jeudi 16 juin 2016

Collon sur les mensonges, la propagande de guerre et la Syrie

Voici une entrevue, produite par Thinkerview, où l'on interroge l'écrivain et journaliste indépendant belge Michel Collon. Réalisée le 16 février 2016, elle a pour titre Propagande de Guerre, festival de médias mensonges et complot ? et elle aborde les sujets que je détaille un peu plus bas.

Collon a déjà été cité ici (Notre émotion ne devrait pas borner notre réflexion) et là (¡No es una crisis!). Comme il pense que nous sommes tous des journalistes et que l'information n'est pas un luxe, mais un droit, il a fondé en 2004 le collectif Investig'Action qui...
(...) regroupe des journalistes, des écrivains, des vidéastes, des traducteurs, des graphistes et toute une série d’autres personnes qui travaillent au développement de l’info alternative. Parce qu’on ne peut laisser des médias dominés par la logique marchande monopoliser l’information sur les guerres, l’économie et les rapports Nord-Sud, Investig’Action milite pour donner la parole aux sans-voix. [En savoir plus]

Propagande de Guerre, festival de médias mensonges et complot ?

Liste chronologique des sujets abordés :

01:33 - Guerre d'Irak
01:56 - Manipulation des médias
04:33 - Guerre Yougoslavie
06:47 - Carl Von Clausewitz
09:30 - L'affaire du golfe du Tonkin
10:39 - Opération Northwoods
13:16 - Kadhafi
13:54 - Syrie
16:09 - Anthrax / Propagande de guerre
19:04 - France / Propagande de guerre
25:07 - Propagande médias/journalistes
30:21 - Bataclan / 13 Novembre
34:01 - Terrorisme 30 prochaines années
37:21 - Réseau Gladio
40:12 - Théories du complot
45:23 - Général Wesley Clark
50:09 - Guerre dans les prochaines années ?
56:21 - Conseils pour les jeunes générations
Michel Collon a déjà expliqué à plusieurs reprises quels sont, selon lui, les cinq principes de la propagande de guerre. Par exemple, en septembre 2013, dans ce débat sur la Syrie (Intervenir en Syrie ?) tenu dans l'émission Ce soir (ou jamais !) sur France 2 :



Collon rappelle qu'en 1917, le premier ministre Lloyd George déclara: « Si les gens savaient la vérité, la guerre s’arrêterait demain. Mais bien sûr ils ne savent pas et ne doivent pas savoir. »
PRINCIPES DE LA PROPAGANDE DE GUERRE

1. Cacher les vrais intérêts
2. Cacher l’Histoire
3. Diaboliser l’adversaire
4. Se présenter comme des défenseurs des victimes
5. Monopoliser le débat et empêcher les opinions adverses
En ce qui concerne l'allusion à Roland Dumas et la Syrie (cf. 1' 45''), on peut écouter deux explications de Dumas lui-même, une première en longueur, une seconde plus courte, dont voici l'extrait vidéo :

mercredi 8 juin 2016

Wer bezahlt diese Spesen?

Marrant, positivement marrant. C'est justement la presse poppérienne qui fait le plus fi de la réfutabilité et de son corollaire journalistique : si un titre est réfuté, il cesse d'être valide. Et l'analyse la plus élémentaire invalide constamment leurs titres, des falsifications au sens large.
La presse, de presser, "au sens de tourmenter", dit Le Robert ; du latin pressō, ās, āre, fréquentatif de prĕmō, ĭs, ĕre ; ubera pressare serait presser le pis, traire, nous rappelle Félix Gaffiot. Et pour presser le pis, on hâte le pis et on trahit.
J'y pensais ce matin lorsqu'un bon ami m'envoya, ahuri, un titre aussi exorbitant et exubérant que le chiffre auquel il faisait référence. Il est encore lisible en ligne et en papier :

Una operación urbanística fallida de Arpegio le cuesta a Cifuentes 42 millones

El Pais, Madrid
Arpegio est une entreprise publique de la Communauté de Madrid, région dont la présidente est Mme Cifuentes. Cette société, "spécialisée dans le développement de projets urbanistiques et l'exploitation d'équipements et d'infrastructures", a été mise en examen dans le cadre des enquêtes de l'Opération Púnica...
Une affaire de marchés publics truqués implique de nombreux élus locaux dont l’ex-secrétaire général du PP à Madrid, Francisco Granados. L’« opération Punica » a conduit à l’interpellation d’une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles nombre de responsables du PP, à Madrid et dans plusieurs mairies et régions autonomes. Ils auraient perçu des pots-de-vin en échange de l’attribution de contrats d’une valeur d’environ 250 millions d’euros. (Source : Le Monde,  • Mis à jour le )
Voyons, cet arpège sonne faux... "Le cuesta a Cifuentes" ? Est-ce la tournée de la patronne ? Qui paie ces frais ? Quousque tandem abutere, pressa, patientia nostra ? Wer bezahlt diese Spesen? Ainsi tant de chroniques, maladie chronique. So viele Berichte... Bertold Brecht dixit.

Bertolt Brecht : Fragen eines lesenden Arbeiters

Wer baute das siebentorige Theben?
In den Büchern stehen die Namen von Königen.
Haben die Könige die Felsbrocken herbeigeschleppt?
Und das mehrmals zerstörte Babylon
Wer baute es so viele Male auf? In welchen Häusern
Des goldstrahlenden Lima wohnten die Bauleute?
Wohin gingen an dem Abend, wo die Chinesische Mauer fertig war
Die Maurer? Das große Rom
Ist voll von Triumphbögen. Wer errichtete sie? Über wen
Triumphierten die Cäsaren? Hatte das vielbesungene Byzanz
Nur Paläste für seine Bewohner? Selbst in dem sagenhaften Atlantis
Brüllten in der Nacht, wo das Meer es verschlang
Die Ersaufenden nach ihren Sklaven.

Der junge Alexander eroberte Indien.
Er allein?
Cäsar schlug die Gallier.
Hatte er nicht wenigstens einen Koch bei sich?
Philipp von Spanien weinte, als seine Flotte
Untergegangen war. Weinte sonst niemand?
Friedrich der Zweite siegte im Siebenjährigen Krieg. Wer
Siegte außer ihm?

Jede Seite ein Sieg.
Wer kochte den Siegesschmaus?
Alle zehn Jahre ein großer Mann.
Wer bezahlte die Spesen?

So viele Berichte.
So viele Fragen. 
__________________________
Questions que pose un ouvrier qui lit
Qui a construit Thèbes aux sept portes ?
Dans les livres, on donne les noms des Rois.
Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ?
Babylone, plusieurs fois détruite,
Qui tant de fois l’a reconstruite ? Dans quelles maisons
De Lima la dorée logèrent les ouvriers du bâtiment ?
Quand la Muraille de Chine fut terminée,
Où allèrent, ce soir-là les maçons ? Rome la grande
Est pleine d’arcs de triomphe. Qui les érigea ? De qui
Les Césars ont-ils triomphé ? Byzance la tant chantée.
N’avait-elle que des palais
Pour les habitants ? Même en la légendaire Atlantide
Hurlant dans cette nuit où la mer l’engloutit,
Ceux qui se noyaient voulaient leurs esclaves.
Le jeune Alexandre conquit les Indes.
Tout seul ?
César vainquit les Gaulois.
N’avait-il pas à ses côtés au moins un cuisinier ?
Quand sa flotte fut coulée, Philippe d’Espagne
Pleura. Personne d’autre ne pleurait ?
Frédéric II gagna la Guerre de sept ans.
Qui, à part lui, était gagnant ?
À chaque page une victoire.
Qui cuisinait les festins ?
Tous les dix ans un grand homme.
Les frais, qui les payait ?
Autant de récits,
Autant de questions.

Bertolt Brecht, traduction de Maurice Regnaut 

lundi 6 juin 2016

Libérer : la langue du pouvoir et le pouvoir de la langue

Le voyage de l'école devait nous emmener cette année en Normandie. Et on le fit, mais toujours sous le parfum des grèves et manifestations contre la loi Travail. C'était prévisible et émouvant.
Déjà, il fallut improviser pour y arriver car notre vol à Beauvais fut annulé une demie journée avant notre départ. Finalement, notre déplacement se fit en car.

Puis, ce serait au Havre qu'on aurait une idée plus précise de la contestation. Au Havre, fief de la lutte où, un peu plus tard, le 2 juin, celle-ci continuait...
"Une loi scélérate, une loi qui est une trahison du socialisme, une loi qui est une trahison des espoirs des salariés" a martelé Gérard Filoche en direct sur France 3 avant d'entrer dans une salle pleine à craquer pour rejoindre ceux qui, comme lui, ont affirmé et défendu à la tribune que "cela ne peut se terminer que par le retrait" :  François Ruffin (réalisateur du film "Merci Patron !" et fondateur du journal Fakir)  Isabelle Attard, Serge Halimi et Miguel Urbán (cofondateur du mouvement espagnol Podemos).
Le samedi 21 mai, quant on arrivait au Havre, j'écrivais dans mon bloc-notes :

10:00. À la radio, Valls débitait encore sa rengaine de la veille : « La loi Travail ira jusqu’au bout ». Après le radeau bleu du Stade Océane, l’inquiétude : on bougeait pas, on était tombés sur un grand bouchon juste à l’entrée du Havre. Blocage ? Non… on apprendrait vingt minutes plus tard qu’il s’agissait d’une longue queue de voitures qui attendait pour pomper de l’essence dans une station-service.
À gauche, on vérifiait que les docks étaient devenus des centres commerciaux. On les verrait plus tard de plus près. 
Lecture entretemps d'une info sur les bombardements de septembre 1944. La bataille de Normandie étant conclue, et Paris libérée, Le Havre fut pilonnée par les alliés alors que les défenseurs allemands dynamitaient les installations portuaires...

Puis, déjà en ville  :

La résistance contre la loi Travail était partout visible. Par terre, je lus sur le goudron une citation de Pierre Bottero, un écrivain de littérature adolescente mort prématurément : 

« ELLE T’OFFRIRA EN
REVANCHE UN TRÉSOR QUE
LES HOMMES ONT OUBLIÉ :
LA LIBERTÉ. »
PIERRE BOTTERO

                                                                                      LOI TRAVAIL NON MERCI


Ensuite, Boulevard Clémenceau, à la hauteur à peu près de l’église St-Joseph, on aperçut une longue file d’attente de bagnoles assoiffées devant la station de service de Total, peu avant le Musée d’Art Moderne André Malraux.  





Finalement, à la sortie de la ville...

Le chauffeur du car [nos amitiés, Jean-Marie] prit par les docks et la Route Industrielle. L’idée était de quitter la ville tout en contemplant la zone portuaire qui nous intéressait. D’ailleurs, on savait que les travailleurs portuaires et dockers menaient une longue lutte contre Hollande-Valls, depuis deux mois au moins. Le port, les docks du Havre accueillent bon nombre de grands porte-conteneurs, de pétroliers ainsi que des paquebots de croisière qui y font une escale. Son terminal pétrolier reçoit en principe 40 % des importations françaises de pétrole brut. 

Charme en brique nickel des Docks Vauban. Ils survécurent aux bombardements alliés et à la dynamite allemande, et furent retapés par l’architecte Bernard Reichen et transformés en centre commercial et de loisirs où règnent les heureuses marques de l’itérative mondialisation. 

On quitte vite fait la municipalité du Havre ; nous parcourûmes ensuite la zone industrielle de Gonfreville-l’Orcher où Total dispose de sa plus grande plateforme de raffinage-pétrochimie en France. Sa capacité annuelle de transformation de pétrole brut est de 12 millions de tonnes, selon le site de la compagnie. 

À 12 :35, on commença à voir sur l’autoroute les effets des blocages d’une résistance tout feu tout flammes, logique choix stratétique, concrètement avant d’arriver au panneau signalant la sortie vers le Port 4150-4400.



À 12 :38, depuis le car, Route Industrielle, nous vîmes à une centaine de mètres, à son accès, ce qui semblait un calme piquet de grève. Sur une pancarte, on parvenait à lire : « La CGT Total de Normandie, pour un syndicalisme de conquêtes sociales ».



Jean-Marie devait de temps à autre se frayer un passage à travers des carrefours et des ronds-points où les traces de barrages de pneus brûlés étaient nombreuses, bien visibles, toutes fraîches. Les voyageurs se rappelèrent sournois l’incendie intentionnel et toujours actif de l’immense décharge illégale de pneus de Seseña, en Espagne. Les hautes températures de ces barricades en feu avaient troué et défiguré le bitume. Le car cahotait dessus. 


[De retour à Madrid, le 25 mai, tard dans la nuit, je lirais un article signé par Natalie Castetz pour Libération dont voici cet extrait :
Pneus, palettes, arbres déracinés ont brûlé sur les routes donnant accès à la zone industrialo-portuaire qui compte plus de 30 000 salariés. Les barrages ont ralenti les flux de marchandises et perturbé la circulation des salariés, mais le mouvement a pris une autre ampleur avec l’annonce, vendredi, de l’arrêt de la plus grosse raffinerie de France. Pour le retrait de la loi travail, les syndicats CGT et FO de la raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, 1 700 salariés, ont voté l’arrêt de la production.]
Le dernier rond-point de la Route Industrielle était coupé par des barrières métalliques. Jean-Marie dut tourner à droite, s’engager dans le sens contraire à notre marche sur la Route de la Plaine, faire 360º au rond-point qu’il y a à la hauteur de DHL pour revenir en arrière et sauver ainsi ledit rond-point bloqué.




De retour à Madrid de ce voyage en Normandie, je lance une recherche sur internet et je saisis trois mots : Valls, libère, raffineries.
Je me livre souvent à ce genre d'exercices car les résultats sont autrement époustouflants. Il est drôle de voir à quel point la presse libre et plurielle remplit constamment la fonction de passeuse de notes gouvernementales et/ou patronales, ce qui revient au même, surtout quand Valls déclare depuis Jérusalem, imprégné d'un sadisme extra. C'est-à-dire : les tyrans libèrent et la presse, toujours dépendante, soutient leur campagne. Sauf lorsque la priorité revient à un parti pris en rapport aux querelles des familles intrasystémiques : c'est là qu'on s'amuse le plus.
Et Google de vomir aussitôt bon nombre de résultats libertaires :

Carburant: Manuel Valls «très déterminé» à ce qu'il n'y ait aucune ...

www.lefigaro.fr/.../20002-20160522ARTFIG00041-la-cgt-appell... - Traducir esta página
22 may. 2016 - Ce Dimanche, quatre des huit raffineries étaient encore bloquées, ainsi ... Les forces de l'ordre libèrent deux nouveaux dépôts de carburant ...

Raffineries bloquées. Valls assure que d'autres sites seront libérés

www.ouest-france.fr › ... › Transports › Pénurie de carburant
24 may. 2016 - Manuel Valls a promis que « d'autres sites (de raffinerie) seront libérés ... Le dépôt de Fos libéréLa raffinerie Esso et le dépôt de carburants de ...

Raffineries bloquées : "D'autres sites seront libérés" selon Valls

www.midilibre.fr/.../toutes-les-raffineries-francaises-paralysees-sel... - Traducir esta página
24 may. 2016 - Manuel Valls a réaffirmé mardi qu'il n'y aurait "pas de retrait" du projet de loi travail, et a promis que "d'autres sites (de raffinerie) seraient ...

Blocage des raffineries : "Nous continuerons à évacuer les sites ...

www.sudouest.fr/.../blocage-des-raffineries-nous-continuerons-a-e... - Traducir esta página
24 may. 2016 - Face au blocage des raffineries et des dépôts de carburant, Manuel Valls ... "A Fos-sur-Mer, le site a été libéré, tous les accès ont été dégagés.

christophe on Twitter: "Manuel Valls libère les raffineries.. (ce qui est ...

https://twitter.com/cricrib/status/735021085310214144
24 may. 2016 - Follow Following Unfollow Blocked Unblock Pending Cancel. christophe @cricriB May 24. Manuel Valls libère les raffineries.. (ce qui est bien ...

Valls envoie les CRS débloquer les raffineries, bientôt l'armée ?

www.economiematin.fr/news-loi-travail-blocage-CRS-police-raffi...
Valls envoie les CRS débloquer les raffineries, la grève se généralise ! par Paolo Garoscio ... Fos-sur-Mer libérée, le port du Havre en grève. Si, Manu(el) ...

Pénurie de carburant : 25 navires affectés par le blocage des ...

www.francetvinfo.fr › ... › Transports › Pénurie de carburants - Traducir esta página
24 may. 2016 - Plus tôt, Manuel Valls avait affirmé que "d'autres sites [seraient] libérés" ... Un salarié de la raffinerie de Donges participe à un blocage pour .... 15h13 : "Nous respecterons toujours la liberté syndicale, la liberté de manifester (.

Statuts de la liberté - Le Monde

www.lemonde.fr/.../statuts-de-la-liberte_4931061_4500055.html - Traducir esta página
hace 2 días - Valls assure que d'autres sites seront libérés » (Ouest-France). ... Et là, il met le feu, Manuel, avec son « libérer » les raffineries et les dépôts ...

Le déblocage par la force des raffineries en grève est-il légal ...

https://nuitdebout.fr/.../le-deblocage-par-la-force-des-raffineries-e...
25 may. 2016 - Le déblocage par la force des raffineries en grève est-il légal ? ... lorsque les forces de l'ordre ont libéré les accès à la raffinerie et aux dépôts ... De son côté, Manuel Valls a promis : « Nous continuerons à évacuer les sites (…) ...
Et ce n'était que la première page des résultats, il y en avait d'autres dont on reparlera illico.

Pour aller un peu plus loin, je clique sur le lien du Monde, qui nous renvoie à un article de Lucien Jedwab intitulé Statuts de la liberté et publié par le magazine du Monde. Son début confirme nos soupçons :
« Raffineries bloquées. Valls assure que d’autres sites seront libérés » (Ouest-France). « Tous les sites seront libérés. Encore ce matin, le site de Fos-sur-Mer a été libéré, tous les accès ont été dégagés par les forces de l’ordre » (Manuel Valls, sur Europe 1). « L’Etat fera ce qui est nécessaire pour libérer un certain nombre de ces raffineries, pour assurer l’approvisionnement des Français » (Stéphane Le Foll, sur France Info, déclaration rapportée par Le Parisien). « Onze dépôts ont été libérés » (le même, après le conseil des ministres). Le choix des mots…
Le Figaro, Économie Matin, Le JDD, Ouest-France,... Un blog de L'Obs analyse et met en perspective... J'en profite pour vérifier que le gouvernement libère même les prix, comme on pouvait s'en douter. Ou qu'en Belgique, 7sur7 titre également :
Le port pétrolier de Wandre a été libéré.
Mais ce qui est vraiment sidérant, c'est que Mathias Jeanne, délégué de la CGT (Confédération générale des travailleurs) du terminal pétrolier de la Compagnie industrielle maritime (CIM) havraise et participant aux grèves, reprend, selon RFI, le participe du verbe libérer à l'égard du carburéacteur repris par la police. Et que le site de la Nuit Débout relaie tranquillement ce vocabulaire, le 25 mai, comme si de rien n'était ; après une introduction qui pose une question...
Mardi, des militants CGT opposés à la loi Travail ont été dégagés par les forces de l’ordre des accès à la raffinerie de Fos-sur-Mer, qu’ils occupaient depuis la veille. Ce mercredi 25 mai, ce sont les accès au dépôt de Douchy-les-Mines qui ont été débloqués. Ces « déblocages » par la force sont-ils légaux, alors que les employés usent légitimement de leur droit de grève ? (...)
... , voici la suite de ce texte :
« On utilisera tous les moyens au service d’une démocratie pour qu’il n’y ait pas de pénurie » . En faisant cette déclaration, le ministre Michel Sapin avait sous-entendu que le gouvernement aurait recours à la force pour mettre fin au blocage des raffineries. De fait, c’est ce qu’il s’est passé ce mardi matin, aux environ de 4 heures, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), lorsque les forces de l’ordre ont libéré les accès à la raffinerie et aux dépôts de carburants bloqués depuis lundi par des militants de la CGT. « Débloquer les raffineries, c’est illégal, a réagi  le secrétaire général du syndicat, Philippe Martinez. Monsieur Sarkozy a essayé en 2010, il a été condamné par l’OIT pour non respect du droit de grève dans les raffineries« . De son côté, Manuel Valls a promis : « Nous continuerons à évacuer les sites (…) qui sont aujourd’hui bloqués par cette organisation » . Alors, qui a raison ? 
Le rouge est de mon cru : j'ai tenu à ce que le texte rougisse là où il fait singulièrement mal.
Car Victor Klemperer, sous la botte nazie, abasourdi, consterné que les Juifs allemands puissent réemployer la lingua tertii imperii (LTI), la langue de leurs oppresseurs, nous avait bel et bien prévenus : la victime doit éviter le langage du vainqueur.