La plupart du temps, les esclaves, les opprimés
sont restés à leur place en acceptant l'exploitation
et l'oppression et en bénissant les tsars.
(Cornelius Castoriadis : La culture de l'égoïsme, Climats, Flammarion, 2012.
Entretien avec Christopher Lasch émis sur Channel 4, le 27 mars 1986 )
Hélas, il y a quelques jours que nous avons appris l'évacuation de la Ferme des Bouillons par la Police française, concrètement le 19 août 2015. Le commun se la coulait douce là où le béton armé risque encore de couler après l'intervention des gens d'armes, bouillon de culture...
Il faut rappeler qu'un zadiste [militant(e) qui occupe une ZAD ou "zone à défendre" d'un projet spéculatif qui porterait préjudice à l'environnement et à la communauté] n'a rien à voir avec un tsariste ou un sadique. Mais, ces zadistes, seraient-ils des "perroflautas", bref, sales, fainéants et violents ?
Voici l'histoire récente de cette occupation rurale d'un site en bordure de la commune de Mont-Saint-Aignan, à presque six kilomètres au Nord de Rouen (département de la Seine-Maritime, en Haute-Normandie) :
— Reporterre
A la ferme des Bouillons, la joie collective est plus forte que le béton
16 juillet 2014 / Julie Lallouët-Geffroy (Reporterre)
Depuis un an et demi, une dizaine de personnes occupent la ferme des Bouillons à Mont-Saint-Aignan, dans l’agglomération de Rouen, pour empêcher le groupe Auchan d’en faire un supermarché. Le 27 juillet, le permis de démolition devient caduc, une étape de plus vers la sauvegarde de cette ferme.
Rouen, reportage
Des champs, pas d’auchan ! C’est le slogan fédérateur de la Ferme des Bouillons. Et de la lutte contre le géant bétonisateur est née une vie collective palpitante, source de rencontres et d’initiatives en tout genre.
Désherbage, semis, organisation de manifestations, de spectacles, tractage, chacun s’active sur cette ferme de quatre hectares, en bordure de la rocade de Rouen.
« Un des piliers de la ferme est d’être un lieu ouvert, explique Sascha un des occupants, on défend l’agriculture biologique et locale, l’autonomie, l’auto-gestion, tout en voulant attirer des personnes pas forcément militantes pour que ce lieu soit grand public. »
Tatiana, une autre occupante, renchérit, « ce qui caractérise le plus la ferme, ce n’est pas, pour moi, le maraîchage ou les activités culturelles, mais le partage et l’échange. Ici, on discute et on fait des choses ensemble, que ce soit semer un rang de carottes, préparer le repas ou organiser un festival. » (En lire plus)
En Normandie, le projet novateur de la Ferme des Bouillons de nouveau en danger
31 juillet 2015 / Association de Protection de la Ferme des Bouillons
Ça bouge aux Bouillons. Il y a un an, avec le reclassement du site en Zone Naturelle Protégée et la fin du permis de démolir détenu par la société Immochan, la vocation agricole de la ferme était confirmée et légitimée. Une première victoire pour l’Association de Protection de la Ferme des Bouillons, mais pas la fin du combat : restait, selon nous, à garantir que la ferme sauvée du béton serait le support d’activités durables et généreuses, articulées dans une logique de bien commun.— Le dimanche 21 juin, le blog de la Ferme fermait (en fait pour déménager), nous illustrait à propos de la dernière loi libérale sur le renseignement en France (dans la lignée de la loi bâillon espagnole) et évoquait les avantages du navigateur TOR lorsqu'il est question de surfer sur des eaux sous haute surveillance...
Les membres de l’association ont alors orienté leurs travaux dans deux directions : rachat collectif et citoyen du site, avec le soutien du mouvement Terre de Liens, et rédaction démocratique d’un projet global pour la ferme, alliant agriculture biologique, circuits courts, formation, éducation populaire et culture, dans la droite ligne de ce qui avait été entrepris dès les premiers jours de l’occupation. Ce projet a été rendu public au printemps 2015, avec des porteurs de projets identifiés. Dernier obstacle à sa concrétisation : la propriété du site, toujours aux mains du groupe Auchan.
Une SCI sortie du chapeau
Le 24 juillet 2015, nous apprenons que la ferme fait l’objet d’un compromis de vente entre la société Immochan et une Société civile immobilière (SCI), dont nous ne connaissons pas à ce jour l’identité. Résolus à ne pas laisser partir la ferme entre n’importe quelles mains, nous engageons avec la Confédération paysanne et Terre de liens Normandie la seule démarche qui nous est permise : saisir la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), arbitre des transactions en matière de foncier agricole. Enjeu : obtenir de la SAFER qu’elle use de son droit de préemption, pour étudier dans la transparence tous les projets qui se porteraient sur la ferme, y compris le nôtre. (En lire plus)
— L'usage de TOR contre la loi relative au renseignement prête à discussion...
Déménagement du site
Une nouvelle loi sur le renseignement a été adoptée le 5 mai à l'assemblée nationale en procédure accéléré (pas de débats). Comme Hadopi ou LOPSI, elle confirme l'orientation de la politique des pays "puissants" en matière de liberté. Voici une petite analogie du quotidien pour comprendre cette loi : imaginez que chaque fois qu'une personne vienne visiter la ferme, les habitants seraient dans l'obligation de relever son identité et de tenir la liste à disposition des services de renseignement.
En tant qu'hébergeur de sites web dont celui de la ferme des bouillons, nous serons contraints de collaborer ou de contourner, nous avons choisi le contournement. Nous avons choisi de déplacer les sites web que nous hébergeons vers le réseau TOR. Ce réseau est utilisé par les habitants de pays pratiquant la censure de l'Internet. TOR leur permet d'accéder à l'entièreté de l'Internet et d'y publier sans en être inquiété. TOR donne aussi la possibilité d'héberger des sites web de manière anonyme et c'est uniquement ainsi que les sites seront prochainement consultables.
Devant notre envie de continuer à exister, il y a celle d'informer. Les services de Google, Amazon et Facebook sont à l'Internet ceux que sont les cadres de nos sociétés oligarchiques. Nous alimentons des machines qui œuvrent à la soumission de celles et ceux qui [sic] les peuples pour servir leurs propres intérêts. Cela, ils l'assurent en nous fournissant des services "gratuits", des coquilles vides qui nous attirent grâce à la créativité que nous même y mettons. Parallèlement, les pouvoirs en place disposent d'une capacité d'écoute dont la Stasi n'aurait oser rêver. En utilisant TOR on disparaît des écrans radars simple et l'on contribue à leur rendre la tâche de profilisation de la population bien plus difficile.
Pour y accéder, il suffira d'installer une fois TOR depuis ce lien sur votre ordinateur ou via Google Play pour un téléphone Android avec Orbot et de se rendre ensuite à l'adresse :
http://2olbcnye2ontyklf.onion. (...)
— Normandie-Actu.fr
Mont-Saint-Aignan
La ferme des Bouillons évacuée par la police. Les réactions
Les occupants de la ferme des Bouillons, à Mont-Saint-Aignan, près de Rouen (Seine-Maritime), ont été délogés par les CRS, mercredi 19 août 2015, à l'aube.
Mise à jour : 19/08/2015 à 15:25 par Gwénaëlle Fliti
Agitation à la ferme des Bouillons, à Mont-Saint-Aignan, près de Rouen (Seine-Maritime), mercredi 19 août 2015, à l’aube. L’Association pour la protection de la ferme des Bouillons (APFB) annonce que dès 6h, les membres du collectif citoyen, qui occupent les lieux illégalement depuis 2012, ont commencé à se faire déloger par les forces de l’ordre, accompagnées d’un huissier de justice. Sur leur page Facebook, les occupants ont diffusé une vidéo montrant les premières images de l’expulsion :
Ferme des bouillons évacuée… 80 policiers. Soutenez nous
Posté par la Ferme des Bouillons le mardi 18 août 2015
(En lire plus)— Le Monde :
— Reporterre :Des zadistes évacués de la ferme bio des Bouillons, près de Rouen
Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour leLa zone à défendre (ZAD) des Bouillons, au nord de Rouen, a été évacuée mercredi 19 août. La cinquantaine de militants qui occupaient cette ferme bio de Mont-Saint-Aignan depuis 2012, pour lui conserver son caractère agricole, ont été délogés sans heurt, à partir de 6 heures du matin par les CRS.
« Cette opération s’est déroulée dans le calme malgré la résistance décidée d’une cinquantaine d’occupants », a fait savoir par communiqué la préfecture de Seine-Maritime. L’évacuation, autorisée par une décision de justice de 2013 avait été confirmée en appel en 2014, mais n’avait jusqu’ici jamais été appliquée.
Les occupants ont été refoulés sur une petite route, à environ 200 mètres de la ferme, derrière un cordon de CRS. Au cours de la journée, ils ont pu récupérer certains véhicules, du mobilier et des bêtes.
Une parcelle convoitée par Auchan
Cette parcelle agricole de 4 hectares de terres cultivables, située près d’une rocade et d’une zone d’activité, avait été transformée en un lieu de cultures maraîchères biologiques et un lieu de vie des militants alternatifs qui refusaient qu’Immochan, la branche immobilière du géant de la distribution Auchan, y implante une zone commerciale.
(En lire plus)Lire aussi le reportage (datant de 2013) : Un squat contre un projet de zone commerciale près de Rouen
Le mauvais coup de l’été : l’Etat évacue la ferme des Bouillons et la cède à des proches du groupe Auchan
20 août 2015 / Julie Lallouet-Geffroy et Hervé Kempf (Reporterre)
Tout allait pourtant pour le mieux à la ferme des Bouillons entre un stage de construction d’éoliennes, le passage d’Alternatiba et le marché maraîcher hebdomadaire ; mais la période estivale est propice aux entourloupes étatiques.
C’est ce qu’a vécu la ferme occupée, située à Mont-Saint-Aignan, en périphérie de Rouen. Une entourloupe bien ficelée qui a abouti, mercredi matin 19 août, à l’évacuation par les CRS de la trentaine de personnes qui occupaient depuis plus de deux ans et demi la ferme pour la sauver d’un projet immobilier du groupe Auchan.
Fin juillet, l’association de protection de la ferme des Bouillons apprend qu’un compromis de vente a été signé par Immochan, la foncière d’Auchan, au profit d’une SCI nommée In Memoriam dirigée par les frères Mégard pour la somme de 150 000 euros. L’établissement en charge du foncier agricole et sous tutelle de l’Etat, la Safer, a confirmé cette vente mardi soir 18 août. Et dès le lendemain matin, dans une précipitation exceptionnelle qui témoigne que cette décision de la Safer a été prise en parfait accord avec le préfet, la police intervenait.
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