mercredi 30 octobre 2013

Noire Finance, documentaire ARTE à deux volets

Noire Finance (film documentaire en deux parties) a été diffusé hier soir sur ARTE, à 20 h 50.
Voici l'information fournie par la chaîne franco-allemande à propos des deux volets de cette minisérie sur la Finance qui nous pompe sans état d'âme...
Dans ce premier volet, les auteurs remontent au fameux jeudi noir d'octobre 1929 à Wall Street, pour montrer comment une crise boursière se transforme en crise bancaire, qui elle-même se développe en crise économique mondiale.
Des "barons voleurs" d'hier aux golden boys des années Tapie, des accords de Bretton Woods à la création de l'euro, il retrace ensuite les différentes étapes qui ont conduit à la libéralisation des flux financiers. Assurances, produits dérivés, fonds spéculatifs (hedge funds)… : les dispositifs techniques se succèdent pour accroître les profits, augmentant toujours plus le risque et la fraude systémiques.
Pourquoi faut-il donner de l'argent public aux banques privées en faillite ? C'est par cette question sans ambiguïté que s'ouvre ce passionnant documentaire qui, pendant plus de deux heures, nous entraîne dans les arcanes d'un système financier devenu incontrôlable. Y répondre n'était pas gagné d'avance, tant est opaque l'univers de la finance. Mais Jean-Michel Meurice et Fabrizio Calvi (déjà coauteurs pour ARTE de Série noire au Crédit Lyonnais et de ELF : les chasses au trésor) nous ont habitués depuis longtemps à traiter sous une forme accessible des dossiers complexes. Noire finance s'inscrit dans cette veine : un montage très éclairant de propos de spécialistes, émaillé de scènes d'animation, retrace l'histoire politique des déréglementations qui ont abouti à la financiarisation de l'économie mondiale, au profit d'une spéculation criminelle.
Le second volet montre comment, à travers l'éclatement de la bulle immobilière et la crise des subprimes des années 2000, le "piège à pauvres" s'est refermé.
Il décortique les rouages de la "machine à dette" et expose avec clarté les logiques boursières qui ont mené à la crise mondiale actuelle. Dénonçant l'impunité des "banksters" et leur emprise sur la classe politique occidentale (aux États-Unis, on parle même d'un "gouvernement Goldman Sachs"), les réalisateurs concluent leur enquête sur un chiffre éloquent : les principaux dirigeants financiers mondiaux totalisent 95 milliards de dollars de salaire alors qu'ils ont accumulé 1 000 milliards de perte

Réalisateur : Jean-Michel Meurice.
Auteurs : Fabrizio Calvi, Jean-Michel Meurice.
Producteurs : ZADIG PRODUCTIONS, ARTE GEIE.


Noire Finance partie 1 - La grande pompe à phynances par Nardisto sur Vimeo.



Noire Finance partie 2 - Le bal des vautours par Nardisto sur Vimeo.



jeudi 24 octobre 2013

Notre résistance (grève du 24 octobre 2013) et le Rwanda



Journée d'appel à la grève générale à tous les niveaux du système éducatif espagnol. Et ce ne sont pas les raisons qui manquent. J'en profite pour recommander un nouvel ouvrage sur le génocide rwandais. Après les bouquins de Colette Braekman, Radouane Bouhlal / Kalisa Placide et autres Jean Hatzfeld sur la tragédie rwandaise, c'est au tour de Renaud Duterme de publier Rwanda. Une histoire volée. Dette et génocide, Éd. Tribord, coll. « Flibuste », Mons (Belgique), 2013, 110 pages.


Renaud Duterme, né en 1986, est agrégé en Sciences du Développement de l'Université Libre de Bruxelles et enseigne la géographie dans un lycée. Il collabore avec l'admirable Comité pour l'annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM).
L'introduction de son essai étant suffisamment éloquente, je me permets de vous la relayer dans son intégralité :
L'idée de ce livre découle d'un double sentiment, faisant suite dès ma "découverte" du génocide et éprouvé aujourd'hui encore. L'incompréhension tout d'abord, quant à l'horreur dans sa plus effroyable expression ; l'indignation ensuite, de par les causes et les diverses complicités internationales ayant permis cette tragédie.
Car si le génocide de 1994 est souvent présenté comme un évènement interne au Rwanda, il ne peut se comprendre qu'au sein d'un contexte géopolitique international, miné par de nombreuses ingérences étrangères.
Instrumentalisation des ethnies par le pouvoir colonial, soutien à la dictature d'Habyarimana, politiques néolibérales et antisociales, commerce des armes, complicité dans le génocide, ponctions dans le budget national par le biais de la dette sont quelques unes des responsabilités de puissances étrangères dans l'effondrement de la société rwandaise de 1994.
Ce livre se propose donc de (re)visiter l'histoire contemporaine du Rwanda, sous l'angle des ingérences étrangères. Cette histoire, volée à la population rwandaise, constitue un triste cas d'école pour qui veut comprendre les difficultés que traversent nombre de pays du tiers monde, causées par les politiques impérialistes.
En outre, loin d'avoir disparu, ces influences néocoloniales perdurent et jouent encore un rôle essentiel dans les difficultés que connaît le Rwanda, ainsi que la région des grands lacs, d'aujourd'hui. Un panorama de la situation politique et socio-économique du pays ponctue ainsi ce livre, toujours replacé dans un contexte mondialisé.
Et en quoi tout cela pourrait bien nous regarder ? À part le vieil et incontournable adagio de Térence nihil a me alienum puto, tout cela nous concerne beaucoup plus que d'aucuns ne le pensent.
Je me suis permis de piller quelques extraits du texte de Duterme (qu'il veuille bien me le pardonner, mais je les accapare et les détourne au profit de tous) dans le but d'illustrer des vérités autrement plus générales ; voici le résultat de cette appropriation destinée à nous faire réfléchir à notre condition dans cette journée de résistance (pourquoi pas toutes... ?) :

La Finance internationale gouverne la planète de manière indirecte, c'est-à-dire par l'intermédiaire de chefs locaux plus déWERTgondés les uns que les autres, ce qui lui permet d'établir une administration coloniale dévouée à moindre coût et un tant soit peu dissimulée. Le Capital s'allie toujours aux classes dominantes indigènes (qui risquent d'être considérées comme "nos fils de pute" par les vrais seigneurs) —quoiqu'il soit de bon ton de laisser croire qu'un "ascenseur social" existe.
D'ailleurs, ce sont ces autorités proconsulaires qui portent à chaque fois le poids du mécontentement populaire que provoquent les contraintes de la déprédation de la Finance inassouvissable. Les portes giratoires facilitent leur recyclage ainsi que la rémunération des services rendus à la Chimère de l'Argent.
Quant aux braves gens, il suffit de les diviser pour mieux se sucrer sur leur dos. Le pouvoir narratif des Grands Média en place détourne l'attention des différences qui existent réellement entre les classes et les groupes sociaux et de tout ce qui a un caractère politique, la primauté revenant à des considérations techniques élitistes.


Bonne grève.
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Quelques liens en rapport avec la RDC, le Rwanda et le Burundi :

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Mise à jour du 25/10/2013 :

Un reportage en français sur la journée de grève, avec photos et vidéos à l'appui.

Mise à jour du 27/10/2013 :

Entretien en castillan avec Camilla Croso, brésilienne, Présidente de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) et coordinatrice de la Campagne latino-américaine pour le droit à l'éducation (CLADE).

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Mise à jour du 8/05/2024 :


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lundi 21 octobre 2013

La France condamnée par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour expulsions multiples

Selon une information de Franck Johannès (Le Monde), datée du 18 octobre 2013, la France a été condamnée à l'unanimité par la Cour européenne des Droits de l'Homme...

La France condamnée après l’expulsion de gens du voyage
C’est la victoire du bois du Trou-Poulet : la France a été condamnée, jeudi 17 octobre – journée mondiale du refus de la misère – par la Cour européenne des droits de l’homme pour avoir expulsé des gens du voyage sans leur proposer un relogement. « Cette décision de justice est historique après une bataille judiciaire de neuf années, s’est félicité ATD Quart monde à l’origine de la procédure, après une bataille judiciaire de neuf années ».

En lire plus.

Lire également :

Nicolas Hervieu, « Droit au logement : La France mise en cause devant le Comité européen des droits sociaux », in Lettre « Actualités Droits-Libertés » du CREDOF, 5 juin 2008.

Ah, les imbéciles heureux qui sont nés quelque part... (par Georges Brassens, né à Sète le 22 octobre 1921, mort à Saint-Gély-du-Fesc le 29 octobre 1981)

La pollution de l'air...

...est cancérigène, selon l'OMS.
Il est fréquent que les secteurs économiques les plus protégés soient en même temps les plus contre-productifs, voire létaux. Bref, plus ça roule, plus ça nous tue.

Cliquez ici pour lire le rapport (en anglais).

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Mise à jour du 22.10.2013 :

En Espagne, plus de 44 millions de citoyens (94% de la population) endurent des accumulations de polluants considérées comme nuisibles par l'Organisation Mondiale de la Santé :
Un 37% de la población respira aire que supera el límite legal de contaminación 
España sigue sin conseguir que la calidad de su aire se ajuste a la legalidad. 17,3 millones de personas viven a diario en zonas cuya atmósfera contaminada supera los límites acordados con la Unión Europea. Existen 185 zonas donde las estaciones muestran datos que vulneran la ley medioambiental de protección de la salud, según la recopilación llevada a cabo en 2012 por Ecologistas en Acción. Los límites impuestos por Europa son más permisivos que los de la Organización Mundial de la Salud. Según ese criterio, 44 millones de personas respiran polución que lesiona su salud. La Unión Europea calcula que en 2010 se dieron 400.000 muertes prematuras por la polución. 16.000 de ellas en España.
À ce propos, le rapport d'Ecologistas en Acción relatif à 2007 était déjà concluant, malgré leurs difficultés d'accès aux données :

Plus de la moitié des espagnols respirent de l’air pollué

Toutes les versions de cet article : [Català] [Castellano] [Français] [Galego]
Ecologistas en Acción a présenté un rapport qui résume la situation de la qualité de l’air en Espagne pour 2007. Sa principale conclusion est qu’au moins 53% des Espagnols respirent de l’air pollué. Ceci est plus qu’une statistique : cela représente la mort prématurée de plus de 16 000 personnes par an, selon le Ministre de l’Environnement. Cependant, les administrations régionales n’adoptent pas les mesures nécessaires pour régler cette grave situation, qui passent souvent par une réduction du trafic routier.
Ecologistes en Action a évalué pour la troisième année consécutive la situation de la qualité de l’air en Espagne. Une fois de plus les conclusions qui ressortent de ce rapport sont alarmantes : plus de la moitié des espagnols respirent de l’air pollué.
Pour réaliser cette étude, on a compilé les données sur la situation de l’air dans les différentes Communautés autonomes (CA) durant l’année 2007, étudiant les dépassements des valeurs-limites autorisées par la législation, mais aussi les dépassements des valeurs maximums recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Pour cela, on a utilisé les informations transmises par les réseaux de mesures des différentes communautés autonomes.
Il convient de remarquer les carences graves que présentent une part des données disponibles : manque d’homogénéité, usage de décomptes injustifiés… Pire encore, certaines Communautés autonomes ne les ont pas fournies, ce qui fait que la qualité de l’air respiré n’a pu être évaluée que pour 38,6 millions de personnes, environ 85% de la population espagnole.
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Mise à jour du 26.11.2013 :
L'air que nous respirons nous rend de plus en plus malades, notamment par temps de sécheresse ; le quotidien Le Monde publie aujourd'hui :
L'irrespirable air parisien en time-lapse

Dans un rapport dévoilé en octobre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) classait l'air extérieur comme source cancérigène (en 2010, 223 000 personnes sont mortes d'un cancer du poumon lié à la pollution atmosphérique). Afin de sensibiliser l'opinion publique, l'association écologiste France nature environnement (FNE) a installé le 14 novembre un cube en toile blanche sur le toit d'un immeuble parisien. Cinq jours plus tard, les particules de pollution ont laissé apparaître un message sur la toile blanche : "irrespirable". Cette campagne choc visant à mettre des mots sur cette pollution invisible est à voir sur le site Rendezmoimonair.org. FNE affirme que des solutions existent et que tout le monde peut se mobiliser (Etat, citoyens, entreprises…). A l'avenir, l'association entend multiplier ses actions, aussi bien en ville qu'à la campagne.

P.-S. - "Time-lapse" est un anglicisme que l'on traduit en français par "accéléré". La photographie d'accéléré est un effet cinématographique où la fréquence de la prise des images (images par seconde) est beaucoup moins rapide que la fréquence de lecture des images.
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Mise à jour du 16.12.2013 :
À propos de la consommation électrique en France et ses répercussions environnementales, Le Monde publie aujourd'hui :
Alors que l'hiver s'installe sur l'Hexagone et que les factures d'électricité augmentent, Paris observait la semaine dernière des pics records de pollution. Cet épisode de pollution aux PM 10 (particules au diamètre inférieur à 10 microns) a également affecté une grande partie de la France. Les internautes soucieux des répercussions de notre énergie électrique sur l'environnement peuvent télécharger éCO2mix. Cette application lancée en 2010 par Réseau de transport d'électricité (RTE), le gestionnaire du réseau français de lignes à haute tension, permet de suivre la consommation électrique en France quasiment en temps réel et les émissions de CO2 correspondant à cette répartition (en tonne/heure). Grande nouveauté : depuis jeudi, ces informations sont désormais disponibles pour les 21régions de la France métropolitaine (hors Corse, dont le réseau ne dépend pas de RTE), mais avec un mois de décalage. Accessible gratuitement sur Internet et sur smartphone, éCO2mix permet de connaître quart d'heure par quart d'heure la consommation et la production d'électricité à l'échelle nationale, la composition de cette production par filières (nucléaire, gaz, fioul, énergies renouvelables, etc.), les émissions de CO2 et les échanges d'électricité avec les pays voisins. Sur le site, un historique permet même de remonter au 1er janvier 2012. 

lundi 14 octobre 2013

ALCINE43 et ses courts métrages en français

Le jeudi 14 novembre, nous nous déplaçons à Alcalá pour notre rendez-vous annuel avec ALCINE, le Festival de Cine de Alcalá de Henares, qui nous invite à voir les courts métrages francophones de sa section "Idiomas en corto". Au programme, sept films qu'on envisage de projeter en deux séances, matinale et vespérale : celle qui nous concerne ; elle commencera à 17h30 dans le TEATRO SALÓN CERVANTES, c/Cervantes s/n (918 822 497).




Voici le programme en français pour cette 43e édition du festival :

1. Tout le monde dit je t’aime, de Cécile Ducrocq. France, 2010. 6 min. Fiction.
Marion quatorze ans, vient de recevoir un mot d’amour de son copain. Elle demande l’avis de sa meilleure amie, Joséphine. Les deux filles ne sont pas d'accord par rapport à l'interprétation de l'expression "je t'aime"... "Ce n'est pas un truc qu'on balance comme ça sur un texto"...
Voir le film en vidéo-streaming.

[Après visionnement, Matilde me signale : "Les adosgamines mâchonnent leurs mots de leurs dents couronnés de brackets: il en résulte un français braqué !"]

2. Cul de bouteille (‘Cuatro ojos’ en castillan), de Jean-Claude Rozec, illustrateur et animateur 2D. France, 2010. 9 min. Animation. Ce film a décroché de nombreux prix dont le Prix du court métrage d'animation pour enfants au festival international d'animation  d'Ottawa (en octobre 2010). C'est aussi l'un des premier films d'animation coproduit par l’unité de programme régionale "Destination Bretagne" (avec la société de production Vivement lundi !).
Synopsis : La nouvelle, terrible, est tombée : profondément myope, Arnaud doit porter des lunettes. Et pas n’importe quelles lunettes : une monture grossière qui lui décolle les oreilles et lui pince le nez, des verres si épais que ses yeux ne semblent plus que deux petits points noirs… Ces affreuses binocles, Arnaud ne les aime pas et il préfère de loin le monde flou et protéiforme de sa myopie, un monde peuplé de monstres, licornes et autres chimères qui apparaissent au gré de sa fertile imagination...

3. La dernière journée, de Olivier de Bourbeillon. France, 2006. 12 min. Documentaire.
Le 1er juillet 2005, le Marteau-Pilon N° 125 Schneider et Cie datant de 1867 a cessé son activité à l’ancien atelier des forges de l’arsenal de Brest. Le film raconte cette dernière journée, correspondant à celle des trois hommes qui travaillent sur cette machine.


4. Un bisou pour le monde, de Cyril Paris. France, 2007. 9 min. Fiction. Acteurs :
  • : L'institutrice
  • : Léo
  • : Nina
  • : Wei Fang
Une institutrice de CM2 présente à ses élèves les journaux quotidiens français. Un petit garçon de dix ans, Léo, déchire des morceaux du Monde. L'institutrice le punit et lui demande de refaire Le Monde. Il scotche avec application et vient fièrement lire les titres reconstitués. Sa reconstitution aura des effets inattendus sur Le Monde.



5. Fard, de Luis Briceno et David Alapont. France, 2009. 13 min. Animation.
Ce film a reçu 25 prix et mentions dont Prix SACD meilleur film d'animation francophone Clermont-Ferrand 2010, Grand Prix Beaumarchais Festival de Castres, Meilleur film pour adultes Tofuzi 2009, Prix du Public meilleur court Fantastique aux Nuits Magiques, Grand Prix du Public Future Film Festival (Italie), Prix de la Jeunesse Bruz 2010, Meilleur court d'animation MareMetraggio 2011 (Italie).

Dans un futur proche, le monde semble fonctionner de façon efficace et contrôlée jusqu’au
moment où une étrange lampe révèle une autre réalité...


6. Allan, de Frédéric Azar. France, 2006. 9 min. Fiction. Azar a aussi réalisé plusieurs épisodes de la série télévisée Scènes de ménage (2009 - 2011).
Un chômeur qui a cinquante ans se lance dans une opération de rajeunissement (à base de crème anti-ride et de teinture capillaire) pour décrocher un emploi...



7. Madagascar, carnet de voyage, de Bastien Dubois. France, 2009. 12 min. Animation.
En 2010, le film a reçu le premier Valois René Laloux récompensant le meilleur court-métrage d’animation au Festival du film francophone d'Angoulême ; en 2011, il est nommé aux Oscars dans la catégorie meilleur court-métrage d'animation.
En fait, c'est la mise en images animées d’un carnet de voyage, d'un parcours, celui d’un auteur qui a choisi Madagascar (Madagasikara en malgache) comme territoire de ses pérégrinations ; ce vazaha est un artiste qui a su nous tricoter avec talent un road-movie bigarré au pays du Famadihana (« retournement des morts », la célébration funéraire malgache) et des lémuriens.

Madagascar : Carnet de Voyage, par Bastien Dubois

jeudi 10 octobre 2013

L'eau, ressource vitale, sur France TV Éducation

Sous l'épigraphe "L'eau, une ressource vitale à protéger et à partager", France TV Éducation propose un triple jeu interactif (ils emploient l'anglicisme "serious game") pour mieux connaître la réalité et les bons usages de l'eau, gros enjeu planétaire. Les trois rubriques de la page correspondent à trois problématiques au sujet de l'eau ; en voici leur explication :


FranceTvEducation
Ce module propose trois jeux de mise en situations fictives, présentant des problématiques liées à l'eau à différentes échelles : la pollution de l'eau et ses conséquences, à l'échelle d'un village, l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, à l'échelle d'un pays et le partage de l'eau, à l'échelle mondiale. Aussi, une banque de ressources, présentant des données mondiales relatives à la géopolitique de l'eau.
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P.-S. du 14 novembre 2013 :
L'eau, ressource vitale à protéger et à partager, est donc un bien hautement et autrement stratégique, susceptible d'acquérir une valeur marchande époustouflante dans la foire à vautours globalisée. Il n'est pas surprenant que les plus prédateurs, comme Nestlé, lancent sans vergogne leurs ballons-sondes sur la mare aux média (cliquez ci-contre pour accéder à deux vidéos fort intéressantes) ; vous pensez que l'eau est et doit rester un bien public ? Eh bien, selon Peter Brabeck -PDG de Nestlé sachant joindre le geste à la parole- vous êtes un "extrêmiste" :

Selon le PDG de Nestlé, Peter Brabeck, l’accès à l’eau ne devrait pas être un droit. Peter Brabeck pense que l’eau est une « denrée comme les autres, qu’elle a une valeur marchande et qu’il faut la privatiser ». Pour le PDG de Nestlé, l’eau doit valoir un coût, car il estime que l’eau est extrêmement précieuse et trop gaspillée. Pour une politique durable, celle-ci doit être revalorisée, ce qui va forcément avec un prix au litre plus élevé.

De l’or bleu en bouteille ?
En 2012, Nestlé avait déjà été montrée du doigt par une enquête accablante (Bottle Life) d’Urs Schnell et de Res Gehriger, diffusé sur Arte, qui montrait comment la multinationale faisait main basse sur les ressources en eau pour les vendre au prix fort.
Nestlé et le business de l’eau en bouteille ou comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l’agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de soixante dix marques partout dans le monde (Perrier, San Pellegrino, Vittel).
L’eau en bouteille, mais pour qui ?
En 2012, Arte diffusait un autre reportage sur l’eau en bouteille qui coute 100 fois plus que l’eau du robinet, ce marché n’a jamais été aussi fleurissant. Pourtant tout le monde ne peut pas se payer le luxe d’avoir de l’eau potable.

ARTE - Nestlé et le business de l'eau en bouteille
Une enquête édifiante sur trois continents qui montre comment la multinationale fait main basse sur les ressources en eau pour les vendre au prix fort.
Documentaire d’Urs Schnell et Res Gehriger (Allemagne/Suisse, 2012, 1h30mn)
Coproduction : ARTE, DokLab, Eikon, Südwest, SF

Comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l’agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de soixante-dix marques partout dans le monde (Perrier, San Pellegrino, Vittel ou Poland Spring aux États-Unis).
Pour le président du CA, Peter Brabeck, l’eau, fer de lance d’une stratégie planétaire, peut "garantir encore cent quarante ans de vie" à l’entreprise. Malgré le refus de collaborer opposé par la direction, Res Gehriger et Urs Schnell dévoilent les coulisses de ce marché qui brasse des milliards. Des États-Unis au Nigeria en passant par le Pakistan, ils explorent les circuits de l’eau en bouteille, mettant en lumière les méthodes parfois expéditives du plus puissant groupe agroalimentaire de la planète.
Ils montrent qu’elles reposent sur une question cruciale, objet dans nombre de pays d’un vide juridique dont les avocats et lobbyistes de la firme savent tirer profit : à qui appartient l’eau ?
Bien public, gains privés
Dans le sillage de Res Gehriger, présent à l’écran, cette enquête minutieuse aux images soignées donne la parole à de très nombreux protagonistes sur trois continents, usagers ou militants, adversaires et partisans de Nestlé. Peter Brabeck lui même y défend avec vigueur son point de vue (éloquent, comme quand il qualifie d’“extrémiste” l’idée que l’eau doit rester un bien public), par le biais de ses nombreuses interventions publiques.
Edité le : 22-08-12
Dernière mise à jour le : 11-09-12




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Mise à jour du 27 mai 2018 :

Selon France Nature Environnement, Nestlé Waters est en train d'assécher les nappes de Vittel "sur fond de conflit d’intérêt". Où quand on vous dit chez vous allez boire ailleurs !
À l'occasion de la Journée mondiale de l'eau du 22 mars, ils ont publié là-dessus un communiqué (le 20 mars, en fait). Il dit, pour l'essentiel  :
(...) Aujourd’hui, lorsque nous ouvrons les robinets, de l’eau de bonne qualité prélevée à proximité de nos habitations s’en écoule. Mais bientôt plus à Vittel. Non, à Vittel, l’eau qui s’écoulera des robinets sera acheminée par pipeline sur des dizaines de kilomètres. France Nature Environnement tire la sonnette d’alarme : le géant international Nestlé Waters s’est approprié la ressource locale pour commercialiser de l’eau en bouteille, exportée en Allemagne. Au risque d’épuiser la nappe et au détriment des populations locales.

Epuiser une nappe phréatique pour vendre de l’eau en bouteille : scandale social et environnemental

Nestlé Waters, propriétaire de 10 marques d’eau en bouteille en France et en Belgique, surexploite sans vergogne une nappe d’eau souterraine au détriment des populations locales en France, à Vittel. Depuis près de 30 ans, la nappe dans laquelle prélève la multinationale présente un déficit chronique annuel d’environ 1 million de m3… Soit la quantité d’eau que Nestlé Waters est autorisé à prélever, par le Préfet. Et le niveau de la nappe a déjà baissé de 10 mètres. Il sera bien entendu très difficile de faire remonter le niveau de cette eau souterraine, compte-tenu des conditions géologiques locales, mais surtout de la non-volonté des pouvoirs publics de poser des limites à Nestlé Waters.
Au-delà de l’épuisement de la ressource en eau, en totale contradiction avec l’image que souhaite se donner Nestlé Waters, la manière de faire est également choquante d’un point de vue social. En lien avec les services de l’Etat, la stratégie imaginée pour approvisionner en eau potable les populations locales de Vittel n’est autre qu’un transfert massif d’eau sur des dizaines de kilomètres de pipeline, pour un coût de 20 à 30 millions d’euros sur 20 ans. Ainsi, Nestlé pourra continuer son exploitation, pendant que les habitants de Vittel se verront répercuter le prix des travaux sur leur facture d’eau. Aller puiser l’eau chez les voisins avec des risques d’impacts environnementaux encore mal évalués, et ce dans un contexte de changement climatique qui affecte la ressource en eau, ne parait pas être une solution économiquement, socialement et écologiquement raisonnable.

L’eau souterraine de Vittel, bien public décrété propriété de Nestlé

C’est un réel monopole que s’octroie Nestlé sur une ressource en eau qui n’est censée appartenir à personne, si ce n’est aux populations locales pour subvenir à leurs besoins vitaux d’alimentation en eau potable. La loi sur l’eau de 2006 mentionne clairement que l’usage prioritaire d’une ressource en eau en France est l’alimentation en eau potable. Les activités économiques ne sont pas prioritaires, et l’eau est un bien commun, non privé ou privatisable. La reconnaissance implicite de la priorité de prélèvement à Nestlé Waters, contraignant les collectivités locales à « aller boire ailleurs », est inacceptable.
Mais Nestlé n’est pas seul responsable de la situation. Car pour avoir le droit d’épuiser la ressource en eau de Vittel, une entente avec certains acteurs locaux et services de l’Etat a dû avoir lieu. Une entente qui n’est d’ailleurs pas sans conflit d’intérêt, et qui reflète une relation bien trouble entre la multinationale et certains acteurs publics[1]

France Nature Environnement dénonce les pratiques environnementales de Nestlé Waters

Planter des arbres en Amazonie tout en asséchant les nappes d’eau en France est écologiquement irresponsable. Cela s’appelle « faire du greenwashing », se donner bonne conscience. Quatre associations locales (Vosges Nature Environnement, Oiseaux Nature, ASVPP[2], UFC Que Choisir 88) se battent depuis plus d’un an pour dénoncer ce choix dicté par le chantage économique. La fédération nationale soutient ouvertement et fermement cette dénonciation. Pour Michel Dubromel, président de France Nature Environnement, « il est impossible d’accepter qu’un géant mondial de l’eau en bouteille assèche une nappe d’eau et oblige les populations locales à s’approvisionner en eau potable ailleurs. La situation à Vittel est la preuve d’une non-gestion en responsabilité de la ressource en eau locale disponible, pourtant suffisamment abondante pour satisfaire les besoins du territoire à condition que chacun prenne en compte les besoins des uns et des autres. » (...)
Reporterre s'est aussi penché sur cette histoire le 26 mai 2018 :

À Vittel, Nestlé privatise la nappe phréatique

26 mai 2018  / Lorène Lavocat (Reporterre)
En lire plus.

lundi 7 octobre 2013

¡No es una crisis!

(Traduction du texte d'une vignette d'Andrés Rábago, El Roto)


Le 1er octobre, eldiario.es proposait à ses lecteurs No es una crisis, un webdocumentaire signé par le journaliste et réalisateur Fabien Benoit et le documentariste Julien Malassigné sur les retombées des pratiques libérales à Madrid et en Espagne ; l'Espagne étouffe exsangue, mais il y en a qui résistent contre "la violence des politiques de rigueur conduites par le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy", dictées par l'internationale de la Finance :


No es una crisis es un documental web, un viaje interactivo por escenarios en una capital en crisis y en resistencia, Madrid, donde puedes explorar el laboratorio en el que se ha convertido España: laboratorio de un ahondamiento del liberalismo económico –y de una terapia de choque llamada austeridad– pero también laboratorio de nuevas prácticas sociales, económicas y políticas, puestas en marcha por los ciudadanos e impulsadas por el 15M.
eldiario.es colabora en exclusiva para España con esta producción francesa de La Société des Apaches y el Centro Nacional de Cine Francés junto a otros medios europeos, como Mediapart y Courrier International.
No es una crisis est une production de la Société des Apaches, accessible en trois langues (français, castillan et anglais), et dispose d'un blog en castillan et en français. Ce webdocumentaire avait été mis en ligne en avant-première sur Mediapart, puis la semaine dernière également sur les sites de Courrier International et d'Uzbek & Rica (Le magazine qui explore le futur).

"Ils travaillent à un démantèlement de tout ce qu'on avait construit", explique Andrés Rábago... Ce long film de trois heures comporte beaucoup de témoignages (Le clown Leo Bassi, des élèves de l'École Officielle des Langues...) et constitue un récit interactif riche de vingt-cinq vidéos (des séquences téléchargeables), divisé en quatre chapitres aux titres expressifs —qu'on appelle les "QUATRE QUARTIERS DE MADRID" : "Mirage" (les illusions [pyramidales] du boom immobilier [, rien qu'une bulle délirante]) ; "Saccage" (rigueur à tous les étages), "Révolte" (le peuple espagnol en résistance) et "No Future" (L'avenir de l'Espagne sacrifié).
"Chacune de ces parties aborde une thématique liée à la crise économique et à ses conséquences. Dans chaque quartier, on peut cliquer sur les bâtiments et accéder aux vidéos. À la fin de chaque vidéo, une nouvelle séquence vous sera proposée pour poursuivre votre parcours."
  1. Mirage : Tours Bankia (Spéculation et bulle immobilière), Permanence de la PAH (Le fléau des expulsions), Ciudad Valdeluz (Ville recherche habitants), Campement de Cajamadrid (En guerre contre les banques)
  2. Saccage : Université Complutense (Ça coupe dans l'éducation), Torrespaña (Le journalisme en crise), Grève générale (Tous dans la rue !), Hôpital Gregorio Marañón (Privatisons la santé... et les bénéfices publics)
  3. Révolte : Parlement espagnol (Ils ne nous représentent pas !), Puerta del Sol (Le mouvement du 15M), Chez Pilar (Yayoflautas, les retraités en lutte), Atelier du dessinateur El Roto (Dessiner la crise)
  4. No Future : Squat Patio Maravillas (La jeunesse sans futur), École de Langues étrangères (Jeunes, fuyez !), Teatro Alfil (Humour et espoir), Stade du Real Madrid (La liga, championnat de seconde zone)
Où l'on voit bien que les miracles ne sont que des mirages... Ah, cette cécité qui nous regarde...

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À voir également... Vers Madrid,  documentaire réalisé par Sylvain George (Vaulx-en-Velin, France, 1968) autour du mouvement citoyen 15M.
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Mise à jour postérieure :

Michel Collon analyse l'émission "Le Roman de la Crise", de France 2, roman raconté par Pierre Arditi.