les cravates, où vendeurs et acheteurs d’armes négocient après des salons de l’armement... tenus en plein air ; leurs entretiens sont bercés par les notes de Bésame mucho, un boléro mexicain particulièrement romantique, joué à la harpe et au violon sous une couronne non de lauriers, mais de chasseurs-bombardiers et hélicoptères kaki. Bien entendu, « les armes utilisées à Naplouse et à Jénine sont exposées dans le Salon de l’Armement de Tel Aviv ». Mis à part la qualité de leur technologie, très avancée, « Les gens préfèrent acheter des produits qui ont été testés. Quand Israël vend une arme, elle a déjà été expérimentée. On peut dire au client, nous, on s’en sert depuis dix, quinze ans… C’est pour ça que la demande est si forte. (…) Ça rapporte des milliards au pays » (affirme en attitude maussade Binyamin Ben Eliezer, ancien général et ministre du Commerce et de l’Industrie 2009-2011. On dirait qu’il ne plaisante pas).
En effet, « des centaines de milliers d’Israéliens vivent de l’industrie de la Défense ». Israël « est devenu le 4ème exportateur d’armes dans le monde ». Peut-on en déduire que la paix en Palestine ou au Liban, par exemple, n’est pas pour demain ? Rafael Sánchez Ferlosio nous a bel et bien prévenus : « (…) todas las armas, en el silencio de sus panoplias y arsenales, contienen un presagio », c’est-à-dire, « toutes les armes, dans le silence de leurs panoplies et arsenaux, contiennent un présage ». D’autant que, dans ce cas, on boude même le silence : on lui préfère la propagande et la parade... sanguinaire.
Le « colonel » Leo Gleser, ancien sergent, vendeur d’armes, selon le documentaire ; argentin gaillard, amphitryon désinvolte, fondateur de la société ISDS en 1982, ami de Vargas Llosa, qu’il protégea lors de sa campagne présidentielle au Pérou en 1990, il se déclare « socialiste », ce qui veut dire, selon lui, « la sécurité pour tous ». À l’entendre, on comprend bien que « tous » est, dans ses lèvres, « tous mes égaux ». Plus tard, après s'être tapé, visiblement satisfait, une caipirinha bien tassée et avoir débité un sermon sinistre et grotesque, il répondra à une question gênante de Feldman d'une humeur moins gaillarde, drôlement plus maussade : « Mon métier, c’est la défense, le renseignement est un sale boulot. Combattre les terroristes est cruel. » Ou « La vie n'est pas une partie de plaisir ».
Université de Tel Aviv. Itzhak Ben-Israel, ancien général, professeur de philosophie, mathématicien inquiet… et pas très bien dans sa peau ou visiblement mal à l’aise face aux questions simples de l’enquêteur au style candide. Il explique ses maths appliquées à la guerre : « q multiplié par le logarithme de q, additionné au produit de leur inversion donne l’effondrement. Avec le pourcentage des membres neutralisés, on calcule la probabilité que toute l’organisation s’effondre. (…) q minuscule représente le nombre de membres neutralisés. (…) Si on neutralise 50% des gens, la probabilité que l’organisation toute entière s’effondre est de 100%. »
Feldman nous rappelle : « Entre 2001 et 2011, l’armée israélienne a tué plus de 350 palestiniens depuis le ciel. Plus d’une centaine étaient des civils ». Santiago Alba Rico écrirait dans Islamofobia (Icaria, Barcelone, mai 2015) : « Todos esos bombardeos nos impresionan tanto como una tormenta de verano y, desde luego, mucho menos que una cuchillada en el metro. » (Tous ces pilonnages suscitent en nous autant d’émotion qu’un orage d’été et, assurément, bien moins qu’un coup de poignard dans le métro).
(36’ 30’’) L’un des plus gros clients de l’industrie israélienne est le Brésil, un pays où il n’y a pas de Palestiniens mais où il y a des favelas. Et le Complexo do Alemão —quartier investi par la police (en un seul jour, elle tua 44 personnes, affirme le documentaire)— est surnommé la « Bande de Gaza ». Un rapport de la Secretaria Especial de Direitos Humanos de la Présidence de la République brésilienne trouva, selon la Folha de São Paulo du 1/11/2007, des « évidences de mort par exécution sommaire et arbitraire » lors de cette mégaopération policière. Des féministes brésiliennes fournissent certains détails qui relèvent d'une narration bien différente vis-à-vis des discours officiels.
Ce ne sont pas des bavures que Leo Gleser puisse accepter : il forme bien les policiers et il n'y a jamais aucune erreur, aucun dérapage. Gleser, comme Amos Golan, sait très bien qui sont les coupables et qui les innocents, qui sont les méchants et qui les gentils. Du coup, on ne tue jamais une seule personne innocente : « Ça, c’est jamais produit ». « Jamais », insiste-t-il.
Au sujet des favelas, je recommande une recherche que le géographe Andrelino Campos a publié sous le titre Do quilombo à favela - A Produção do « Espaço Criminalizado » no Rio de Janeiro. Il connaît son sujet bien mieux que Stefan Zweig ne le connaissait... Il en a fait une petite présentation moyennant un article que l’on déniche sur internet :
(...) Como o espaço ocupado pelos pobres, sobretudo pelos negros, passou a ser criminalizado no Rio de Janeiro? Existe algum vínculo histórico? Qual é a origem dos preconceitos que envolvem o espaço apropriado pelos mais pobres e a favela? Essas questões me levaram a pesquisar o tema e a escrever o livro Do Quilombo à Favela. (...) A fim de verificar a origem da favela, para além do senso comum, foi preciso recorrer à história, onde foram encontradas três versões: retornados da guerra do Paraguai (1870), demolição do cortiço Cabeça de Porco, na área central do Rio (1892), e vindos da guerra de Canudos (1897). Essas versões relatam, em tempos diferentes, o uso do termo favela para designar a ocupação dos mais pobres, principalmente de negros egressos da escravidão, no espaço urbano carioca. O problema é que nenhuma delas atribui aos pobres (em grande parte constituídos pelo grupo étnico-racial negro) a condição de sujeito responsável pela história. Uma visão mais generosa sobre o tema sugere que a favela é resultado de um processo mais amplo, que envolve organizações espaciais anteriores à formação das favelas. Sendo assim, encontra- se no quilombo a estrutura mais compatível com esse entendimento. O QUILOMBO ESTÁ PARA O IMPÉRIO ASSIM COMO A FAVELA ESTÁ PARA O SISTEMA REPUBLICANO. AMBOS ABRIGAM UMA MAIORIA NEGRA (...) O poder emanado das armas portadas por grupos que operam o tráfico de drogas de varejo em favelas influencia de maneira decisiva os mais jovens, visto que lhes faltam modelos a serem seguidos. A escola deixou de representar um ideal a ser seguido por meio da figura do professor. A casa tem a fisionomia do insucesso: presidiários, desempregados, portadores de renda abaixo da linha de pobreza, frustrações de toda monta conduzem os mais jovens a buscarem a imagem do "sucesso", do "poder", " do bem-sucedido" no porte de "fuzis milagrosos." "Morrer mais cedo não é importante, viver bem é que é importante", segundo a fala de um adolescente, ao longo da pesquisa. A origem do fenômeno favela ganha contornos de processo, enquanto as questões étnico-raciais são discutidas como componentes espaciais, conduzindo a análise do tráfico de drogas como problema urbano e não, do ponto de vista injusto, como questão que se liga aos favelados e seus espaços de moradias.
Assister à la collaboration policière israélo-brésilienne, au copinage des barbouzes des deux nations comparant Palestiniens et favelas (bidonvilles) prête à un sourire et mainte réflexion. UNICEF participa en 2007 de la comparaison, mais pour d'autres raisons...
Je me souviens aussi d'un rapport présenté par BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël) où l'on lit :
Les capacités uniques d’Israël dans le contrôle des populations, la surveillance des déplacements forcés et l’occupation militaire le situent à l’avant-garde de l’industrie globale de la répression : Israël développe, fabrique et vend des technologies qui sont utilisées pour la répression par des forces armées et policières dans le monde entier.
(...) Le gouvernement israélien joue un rôle important au Brésil, dans le contrôle intérieur, contrôle de masse, systèmes de surveillance, armements militaires, les prisons et les frontières militarisées. La formation et l’armement de la police constitue une partie de la campagne anti-favela et d’autres formes de répression intérieure. Le Brésil a signé un contrat avec Israël pour l’acquisition de systèmes de surveillance avancée dans son système de prisons d’État.
Le rapport apporte ses sources dans des notes de bas de page.
En 2009, Israël lançait l’Opération Plomb Durci contre Gaza. Cette même année, les ventes d’armes israéliennes atteignirent le record de six milliards (6.000.000.000) de dollars. C’est le général Yoav Galant qui conçut cette opération. Rapport des pertes : 800 « terroristes » et 300 civils pour 10 membres de Tsahal. C’est-à-dire, un israélien pour 110 palestiniens morts. Écoutez Galant —l’ami de celui qui « est fort, qui est juste et qui gagne »— mettre les atrocités en termes galants.
Voix off : Si dans le passé on pensait qu'il fallait arrêter les guerres pour laisser place à la vie, à présent, les deux cohabitent très bien ensemble. L'économie n'est pas seulement maintenue par la guerre, elle en tire profit. La vie poursuit son cours sans atteindre notre morale. Lorsqu'une opération dans un territoire s'arrête, c'est pour commencer dans un autre, pour commencer une nouvelle expérience.
Novembre 2012, nouvelle opération à Gaza [dite Pilier Défensif]. Deux Israéliens et 169 palestiniens furent tués. Cette année-là, les ventes d’armes atteignirent 7.000.000.000 de dollars, un nouveau record. Après quoi, on peut se payer un concert où l’on chante Imagine, de John Lennon. Cette image clôturant le film —où l’on a tout le loisir de voir des faucons applaudissant cette interprétation— m’a suggéré deux poèmes de Mahmoud Darwich (Birwa, 1942-Houston, 2008), traduits de l’arabe palestinien par Elias Sanbar. Les voilà :
[À un assassin]
Si tu avais contemplé le visage de la victime,
Réfléchi, tu te serais souvenu de ta mère dans la chambre à gaz,
Tu te serais délivré de la sagesse du fusil
Et tu aurais changé d’avis : Ce n’est pas ainsi que l’on découvre son identité !
[À un pseudo-orientaliste]
Que ce que tu crois, soit.
Supposons que je sois stupide, stupide, stupide,
Que je ne joue pas au golf,
Que je ne comprenne rien à la technologie
Et que je ne sache piloter un avion !
Est-ce pour cela que tu as pris ma vie pour confectionner la tienne ?
Si tu étais autre que toi, si j’étais autre que moi,
Nous serions deux amis qui reconnaissent leur stupidité…
Le sot, comme le juif du Marchand de Venise,
N’a-t-il pas un cœur, du pain
Et des yeux pour pleurer ?
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Le film fini, la réalité persiste et signe. Le 8 juillet 2014, Israël lança une troisième agression dévastatrice sur Gaza, l’Opération « Bordure protectrice ». 2 100 Palestiniens, en grande majorité des civils, y furent massacrés. 11.000 blessés, dont 1.000 enfants handicapés pour le reste de leurs vies. Parallèlement, nous savons, grâce à des sources israéliennes, que les industries de la défense de ce pays ont signé des contrats atteignant minimum 5,66 milliards de dollars en 2014. Difficile à éviter la pensée que Gaza s’avère, entre autres, une exposition périodique où les vendeurs de guerre présentent leurs nouveautés. Un salon de la guerre où presque rien ne manque…
Un an après ce dernier carnage, Gaza est une petite chaîne de collines de débris parsemée de cratères ; les 100 000 Gazaouis restés sans abri (dont énormément d’enfants) attendent la possibilité de rebâtir leurs habitations. Il faut aussi reconstruire les établissements scolaires, grand nombre de structures de toutes sortes, y compris de santé, etc. Mais le blocus continue et les aides sont tout à fait insuffisantes quand il faut contrecarrer tant de dévastation. Selon Oxfam France,
« Seule la fin du blocus permettrait aux Gazaouis de reconstruire leur vie, insiste Jean-Patrick Perrin, chargé de plaidoyer humanitaire à Oxfam France. Des familles vivent dans des maisons sans toit, sans murs ni fenêtres depuis six mois. Beaucoup n’ont d’électricité que six heures par jour et sont sans eau courante. Chaque jour qui passe sans que ces gens aient la possibilité de reconstruire met en péril davantage de vies. Il est tout à fait déplorable que la communauté internationale manque une fois de plus à ses devoirs vis-à-vis de la population gazaouie qui a tant besoin d’aide. »