Quand je suis à Paris, j'aime bien voir ce qu'il y a au menu du musée du Quai Branly -dont je vous ai déjà parlé dans ce blog- car sa programmation est toujours appétissante. Lors de ma visite du 3 juillet 2010, j'eus le loisir de flâner un peu partout et de fourrer mon nez dans l'exposition Fleuve Congo, illustration des traditions artistiques des régions bantouphones d’Afrique Centrale sillonnées par le fleuve Congo. Les créations présentées concernaient donc trois États actuels : le Gabon, la République du Congo et la République démocratique du Congo.
Après mon parcours, je fis quelques emplettes dans la boutique du musée dont un bouquin intitulé Contes et légendes du Congo, Cyr Éditions, mars 2008, illustré par Yann Sougey-Fil. L'auteur de ce recueil est Marc Koutekissa qui tente ainsi de rendre hommage à ses aïeux et de protéger un héritage oral qui risque de disparaître. Il explique dans son prologue que "la majorité de ces contes tirait leur origine de la région du Pool, sauf le conte Vili qui était de la région du Kouilou." Ils suggèrent immédiatement fables et apologues : les héros sont toujours des animaux, les histoires sont brèves et comportent une morale qui s'exprime en général à la fin. Et comme il arrive souvent dans les vieux récits, la morale en question peut tour à tour nous séduire ou nous horripiler, ça dépend. Mais Koutekissa avoue ne s'être pas donné l'ambitieuse tâche littéraire d'un La Fontaine (1621-95), dont les Fables étaient ce "livre favori / Par qui j'ose espérer une seconde vie", selon les vers de sa dédicace à Madame de Montespan au début du Livre VII. Les critères de sélection de Koutekissa et son intervention ("fidèle") sont plus modestes : "Le choix de ces contes est dû au fait qu'ils étaient les plus courants et que ma mémoire les avait retenus fidèlement."
Je vous reproduis maintenant l'essentiel d'un de ses contes congolais car je trouve que sa moralité est non seulement universelle mais particulièrement profitable de nos jours :
Quel sera le pigeon qui appellera « crise » le mauvais tour que la tortue joua aux oiseaux ? Y aura-t-il un pigeon qui prétendra que « la crise accula les oiseaux à la pauvreté et au jeûne », que « la tortue mangea comme quatre cents malgré la crise aviaire » ou que « la tortue réussit à se taper un gueuleton conçu pour toute une nation d'oiseaux en pleine crise aviaire » ?...
Ne soyons pas pigeons comme les oiseaux de ce conte congolais. Pourquoi permettons-nous que des malins sans scrupules pillent la maison de tous et nous expliquent que nous vivons au-dessus de nos moyens, alors que leurs comptes ne cautionnent pas leurs contes par-dessus le marché ? Pourquoi acceptons-nous que ce soient ceux qui nous ruinent qui fassent notre loi ? Pourquoi admettons-nous que, quand les Marchés nous pissent dessus, les médias s'évertuent à nous dire qu'il pleut ? Car jour après jour, nous lisons dans la presse très dépendante, sans qu'elle rougisse (c'est moi qui y mets du rouge), des informations comme celles-ci :
Après mon parcours, je fis quelques emplettes dans la boutique du musée dont un bouquin intitulé Contes et légendes du Congo, Cyr Éditions, mars 2008, illustré par Yann Sougey-Fil. L'auteur de ce recueil est Marc Koutekissa qui tente ainsi de rendre hommage à ses aïeux et de protéger un héritage oral qui risque de disparaître. Il explique dans son prologue que "la majorité de ces contes tirait leur origine de la région du Pool, sauf le conte Vili qui était de la région du Kouilou." Ils suggèrent immédiatement fables et apologues : les héros sont toujours des animaux, les histoires sont brèves et comportent une morale qui s'exprime en général à la fin. Et comme il arrive souvent dans les vieux récits, la morale en question peut tour à tour nous séduire ou nous horripiler, ça dépend. Mais Koutekissa avoue ne s'être pas donné l'ambitieuse tâche littéraire d'un La Fontaine (1621-95), dont les Fables étaient ce "livre favori / Par qui j'ose espérer une seconde vie", selon les vers de sa dédicace à Madame de Montespan au début du Livre VII. Les critères de sélection de Koutekissa et son intervention ("fidèle") sont plus modestes : "Le choix de ces contes est dû au fait qu'ils étaient les plus courants et que ma mémoire les avait retenus fidèlement."
Je vous reproduis maintenant l'essentiel d'un de ses contes congolais car je trouve que sa moralité est non seulement universelle mais particulièrement profitable de nos jours :
La Tortue aux ailes d'or
Écoutez une histoire que parfois se racontent les oiseaux et dont ils gardent un triste souvenir, car ils n'oublieront jamais le mauvais tour que la tortue leur a joué il y a deux mille ans.
C'est la fête dans le royaume des airs. Les oiseaux siffleurs annoncent partout ce grand événement. Un billet d'invitation a été adressé par le génie oiseau à toute la gent ailée. Chaque oiseau se prépare à assister à cette fête, drapé dans un beau costume. (...)
La tortue quant à elle, n'est pas là pour entendre ce que se disent les oiseaux. Bien qu'étant éloignée d'eux, elle entend clairement leur langage. Les oiseaux parlent d'un repas qui leur sera offert là-haut au-dessus des nuages par oiseau génie.
La tortue a une faim de loup et elle voudrait goûter à ce repas. (...)
— Pour quoi n'ai-je pas d'ailes ?
Elle bat des deux pattes.
— C'est une injustice, poursuit-elle. Et pourquoi ne suis-je pas une tortue oiseau ou un oiseau tortue ?
Trac, trac, elle va trouver les oiseaux et parle avec un langage sincère.
— Tu n'as pas d'ailes et ce repas est destiné aux oiseaux, répondent ses interlocuteurs.
— J'ai des ailes comme vous mais elles sont bloquées dans ma carapace.
— Mais du reste, tu n'es pas de la famille des oiseaux. Tu as une bouche, des dents, et quatre pattes, répliquent les oiseaux.
— Je n'ai que deux pattes. Les deux autres que vous voyez au devant de mon corps ne sont que des ailes déplumées. Et ces plumes sont retenues prisonnières dans ma carapace.
— Nous voulons bien te croire. Mais nous connaissons parfaitement les vilains tours que tu joues aux autres.
— Vous me connaissez mal en ce moment. Depuis des lunes, je me suis arrachée de mes mauvais penchants.
Après une longue discussion, les oiseaux finissent par accepter la proposition de la tortue. Chaque oiseau lui donne une plume. La tortue possède maintenant des ailes et peut voler.
Satisfaite, la Tortue se met à haranguer la foule ailée pour les convaincre totalement.
Devant sa bravoure et son éloquence, les oiseaux acceptent sans la moindre opposition, sa proposition qui est celle de prendre la parole au nom de tous les invités devant l'oiseau génie.
— N'oubliez pas quelque chose d'importance capitale, dit-elle. Nous sommes invités tous à un cocktail. N'oublions pas que nos coutumes recommandent à tout invité de choisir un nom qui lui convient le mieux.
— Nous ignorons cette loi que tu nous imposes.
— Bien sûr ! Parce que vous vous êtes tous empêtrés dans l'ignorance. J'ai beaucoup voyagé dans les pays lointains où j'ai appris beaucoup de choses.
Dupé, chaque oiseau prend un nom.
— Moi, je m'appelle « N'tiétié » (roitelet)
— Moi, « Bingoundou bidé » (rossignol) [et ainsi de suite]
Et tous les oiseaux, d'un ton unanime, demandent à la tortue.
— Et toi, quel nom as-tu choisi ?
— Je m'appelle « Vous tous », répétez !
« Vous tous », répondent les oiseaux. (...)
Les serviteurs apportent les plats de nourriture, des mets très délicieux à la soupe agréable à voir des yeux. Il y a de la viande, le poisson, les légumes, les ignames, du foufou, du manioc, etc.
Tout le ciel est inondé d'une odeur sentant si bon. Alors la tortue se lève et demande au génie oiseau :
— Pour qui avez-vous apporté ces plats ?
— Pour vous tous, répliqua le génie oiseau.
— C'est formidable, répliqua la tortue en s'adressant à ses compagnons. Vous avez tous entendu ceci. Tout cela m'appartient. C'est bel et bien leur coutume qui leur ordonne ces pensées. Ils servent avant tout le porte-parole et ensuite, vous autres. Patientez, votre tour viendra.
Ce disant, la tortue se met à dévorer les mets sous les regards des oiseaux.
Quand les oiseaux s'aperçoivent du tour que la tortue vient de leur jouer, ils se fâchent tous, mais c'est un peu trop tard.
(...)
Tout flatteur vit au dépens de celui qui l'écoute.
Quel sera le pigeon qui appellera « crise » le mauvais tour que la tortue joua aux oiseaux ? Y aura-t-il un pigeon qui prétendra que « la crise accula les oiseaux à la pauvreté et au jeûne », que « la tortue mangea comme quatre cents malgré la crise aviaire » ou que « la tortue réussit à se taper un gueuleton conçu pour toute une nation d'oiseaux en pleine crise aviaire » ?...
Ne soyons pas pigeons comme les oiseaux de ce conte congolais. Pourquoi permettons-nous que des malins sans scrupules pillent la maison de tous et nous expliquent que nous vivons au-dessus de nos moyens, alors que leurs comptes ne cautionnent pas leurs contes par-dessus le marché ? Pourquoi acceptons-nous que ce soient ceux qui nous ruinent qui fassent notre loi ? Pourquoi admettons-nous que, quand les Marchés nous pissent dessus, les médias s'évertuent à nous dire qu'il pleut ? Car jour après jour, nous lisons dans la presse très dépendante, sans qu'elle rougisse (c'est moi qui y mets du rouge), des informations comme celles-ci :
Cada vez hay más ricos y tienen más dinero, a pesar de la crisis
Los patrimonios superiores a un millón de dólares crecen en España un 12,5%
PILAR BLÁZQUEZ MADRID, Público. 23/06/2010 08:00
(...) [M]ientras el resto de mundo peleaba con una nueva versión de la crisis financiera que se inició en 2007, el número de grandes fortunas españolas creció un 12,5% el año pasado. Un selecto club, que ya cuenta con 143.000 personas, según el Informe Anual sobre la Riqueza en el Mundo elaborado por Merrill Lynch y Capgemini. "Este incremento se debe a la subida de la capitalización bursátil. Muchos de sus activos están invertidos en renta variable", explica Lucía Granda, directora de Merrill Lynch Global Wealth Management para España y Portugal.
La situación española no es una excepción. Todo lo contrario. En el resto del mundo el porcentaje de grandes fortunas se incrementó incluso más. En total, el crecimiento superó el 17%, hasta alcanzar los 10 millones de personas. No sólo aumentó la cantidad de afortunados, sino también la de sus fortunas. El patrimonio conjunto de los más ricos del mundo, alcanzó los 39 billones de dólares (3,4 billones de euros) un 18,9% más que en 2008. Es más, el crecimiento de los superricos, es decir las fortunas cuyo patrimonio supera los 30 millones de dólares( 24 millones de euros), subió un 19,4%, y sus posesiones se incrementaron un 21,5%.
AUMENTÓ UN 12% EL NÚMERO DE RICOS EN ESPAÑA
Yates, pinturas y coches de lujo: para los millonarios pasó la crisis en 2009
Los ricos son aquellos con más de 800.000 euros en bienes, excluidas casas
El número de ricos creció un 17,1% en todo el mundo, un 12,5% en España
Las ventas de coches de lujo se disparan en Brasil y China
Los millonarios invirtieron en pinturas clásicas o de los sesenta
El Mundo - Actualizado martes 22/06/2010 17:16 - Reuters | Efe
Nueva York.- Mientras las economías mundiales abandonaban a duras penas la recesión para emprender una débil recuperación, en todo el mundo aumentó el número de millonarios, quienes volvieron a abrir sus carteras a ciertos gastos 'pasionales' a partir de la segunda mitad de 2009.
Pese a la crisis, el porcentaje de población con más de un millón de dólares en activos (unos 800.000 euros al cambio actual) creció un 17,1% en 2009, hasta los 10 millones de individuos, que juntos acumulan una riqueza de 39 billones de dólares (31,7 billones de euros), un 18,9% más del volumen que acaparaban en 2008, según un informe de Merrill Lynch con Capgemini.
Las ventas de vehículos caen un 23,5% en enero con respecto al mismo mes de 2010
EUROPA PRESS, Madrid 01/02/2011 13:04 Actualizado: 01/02/2011 14:46
Las matriculaciones de automóviles se situaron en 53.632 unidades durante el pasado mes de enero, lo que supone una fuerte caída del 23,5% en comparación con el mismo mes de 2010, cuando se comercalizaron 70.130 unidades, según datos de las asociaciones de fabricntes (Anfac) y vendedores (Ganvam). Sin embargo, los automóviles de lujo aumentaron sus ventas un 133% en el mismo periodo.
Telefónica bate récord de reparto de dividendos en plena crisis
La operadora abonará 7.300 millones de euros a sus accionistas, el mayor pagado por una empresa española
RAMÓN MUÑOZ - El País, Madrid - 23/02/2011
Repsol triplicó su beneficio en 2010
La compañía petrolera obtuvo un beneficio neto de 4.693 millones de euros el año pasado
EUROPA PRESS para Público, Madrid 24/02/2011 09:03 Actualizado: 24/02/2011 09:09
Repsol obtuvo un beneficio neto de 4.693 millones de euros en 2010, cifra que triplica el resultado logrado por la petrolera en 2009, que fue de 1.559 millones de euros, informó la compañía que preside Antonio Brufau a la Comisión Nacional del Mercado de Valores (CNMV).
(...) Sin tener en cuenta extraordinarios, el beneficio neto recurrente de Repsol mejoró en 2010 un 54,9%, hasta situarse en 2.360 millones de euros. Por su parte, el resultado de explotación recurrente de la compañía ascendió el año pasado a 5.213 millones de euros, con un repunte del 66,7% respecto a 2009.
Iberdrola ganó 2.870 millones en 2010
Iberdrola obtuvo en 2010 un beneficio neto de 2.870 millones de euros, lo que supone un aumento del 1,6% frente a 2009, cuando ganó 2.824 millones, como consecuencia de "los menores resultados atípicos netos de impuestos".
Con todo, la eléctrica señaló que se trata del mayor beneficio neto registrado en su historia. Según informó la compañía a la Comisión Nacional del Mercado de Valores (CNMV), su facturación fue de 30.431 millones de euros (+17,5%) y su Ebitda se elevó un 10,5%, hasta los 7.528 millones de euros.
ABC, 24/02/2011 :
Antena 3. Antena 3 y Telecinco mejoraron resultados en el año del «apagón analógico» El grupo Antena 3 logró un beneficio neto de 109,1 millones de euros el pasado ejercicio, lo que supone un aumento del 79,6% respecto al año anterior, en gran medida debido a la mejora de los ingresos publicitarios. El mercado publicitario creció el 3,8%. (...).
Telecinco. Telecinco obtuvo un beneficio neto de 70,5 millones de euros, lo que supone un 45,6% más que en 2009, cuando ganó 48,4 millones de euros. Los ingresos aumentaron un 30,3% en 2010, hasta los 855,1 millones de euros, y sus márgenes sobre ingresos mejoraron con respecto al año anterior, con un beneficio bruto de explotación (Ebitda) ajustado de 228 millones de euros.
Abertis. Abertis ganó un 6,1% más por la positiva evolución del tráfico en las autopistas. Abertis registró un beneficio neto de 662 millones de euros en 2010, lo que supone un incremento del 6,1% en comparación con el año anterior, según informó este jueves la concesionaria. (...)
Abengoa. La empresa andaluza registró un beneficio neto de 207 millones de euros en 2010, lo que supone un incremento del 22% respecto al ejercicio anterior. El grupo alcanzó unas ventas de 5.566 millones de euros, un 34% más, mientras que el resultado bruto de explotación (Ebitda) se situó en 942 millones de euros, un 26% más que en 2009. (...)