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vendredi 23 octobre 2020

Coup de gueule du Dr. Jean-Jacques Houben contre une déprédation qui tue

Voici une vidéo mise en ligne le 22 octobre 2020. Un ras-le-bol se lâche. Le chirurgien Jean-Jacques Houben décrit la situation de l'hôpital, accuse et pose des questions en Belgique, mais il aurait pu en faire autant dans n'importe quel pays de la globalisation libérale désastreuse, car la situation dénoncée ne concerne pas que tel ou tel pays, mais tout un système criminel.

 


COUP DE GUEULE du Dr. Jean-Jaques Houben, de l'hôpital Erasme en Belgique

« J’accuse, je persiste et je signe.
En Belgique, en 2 000, il y avait assez d’hôpitaux, assez de lits et assez de personnel soignant. En 20 ans, on a non seulement fermé onze hôpitaux bruxellois, mais dans les 17 restants, on a fermé plus de 3 000 lits. Plus de 50 000 lits fermés en Belgique en 20 ans.
La durée de la vie professionnelle d’une infirmière est de 14 ans ; plus de 60% des infirmières belges ne pratiquent plus de clinique. Cessez de mentir aux gens. Il y a suffisamment de lits hospitaliers, mais ils sont fermés ou convertis en bureaux. Il y a des milliers d’infirmières compétentes disponibles, mais vous les avez perdues, parce que vous les avez méprisées, traitées de bonniches et sous-payées.
Après avoir privé la santé publique de moyens, vous avez détruit des stocks stratégiques, démonté des circuits logistiques, vous avez favorisé des monopoles pharmaceutiques scandaleux par une législation des marchés publics qui a tué nos fabricants locaux et engraissé des holdings internationaux.
La pandémie du COVID a démarré il y a près d’un an. Le commun des mortels connaît le COVID depuis 240 jours et 240 nuits. Interdire de travailler, interdire d’apprendre, de soigner, interdire d’opérer, de sortir, de se cultiver, interdire de fêter, de se marier, même d’aimer, interdire de voyager, même mourir dans la dignité et oxygéné est interdit. Mais qu’avez-vous fait à part passer quelques nuits à vociférer, insulter, négocier des accords dont on ignore tout ? Au lieu d’interdire, avez-vous multiplié les sources de matériel ? Avez-vous rouvert des lits hospitaliers ? Avez-vous préparé les laboratoires de dépistage ? Avez-vous recontacté les milliers d’infirmières compétentes en proposant un statut de crise pour qu’elles dépannent ? Avez-vous sollicité les médecins privés d’activité pour aider les généralistes submergés ? Avez-vous achalandé les pharmacies en masques, en vaccins antigrippaux, par exemple ? Avez-vous anticipé ? Avez-vous financé des centres de dépistage de crise pour la seconde ou la troisième vague ? Avez-vous équipé les O pour soigner dignement nos vieux ? Allez-vous instaurer des procédures de vidéo-teaching pour les écoles, pour les professeurs, réengager des centaines de professeurs compétents en pré-retraite ? Que nenni…
Pour défendre un État, il faut réfléchir, écouter, reconnaître ses erreurs et, surtout, les corriger. Il faut agir et non tergiverser. Vous avez le temps de fermer les restaurants et les blocs opératoires, le temps de fermer le Bois de la Cambre [grand poumon vert bruxellois] et de faire des pistes cyclables, le temps de verbaliser et de juger ; le reste, vous n’avez encore rien à prouver : vous n’êtes ni des hommes ni des femmes d’État. »

 

Non, en effet, ils/elles ne sont ni des hommes ni des femmes d'État, loin de là. Ou si, ça dépend ; cela dépend du concept d'État que l'on ait. En tout cas, ils/elles ne sont pas là pour défendre l'intérêt commun (ça se saurait !), mais pour favoriser coûte que coûte les grandes affaires, le Grand Capital pour lequel ils/elles travaillent avec acharnement, donc, contre tout sens commun, contre tout bien commun.

(...) And so ‘the yearning peoples appear, wearied with struggle and way-worn: “I have no liberty, I have no equality, I have no fraternity.”’ But the bourgeois ‘goes on muttering incoherent phrases about progress and liberty’.
[Et ainsi « apparaissent les peuples bouillants d'impatience, fatigués par la lutte et usés par la route : “Je n'ai pas de liberté, je n'ai pas d'égalité, je n'ai pas de fraternité” ». Mais le bourgeois « continue à marmonner des phrases incohérentes sur le progrès et la liberté »]
Pankaj Mishra, At the Helm of the World, London Review of Books, Vol. 39 No. 11 · 1 June 2017, excellente recension de The Discovery of Chance: The Life and Thought of Alexander Herzen, par Aileen Kelly. Les citations correspondent justement à Alexandre Herzen (1812-70).
Il y en avait qui croyaient que cette pandémie exceptionnellement létale serait une belle occasion pour que la donne changeât, n'est-ce pas ? Il n'en fut rien, loin de là. Eh ben, quand dans ce contexte, la tergiversation, l'absence de mesures dans le sens de l'humanité et la suite dans les idées prédatrices sont les réponses permanentes dans tous nos pays développés à vos questions, M. Houben, il faut commencer à surtout ne pas se leurrer là-dessus. Car il ne faut pas être docteur pour saisir la force d'attraction et de production de sociopathes de ce système sans États d'âme, ou pour observer sa flèche. Tout choc —survenu, produit ou mélange des deux— devient pour eux source d'opportunité, c'est-à-dire, l'occasion de se hâter à progresser à fond dans la feuille de route de leur religion définitive.
Nos dirigeants sont des liquidateurs à gages qui commettent certainement des bavures, car ils sont trop médiocres (cf. ici, ici et ), mais ce ne sont certainement pas les erreurs suggérées par la ferme et digne dénonciation du Dr. Houben, pour laquelle néanmoins, je le remercie très sincèrement.

lundi 4 mai 2020

Coronavirus : une analyse et des conseils à retenir, par Maître Pandaï

Voici une longue analyse en la matière, prenant en considération presque toutes les approches possibles en la matière. Le fil que je vous présente ici est le résultat d'un boulot minutieux, touffu et bourré de conseils pertinents, bref, à ne pas négliger. 
Organisé en petites pilules informatives ou courtes réflexions, remarques ou questions (en fait, des tweets), il insère des vidéos, infographies, citations et autres références que vous pourrez consulter aussi au fur et à mesure de vos besoins.

mercredi 29 avril 2020

Penser la pandémie (partie 1)

Mise en ligne le dimanche 26 avril 2020, voici une vidéo à visionner attentivement dans le but de mieux penser la pandémie du coronavirus. Ses sous-titres constituent une aide précieuse à la compréhension pour ceux qui auraient encore des difficultés dans cette compétence en français.
C'est une élaboration réalisée et produite par les membres et proches du séminaire Politiques des Sciences (Politique des Sciences, Un regard critique sur les réformes de l'enseignement supérieur et la recherche).


Le déconfinement relève d’une décision politique. Cette décision, en démocratie, doit pouvoir être prise après un débat contradictoire. Elle doit se fonder sur la compréhension des phénomènes épidémiques par les sciences, toutes les sciences : virologie, épidémiologie et infectiologie, mais aussi sciences humaines et sociales. Si l’on pense aux errements politiques qui ont conduit au confinement pour tous au même moment et aux conséquences économiques, sociales, individuelles d’un tel choix, encore difficiles à mesurer, si l’on observe que suivre l’expérience chinoise signifierait pour la France un déconfinement entre mi-juin et fin juillet, on voit l’intérêt de discuter les stratégies possibles de déconfinement en mobilisant des disciplines et des savoirs complémentaires.

Documents et références cités par Politique des Sciences que je me suis permis de réviser pour vous en élaborer une présentation :


Pascal Marichalar, Savoir et prévoir. Première chronologie de l’émergence du Covid-19, le 25 mars 2020.
Que pouvait-on savoir et prévoir de l’actuelle pandémie et de son arrivée sur le territoire français ? Premiers éléments de réponse à partir d’un corpus bien défini : le très réputé magazine « Science », et les déclarations de l’OMS depuis fin décembre 2019.
Voir ici et .
Maître Pandaï : « Avant les commissions d'enquête et les procès, examinons dès à présent les responsabilités de l'exécutif dans la désastreuse gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19. » Le 29 mars 2020.

L'Humanité
: Pour vous faire votre opinion, l'Humanité.fr confronte les déclarations des autorités sanitaires (en particulier de l'Organisation mondiale de la santé) et celles des responsables gouvernementaux. Depuis le début de la crise... voire quelques mois auparavant. Découvrez notre rétrospective des dates et événements clés dans la propagation du coronavirus et les réponses qui y ont été apportées.
François Bonnet, Covid-19: chronologie d’une débâcle française, Mediapart, 11/04/2020.
Comment le pouvoir français apprend-il l’émergence d’une épidémie devenue pandémie ? Comment a-t-il réagi, englouti qu’il était dans la réforme des retraites et les municipales ? Comment s’est-il préparé ? Éléments de réponse en dates.

Macron Watch, COVID-19 et gestion de crise : une chronologie, 16 avril 2020.
Avant propos : nous tentons ici modestement de reconstruire une chronologie de la crise du COVID-19. En plus de nos propres recherches, ce travail est aussi en grande partie un travail de « compilation » qui n’aurait pas été possible sans les apports suivants : le dossier de plainte proposé par plaintecovid.fr, ainsi que d’autres relayées par la presse, les nombreux articles de Mediapart, des articles également repris dans les sources mentionnées ci-dessus, notamment La Vie des Idées, Marianne, ou France Inter.
Ce texte est amené à être modifié, enrichi et éventuellement corrigé régulièrement au fur et à mesure des nouveaux éléments. Nous espérons qu’il vous sera instructif voire utile.
Les regrets d'Agnès Buzyn : « Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée. »
, et , Ehpad : Les Morts, Les Familles et Le Mur Du Silence, Le Monde. Publié le 23 avril 2020 à 11h00 - Mis à jour le 24 avril 2020 à 06h09.
Des établissements ont tardé à communiquer le nombre de morts du Covid-19. Et à informer les familles de l’état de santé de leurs proches. Certaines ont déjà porté plainte.
Coronavirus dans l'Oise.

Science Mag.
Corinne Bensimon, 1968, la planète grippée, Libération, le 7 décembre 2005.
Un an après être partie de Hongkong, la grippe fait, en deux mois, 31 226 morts en France, deux fois plus que la canicule de 2003. A l'époque, ni les médias ni les pouvoirs publics ne s'en étaient émus. Alors que la propagation de la grippe aviaire inquiète, retour sur cette première pandémie de l'ère moderne.


vendredi 3 avril 2020

(2019-20) 6e Journal des infos dont on parle plutôt peu

...Car loin du psittacisme médiatique, il y a bon nombre d'événements qui nous interpellent autrement dont on ne parle que peu ou sous l'angle de la propagande unique. Nous essayons de repérer et de glaner des faits/sujets/positions en dehors de l'actu ou de l'éditocratie.
Voici notre sixième sommaire de cette année scolaire, pour notre mise en commun confinée et en ligne du mercredi 1er avril 2020. Évidemment, il tourne autour du coronavirus et les nombreuses approches qu'admet ce sujet majeur.

Merci à mes élèves pour leurs contributions !





Il vous propose, entre autres...

CORONAVIRUS, CONFINEMENT ET RÉSISTANCES : SUIVI EN CONTINU depuis le 17 mars 2020, par Acta.Zone.


...ou, en nov'langue, le sens de l'expression...

« Mon ennemi, c'est la finance » :



Comment, en 2012, Macron est allé rassurer la finance à Londres pendant que Hollande était au Bourget pour nous dire que son ennemi, c'était la finance.






samedi 21 mars 2020

Coronavirus libre et pluriel

La presse libre et plurielle est toujours libre et plurielle, elle ne saurait s'y soustraire.
Elle est toujours libre de dire ses consignes, de suivre ses automatismes.
Elle est toujours prête à jauger la pluralité humaine à l'aune dichotomique de ses deux poids deux mesures, de respirer naturellement son classisme, tout ce qu'il y a de plus naturel.
Je viens d'en voir un exemple outre mesure dans l'un de mes journaux préférés.
C'est le jeudi 19 mars 2020.
Les normes sont exactement les mêmes pour tous les inégaux (1).
Voilà pourquoi le récit des mêmes conduites relève de l'inégalité des perspectives la plus pure.
Et Le Parisien excelle en la matière.

Voici sa vision de ce qui se passe en Seine-Saint-Denis, où des gens mettent en danger la vie d'autrui, car « Comment convaincre les Français indisciplinés d'arrêter de jouer avec la santé des autres ? » :

Confinement : premières gardes à vue pour «mise en danger de la vie d’autrui»

Selon nos informations, au moins cinq personnes ayant refusé de respecter le confinement, en Seine-Saint-Denis et dans le Pas-de-Calais, ont été placées jeudi en garde à vue sous ce motif juridique.


Voyons maintenant son récit à propos de Paris, où il y a beaucoup de gens qui en font autant.
Non, pardon, c'est l'attrait irrésistible du soleil, c'est le goût du plaisir et du risque, ce sont des héros qui bravent les dangers, car c'est dur de ne pas sortir. Quatre pelés et un tondu ? Non, « Sur les voies sur berge de la Seine, les riverains n’ont « jamais vu » autant de joggeurs » :


Confinement à Paris: «Avec ce temps, c’est dur de ne pas sortir»

Comme Lucy, de nombreux Parisiens n’ont pas résisté à l’appel du soleil et ont bravé l’épidémie de coronavirus. Les patrouilles de police vont être renforcées dans la capitale.


J'en profite pour poser une question très simple. Qu'est-ce qu'il y a dans la tête de ces cognes qui ont décidé, toute honte bue, de verbaliser des sans-abris à Lyon, à Paris ou à Bayonne pour non-respect du confinement ?
Mais le roman est beaucoup plus long et touffu, et il se renouvelle tous les jours dans la France du coronavirus, le confinement, la répression et les résistances. Acta.zone en prend acte : cliquez ici pour accéder à leur suivi en continu.

[Ajouté le 26 mars : Macron disait qu'on était en guerre et on dirait que la police est en première ligne de la guerre... de classe de toujours. Regardez, si vous le pouvez, la vidéo où l'on voit et l'on entend plusieurs keufs défoncer un jeune homme avec acharnement dans un quartier populaire en banlieue.
Évidemment, le recours à des sources d'information indépendantes s'avère une nécessité absolue. Vous pouvez accéder à des infos dont on parle plutôt peu ou à d'autres réflexions, témoignages, vidéos en cliquant, par exemple, sur les liens ci-contre : Sébastien Fontenelle, Raphaël Kempf, Sihame Assbague, Jean Gadrey, Taha Bouhafs, David Dufresne et Pouyoul Schmorr]

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(1) En effet, le confinement qui a été décrété pour arrêter l'épidémie de coronavirus admet une lecture en clé très sociale.
Chapeau à la sociologue française Anne Lambert, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques, directrice de l’unité de recherche "Logement et Inégalités Spatiales". Le 19 mars, elle nous rappelle sur son blog, hébergé par un média du système (le Huffington Post), à quel point éclate le scandale des inégalités sociales avec le coronavirus et le confinement. Je me permets de reproduire l'essentiel de son texte :

Avec le coronavirus et le confinement, le scandale des inégalités sociales éclate

Soignants, fonctionnaires, prolétariat urbain endiguent l'épidémie tandis que les classes supérieures fuient. Il faudra s'en souvenir. Il faudra que justice se fasse.

(...) La crise sanitaire majeure que nous vivons aggrave dans des proportions inédites les inégalités sociales. Elle les décuple à tous les points de vue, en même temps qu’elle les rend visibles, palpables, immédiates: conditions de vie, exposition à la maladie, gestion de la vie domestique, de la parentalité, du travail éducatif. Les personnels de soin, les fonctionnaires (police, professeurs), mais aussi le prolétariat urbain (éboueurs, agents de sécurité…) sont en première ligne pour endiguer l’épidémie de covid19 et assurer la continuité de la vie sociale (sécurité des personnes, des musées, etc.) tandis que les classes supérieures, surexposées initialement au virus par leur nombre élevé de contacts sociaux et la fréquence de leurs voyages, ont déserté les villes pour se mettre à l’abri. Et de cela, nous ne parlons pas.Le confinement imposé depuis mardi midi décuple en effet les inégalités de conditions de vie: petites surfaces, logements surpeuplés ou insalubres, sont le fait des étudiants logés en résidence universitaire ou dans le parc privé (chambre de bonne, studio, souplex…), mais aussi des classes populaires et des classes moyennes qui habitent dans les métropoles et peinent, depuis près de dix ans (hausse du marché locatif privé et des prix à l’achat), à se loger et à se maintenir dans les centres urbains. Des logements parfois tout juste suffisants pour répondre à la norme du “logement décent” défini par la loi SRU. Mais les logements qui se sont vidés suite à l’exode sanitaire ne sont pas ceux-là. Non, ce sont les logements spacieux, lumineux, propres, connectés, des arrondissements aisés de la capitale, des logements habités par les familles de classes supérieures parties se mettre au vert dans une résidence secondaire, ou alors dans une villa connectée à internet, louée pour l’occasion.
En première ligne, dans les villes, les personnels soignants et les fonctionnaires gèrent donc l’urgence médicale au quotidien, et assurent la continuité de la vie sociale (écoles, sécurité des musées et du patrimoine de l’État, administrations, etc.). Ces personnels ont obligation de résidence. Ils ne peuvent pas fuir. Et parfois ne le veulent pas, conformément à leur éthique et à leur mission de “service public”.
Mais tandis que les personnels soignants sont mobilisés et que les salariés modestes nettoient et approvisionnent nos villes, jour et nuit, au risque d’être contaminés à leur tour, leurs enfants, pendant ce temps, ne sont pas au vert. Non, ils sont confinés dans ces mêmes appartements étroits, quand ils ne sont pas accueillis dans des structures de garde d’urgence laissées ouvertes à leur intention. Leurs parents ne pourront pas assurer la continuité pédagogique proposée en urgence par le ministre de l’éducation. Il leur est, dans ces conditions matérielles et professionnelles, impossible d’assurer le travail éducatif et parental requis. Mais à qui servent-elles, au final, ces injonctions de “continuité pédagogique”? Car les cours en ligne demandés aux professeurs sont en réalité pris en charge par de nombreux vacataires de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur (ATER, chargés de TD, vacataires…), aux conditions de vie elles-mêmes dégradées, comme l’ont médiatisé récemment les nombreux mouvements contre la réforme des retraites et la LPPR. À bien y réfléchir, comment la continuité pédagogique ne pourrait-elle pas nourrir les inégalités? Suivre un cours sur un téléphone portable n’a jamais été facile, tandis que disposer d’un ordinateur portable, d’une chambre à soi, d’une imprimante, reste un bien très inégalement partagé. De cela, il faudra se souvenir après la crise.
Enfin, il y a bien sûr les inégalités d’exposition au risque de contamination au covid19. Ceux et celles qui sont en première ligne - infirmières, médecins généralistes, aides-soignantes, brancardiers, mais aussi blanchisseurs, personnels de nettoyage- s’occupent de soigner, nettoyer, laver, récurer, endiguer la montée du coronavirus dans la population française. Ils curent une maladie de cadres supérieurs mais sont, par les processus profonds de ségrégation urbaine, de montée des inégalités économiques, de casse des services publics, durablement exclus des formes récentes d’enrichissement. De cela aussi, il faudra se souvenir après la crise.
Et pendant ce temps, les départs au vert s’accélèrent (enfin, jusqu’à hier midi). Les arrondissements riches de Paris se sont vidés de leurs familles. Pouvait-il en être autrement? Devaient-ils rester à Paris? Aider un voisin âgé à faire ses courses, ou un jeune couple atteint par le confinement total? Ou partir dans une résidence secondaire permettait-il de faire baisser la pression sur les lits des hôpitaux déjà presque saturés de la région parisienne? Mais n’allaient-ils pas transporter  avec eux (dans les commerces locaux de campagne et de station balnéaire) le fameux virus dont ils étaient potentiellement porteurs?
Il faudra que justice se fasse, non pas individuellement, mais à l’échelle collective. Je veux dire qu’il faudra lever un impôt spécial sur la fortune pour réparer, rattraper, compenser les inégalités, et payer les soins sans faille apportés par les personnels soignants et l’ensemble des fonctionnaires (police, professeurs, gardiens) mobilisés dans la gestion de la crise et la continuité de la vie sociale.
(...)
___________________________
Mise à jour du 25 mars 2020 :

Les experts osent tout. La com ne s'arrête jamais. Pauline Perrenot l'analyse sur le site d'ACRIMED :

Docteur Cymès et mister Michel, experts médiatiques en coronavirus

par Pauline Perrenot,
Le soir du 16 mars, Emmanuel Macron annonce le renforcement des mesures de confinement. Après son intervention, l’émission « Vous avez la parole » (France 2) était consacrée au coronavirus et Michel Cymès, le bien nommé « médecin de la télé préféré du PAF », est (à nouveau) en plateau. L’expert admettait, quelques heures plus tôt sur France 5, avoir contribué à minimiser l’épidémie par ses prises de paroles médiatiques. Mais cela ne l’empêche visiblement pas de revenir en plateau pour culpabiliser « les Français indisciplinés » vis-à-vis des mesures de confinement… Voire de sermonner une infirmière membre du collectif Inter-Urgences, venue témoigner des conditions de travail actuelles et exiger des moyens. Car on le sait, les experts osent tout. Mais ce que l’on redécouvre, c’est que leur magistère ne connaît pas la crise.


Qu’ils sévissent dans le domaine de la médecine, de l’économie, de la sécurité, etc., les experts médiatiques ont en commun, on le sait, cette redoutable faculté de s’exprimer publiquement avec aplomb – et à longueur d’antenne – sans maîtriser le sujet dont ils parlent. Quitte à se corriger (ou non) d’une heure sur l’autre. Comme le dit Christophe Barbier, « la vérité de 6h50 n’est pas celle de midi ».
On aurait pu penser que la crise du coronavirus changerait la donne : dans la période actuelle, l’exigence d’une information grand public de qualité s’impose d’autant plus que les informations ont des conséquences vitales, tout particulièrement dans le domaine médical. Et que le rapport comme l’accès au savoir scientifique, médical, sont socialement discriminants. Dès lors, les tenants de la parole publique ont une responsabilité plus grande encore que d’ordinaire. Et pourtant, les grands médias n’ont pas l’air de vouloir changer leurs bonnes vieilles habitudes : recourir aux experts, les regarder se tromper, commenter leurs bourdes à coup d’articles tapageurs, et, sans l’ombre d’une hésitation, les réinviter.
En témoigne la fabuleuse histoire de Michel Cymès et du coronavirus. Le 15 mars, Arrêt sur images consacrait déjà un article au « médecin de la télé » sous le titre « Coronavirus : un Cymès matin, midi et soir ». Et de constater : « Plus rapide que la diffusion du coronavirus, la démultiplication de Michel Cymès sur les écrans. Depuis deux semaines, c’est matin, midi et soir sur France 2, RTL mais aussi France 5, TMC, La 1ere. […] Celui qui dit continuer ses consultations à l’hôpital deux matinées par semaine, passe surtout son temps dans les loges de maquillages. »
Pour y dire quoi ? Pour affirmer par exemple sur Quotidien, le 10 mars, que le coronavirus « reste une maladie virale comme on en a tous les ans » ou encore : « Il y a moins de risque [qu’en Italie], on est mieux préparés et puis je ne crois pas qu’un jour on va mettre toute la France en quarantaine ». Ou encore sur Europe 1 (le 10 mars également) : « Je ne suis absolument pas inquiet. C’est un virus de plus, on le dit souvent, c’est une forme de grippe. Je ne suis pas inquiet pour moi parce que je suis en bonne santé et que je ne fais pas partie des cas les plus graves. »

EN LIRE PLUS (Allez-y, vraiment, c'est à ne pas en revenir).

 

mercredi 18 mars 2020

Les fantassins combattent sans protection et les généraux se gargarisent de grands mots

Y el planeta mandó parar.


L'Économie est l'alibi qui nous tue.



Je lis le témoignage d'une infirmière de près de Pornic qui déclare à actu.fr tenter en vain d'avoir de la solution hydroalcoolique.
J'ai le plaisir d'avoir un ami médecin avec qui j'ai un peu parlé aujourd'hui au téléphone. Il travaille à Salamanque, en Espagne. Il doit faire tous les jours des visites domiciliaires à des patients atteints de coronavirus "les mains dans les poches" (sans masques, même pas chirurgicaux, sans gants...), faute des protections les plus élémentaires. Le démon de la perversité donne toujours des idées, comme celle d'envoyer tout foutre en l'air et se jeter dans la piscine. Car les héros, tout sages et savants soient-ils, sont aussi habités par ce démon théorisé par Edgar Allan Poe.

Et nos autorités savaient —sont au courant de ce qui se passe, en Chine, en Italie, depuis deux mois. Et puis, cela fait belle lurette que des virologues comme Bruno Canard rédigent des rapports officiels et publient des articles.

Ici et là, on multiplie le blabla, mais on a du mal à allouer les sous nécessaires et on continue à ignorer où il faut puiser le pognon : là où il est.
Pour ne pas parler des effets dramatiques de toutes nos délocalisations : seules des sociétés débiles, suicides, acceptent de se désarmer stratégiquement. On a (presque) tout privatisé, puis, en belle partie, délocalisé. Et on s'est acharné à démanteler le service public à coups de brutales saignées budgétaires, à coups de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, à coups de baisses d'impôts pour les grandes fortunes et les grandes entreprises, à force d'yeux doux pour l'évasion fiscale, à coups d'assistanat et de perfusions au grand capital et à ses médias, fiondations, laboratoires d'idées chiantissimes (dits think tanks), à grands coups de répression...
Et ce ne sont pas du tout les experts en finances, gestion, administration des entreprises, marketing, publicité, mode, commerce international et autres informatiques de la nullité surévaluée qui vont nous rendre la vraie vie, ou simplement, la vie. En fait, bon nombre de ces startupistes ont aujourd'hui les chocottes.
Hélas, dans la lutte sociale en France contre les inégalités, pour le service public, pour l'existence d'un système national de retraites digne, etc, il y a eu et il y a énormément de résistants...

Coupure de la page 6 du Siné mensuel nº 95, mars 2020.
Reportage à plusieurs témoignages : L'État, c'est nous (pages 6-11)
Dans la rue, dans les grèves, dans les manifs, dans les combats pour une vie meilleure, contre [le projet macronite de réforme d] es retraites, les conditions de travail, la sale vie provoquée par le libéralisme présidentiel. Portraits de deux gilets jaunes, d'une étudiante, d'un journaliste, d'une infirmière, d'un conducteur de métro, d'un prof et d'une chercheuse.

..., mais il n'y a pas d'instance comparable au Conseil national de la Résistance, essentiel pour faire la pression nécessaire dans le bon sens, comme à partir de 1945, quitte à admettre que ce rôle pourrait revenir au personnel de la Santé publique. Car l'après-coronavirus devrait être un moment de démantèlement pur et dur du système capitaliste-ultra libéral-financier, une stratégie du choc à rebours.

Justement, puisqu'on évoque la Santé publique, Là-bas si j'y suis se penche sur ce sujet infernal de la purée hospitalière provoquée par les chantres de la mondialisation heureuse : « on ne peut pas envoyer les soignants au front sans gilet pare-balles », déclare le docteur François Salachas. Et il me fait penser au casse-pipe de la IGM :

Quand tout sera privé, nous serons privés de tout

« On ne peut pas envoyer les soignants au front sans gilet pare-balles »

Le
Depuis des années, ils se battent contre le démantèlement programmé de l’hôpital public, contre une logique de management, contre une santé à deux vitesses, contre « le remplacement de la carte vitale par la carte bleue ».
Le pouvoir les prend de haut au nom des impératifs économiques, au nom de la « dette », mais ne manque jamais de flatter, la main sur le cœur, « ces héros en blouse blanche ». Pourtant, cette fois, la ficelle est trop grosse. L’explosion de l’épidémie a dévoilé l’ampleur du désastre sanitaire des politiques néolibérales mises en place depuis des années, et encore plus radicalement avec Macron et sa bande. Cette fois, tout le monde est touché, tout le monde a compris.
Pourtant, rien dans l’allocution présidentielle de lundi, devant 30 millions de Français, pas une annonce chiffrée pour l’hôpital public, pas de recrutement en urgence, pas de réquisitions des cliniques privées, comme en Espagne, mais encore et encore des flatteries qui sont reçues comme des insultes.
Le docteur François Salachas, neurologue et membre du collectif Inter-Hôpitaux, avait interpellé Macron lors de sa visite à la Pitié-Salpêtrière le 27 février dernier : « nous sommes au bout ! (…) Il faut absolument refinancer en urgence l’hôpital public (…) Vous pouvez compter sur moi. L’inverse reste à prouver », avait-il balancé au président devant les caméras. Rendez-vous devait être pris.
Et depuis ? Au lendemain des nouvelles annonces d’Emmanuel Macron, nous sommes retournés voir le docteur Salachas, pendant sa pause, en plein service : « pour l’instant, ce ne sont que des mots. »
C’est la guerre. Macron le répète, et c’est vrai, c’est une guerre entre la vie et le profit. Cette crise nous met face à face.
journaliste : Dillah Teibi
image : Kévin Accart
montage : Jérémie Younes
Et l'on pense aux saisonnières éjaculations orales présidentielles en la matière. À chaque crise, à chaque campagne électorale... la même abjection.

Je me rappelle Jacques Chirac et sa rengaine, sa farce immonde de la « fracture sociale », qui existait en raison, littéralement, disait-il en 1995, devant le très libéral Lionel Jospin (oui, on va voir), « d'un système socialiste » (ultrasic), ce qui montre le respect de ces culottés et pour la langue et pour nos oreilles.
En fait, ce que l'on avait vis-à-vis, lors de ce soi-disant débat électoral, c'étaient deux grands champions de la politique économique ultralibérale et du bradage du patrimoine public, les représentants des deux ailes du moment du même poulet républicain. Car, en effet, nous devons admettre que toutes les volailles disposent d'une aile droite et d'une aile gauche, qui bougent toujours où les mènent les mêmes pattes. Et qui volent parallèlement.
Jacques Chirac donna le coup d'envoi des privatisations en France à partir de 1986 (source Finance Orange, par exemple, car son résumé suffit et fait l'affaire) :
C'est en tant que Premier ministre de cohabitation que Jacques Chirac, décédé ce jeudi à 86 ans, a donné le coup d'envoi des privatisations en France, mettant un terme à la vague de nationalisations lancée par François Mitterrand.
Deux fois président de la République, deux fois Premier ministre et deux fois Maire de Paris. La carrière politique de Jacques Chirac, décédé ce jeudi à 86 ans, est impressionnante, jalonnée de décisions marquantes comme son "non" à la seconde guerre d'Irak. Sur le plan économique, il est l'homme politique français qui a lancé le mouvement des privatisations d'entreprises françaises, à partir de 1986.
Cette année là, après l'échec du PS aux législatives, Jacques Chirac devient le Premier ministre de cohabitation de François Mitterrand. En deux ans, son gouvernement est revenu sur les grandes nationalisations de 1981-1982 menées par le Parti socialiste, et a lancé plusieurs privatisations, des opérations qui ont rapporté à l'Etat environ 100 milliards de francs, soit 13 milliards d'euros.
Banques, télécoms, médias
Ainsi, entre 1986 à 1988, le gouvernement Chirac a partiellement privatisé Saint-Gobain, la CGE (devenu Alcatel), Havas, TF1 et Suez ainsi que les banques Paribas, BTP, BIMP, CCF et Société générale.
Pendant cette période, l'exécutif cède aussi la Compagnie générale de constructions téléphoniques (CGCT) et la Mutuelle générale française. En 1988, Matra et la mutualisation de la Caisse nationale de Crédit agricole sont également partiellement privatisées.
Après une pause de 1988 à 1992, les privatisations sont reprises à partir de 1993 par le gouvernement d'Edouard Balladur, et poursuivies à partir de 1995 par Jacques Chirac, devenu président de la République, et son Premier ministre Alain Juppé.
Premier mandat présidentiel de 1995 à 2002
A partir de 1997, en cohabitation avec Jacques Chirac, c'est le socialiste Lionel Jospin qui poursuit les privatisations, et cède pour un total d'environ 30 milliards d'euros des parts de nombreuses entreprises.
Sous le premier mandat de président de Jacques Chirac, de 1995 à 2002, seront successivement ouvert le capital de nombreuses entreprises majeures, dont France Telecom (devenu Orange), Thomson-CSF, Air France ou Eramet ainsi que les banques CIC, Société marseillaise de crédit et Crédit lyonnais. Les assureurs Gan et CNP sont également totalement ou partiellement cédés.
Disons que le soutien de beaucoup de gauchistes français en 2002, pour contrecarrer Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle, ne l'empêcha point de continuer sa, disons, mission (celle de tous ces vautours) :
Privatisation controversée des autoroutes
Sous la deuxième présidence de Jacques Chirac, de nouvelles privatisations seront engagées notamment dans les transports, en 2004-2005, par les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin puis de Dominique de Villepin. Seront alors concernés le motoriste aéronautique Snecma, qui fusionne avec la Sagem pour former le groupe Safran, ainsi que des sociétés d'autoroutes SANEF, SAPRR et ASF. Ces dernières font polémique aujourd'hui en raison de prix élevés des péages autoroutiers.
C'est pendant cette même période que l'Etat est passé sous le seuil de 50% dans le capital de France Télécom, et qu'il a lancé l'ouverture du capital d'EDF et GDF.
Quant à l'ultralibéral Lionel Jospin, son gouvernement (1997-2002) fut celui qui privatisa le plus d’entreprises publiques de l'histoire de France, comme il est mondialement reconnu : environ 31 milliards de recettes ; grâce notamment à l'activité du très honnête Dominique Strauss-Kahn à la tête de Bercy (le ministère de l'Économie et des Finances).
Donc, Chirac et Jospin, deux monstres à l'heure de privatiser... et d'augmenter la dette publique. Bref, il s'agissait de défendre la justice sociale et de combler en urgence les fractures sociales, et leur recette a consisté à brader le patrimoine de tous. Le peuple était propriétaire et, grâce à leurs privatisations, il a été privé de son patrimoine.

Je me rappelle également le Nicolas Sarkozy d'après l'éclatement de la bulle financière, le 25 septembre 2008. Vous souvenez-vous de son discours de Toulon ? Il s'amusa à nous dire, entre autres...
Une certaine idée de la mondialisation s'achève avec la fin d'un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l'économie et avait contribué à la pervertir.
L'idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. L'idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle.
Pendant plusieurs décennies on a créé les conditions dans lesquelles l'industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme. On a caché les risques toujours plus grands qu'on était obligé de prendre pour obtenir des rendements de plus en plus exorbitants. On a mis en place des systèmes de rémunération qui poussaient les opérateurs à prendre de plus en plus de risques inconsidérés. On a fait semblant de croire qu'en mutualisant les risques on les faisait disparaître. On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l'épargne au profit du développement économique et d'analyser le risque du crédit. On a financé le spéculateur plutôt que l'entrepreneur. On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs. On a obligé les entreprises, les banques, les compagnies d'assurance à inscrire leurs actifs dans leurs comptes aux prix du marché qui montent et qui descendent au gré de la spéculation.
Dans ce petit florilège, comment oublier l'air penaud, le geste contrit du publireportage électoral de François Hollande au Bourget, le 22 janvier 2012, lorsqu'il introduisit et débita son affligée déclaration « Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ») :




Voilà pourquoi il nommerait, par exemple, le radical gauchiste Manuel Valls premier ministre et cautionnerait, en 2016, la « loi Travail » marrainée par la ministre du Travail Myriam El Khomri, destinée à rapetisser, réduire à la portion congrue les déjà frêles protections accordées aux travailleurs par le Capitalisme modernisateur.
Mais comme ce n'était pas assez, et en dépit d'un tollé énorme dans la rue, voilà pourquoi il fallait nommer héroïquement —après presque 2 ans de Moscovici et 5 mois de Montebourg, et après une réforme bancaire de pacotille, aussi vidée de substance que ses discours— l'en même temps et l'au fond d'Emmanuel Macron au Ministère de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, à Bercy.

Un Macron qui devint plus tard, le 14 mai 2017, Président de la République. Un président qui travaille sans désemparer pour les plus démunis et qui adore les, disons, cessions de participations de l'État (1).

Disons qu'entretemps, l'hôpital français a vu 17 500 lits de nuit fermés en six ans (2013-2019). Selon le ministère de la Santé, et non Poutine, l’hôpital a perdu 5,3 % de ses lits depuis 2013. À eux seuls, les établissements publics en ont perdu 13 631.
Il faut avouer que la haine de la Finance et l'en même temps sont mortifères pour les services de Santé.

Revenons au sérieux. Soudain, le coronavirus se pointa et révéla l'importance stratégique et littéralement vitale d'un service public fort en toute circonstance. Et Macron de lancer à la télé, le 12 mars 2020 —téléprompteur à l'appui, vélotypiste hors d'haleine—, sa première “Adresse aux Français” en l'occurrence, dont voici un extrait particulièrement époustouflant dans sa bouche de fondé de l'oligarchie financière à l'Élysée :
Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai.
Le 27 février, le neurologue François Salachas, de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, avait déjà manifesté au Chef de l'État qu'il fallait refinancer l'hôpital public, qu'« nous sommes au bout... on ne peut plus se contenter d'effets d'annonce »,...  « on est passé par un an de déni »,... Bref : « Vous pouvez comptez sur nous... l'inverse reste à prouver. »

Note : CIH = Collectif interhospitalier, qui a pour but la défense de l'hôpital public. Ce collectif a organisé, par exemple, la démission de plusieurs centaines de chefs de service de leurs fonctions administratives. Le 14 février, ils ont fait une grosse manif : les soignants ont déclaré leur amour à l'hôpital public pour la Saint-Valentin.

Ensuite, le 16 mars 2020, lors d'une nouvelle adresse, beaucoup plus dramatique [soudain plongé dans un bain de réalité, mais attention, beaucoup plus guerrière : il a prononcé six fois « nous sommes en guerre », rhétorique inquiétante dans la bouche d'un Jupiter, Maître du tonnerre (2)], car ça barde —le loup, un nanoloup invisible et Titan, dévore le troupeau ; confinement (presque) total (3), il faut une attestation pour sortir—, il insistait :
Nous gagnerons, mais cette période nous aura beaucoup appris. Beaucoup de certitudes, de convictions sont balayées, seront remises en cause. Beaucoup de choses que nous pensions impossibles adviennent. Ne nous laissons pas impressionner. Agissons avec force mais retenons cela : le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant. Nous serons plus forts moralement, nous aurons appris et je saurai aussi avec vous en tirer toutes les conséquences, toutes les conséquences. 
Mais en même temps qu'il accordait beaucoup de milliards d'euros aux entreprises, il n'avait aucune annonce à l'endroit des hôpitaux, déjà en situation pénible avant l'arrivée du coronavirus, et il envoie toujours ses fantassins à la « guerre » contre le coronavirus sans gilet pare-balles, après leur avoir serré la main :


Donc, comment dire... Macron, désolé, mais "on connaît la chanson".

Peut-on vraiment croire qu'il a beaucoup appris ? Est-ce possible ? Attendons la suite. Mais l'Histoire nous a beaucoup enseigné. Les dirigeants charismatiques, les hommes d’État (4), sont de grands producteurs de serments et de promesses qui ne leur coûtent pas plus à faire qu'à violer et des stimulateurs de penser en creux. C’est leur fonction. La guerre, c’est la paix ; la liberté, c’est l’esclavage ; l'ignorance, c'est la force. Les hautes et prestigieuses fonctions sont là pour creuser les écarts, les inégalités, les abîmes et, donc, pour tripoter sans vergogne et rendre creux, altérés, abîmés, lunatiques les mots les plus lourdes de sens en leur enlevant toute leur substance. Elles sont là pour évider les mots comme une évidence, pour détourner les mots et, par là, pervertir la perception des pompés, fin prêts à cogiter la tête déroutée, à investir une illusion par l’esprit, voire à s’investir dans la mouvance du Führer à la manœuvre de l’entourloupe cautionnant leur vertueux pompage à fond. On cultive dans nos rangs le consentement, l'intérêt scélérat et la collaboration.


Banderole déployée le soir du 16 mars 2020 à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière.
Source :
@LabasOfficiel (Là-bas si j'y suis, Twitter)



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(1) Faut-il se rappeler l'insolence de son ton comme le racisme de caste et la psychopathie de ses décisions politiques ? L’abrogation de l’ISF, le CICE (allégement de cotisations consenti aux entreprises depuis le début du quinquennat de François Hollande, cadeau impressionnant au patronat. Le principe du CICE est clair : plus une entreprise emploie de personnes à bas salaires (moins de 2,5 smics), plus elle peut réclamer d’aides), la réduction des APL (Aides personnalisées au Logement), la dite flat-tax, son projet de réforme des retraites, son usage massif, mutilant, tueur des LBD40 et des grenades GLI-F4 et de désencerclement contre les Gilets Jaunes ou contre les manifestants du Premier Mai...
(2) Jean de La Fontaine, Les Fables, Livre V, fable X, La Montagne qui accouche :
Une Montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun au bruit accourant
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
D'une Cité plus grosse que Paris :
Elle accoucha d'une Souris.

Quand je songe à cette Fable
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un Auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au Maître du tonnerre.
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ?
Du vent.
(3) Confinement qui exclut les exclus et s'avère terrible pour les plus pauvres.
(4) NOTE du 19/3/2020 : et leurs médias libres et pluriels.


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Mise à jour du 25 mars 2020 :

Pascal Marichalar : Savoir et prévoir. Première chronologie de l'émergence du COVID-19.

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Mise à jour du 23 avril 2020 :

Des nouvelles de l'enmêmetantpisme (expliquant sa substance) :
Fin de la blague Macron  
Où l'on voit que le président trader n'a pas tardé à rassurer les puissances d'argent, on s'en doutait.

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Mise à jour du 18 juin 2020 :

Et c'était une blague particulièrement sinistre.
 
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Mise à jour du 6 novembre 2020 :

Encore des nouvelles du gars des leçons du moment que nous traversons, de celui qui se disait prêt à interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies...
Le Monde publie aujourd'hui une tribune signée par un collectif de 200 personnes sur l'approbation en première lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 par la majorité macronite :

Le budget 2021 de la Sécurité sociale ne permet pas de financer la totalité des mesures annoncées en juillet lors du Ségur de la santé, alertent, dans une tribune au « Monde », plus de deux cents signataires à l’initiative du Collectif inter-hôpitaux. 
Le Monde - Publié aujourd’hui à 03h02, mis à jour à 07h09.

(...) l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), voté chaque année pour la ville et l’hôpital dans le cadre du PLFSS depuis dix ans, ne couvre pas les besoins.
L’évolution tendancielle des dépenses de santé est chaque année de 4 % environ (correspondant, entre autres, à l’évolution des charges fixes, du coût des pratiques et innovations médicales). Or, l’Ondam voté depuis 2008 n’a jamais dépassé 2,4 %, ce qui est revenu à voter des économies de 1,5 à 2 % chaque année. Voilà ce qui permet aux ministres de la santé successifs de communiquer sur l’augmentation du budget… alors que ce sont des économies qui sont imposées. (...)



jeudi 14 novembre 2019

(2019-20) 2e Journal des infos dont on parle plutôt peu...

...Car loin du psittacisme médiatique, il y a bon nombre d'événements qui nous interpellent autrement dont on ne parle que peu ou sous l'angle de la propagande unique. Nous essayons de repérer et de glaner des faits/sujets/positions en dehors de l'actu ou de l'éditocratie.
Voici notre second sommaire de cette année scolaire, pour notre conférence de rédaction médiatrice du mercredi 13 novembre 2019.

Merci à mes élèves pour leurs contributions !






Il comprend, entre autres...


Vendredi 8 novembre, un étudiant lyonnais de 22 ans, Anas K. s’est immolé par le feu devant un bâtiment du CROUS à Lyon. Des rassemblements étaient organisés ce mardi dans toute la France en solidarité. À Paris, le rassemblement s’est vite transformé en manifestation non-déclarée. 
Un reportage de Taha Bouhafs.

lundi 14 octobre 2019

1er Journal des infos dont on parle plutôt peu (2019-20)

...dont on parle plutôt peu. Car loin du psittacisme médiatique, il y a bon nombre d'événements qui nous interpellent autrement dont on ne parle que peu ou sous l'angle de la propagande unique. Nous essayons de repérer et de glaner des faits/sujets/positions en dehors de l'actu ou de l'éditocratie.

Voici notre premier sommaire de cette année scolaire 2019-2020 (pour aujourd'hui lundi 14 octobre 2019).
Merci à mes élèves pour leurs contributions !




Il comprend, entre autres...
... un entretien proposé par ID4D avec Émilie Gaillard, maîtresse de conférences en droit de l'environnement...
Émilie Gaillard travaille depuis vingt ans sur le droit des générations futures. Selon elle, ce concept juridique est un outil indispensable pour induire les changements de paradigmes nécessaires à la préservation de l’environnement et des populations sur le temps long.
Copyright ID4D
... Une révision décalée, désopilante, incontournable (chapeau !), des injures proférées contre Greta Thunberg par l'habituelle cohorte psycopathe des éditocrates particulièrement déchaînée, « tout en regrettant qu’il soit impossible de critiquer » cette môme “irrationnelle”, “illettrée”, “louche”, “ridicule”, “sadique”, “fanatisée”, “totalitaire”…, révision que nous devons à Samuel Gontier sur Ma vie au poste, son blog hébergé par Télérama.

... Un récit d'un enseignement du français doublé d'un fort plaidoyer pour l'accueil : pendant dix-huit mois, la journaliste et écrivaine Marie-France Etchegoin est devenue professeure de français langue étrangère auprès de demandeurs d’asile en attente d’un statut et elle a raconté son expérience et ses réflexions là-dessus dans J'apprends le français.


... Le combat du philosophe et auteur Jean-Claude St-Onge, ainsi que d'un certain nombre de pédiatres et de chercheurs, pour en finir avec le dopage des enfants censés être atteints par les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), dont ils dénoncent et le surdiagnostic et la surmédication au Québec.

... Ou certaines précisions journalistiques, environnementalistes et politiques vis-à-vis de certaines pulsions lubrifiantes préfectorales / gouvernementales dans l'atroce affaire Lubrizol. Il y a même un historien comme Thomas Leroux, chercheur au CNRS et spécialiste des risques et pollutions à l'âge industriel, pour nous rappeler, après ce sinistre incendie à Rouen, une têtue constatation : « La régulation des risques et des pollutions protège avant tout l’industrie » :
(...) La régulation des risques et des pollutions ne protège donc pas assez les populations, parce qu’elle protège avant tout l’industrie et ses produits, dont l’utilité sociale et l’influence sur la santé sont insuffisamment questionnées. Les garde-fous actuels (dispositifs techniques, surveillance administrative, réparation et remédiation, délocalisations) ont pour but de rendre acceptables les contaminations et les risques ; ils confirment une dynamique historique tragique dont l’accident de l’entreprise Lubrizol n’est que l’arbre qui cache la forêt dense de pollutions toujours plus chroniques, massives et insidieuses.


jeudi 10 octobre 2019

Opérations arithmétiques traditionnelles

« (...) toute l'arithmétique n'est composée que de quatre ou cinq opérations, qui sont l'addition, la soustraction, la multiplication, la division et l'extraction des racines, qu'on peut prendre pour une espèce de division », écrivait le mathématicien, physicien et philosophe René Descartes (1596-1650) dans le livre premier de son Traité de la Géométrie.

En effet, les opérations arithmétiques traditionnelles sont l'addition, la soustraction, la multiplication et la division. Et leurs résultats sont, respectivement, somme, différence, produit et quotient.
Pour apprendre ou réviser le vocabulaire en français de ces opérations, et de leurs méchanismes, je vous suggère de visionner et d'écouter des vidéos élaborées par des professeurs de maths à l'intention de leurs élèves des écoles ou des collèges.
Ainsi, dans la vidéo ci-dessous, mise en ligne en août 2014, Yannick Sayer, prof de maths, explique-t-il d'une manière simple et utile ces opérations de base, ce qui comprend de savoir comment calculer les enchaînements (avec ou sans parenthèses) :



Pour ceux qui souhaiteraient aller linguistiquement plus loin et accéder à une explication plus complète, plus complexe des opérations élémentaires, et de leurs notions sous-jacentes, en un français plus vif, plus réel, plus exigeant, voici la vidéo d'un prof qui s'adresse à des élèves de sixième :


Mise en ligne : février 2014.

Et merci beaucoup aux profs de maths !

mercredi 23 janvier 2019

4e Journal des infos dont on parle plutôt peu (2018-19)

...Car loin du psittacisme médiatique, il y a bon nombre d'événements qui nous interpellent autrement dont on ne parle que peu ou sous l'angle de la propagande unique. Nous essayons de repérer et de glaner des faits/sujets/positions en dehors de l'actu ou de l'éditocratie. Voici notre quatrième sommaire de cette année scolaire (abordé aujourd'hui 23 janvier 2019).
Merci à mes élèves pour leurs contributions !





Voici un détail extrait de notre quatrième journal :

Glyphosate : les autorités sanitaires ont plagié Monsanto
Ce document était au cœur de la décision de réautoriser en 2017 l’herbicide en Europe.

Le chapitre « Génotoxicité » de l’évaluation du glyphosate par le BfR. Les passages surlignés en rouge sont plagiés depuis le dossier d’homologation déposé par les industriels, selon deux chercheurs.
Le chapitre « Génotoxicité » de l’évaluation du glyphosate par le BfR. Les passages surlignés en rouge sont plagiés depuis le dossier d’homologation déposé par les industriels, selon deux chercheurs. Weber & Burtscher - Source : Stéphane Foucart/Le Monde

Risques chimiques des couches pour bébé, selon l'ANSES

L'ANSES est l’Agence nationale française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Ses activités portent sur plusieurs thématiques : alimentation et nutrition humaine, santé-travail, santé environnement, alimentation et santé animale, médicament vétérinaire-Agence nationale médicament vétérinaire (au sein de l'ANSES), santé et protection du végétal et produits phytopharmaceutiques, biocides et fertilisants.

Sécurité des couches pour bébé est le nom du dernier rapport de l'ANSES.
Il s'agit d'un avis révisé relatif à la sécurité des couches pour bébé ; signé le 17 janvier 2019, il annule et remplace l’avis du 6 décembre 2018 en la matière et conclut qu'on a détecté des substances chimiques dangereuses, dont du glyphosate, dans les couches jetables pour bébés, y compris dans celles dites « écologiques », ce qui comporte un risque pour la santé des enfants.
Selon l'ANSES :
Les travaux [de l'expertise] ont été présentés aux CES [comités d’experts spécialisés] tant sur les aspects méthodologiques que scientifiques entre mai 2016 et novembre 2018. Ils ont été adoptés par le CES réuni le 15 novembre 2018.
L’Anses analyse les liens d’intérêts déclarés par les experts avant leur nomination et tout au long des travaux, afin d’éviter les risques de conflits d’intérêts au regard des points traités dans le cadre de l’expertise. 
Le rapport indique comme introduction :
Depuis les années 1990, plus de 90% des familles de la majorité de l’Union européenne utilisent des couches à usage unique (EDANA, 2011). En France, depuis bientôt 20 ans, plus de 95 % des bébés portent des couches jetables (Group’Hygiène, 2015). L’estimation du nombre total de couches jetables utilisées par bébé avant l’âge de l’apprentissage de la propreté varie entre 3 800 et 4 800. Cette estimation varie selon l’âge d’acquisition de la propreté considéré (entre 2,5 et 3 ans).
L’analyse et les conclusions de l’expertise portent sur les pathologies cutanées provoquées par le port de couches et les risques chimiques. Au sujet des pathologies cutanées, le rapport constate que...
La fréquence et la sévérité des dermatites du siège ont diminué au cours du temps, principalement grâce aux améliorations de la performance et du modèle des couches à usage unique au cours des 30 dernières années. L’âge le plus fréquent d’apparition de ces dermatites est de 9 à 12 mois. 
Mais les conclusions de l'ANSES lancent une alerte :
Il n’existe aucune donnée épidémiologique permettant de mettre en évidence une association entre des effets sanitaires et le port de couches. Toutefois, des substances chimiques dangereuses ont été retrouvées dans ces couches. Sur la base des résultats des essais de l’INC et du SCL et des données bibliographiques, une évaluation quantitative de risques sanitaires a été réalisée sur les couches pour bébé à usage unique selon des scenarios affinés considérés réalistes. Cette EQRS a mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances. Aussi, à ce jour et en l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible d’exclure un risque sanitaire lié au port des couches à usage unique.
L'ANSES trouve que le dispositif réglementaire existant n'est pas « suffisant, du fait de la présence de substances chimiques dangereuses dans ces produits. Le CES recommande l’élaboration d’un cadre réglementaire plus restrictif afin de limiter la présence de ces substances ». Puis, parmi ses recommandations, elle nous prévient :
Par ailleurs, l’Anses souligne en outre qu’il existe d’autres sources d’exposition à ces substances auxquelles les enfants entre 0 et 36 mois peuvent potentiellement être exposés, la présence, pour certaines d’entre elles, étant documentée notamment dans l’Étude alimentation totale infantile (Anses, 2016). Il ne peut donc être exclu que le cumul des expositions par différentes voies d’exposition conduise à une augmentation des risques évalués dans la présente expertise, notamment pour ce qui concerne les dioxines, furanes, PCB-DL, HAP, COV, certains pesticides et le formaldéhyde. En conséquence, l’Anses recommande d’éliminer ou de réduire autant que possible la présence de ces différentes substances et familles de substances indésirables dans les couches pour bébé en appliquant le principe ALARA. 
ALARA est l’acronyme anglophone de « As Low As Reasonably Achievable », que l'on peut traduire en Français par « Aussi basse que raisonnablement possible ».


À propos de ce rapport de l'ANSES, Stéphane Mandard introduisait hier comme suit son information dans le quotidien Le Monde :
Voici une étude qui devrait inciter les parents à abandonner définitivement l’usage des couches jetables. Et à les troquer contre des modèles lavables, certes plus contraignants en matière de logistique mais moins à risque pour la santé des bébés. Dans un rapport inédit publié mercredi 23 janvier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) alerte sur « la présence de différentes substances chimiques dangereuses dans les couches jetables qui peuvent notamment migrer dans l’urine et entrer en contact prolongé avec la peau des bébés ».
La liste est aussi longue qu’inquiétante. L’Anses a identifié une soixantaine de substances chimiques, dont du glyphosate, le fameux herbicide de Monsanto. Mais aussi des pesticides interdits depuis plus de quinze ans, comme le lindane, le quintozène ou l’hexachlorobenzène. Et de nombreuses substances parfumantes, comme l’alcool benzylique ou le butylphényl. Ou encore des polychlorobiphényles (PCB), des dioxines, des composés organiques volatiles (naphtalène, styrène, toluène, etc.), des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), que l’on retrouve habituellement dans la fumée de cigarette ou des moteurs diesel.
Certains de ces agents ayant des effets cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques démontrés ou étant considérés comme des perturbateurs endocriniens, les risques liés à leur exposition ne se bornent pas à de simples irritations cutanées.
(...)
L’Anses avait été saisie, en janvier 2017, par la direction générale de la santé, la DGCCRF et la direction générale de la prévention des risques après une enquête de l’association 60 millions de consommateurs.
Au sujet du glyphosate, laissons que la journaliste et réalisatrice Marie-Monique Robin, vraie experte en la matière, s'exprime un tant soit peu. La-voilà, invitée de l’émission « 7 jours sur la planète » (TV5Monde) :