Pour adoucir nos confinements, voici un projet intéressant où l'on peut participer ; on pourrait l'appeler l'Écoutothèque de nos Paysages. Vous pouvez juste écouter les paysages décrits ou enregistrer et envoyer vos propres récits souvenirs.
Je vous en colle ci-dessous l'idée et les principes.
DES PAYSAGES INCORPORÉS
En ces temps de confinement, les notions de lieux, de dedans et de dehors, de corps et de mouvement résonnent
différemment...mais le désir "d'aller vers" un ailleurs, qu'il soit
géographique, social, politique ou autre, nous met, de fait, en
mouvement, par la pensée, l'imagination...
Dans
l'intention de soutenir ce mouvement intérieur, de rester en éveil et
d'apporter un peu d'horizon dans une période sédentaire faite de
bouleversements RADIO Horizons-Paysagesrécolte des récits enregistrés réalisés à partir des questions suivantes et posées à plusieurs personnes :
Y'a-t-il un paysage dont vous vous souvenez, dont vous avez fait l'expérience,
et qui s'est déposé dans votre mémoire ?
Un paysage que vous auriez particulièrement apprécié, un lieu que vous aimez re-convoquer en vous ?
Pourriez-vous en faire une description afin de le partager et de le donner à voir, à imaginer, à d'autres ?
Quels sont les paysages que l'on porte en soi et qui nous constituent ?Ces
paysages qui sont passés par le filtre de notre perception et dont
l'existence se situe alors seulement dans notre souvenir et imaginaire,
ces paysages qui ont même parfois disparu pour nous-mêmes et qui sont
enfouis sous des couches d'autres images, d'autres vécus... il s'agit
d'en dé-couvrir les vestiges, bribes, fragments, traces, un peu comme
une recherche archéologique, afin de donner forme concrètement à ces
"images" que chacun.e.s porte en soi, de les rassembler, de créer un
corpus commun, pour créer une bibliothèque de nos paysages, que nous viendrions nourrir tou.te.s ensemble par un geste collectif, ce mouvement d'ensemble.
Ces
paysages pourront alors circuler jusque dans d'autres imaginaires, à
travers les voix, à travers les ondes...et permettre de partager une expérience-pratique de déplacement,
alors que nous sommes contraints à une certaine sédentarité, en
proposant un mouvement, un voyage, une évasion, à partir de soi, de nos
endroits investis au présent et en direction d'autres, auditeurs/trices.
N.B.: Ce projet se situe dans le prolongement de l'installation audio "Récolter Paysages" réalisée en 2011 dans la Drôme. Il a été réactivé sous une autre forme au moment de la période de confinement en Avril 2020.
Voici une longue analyse en la matière, prenant en considération presque toutes les approches possibles en la matière. Le fil que je vous présente ici est le résultat d'un boulot minutieux, touffu et bourré de conseils pertinents, bref, à ne pas négliger.
Organisé en petites pilules informatives ou courtes réflexions, remarques ou questions (en fait, des tweets), il insère des vidéos, infographies, citations et autres références que vous pourrez consulter aussi au fur et à mesure de vos besoins.
Le Premier Mai n'est pas pour moi la fête du travail —ni du travail ni du télétravail, nous rappellent Les Mutins de Pangée dans un courriel—, mais la fête où les travailleurs peuvent penser à leurs luttes du passé et à leur réalité d'aujourd'hui. Le travail n'est pas à revendiquer, loin de là. C'est une autre société, une autre manière de vivre qu'il nous faut, d'autres valeurs, d'autres rapports.
Connaître l'histoire devrait nous aider à mieux réfléchir là-dessus, et grâce à Daniel Mermet et son site d'information et de débat Là-bas si j'y suis, ancienne émission de radio sur France Inter, nous disposons d'enregistrements audio et vidéo en français pour connaître celle très anarchiste du 1er Mai. À ce sujet, n'hésitez pas à visiter le site de Là-bas.
L’appel à la grève générale du 1er mai 1886 pour la journée de travail de 8 heures, lancé par l’American Federation of Labor, fut largement suivi : il y eut 350.000 grévistes dans tout le pays.
À la grande usine de matériel agricole McCormick Reaper Works, à Chicago, August Spies, militant anarchiste, fut le dernier à prendre la parole devant la foule des manifestants. Au moment où celle-ci se dispersait, 200 policiers firent irruption et chargèrent les ouvriers. Il y eut un mort et une dizaine de blessés. Spies lança alors un appel à un rassemblement de protestation contre la violence policière, qui se tiendrait le 4 mai. Ce rassemblement se voulait pacifiste, mais une autre exhortation invitait les prolétaires à venir armés dans un seul but d’autodéfense. Albert Parsons avait imprimé le tract mais Spies s’opposa à sa diffusion. Parsons était l’un des meilleurs orateurs en anglais du Parti des Travailleurs ; il avait été renvoyé du Times de Chicago l’été 1877.
Le massacre de Haymarket Square survint le soir du 4 mai 1886, après un meeting tranquille. À la fin de la manif, la police chargea inopinément, puis une explosion à la dynamite retentit : 66 policiers furent blessés, dont 7 mourraient. Nouveau sale boulot de l’agence de détectives privés Pinkerton, véritable milice patronale ? La réaction de la police entraîna beaucoup de morts et 200 blessés parmi les travailleurs.
À la suite des ces événements, la police arrêta, sans preuves, 8 dirigeants anarchistes organisateurs de la concentration —qui n’étaient pas allés à Haymarket ce jour-là, à l’exception de Samuel Fielden, l’orateur qui parlait lors de l’explosion de la bombe.
Ces 8 syndicalistes furent condamnés à mort, sentence qui provoqua un tollé international ; il y eut des réactions en France, aux Pays Bas, en Russie, en Italie et en Espagne. À Londres, George Bernard Shaw, William Morris et Pierre Kropotkine (Пётр Алексеевич Кропоткин), entre autres, soutinrent un rassemblement de protestation. Les condamnations d’Oscar Neebe, Michael Schwab et Samuel Fielden furent commuées en prison à perpétuité.
Le 10 novembre 1887, Louis Lingg se suicida dans sa cellule. C’était la veille de leur exécution. Les 4 autres condamnés —George Engel, August Spies, Albert Parsons et Adolf Fischer— furent pendus le 11 novembre 1887. Le Chicago Mail, fidèle au rôle traditionnel de la Presse sérieuse ou "de référence", avait condamné d’avance Parsons et Spies. Les capitaines d'industrie purent assister à la pendaison par invitation, ce qui prouve que la Police et la Justice ne sont pas de classe.
Ces lynchés par la Justice étasunienne furent réhabilités juste six ans plus tard, en 1893. August Spies avait déclaré avant d’être pendu : « The day will come when our silence will be more powerful than the voices you are throttling today. » (« Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui. »)
Le gouverneur de l'Illinois, John Peter Altgeld, déclara que le climat de répression brutale instauré depuis plus d'un an par l'officier John Bonfield était à l'origine de la tragédie :
« While some men may tamely submit to being clubbed and seeing their brothers shot down, there are some who will resent it and will nurture a spirit of hatred and seek revenge
for themselves, and the occurrences that preceded the Haymarket tragedy indicate that the bomb was thrown by some one who, instead of acting on the advice of anybody, was simply seeking personal revenge for having been clubbed, and that Capt. Bonfield is the man who is really responsible for the death of the police officers. »
« Alors que certains hommes se résignent à recevoir des coups de
matraque et voir leurs frères se faire abattre, il en est d'autres qui
se révolteront et nourriront une haine qui les poussera à se venger, et
les événements qui ont précédé la tragédie de Haymarket indiquent que la
bombe a été lancée par quelqu'un qui, de son propre chef, cherchait
simplement à se venger personnellement d'avoir été matraqué, et que le
capitaine Bonfield est le véritable responsable de la mort des agents de
police. »
L'incontournable site de Là-bas nous fournit également, entre autres contenus, cette vidéo qui montre le journaliste radiophonique et historien oralisteLouis Studs Terkel à Haymarket Square, Chicago, en mai 1996 :
Studs Terkel : « il y a 110 ans, ici même, l’histoire a été écrite »
En mai 1996, 110 ans après le massacre de Haymarket Square, le
journaliste Studs Terkel rendait hommage à la lutte des travailleurs
pour la journée de huit heures. Une églantine au poing, il concluait : « let’s keep battling », continuons le combat !
Là-bas nous suggère aussi deux lectures essentielles en la matière :
J'ai beaucoup eu recours au grand ouvrage de Howard Zinn, tout comme au film d'Azam et Mermet, pour reconstruire l'histoire du massacre de Haymarket et de la condamnation des huit boucs émissaires anarchistes. Hommage.