lundi 13 mai 2024

Articles qui se sont vu refuser l’entrée à Gaza au moins une fois au cours des six derniers mois

Il y a cinq jours, le docteur John Kahler expliquait, à partir de son expérience sur le terrain, les conséquences catastrophiques du génocide en cours à Gaza. Mis à part l'horreur des bombes, des morts, des destructions, les survivants font face à une situation sanitaire et nutritionnelle épouvantable, au point qu'on ne parvient guère à imaginer rien de plus éprouvant psychologiquement parlant que la torture collective infligée aux Gazaoui.es encore palpitant.es, malgré quoi ils/elles montrent une capacité de résistance mentale qui abasourdit les plus chevronnés —là où les bombardements sont les réveille-matin, dixit le chirurgien Christophe Oberlin.

Vieille tradition, pour endurcir encore les retombées des systématiques massacres qu'elles planifient, les autorités sionistes d'Israël interdisent ou compliquent l'arrivée d'articles de première nécessité en Palestine. 
Philippe Lazzarini, Commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), le soulignait le 12.03.2024. Il affirmait : "Très peu de choses entrent et les restrictions augmentent". La liste des denrées, médicaments, fournitures, matériels, équipements, etc. comprend, selon lui, "des articles de base et vitaux : des anesthésiques, des lampes solaires, des bouteilles d’oxygène et des ventilateurs, aux tablettes de nettoyage de l’eau, aux médicaments contre le cancer et aux kits de maternité".
À cet égard, ce n'est pas l'information qui manque, les puissances génocidaires qui soutiennent Israël le savent parfaitement, témoins, par exemple,...
Dans ce contexte, la Freedom Flotilla Coalition nous envoie un message sur les réseaux sociaux, en collaboration avec le comédien australien d'origine bangladaise Aamer Rahman, qui dresse la liste des articles qui se sont vu refuser l’entrée à Gaza au moins une fois au cours des six derniers mois (j'en propose une traduction en français) et qui prouve une supériorité éminente en matière de sadisme :
La liste choquante des articles interdits d’entrée à Gaza
Coalition de la Flottille de la Liberté, 8.05.2024
Selon l'ONU, si l'agence militaire israélienne COGAT, qui inspecte l'aide humanitaire avant son entrée à Gaza, rejette UN SEUL article, tout le camion d'aide humanitaire est renvoyé. Le fait qu’un État génocidaire soit autorisé à restreindre l’aide alimentaire et médicale apportée aux Palestiniens, au point de bombarder délibérément les Palestiniens et de les affamer délibérément, est horrifiant. La liste des restrictions imposées par Israël comprend tout, depuis les petites joies comme les croissants au chocolat jusqu'aux aides essentielles telles que l'anesthésie, les filtres à eau, les gilets pare-balles, les kits de maternité et bien plus encore. C’est pourquoi les observateurs humanitaires et les gens ordinaires ont rejoint la mission parfaitement légale de la Flottille de la Liberté ; prendre la justice en main, pendant que nos gouvernements restent les bras croisés et nous laissent tous tomber. Merci à Aamer Rahman pour animer cette vidéo.


Aamer Rahman
Aamer Rahman: What do chocolate croissants, animal feed, nail clippers, water filters and solar panels have in common? Well, as well as brutally cutting off, electricity, water and the internet to Gaza, Israel has either denied or restricted access to these items, as well as over 40 other lifesaving necessities like generators and oxygen cylinders for hospitals. Look, the chocolate croissants I get, it’s been well documented that chocolate croissants are, in fact, Hamas’s weapon of choice. Israel’s Iron Dome has literally been overwhelmed in recent weeks by the sheer number of chocolate croissants being launched at it from Gaza. But in all seriousness, if the past six months finally proven anything to the world, it’s that the occupation continuously overrides international law, because like a spoiled, unsupervised child with rich parents, there are absolutely no consequences.
Off: “Israel has blocked the free movement of people and goods in and out of the Gaza Strip for almost two decades. Now, Israeli civilians have started their own blockade.”
“A group of Israeli settlers has blocked trucks transporting humanitarian aid to Gaza. The vehicles were forced to stop at several border crossings. Settlers also destroyed some of the supplies. Aid trucks entering the strip have been attacked repeatedly.”
“Family groups, with their babes in arms, determined to stop aid that is desperately needed by families in Gaza. Children who survive the bombings, may not survive famine. Back in Rafah, aid did not reach 12-year-old Yazan al-Kafarneh.”
Aamer Rahman: FYI, blocking humanitarian aid is a total violation of international law. Here’s the list of what’s been denied entry into Gaza at least once in the past six months:

• anaesthetics / anesthésiques
• animal feed / nourriture pour animaux
• cardiac catheter / cathéters cardiaques
• chemical water testing kits / kits d'analyse chimique de l'eau
• chocolate croissants / croissants au chocolat [ils risqueraient de provoquer une joie indicible]
• crutches / béquilles
• field hospital boxes / unités mobiles pour hôpitaux de campagne
• flak jackets for aid workers / gilets pare-balles pour les travailleurs humanitaires
• fittings for water pipeline repair / raccords pour la réparation des canalisations d'eau
• generators for hospitals / générateurs pour hôpitaux
• green tents & sleeping bags / tentes et sacs de couchage verts
• maternity kits / kits de maternité
• medical thread & scissors / fil et ciseaux médicaux
• mobile desalination units / unités mobiles de dessalement
• nail clippers / coupe-ongles
• obstetric clamps / pinces obstétricales
• oxygen concentrators & cylinders / concentrateurs et bouteilles d'oxygène
• power supply equipment / équipement d'alimentation électrique
• prefabricated shelters / abris préfabriqués
• satellite communication kits / kits de communication par satellite
• scalpels in midwifery kits / scalpels dans des kits de sages-femmes
• solar panels / panneaux solaires
• solar-lamps & flashlights / lampes solaires et lampes de poche
• solar-powered medical refrigerators / réfrigérateurs médicaux à énergie solaire
• spars parts for pumps & generators / pièces de rechange pour pompes et générateurs
• stone fruits / fruits à noyaux
• surgical tools for doctors / outils chirurgicaux pour les médecins
• tap-stand kits for water distribution / kits de bornes-fontaines pour la distribution d'eau
• toys / jouets
• ultrasound equipment / équipement à ultrasons
• ventilators / ventilateurs
• water bladders / citernes souples, réservoirs et cuves d’eau potable ou de pluie
• water filters & purification tablets / filtres à eau et tablettes de purification
• wheel chairs / fauteuils roulants
• glucose measuring devices / appareils de mesure du glucose
• syringes / seringues
• x-ray machines / appareils à rayons X

According to COGAT, that’s the Israeli military agency responsible for authorizing the aid that is allowed to go to Palestinians in Gaza, almost all humanitarian supplies are allowed through, so long as they get to inspect it first. Let’s not forget that while this Israeli agency is doing this, another Israeli military agency is bombing, shelling and shooting Palestinians. But here’s the thing: according to the UN, if Israel rejects one item during inspection, the whole aid truck is rejected and sent back. And if, that’s an enormous if, a truck does get into Gaza, Israeli forces get to decide where, when and how it goes, or doesn’t go. And as we’ve seen from the Zionist dance parties blocking convoys of aid trucks and the widespread images of famine and emaciated babies and children, a disturbingly small amount is getting through.
Before the genocide, at least 500 aid trucks would enter Gaza each day, and that wasn’t enough to meet the level of need Israel created through its inhumane, 18-year, illegal blockade. That’s why people from around the world have taken a perfectly legal measure as called for twice this year by the International Court of Justice to deliver aid themselves, via international waters with the Freedom Flotilla Coalition. Aid that is going to be delivered directly to Palestinians in Gaza. To make sure the Freedom Flotilla, and the hundreds of international human rights observers that are delivering this aid, stay safe and get to Gaza, we need you to keep your eyes on the mission and the pressure up on the streets, at your elected representatives’ offices, and on their phones.
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TÉMOIGNAGE de RUWAIDA AMER, journaliste à Gaza :
(Source: The Electronic Intifada, version originale en anglais, 9.05.2024)
Les infections augmentent à Gaza

Tomber malade pendant une guerre peut être douloureux et troublant.
Je le sais par expérience. Récemment, j'ai été atteint d’une pneumonie.
J'ai obtenu des médicaments dans une clinique d'une école qui est maintenant un refuge pour personnes déplacées.
Mon corps n'a pas répondu au traitement pendant un certain temps. Il est fort probable que mon système immunitaire soit affaibli en raison d’une pauvre alimentation.
Finalement, j'ai récupéré. Mais je sens que je pourrais facilement retomber malade.
Il y en a bien d’autres avec des histoires semblables.
Husam a 13 ans. Lui et sa famille vivent depuis peu sous une tente.
Il nous a expliqué qu’il s’était soudain senti « très fatigué et faible ». Qu'il avait perdu l'appétit et vomissait souvent.
Après des tests effectués dans un hôpital, Husam a reçu un diagnostic d'hépatite A, un virus transmis par l'eau sale.
Des mares d’eaux usées se trouvent autour des tentes où vivent la famille de Husam et d’autres personnes à Rafah, dans le sud de Gaza.
Husam a dû rester dans sa tente pendant plusieurs semaines, sous la surveillance d'une infirmière.
« J'ai pris des médicaments jusqu'à ce que mon état s'améliore », a-t-il déclaré. « Mais je ne me sens pas du tout en bonne santé. »
La seule eau dont il dispose est polluée. Il en boit toujours pour ne pas se déshydrater.

« Pas de protection »

À la suite de l’invasion terrestre de Rafah par Israël, qui a commencé au début de cette semaine [le 7 mai 2024], la ville ne compte désormais qu’ un seul hôpital fonctionnel.
Connu sous le nom d’hôpital Koweïtien, il ne compte que 16 lits.
S'exprimant avant l'invasion, Jamal al-Hams, médecin de cet hôpital, avait déclaré : « Il y a un grand nombre de personnes déplacées de toutes les zones de la bande de Gaza, concentrées à Rafah. Ils vivent dans des conditions très difficiles. »
« Il n'y a aucune protection contre les virus », a-t-il déclaré. « Et la nourriture et la nutrition disponibles ne suffisent pas. L’aide sous forme de conserves ne répond pas aux besoins des populations. »
Avant le début de l’invasion de cette semaine, l’hôpital traitait chaque jour environ 1 000 personnes atteintes de maladies infectieuses, selon al-Hams.
Ce chiffre n’inclut pas les personnes transportées d’urgence à l’hôpital après avoir été blessées lors des attaques israéliennes.
L’Hôpital Européen de Gaza – situé dans la ville méridionale de Khan Younis – est également débordé.
Amal a remarqué que son fils avait une forte température. Après quelques jours, il a été confirmé qu'il souffrait d'hépatite A.
« J’ai gardé mon enfant éloigné de ses frères et sœurs pour qu’il ne leur transmette pas l’infection », a-t-elle expliqué. « Je ne peux pas faire plus pour lui. »
Amal et sa famille vivent sous une tente à l'hôpital.
« Il n’y a pas assez d’eau et il n’y a pas de toilettes propres », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’un grand nombre de personnes déplacées utilisent les mêmes toilettes.
« Si nous survivons aux bombardements, nous ne survivrons pas aux maladies et à la pollution », a-t-elle déclaré.
Selon certaines estimations, 30 000 personnes auraient désormais cherché refuge à l'Hôpital Européen. Des flaques d'eaux usées sont visibles dans son enceinte et de nombreux déchets se sont accumulés à l'intérieur et autour de l'hôpital.
Il y a une odeur nauséabonde et un problème majeur avec les moustiques. L’administration de l’hôpital a prévenu que les services pourraient s’effondrer à tout moment.
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TÉMOIGNAGE de Nick Maynard, chirurgien d'Oxford.
Au retour de Gaza, de son deuxième voyage là-bas depuis le 7 Octobre, il raconte l'éprouvante réalité des Palestiniens.
(Source: Freedom Flotilla Coalition, 12.05.2024)
I'm a surgeon, I had two young female patients, Tala, who was 16, Lama, who was 18, both of whom had survivable injuries, both of whom died last week as a direct result of malnutrition. 
I've just returned from Gaza, from my second trip there since October the 7th. I came out of Rafah, one of the last people to leave on Monday [6.05.2024]. What I saw over the last two weeks: the first thing I'd like to highlight, really, is the direct targeting of healthcare workers. We know about this. We know that the hundreds that have been killed, and also hundreds that have been abducted. I met two young healthcare workers, who I knew, and spent a considerable time with them last week - one young doctor, one young nurse, both of whom has been abducted, one of them kept in captivity for 45 days, the other one for 60 days, giving me very graphic and stark descriptions of their daily torture at the hands of the Israel Defence Force (IDF), and we, of course, we know there are many, many other examples like this, but hearing it from those individuals themselves was extremely harrowing, and I think, there will be many other stories like that.
Over Christmas and New Year, I spent the whole two weeks operating all the time on major, explosive injuries to the abdomen and to the chest. And it was really nonstop, but the very strong narrative of the patients I was treating over the last two weeks, were those with terrible infective complications as a direct result of malnutrition, and this was very stark indeed. And I operated on many patients in the last two weeks who had awful complications from their abdominal surgery related to inadequate nutrition, and particularly those with abdominal wall breaking down. So, literally, their intestines end up hanging outside and the intestinal repairs that have been carried out to deal with the damage to the bowels, leaking, so their bowel contents leaking out from different parts of the abdomen, covering their bodies, covering their beds.
The lack of resources to deal with, these inadequate numbers of colostomy bags, wound management devices and nutritional support; and they get this vicious cycle of malnutrition, infection, wounds breaking down, more infection, more malnutrition. So, it's devastating, and we will see far more of that over coming months.

Je suis chirurgien, j'ai eu deux jeunes patientes, Tala, âgée de 16 ans, et Lama, âgée de 18 ans, qui avaient toutes deux survécu à des blessures, qui sont toutes deux décédées la semaine dernière des suites directes de malnutrition. Je reviens tout juste de Gaza, de mon deuxième voyage là-bas depuis le 7 octobre. Je suis sorti de Rafah, l'un des derniers à partir lundi [6.05.2024]. Ce que j'ai vu au cours des deux dernières semaines : la première chose que je voudrais vraiment souligner, c'est le ciblage direct des travailleurs de la santé. Nous sommes parfaitement au courant. Nous savons qu'il y a des centaines de personnes qui ont été tuées, mais aussi des centaines qui ont été enlevées. J'ai rencontré deux jeunes professionnels de santé que je connaissais et j'ai passé beaucoup de temps avec eux la semaine dernière - un jeune médecin, une jeune infirmière, tous deux enlevés, l'un gardé en captivité pendant 45 jours, l'autre pendant 60 jours, et ils m’ont donné des descriptions très graphiques et crues de leur torture quotidienne aux mains des Forces de Défense israéliennes (FOI), et nous, bien sûr, nous savons qu'il existe de nombreux autres exemples de ce type, mais l’écoute directe de ce que disaient ces individus en particulier était extrêmement pénible, et je pense qu'il y aura beaucoup d'autres histoires de ce genre. À Noël et au Nouvel An, j'ai passé deux semaines entières à opérer en permanence des blessures graves et explosives à l'abdomen et à la poitrine. Et c'était vraiment sans arrêt, mais le récit le plus dur des patients que j’ai traités au cours des deux dernières semaines concernerait ceux qui souffraient de terribles complications infectieuses résultant directement de la malnutrition, et c'était vraiment très frappant. Et j'ai opéré de nombreux patients au cours des deux dernières semaines qui présentaient d'horribles complications à la suite de leur chirurgie abdominale liées à une nutrition inadéquate, et en particulier ceux dont la paroi abdominale se dégradait. Ainsi, littéralement, leurs intestins finissent par pendre à l'extérieur et les réparations intestinales qui ont été effectuées pour traiter les dommages causés aux intestins, par s’écouler, de sorte que leur contenu intestinal s'échappe de différentes parties de l'abdomen, recouvrant leur corps, se répandant sur leurs lits. Le manque de ressources pour faire face, ce nombre insuffisant de sacs de colostomie, de dispositifs de traitement des plaies et de soutien nutritionnel… et ils subissent ce cercle vicieux de malnutrition, d’infection, de blessures qui se brisent… encore d’infection, toujours de malnutrition. C’est donc dévastateur, et nous en verrons bien davantage dans les mois à venir.

vendredi 10 mai 2024

Le Docteur John Kahler explique les conséquences catastrophiques du génocide en cours à Gaza

Le docteur John Kahler s'est récemment exprimé, concrètement le 8.05.2024, lors d'une conférence de presse d'urgence à Rafah et a partagé son expertise sur les conséquences catastrophiques du génocide en cours et de la famine délibérée des Palestiniens à Gaza.

Avec plus de 25 ans d'expérience dans le domaine de la santé mondiale, il a cofondé l'admirable MedGlobal en 2017 et a travaillé partout dans le monde, plus récemment à Gaza, où il a été témoin des conditions de vie horribles et de la famine, qui ne font que s'intensifier depuis l'invasion de Rafah.


TRANSCRIPTION : “Rafah could literally be fit into the perimeter of the Istanbul airport. That’s the size you’re talking about. 100% of children are suffering. 100% of the population are calorically deprived and, please don’t forget, the first effect of hunger is pain. So, a five-year-old can tell you this, a five-month-old can’t. And between October and March, I’ve been there twice since. Between October and March, the concentration of people has gone from 7.000 per square mile to 57.000 per square mile. So, when people talk about concentration and congestion, that’s the level they’re talking about. People can go for a long time with substandard caloric intake, and as a matter of fact before all this crisis, these children were getting probably no more than 80% of their caloric load anyway. We’re now at a tipping point. We’re six to eight months into this crisis, and it’s at that time that the immunological system begins to break down. It’s at that time where infections and complications start. We’re talking about a group of children between five months and five years, all of which who are suffering. So, when you see these kids, staring off into nowhere, they’re hungry. They’re concentrating on what they don’t have.”

VERSION EN FRANÇAIS : « Rafah pourrait littéralement s’insérer dans le périmètre de l’aéroport d’Istanbul. Voilà la taille dont on parle. 100% des enfants souffrent. 100 % de la population est dépourvue de calories et, ne l’oubliez pas, le premier effet de la faim est la douleur. Ainsi, un enfant de cinq ans peut vous le dire, un enfant de cinq mois ne le peut pas. Et entre octobre et mars, j’y suis allé deux fois. Entre octobre et mars, la concentration de personnes est passée de 7 000 habitants au kilomètre carré à 57 000 habitants au kilomètre carré. Ainsi, lorsque les gens parlent de concentration et de congestion, c’est de cela qu’ils parlent. Les gens peuvent vivre longtemps avec un apport calorique inférieur aux normes, et en fait, avant toute cette crise, ces enfants ne recevaient probablement pas plus de 80 % de leur charge calorique de toute façon. Nous sommes maintenant à un point critique. Nous sommes dans cette crise depuis six à huit mois, et c’est à ce moment-là que le système immunologique commence à s’effondrer. C’est à ce moment-là que commencent les infections et les complications. Nous parlons d’un groupe d’enfants âgés de cinq mois à cinq ans, qui souffrent tous. Alors, quand vous voyez ces enfants, le regard tourné vers nulle part, ils ont faim. Ils se concentrent sur ce qu’ils n’ont pas. »

À propos de calories, cf. Jonathan Cook (Israel's Starvation Diet for Gaza, The Electronic Intifada, Nazareth, 24.10.2012), Rony Brauman (L'objectif israélien est de faire disparaître les Palestiniens, Blast, 25.04.2024) ou Ilan Pappé, Crisis in Zionism, Opportunity for Palestine?, conférence tenue au Booth Auditorium (Room 175), UC Berkeley Law School, 19.10.2023 ; 19h00 (c'est moi qui met la phrase en gras) :

(...) People were celebrating love and peace while the people of Gaza, 2 kilometres from that fence, were under one of the most brutal siege in human history, that was going on for more than 15 years, controlled by the Israelis deciding how many calories are getting into the Gaza Strip, deciding who goes in, who goes out, and keeping two million people in the biggest open prison on Earth. All these contexts allow you to navigate, I think, morally without losing that context, but far more important than the immediate context and even the context of the siege and this is what I would like to focus tonight is the fact that one of the biggest challenges, as activists for Palestine or scholars on Palestine who are activists, is that we cannot challenge decades of propaganda, and fabrication, and counter-narrative, with sound bites: this is our main problem, I think. We need space, we need time to explain the reality, because so many outlets, so many sources of information, so many places where knowledge is produced have portrayed a picture, an analysis of Palestine which is false, fabricated and… has been built throughout the years, with the help of Academia, the media, Hollywood, TV series and so on. (...)"

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EXTRAITS DES DÉCLARATIONS DU DOCTEUR JOHN KAHLER :
« Nos patients meurent à cause du manque de fournitures, de ressources et du manque de personnel. »
« Ce n’était pas bien avant tout ça. Et si vous ajoutez 1,2 million de personnes à cela, cela compromet complètement les soins [médicaux] », a déclaré Kahler. « En plus de cela, il n’y a pas d’eau potable, pas d’hygiène, pas d’espace sûr pour dormir. »
« C’est un jeu de société auquel [l’armée israélienne] joue, sauf qu’elle y joue avec des gens. C’est apocalyptique », a déclaré Kahler. « J’ai visité beaucoup d'endroits durs dans ma vie : Haïti, le Yémen, la Syrie. Je pensais que j'étais prêt", a-t-il déclaré. « À la seconde où je suis sorti du contrôle de l’immigration [à la frontière avec l’Égypte], il n’y avait pas de lumière. Tout ce que vous voyez, ce sont des incendies. C'est l'odeur. Vous pouvez le sentir dans votre peau. … Cela m’a saisi comme si rien ne m’avait jamais saisi dans ma vie. » (Cf. Chicago Suntimes

jeudi 9 mai 2024

Macklemore, HIND'S HALL

Macklemore, so far, I didn't know you. Now, I do. Thanks a lot!!!




Les crochets et les liens sont toujours de mon cru.

HIND'S HALL, Written and Produced by Macklemore.
Sample: "Ana La Habiby" by Fayrouz.

Video by Macklemore
Subtitles by Charles Boonsu

[À propos de censure. Et de propagande de guerre et de répression en général. Partout. Brutale (ça fait des décennies que nous savons que la Palestine est un sujet cruciale pour l'humanité et que le monde États-Unis-Europe est une peste infernale sans remède).]

Select Video Footage by:
Omar - @omaronig
Habibi House - @habibihousepodcast

Lyrics / Paroles / Letra:

Yeah
The people they won’t leave
What is threatening
about divesting and wanting peace?
The problem isn’t the protests
it’s what they’re protesting
Cause it goes against
what our country is funding
Block the barricade until Palestine is free
Block the barricade until Palestine is free
When I was 7, I learned a lesson
from Cube and Eazy E
What was it again?
Oh, yeah:
Fuck the police
Actors in badges
protecting property
And a system that was designed
by white supremacy

But the people are in the streets
You can pay off Meta
you can’t pay off me
Politicians who serve by any means
AIPAC, CUFI and all the companies
You see we sell fear around the land of the free
But this generation here
is about to cut the strings.

You can ban Tik Tok
take us out the algorithm
But it’s too late we’ve seen the truth, we bare witness
We’ve seen the ruble, the buildings
the mothers, the children
And all the men that you murdered
and then, we see how they spin it

Who gets to the right to defend
and who gets the right of resistance
Has always been about dollars
and the color of your pigment
But
White supremacy is finally on blast
Screaming free Palestine
until they’re home at last.
We see the lies in them
Claiming it’s antisemitic
to be anti-Zionist
I’ve seen jewish brothers and sisters out there and riding
In solidarity and screaming
free Palestine with them
Organizing, unlearning
and finally cutting ties with a
State
that’s gotta rely on an apartheid system
To uphold an occupying violent
History been repeating for the last 75
The Nakba never ended,
the colonizer lied.

If some kids in tents,
posted on the lawn
occupying the quad
is really against the law
And a reason to call
in the police
and their squad
where does genocide land
in your definition, huh?
destroying every college in Gaza and every mosque
pushing everyone into Rafah and dropping bombs
The blood is on your hands Biden,
we can see it all
And fuck no
I’m not voting for you in the fall.

Undecided,
you can’t twist the truth
The people out here
united
never be defeated when Freedom’s on the
horizon
Yet the music industry’s quiet
complicit in their platform of silence.

What happened to the artist
what do you got to say?
If I was on a label,
you could drop me today
And be fine with it
cause the heart fed my page
I want a ceasefire
fuck a response from drake.

What you willing to risk?
What you willing to give?
What if you were Gaza?
What if those were your kids?
If the west was pretending that you didn’t exist
You’d want the world to stand up
And the students finally did
Let’s get it.

dimanche 28 avril 2024

Rafeef Ziadah: Nous enseignons la vie, Monsieur

We teach life, sir... (2008).

C'est Rafeef Ziadah (Rafif Ziadah) qui nous montre comment réussir à faire bonne contenance, sans perdre la rage et le sumud, quand un civilisé vous pose une question scélérate, particulièrement infecte, au sujet de votre peuple martyrisé. C'était lors d'un énième massacre sioniste, concrètement Plomb Durci (2008-2009) ; un journaliste canadien eut l'aplomb très durci de lui demander « Mademoiselle Ziadah, vous ne pensez pas que tout serait résolu si vous cessiez au moins d’enseigner toute cette haine à vos enfants ? »

V.O.S. en castillan par Patricia Bobillo Rodríguez.
Je reproduis en bas de page la traduction proposée par Charleroi pour la Palestine

Contre le Dieu des gratte-ciels et des terres promises, sa foi et celle de son peuple est un Handala attaché et entouré de soldats.
Elle est trois générations de palestiniennes qui n'ont jamais dépassé la quarantaine, trois générations de femmes palestiniennes joie et amour contre des ciels d'acier...


Olga Rodríguez vient de publier un entretien avec elle après une performance émouvante au Círculo de Bellas Artes, à Madrid, le 16.04.2024.

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Nous enseignons la vie, Monsieur

Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé.
Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé censé ne pas aller au-delà des brèves citations et des limites des mots.
Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé censé ne pas aller au-delà des brèves citations et des limites des mots, suffisamment remplies de statistiques pour s’opposer à une riposte mesurée.
Et j’ai peaufiné mon anglais et j’ai appris mes résolutions de l’ONU.
Et pourtant, il m’a demandé : « Mademoiselle Ziadah, vous ne pensez pas que tout serait résolu si vous cessiez au moins d’enseigner toute cette haine à vos enfants ? »

Pause.

J’ai cherché en mon for intérieur la force d’être patiente, mais la patience n’est pas au bout de ma langue pendant qu’ils larguent des bombes sur Gaza.
La patience vient précisément de m’échapper.

Pause. Sourire.

Nous enseignons la vie, Monsieur.
Rafeef, n’oublie pas de sourire.

Pause.

Nous enseignons la vie, Monsieur.
Nous, Palestiniens, enseignons la vie après qu’ils ont occupé le dernier ciel.
Nous enseignons la vie après qu’ils ont bâti leurs colonies et leurs murs de l’apartheid, au-delà des derniers cieux.
Nous enseignons la vie, Monsieur.
Mais, aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé censé ne pas aller au-delà des brèves citations et des limites des mots.
Et ne nous donnez qu’un récit, un récit humain.
Vous comprenez, ceci n’a rien de politique.
Nous voulons seulement parler aux gens de vous et de votre peuple, et faites-nous donc un récit humain.
Ne mentionnez pas ces mots : « apartheid » et « occupation ».
Ceci n’a rien de politique.
Vous devez m’aider, moi, en tant que journaliste, à vous aider à raconter votre histoire qui n’a rien d’une histoire politique.

Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé.
Que diriez-vous de nous parler de l’histoire d’une femme de Gaza qui a besoin de médicaments ?
Ou de nous parler de vous ?
Avez-vous suffisamment de membres aux os brisés pour couvrir le soleil ?
Passez-moi vos morts et donnez-moi la liste de leurs noms sans dépasser les mille deux cents mots.

Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé censé ne pas dépasser les brèves citations et les limites des mots, mais émouvoir ceux qui sont devenus insensibles au sang terroriste.
Mais ils se sont sentis désolés.
Ils se sont sentis désolés pour le bétail à Gaza.
Et ainsi donc, je leur donne les résolutions de l’ONU et les statistiques et nous condamnons, et nous déplorons, et nous rejetons.
Et ce ne sont pas deux camps égaux : l’occupant et l’occupé.
Et cent morts, deux cents morts, et un millier de morts.
Et entre ce crime de guerre et ce massacre, je crache des mots et je souris sans « rien d’exotique », « rien de terroriste ».
Et je recompte, je recompte : cent morts, un millier de morts.
Il y a quelqu’un, là, dehors ?
Y aura-t-il quelqu’un pour écouter.
Je voudrais pouvoir pleurer sur leurs corps.
Je voudrais pouvoir courir pieds nus dans chaque camp de réfugiés et prendre à bras tous les enfants, couvrir leurs oreilles pour qu’ils ne doivent plus jamais entendre le bruit des bombes le reste de leur vie comme moi je l’entends.
Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé.
Et permettez-moi de vous dire ceci, rien que ceci. Rien, vos résolutions de l’ONU n’ont jamais rien fait, à ce propos.
Et aucune des mes brèves paroles, aucune parole que je sortirai, et qu’importe que mon anglais s’améliore, aucune parole, aucune parole, aucune parole, aucune parole ne les ramènera à la vie.
Aucune parole ne fera cela.
Nous enseignons la vie, Monsieur.
Nous enseignons la vie, Monsieur.
Nous, Palestiniens, nous nous réveillons chaque matin pour enseigner au reste du monde la vie.

Monsieur.

mardi 2 avril 2024

Les média du pays d'Astérix soutiennent les Romains

Tout comme ses gouvernants.

Sont-ils fous, ces gendétats et experts gaulois
Non, ils/elles ne sont pas fous/folles, mais juste des psychopathes bien rémunéré.es fabriquant la romanisation des esprits, innocentant les responsables d'un vrai, planifié, Grand Remplacement —qui dans ce but n'hésitent pas à recourir à un génocide progressif ("Incremental genocide", Ilan Pappé dixit, voir ci-dessous)—

 
 
...et diabolisant leurs irréductibles victimes. Voilà pourquoi ils nous expliquent que les Romains ont été agressés et qu'ils ont le droit de se défendre. Au nom de nos valeurs, ils blanchissent la pulvérisation des jetables, des moins que rien, des monstres des ténèbres.

Dans le cas des Gazaoui.es —car il ne faut pas oublier les autres Palestinien.nes—, ces assiégé.es irréductibles en cage sont pilonné.es à répétition à l'intérieur d'une palissade d'acier et de béton high tech, longue de 65 kilomètres, « prouesse technologiquement avancée et innovante » qui a coûté aux Romains la bagatelle de plus d'un milliard de dollars. Mais il ne fallait pas lésiner sur la grande foire au grand savoir-faire sioniste pour que les affaires puissent reprendre de plus belle ; c'est l'avantage des « villages des fous » et des « animaux humains », dont il faut profiter : ils habilitent —double rendement— l'extermination dans l'innocence (1). 
Quant aux palissades des Romains, rappel : le 19.05.2021, des Israéliens juifs qui partagent notre indignation avaient signé et mis en ligne une pétition et cette vidéo :


Blast et ACRIMED analysent —et nous montrent— ce qu'ils appellent un naufrage médiatique sans précédent dans le pays d'Astérix. Merci vraiment pour cette abnégation contre tant de négationnisme, contre tant de culot (2) assis couvrant un génocide...

En fait, en matière médiatique, ce que nous subissons (nous, les naufragés de la politique), c'est un contrôle presque totalitaire de toutes les narrations qui intéressent les Romains, hydre à plusieurs têtes, y compris celles d'un « vanquished empire » dont les derniers sursauts n'arrêtent pas de nuire.

Voici cette analyse d'ACRIMED au sujet de la presse libre et plurielle, tellement attachée et univoque (univocus, de unus et vox), tellement chantre des impérieux génocides impériaux, y compris proxy —et tellement pas-pipante sur l'hécatombe hystérétique de la Guerre Impériale Permanente :


Où l'on voit que les grands-messes de la grande presse sont comme l'Histoire, ni justes ni élégantes, pour reprendre les mots du poète palestinien Mahmoud Darwish. 
Onfray soit qui y participe !

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CODA : En réalité, les gouvernants et les média du pays d'Astérix sont loin d'être les seuls lèche-culs des Romains (oui, États-Unis et Israël, du pareil au même, notre mal empire) : l'ensemble des nations de l'Atlanticus Septentrionalis est soumis au même joug proconsulaire et à pareil psittacisme médiatique. Noemi Klein l'a souligné il y a quelques semaines, le 24 février 2024, avec justesse et optimisme de la volonté. Prédateurs séparatistes et sans états d'âme, "ils sont unis dans une vision suprémaciste commune qui vise à assurer la sûreté et la sécurité de quelques-uns. Cette vision sous-tend leur refus inébranlable de s’attaquer de quelque manière que ce soit aux moteurs sous-jacents de ces crises : le capitalisme, la croissance illimitée, le colonialisme, le militarisme, la suprématie blanche, le patriarcat. Comme le dit Sherene Seikaly, nous sommes « à l’ère de la catastrophe » et « la Palestine est un paradigme »."

     Dans un puissant discours prononcé au festival « Still We Rise », Naomi Klein affirme que la défense des crimes d’Israël est une vision suprémaciste qui unit les classes politiques mondiales.
(...) Dans votre pays comme dans le mien, il n’existe pas de commandement moral hormis celui issu de la base. Tout ce que nous avons, c'est l'un l'autre. Nous devrions y réfléchir car cela fait partie de l’horreur et du vertige du moment historique que nous vivons. La campagne d'anéantissement menée par Israël contre Gaza et contre les Palestiniens n'est pas le premier génocide de l'histoire moderne. Ce n’est pas la première fois que des forces ouvertement fascistes font fusionner une idéologie violente et suprémaciste avec une détermination apparemment illimité à éliminer un peuple qu’elles considèrent comme une menace démographique. Ce qui est unique, au moins depuis l’ère des génocides coloniaux ouverts, c’est l’unité que ce carnage a inspirée parmi les élites politiques du Nord et, dans une certaine mesure, au-delà. [Après tout, lorsque le fascisme est apparu en Europe dans les années 1930, il avait de puissants partisans dans nos classes politiques, mais aussi de puissants opposants. C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. Partout à travers tout l’éventail politique, depuis l’extrême droite enragée jusqu’au centre-gauche hypocrite, nous avons vu des acteurs puissants mettre de côté leurs différences partisanes pour s’unir afin de soutenir activement ces crimes contre l’humanité. Loin de fracturer notre classe politique, cette itération du fascisme l’a unie :] Donald Trump est d'accord avec Joe Biden, Rishi Sunak avec Kier Starmer, Emmanuel Macron avec Marine Le Pen, Justin Trudeau avec Georgia Meloni, Victor Orbán avec Narendra Modi. Le message envoyé est simple : les bulles dorées de sécurité et de luxe relatifs qui parsèment notre monde cruellement divisé et en réchauffement rapide seront « protégées » à tout prix, y compris par la violence génocidaire.
Dans les nombreuses régions pillées de notre planète, ce message obscène a été pleinement reçu. Gustavo Petro, le courageux président colombien, en a immédiatement déchiffré le sens. En octobre, quelques jours seulement après le début de l'attaque israélienne, il déclarait : « La barbarie de la consommation basée sur la mort d'autrui nous conduit à une montée sans précédent du fascisme et, par conséquent, à la mort de la démocratie et de la liberté. » « C'est de la barbarie ou du 'Global 1933'. » Dans l'attaque d'Israël et le soutien des gouvernements du Nord et des forces de droite du Sud, il a également vu un avant-goût d'un avenir partagé, déclarant, et je cite encore : « Ce que nous voyons en Palestine sera aussi la souffrance du monde de tous les peuples du Sud. » (...)

Cliquez ici pour accéder à la totalité de son discours en version française.

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(1) Remarque de l'équipe Sandra Lucbert-Frédéric Lordon légèrement modifiée quant au choix du noyau nominal par ce Candide : ils disent domination dans l'innocence. D'une manière générale, nous étions déjà prévenus par Galbraith que la fraude des Seigneurs est toujours innocente. Le sarcasme étymologique est considérable, car in-nocent est celui qui ne nuit pas, qui ne s'adonne pas à « nocere ». "(...) but it is not permissible that the authors of devastation should also be innocent. It is the innocence which constitutes the crime", James Baldwin dixit dans sa lettre à son neveu James, le 1.12.1962, un texte superbe qu'on peut appliquer crème à tous les chœurs d'innocents du monde de la prédation innocente, donc à Israël et les Sionistes dans le cas échéant. Preuve, en extraits : 
"(...) this is the crime of which I accuse my country and my countrymen and for which neither I nor time nor history will ever forgive them, that they have destroyed and are destroying hundreds of thousands of lives and do not know it and do not want to know it. (...) This innocent country set you down in a ghetto in which, in fact, it intended that you should perish. (...) You were born into a society which spelled out with brutal clarity and in as many ways as possible that you were a worthless human being. (...) The details and symbols of your life have been deliberately constructed to make you believe what white people say about you. Please try to remember that what they believe, as well as what they do and cause you to endure, does not testify to your inferiority, but to their inhumanity and fear. / Please try to be clear, dear James, through the storm which rages about your youthful head today, about the reality which lies behind the words "acceptance" and "integration." There is no reason for you to try to become like white men and there is no basis whatever for their impertinent assumption that they must accept you. The really terrible thing, old buddy, is that you must accept them, and I mean that very seriously. You must accept them and accept them with love, for these innocent people have no other hope. They are in effect still trapped in a history which they do not understand and until they understand it, they cannot be released from it. They have had to believe for many years, and for innumerable reasons, that black men are inferior to white men. (...) I said it was intended that you should perish, in the ghetto, perish by never being allowed to go beyond and behind the white man's definition, by never being allowed to spell your proper name. You have, and many of us have, defeated this intention and by a terrible law, a terrible paradox, those innocents who believed that your imprisonment made them safe are losing their grasp of reality. (...) this is your home, my friend. Do not be driven from it. (...) you come from sturdy peasant stock, men who (...) in the teeth of the most terrifying odds, achieved an unassailable and monumental dignity. (...)"
(2)  CULOT :  1  Partie inférieure de certains objets. 2  Ce qui s'amasse au fond d'un récipient. ◆ Résidu qui se forme au fond d'une pipe. 3  Élève qui est le dernier de sa classe. 4  Assurance effrontée. © 2023 Éditions Le Robert - Le Petit Robert de la langue française.

mardi 12 mars 2024

Hajo Meyer ou la conscience éveillée contre toutes les horreurs suprémacistes

Hajo Meyer (12.08.1924-23.08.2014) était un physicien néerlandais, né à Bielefeld (Allemagne). Mais il était aussi un Juif rescapé d'Auschwitz. Je me rappelle qu'il avait dit : « Si nous devons véritablement demeurer des êtres humains, nous devons nous lever et qualifier les Sionistes pour ce qu’ils sont : des criminels Nazis ». Où l'on voit la lucidité se joindre à l'honnêteté.
Parmi mes papiers, je vois qu'à la réunion au Grosvenor Hall, à Belfast, le vendredi 29 janvier 2010, il avait tenu un discours où il avait condamné l'utilisation abusive de l'holocauste à des fins politiques et comparé le traitement réservé par Israël aux Palestiniens au traitement réservé aux Juifs par les Nazis, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Juste deux mois plus tard, le 29 mars 2010, sur un blog déjà fermé pour collaborateurs du HuffPost, il publia un bref billet éloquent à ce sujet, An Ethical Tradition Betrayed, qu'il faut lire dans son intégralité. Ses deux derniers paragraphes disaient :
I am pained by the parallels I observe between my experiences in Germany prior to 1939 and those suffered by Palestinians today. I cannot help but hear echoes of the Nazi mythos of "blood and soil" in the rhetoric of settler fundamentalism which claims a sacred right to all the lands of biblical Judea and Samaria. The various forms of collective punishment visited upon the Palestinian people -- coerced ghettoization behind a "security wall"; the bulldozing of homes and destruction of fields; the bombing of schools, mosques, and government buildings; an economic blockade that deprives people of the water, food, medicine, education and the basic necessities for dignified survival -- force me to recall the deprivations and humiliations that I experienced in my youth. This century-long process of oppression means unimaginable suffering for Palestinians.
It is not too late to learn a different lesson from Auschwitz. For example, in the last year, the International Jewish Anti-Zionist Network has become a means for many -- including young Jews in the United States -- to challenge the precepts of Zionism and support the Palestinian call for boycott, divestment and sanctions against Israel. Their goal, and mine, is to challenge the dispossession and exclusivity of a Jewish state, in their names and in mine. They understand the urgency of the classical Jewish concept of teshuvah, return from the wrong road. Further, they understand that the pursuit of justice and making ethically positive sense out of senseless suffering is not only part of an ancient Jewish interpretation and shaping of history, but is crucial for all of us in creating the world we want to live in, and to our moral survival. 
En français :
Je suis peiné par les parallèles que j’observe entre mes expériences en Allemagne avant 1939 et celles vécues par les Palestiniens aujourd’hui. Je ne peux m'empêcher d'entendre des échos du mythe nazi du « sang et de la terre » dans la rhétorique du fondamentalisme des colons qui revendique un droit sacré sur toutes les terres de la Judée et de la Samarie biblique. Les diverses formes de punition collective infligées au peuple palestinien : ghettoïsation forcée derrière un « mur de sécurité » ; le rasage des maisons et la destruction des champs ; le bombardement d'écoles, de mosquées et de bâtiments gouvernementaux ; un blocus économique qui prive les gens d'eau, de nourriture, de médicaments, d'éducation et des produits de première nécessité pour une survie digne - me force à rappeler les privations et les humiliations que j'ai vécues dans ma jeunesse. Ce processus d’oppression qui dure depuis un siècle entraîne des souffrances inimaginables pour les Palestiniens.
Il n’est pas trop tard pour tirer une autre leçon d’Auschwitz. Par exemple, l’année dernière, le Réseau Juif Antisioniste International est devenu un moyen pour beaucoup – y compris les jeunes Juifs aux États-Unis – de remettre en question les préceptes du Sionisme et de soutenir l’appel palestinien au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël. Leur objectif, et le mien, est de contester la dépossession et l’exclusivité d’un État juif, en leur nom et en mon nom. Ils comprennent l’urgence du concept juif classique de techouva, le retour du mauvais chemin. En outre, ils comprennent que la poursuite de la justice et la détermination à donner un sens éthiquement positif à des souffrances insensées ne font pas seulement partie d’une ancienne interprétation et façonnement juifs de l’histoire, mais sont cruciales pour nous tous dans la création du monde dans lequel nous voulons vivre, et à notre survie morale.
Meyer raisonne dans cette vidéo la similitude entre Nazis et Sionistes


Hajo Meyer était, donc, l'exact contraire d'un Theodor Herzl qui avait proféré cette abjection dans la conclusion (Schlusswort) de Der Judenstaat, son ouvrage fondateur du Sionisme :
„Die allgemeine Verbrüderung ist nicht einmal ein schöner Traum. Der Feind ist nötig für die höchsten Anstrengungen der Persönlichkeit.“ [« La Fraternité universelle n’est même pas un beau rêve. L’ennemi est nécessaire pour que surgissent les efforts les plus élevés de la personnalité. » (Éd. La Découverte, édition et traduction de Claude Klein)]
Six jours avant son décès, Hajo Meyer avait eu le temps d'être le premier signataire d'un texte collectif de condamnation du massacre de Gaza de 2014, l'opération criminelle dite Protective Edge. C'étaient 250 Juifs survivants ou descendants de survivants de l'Holocauste dont Suzanne Weiss, qui argumentait fort bien leur position humaine et politique : 'Hitler's holocaust must mean never again for anyone -especially the Palestinians.’ Never again for anyone : plus jamais pour personne !

lundi 26 février 2024

Avi Shlaim discute de son expérience de Juif d'Iraq en Israël et de sa vision historique d'Israël

Les juifs européens avaient tendance à nous considérer comme socialement et culturellement inférieurs. Ils attachaient également des connotations négatives à la langue arabe. Non seulement l’arabe était la langue de « l’ennemi », mais elle était généralement considérée comme laide et primitive.

[Ma] famille a été contrainte de quitter le pays [l'Irak], notamment parce qu’en facilitant la prise de contrôle de la Palestine par les sionistes, la Grande-Bretagne a contribué à alimenter l’hostilité des musulmans à l’égard des juifs dans l’ensemble du monde arabe.

Le sionisme a mis l’accent sur le lien historique du peuple juif avec sa terre ancestrale au Proche-Orient, mais il a donné naissance à un État qui s’identifiait presque exclusivement à l’Occident dans son orientation culturelle et géopolitique. Israël se considérait, et il était considéré par ses ennemis, comme une extension du colonialisme européen au Proche-Orient, comme étant « dans » le Proche-Orient, mais pas « de » lui. Dans ce type d’État eurocentrique, il était difficile pour des personnes comme mes grands-mères de se sentir chez elles.

Avi Shlaim, Three Worlds. Memoir of an Arab-Jew, juin 2023.
(Extraits traduits en français par Orient XXI, 18 juillet 2023)



Ou quand la sérénité réussit à transmettre des évidences.

En paraphrasant en partie George Orwell, nous écrivons parce qu’il y a un mensonge que nous tenons à balancer, des faits remarquables, omis ou tenus en demi-silence, sur lesquels nous voulons attirer l’attention. Dans ce sens, les paroles d'Avi Shlaim valent littéralement la peine, constituent une crème contre les rides, les oublis, les manipulations et les impostures dans un sujet central pour l'humanité, la cause palestinienne. Son témoignage personnel est celui, plus qu'éloquent, d'un Juif mizra’h transplanté en 1950 dans la nouvelle et délirante entité sioniste, et soumis à son aberration en marche. Son récit analytique est celui d'un historien irako-israélien —richissime en vie et en études, débiteur aujourd'hui notamment de Ella Shohat, Edward Saïd ou Orit Bashkin— qui après avoir appliqué pour de bon la méthode historique la plus rigoureuse, est parvenu à dévoiler une formidable mystification mondiale, le narratif sioniste destiné, d'un côté, à rendre patte blanche à une opération coloniale, raciste et génocidaire de nettoyage ethnique, de l'autre, à flétrir la réputation des victimes (des massacrés, spoliés, bannis, humiliés, écroués, mutilés et torturés) : les Palestiniens. Témoignage et récit qui en disent long sur les mythes d'Israël et du Sionisme, entité et idéologie coloniales brutales, et sur l'enterrement criminel des droits palestiniens les plus élémentaires depuis notamment 1947.

Disons par ailleurs que sa déclaration et son parcours personnel ressemblent énormément à ceux de Naeim Giladi (1), Juif irakien devenu anti-sioniste, comme Shlaim, à force d'expérience et de recherches. Au bout du compte, l'organisation sioniste en castes ab ouo, théorisée et pratiquée, aux effets (relents) sociaux, politiques, économiques et culturels toujours persistants, toujours persistants, est hors de doute.

Même si je ne suis pas ou je n'ai pas toujours été d'accord avec cet homme honnête (2), honneur à Avi Shlaim pour beaucoup de choses et, concrètement, pour son discours dans cet entretien. Né en Iraq, au sein d'une famille irakienne, émigré en Israël à l'âge de 5 ans, britannique aujourd'hui. "Il parle à TRT World de la façon dont les Juifs vivaient en paix dans le monde arabe et musulman avant le Sionisme et l'importation de la judéophobie de l'Europe." Une vingtaine de minutes à ne pas rater.


TRT World, 16 févr. 2024
British-Israeli historian Professor Avi Shlaim was born in Iraq to Jewish parents in 1945, and moved to the newly established State of Israel as a 5-year-old. He speaks to TRT World about how Jews lived peacefully in the Arab and Muslim world before Zionism and the import of anti-Semitism from Europe.

00:00:00 - 00:02:03 Introduction and Overview
00:02:03 - 00:05:02 The New Historians and Revisionist History
00:05:02 - 00:08:01 Personal Journey: From Iraq to Israel
00:08:01 - 00:11:03 Zionism and Its Impact
00:11:03 - 00:14:07 Disenchantment with Israeli Policies and the 1967 War
00:14:07 - 00:17:12 Final Observations and Reflections
00:17:12 - 00:20:16 Concluding Remarks

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(1) Entretien avec Naeim Giladi, le 11.07.1994, lorsqu'il était le président de The World Organization of Jews from Arab Countries (WOJAC), l'Organisation mondiale des Juifs des Pays Arabes :


Naeim Giladi (Hebrew: נעים גלעדי‎) (born 1929, Iraq, as Naeim Khalaschi) is an Anti-Zionist, and author of an autobiographical article and historical analysis entitled The Jews of Iraq.[1] The article later formed the basis for his originally self-published book Ben Gurion's Scandals: How the Haganah and the Mossad Eliminated Jews.

Giladi was born in 1929 to an Iraqi Jewish family and later lived in Israel and the United States.[2] Giladi describes his family as, "a large and important" family named "Haroon" who had settled in Iraq after the Babylonian exile. According to Giladi his family had owned, 50,000 acres (200 km²) devoted to rice, dates and Arab horses. They were later involved in gold purchase and purification, and were therefore given the name, 'Khalaschi', meaning 'Makers of Pure' by the Turks who occupied Iraq at the time.[1]

He states that he joined the underground Zionist movement at age 14 without his parent's knowledge and was involved in underground activities. He was arrested and jailed by the Iraqi government at the age of 17 in 1947.[1] During his two years in the prison of Abu Ghraib, he was expecting to be sentenced to death for smuggling Iraqi Jews out of the country to Iran, where they were then taken to Israel. He managed to escape from prison and travel to Israel, arriving in May 1950.

While living in Israel, his views of Zionism changed. He writes that, he "was disillusioned personally, disillusioned at the institutionalized racism, disillusioned at what I was beginning to learn about Zionism's cruelties. The principal interest Israel had in Jews from Islamic countries was as a supply of cheap labor, especially for the farm work that was beneath the urbanized Eastern European Jews. Ben Gurion needed the "Oriental" Jews to farm the thousands of acres of land left by Palestinians who were driven out by Israeli forces in 1948".[1]

I organized a demonstration in Ashkelon against Ben Gurion's racist policies and 10,000 people turned out."[1]

After serving in the Israeli Army between 1967-1970, Giladi was active in the Israeli Black Panthers movement.

(2) Exemple terrible, lu dans le quotidien El País le 19.11.2003, mis à part ses liaisons très dangereuses :

Shlaim coincide con la tesis defendida ayer, por el ex presidente del Gobierno español Felipe González y el ex ministro de Exteriores israelí Shlomo Ben Ami, durante la presentación de El muro de hierro, de que la única solución al conflicto de Oriente Próximo pasa por una intervención internacional, siendo las partes incapaces de llegar a un acuerdo por sí solas. "Alguien tiene que imponerles una solución. Y tanto Israel como Palestina deben aceptar que alguien les imponga un acuerdo". ¿Quién es ese alguien? "Sin duda, EE UU. Es el único país que tiene poder sobre Israel. El problema es que no ejerce ese poder y que Sharon ha logrado convencer a Bush de que la lucha contra el pueblo palestino se enmarca dentro de la lucha contra el terrorismo global", asegura.
Le renard dans le poulailler ? Aucunement. Le roi des États coloniaux et génocidaires serait l'arbitre dans un cas de colonialisme et d'épuration ethnique ? Sommes-nous devenus fous ? Je veux croire, au demeurant, qu'Avi Shlaim ait changé d'avis là-dessus au moins ces derniers temps —déjà à l'époque, c'était fort de café que de proférer une telle position. Entre Avi Shlaim et moi, il y a d'autres divergences d'importance ; il prône, v. g., une (pour moi très fausse) solution à deux États, qui, à mes yeux, nuit aux victimes et exonère les agresseurs coloniaux.
Voir à ce sujet la One Democratic State Campaign ou bien la très récente intervention de l'historien, ancien diplomate et recteur écossais Craig Murray, un homme engagé et admirable, lors d'une conférence à Genève sur le génocide à Gaza le 22.02.2024 :
The notion that all military action by Palestinians is Terrorism and the de-legitimization of self-defence by Palestinians is fundamental to the denial of Palestinian sovereignty, and I want very briefly, and I promise I'll be very brief, to come to the idea of the two-state solution and what Biden and Netanyahu were discussing two days ago; where Netanyahu, having ruled out a two State solution, Biden got him to agree that there's a possible thing called a two-state solution, where Palestine has no military and no army, and no sovereignty. And I want to tell you this: there is no two-state solution to this problem. The idea of a two-state solution is nonsense. The people who put forward the two-state solution do not actually even believe in it. What they want is what we had with apartheid South Africa, with the idea of the so-called homelands. If you remember, Botswana was declared an independent Homeland, and these are puppet states which have no military, no independent foreign policy, no control of their own borders or populations, and which are used simply to deprive voting rights from, in that case for black population, and to be used as a source of cheap labour for people coming in to the Metropolitan State. That is what they are trying to repeat in Israel with the so-called two-state solution. It is not the end of Israeli apartheid; what they think of as a two-state solution in which Palestine is a demilitarized, controlled puppet state: that is the entrenchment of Israeli apartheid, not the end of Israeli apartheid. You cannot have a two-state solution where Palestinians are deprived of 85% of their land and only have 15% of the land, where they are under control, where they are cut off from sources of natural resources and where their lands are not contiguous. It is a nonsense. There is only one solution to this question in the Middle East and that is a single, independent state of Palestine covering all the lands of Palestine and Israel, which is democratic, and secular, and blind to race and ethnicity: that is the answer we must support.

En français :

L'idée selon laquelle toute action militaire des Palestiniens relève du terrorisme, tout comme la délégitimation de l'autodéfense des Palestiniens, est fondamentale pour le déni de la souveraineté palestinienne, et je vais un peu aborder l’idée de la solution à deux États dont Biden et Netanyahou ont discuté il y a deux jours. Netanyahou avait exclu cette possibilité, mais Biden lui a fait accepter qu'il existe une chose possible appelée une solution à deux États où la Palestine n’aurait ni militaires ni armée ni souveraineté. Cette solution n’est pas envisageable. Cette idée ne tient pas la route. Ceux qui la prônent n’y croient vraiment pas. Ils cherchent à établir un système similaire à celui de l’apartheid en Afrique du Sud, avec l’idée des soi-disant « terres natales » (homelands, bantoustans). Si vous vous souvenez bien, le Botswana a été déclaré « terre natale » indépendante, et ce sont des États fantoches sans armée, ni politique étrangère indépendante, ni contrôle sur leurs propres frontières ou populations, et qui sont utilisés simplement pour priver, dans ce cas, la population noire du droit de vote et fournir une main-d'œuvre bon marché aux gens arrivant dans l'État métropolitain. C’est ce qu’ils tentent de répéter en Israël avec la soi-disant solution à deux États. Ce n’est pas la fin de l’apartheid israélien ; ce qu’ils considèrent comme une solution à deux États, dans laquelle la Palestine serait un État fantoche démilitarisé et contrôlé, c’est le renforcement de l’apartheid israélien, et non la fin de l’apartheid israélien. Vous ne pouvez pas avoir une solution à deux États où les Palestiniens seraient privés de 85 % de leurs terres et n’en auraient que 15 %, où ils seraient sous contrôle, où ils seraient coupés des sources des ressources naturelles et où leurs terres ne seraient pas contiguës. C'est une absurdité. Il n'y a qu'une seule solution à cette question au Moyen-Orient et c'est un État de Palestine unique et indépendant couvrant toutes les terres de Palestine et d'Israël, qui soit démocratique, laïc et aveugle à la race et à l'appartenance ethnique : voilà la réponse que nous devons soutenir !

Voici la vidéo intégrale des 16 minutes de son intervention, très informative et en plein dans le mille, sous-titrée en français par Investig'action :

lundi 19 février 2024

AJ+ : les pays génocidaires avec Israël

La chaîne qatari tape dans le mille et vient d'offrir un bref parcours historique qui aide à la compréhension de ce qui se passe en Palestine : en effet, on vérifie que ce sont les gouvernements des grands pays à tradition génocidaire (ce qui inclut les prestations de Winston Churchill : demandez à Tariq Ali) qui soutiennent Israël, qui restent de fait ardemment aux côtés d'un régime génocidaire. Leur pouvoir nous fait froid dans le dos d'autant que l'on constate leur suite historique dans les idées génocidaires —récidive particulièrement rédhibitoire. 
Parmi eux, le dévergondage des décideurs allemands est particulièrement gonflé et écœurant : comme les Nazis ont massacré industriellement plus de 5 millions de Juifs, les Merkel, Steinmaier, Habeck et autres Scholz veulent se refaire une sainteté sur le dos et le martyre des Palestiniens, et ils s'évertuent par-dessus le marché à nous matraquer —c'est moi qui traduis le vrai sens de leurs mots— que la sécurité et l'existence d'Israël en dehors d'Allemagne sont la raison d'État de l'Allemagne —et que, donc, il faut comprendre leur contribution à l'extermination des Palestiniens afin qu'Israël existe et passe son existence à se défendre (???????) d'une manière carrément offensive contre les gens qu'il a délogés et massacre régulièrement, car telle est la manière de se défendre des puissances coloniales génocidaires contre l'envie de vie de leurs opprimés.
En janvier, Hage Geingob, Président de la Namibie, s'est vu contraint d'intervenir attendu l'aplomb abominable des autorités allemandes :

« L’Allemagne ne peut pas exprimer moralement son engagement envers la Convention des Nations Unies contre le Génocide, ni expier son génocide en Namibie tout en soutenant l’équivalent d’un holocauste et d’un génocide à Gaza. » (13.01.2024)
Al Jazeera m'a piqué l'idée et tant mieux : ils disposent de plus de moyens et la vidéo qu'ils ont réalisé s'avère nickel : du ciné vérité en court métrage. En plus, ils m'ont évité une sale tâche [1]. Oui, c'est incomplet, on n'y dit rien, que sais-je, de Henry Kissinger, par exemple, mais c'est un concentré de 9 minutes et Yasmina Bennani, la journaliste, n'arrête pas de parler, et sans erreur. 

AJ+, mes compliments et merci beaucoup !



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[1Au demeurant, ce blog contient bon nombre de billet abordant la matière à perspective variable. Cf. iciiciiciici, ici ou 

lundi 12 février 2024

Gaza : les 10 dernières infos pas vues à la TV - Michel Midi

Sur son site indépendant Investig'action, l'infatigable journaliste à une retraite très active Michel Collon nous propose un menu engagé, varié et toujours intéressant. Il comprend depuis quelques mois un vieux projet bien chéri, Télé Palestine

Michel Collon présente directement une émission qu'il appelle MICHEL MIDI et qui lui sert à analyser l'actualité. Il a mis cette rubrique à jour il y a deux heures et sa proposition, concernant le martyre de Gaza par l'incessante activité génocidaire d'Israël, est éloquente. Ce crime atroce comporte des actions et une narration truffée de mensonges et d'omissions destinée à déshumaniser les victimes, les Palestiniens, et à justifier leur massacre ordinaire. Cette abomination traîne depuis plus de 75 ans avec la complicité cruelle et cynique des États-Unis et de ses misérables valets, y compris l'Union Européenne. Mais l'enjeu est plus complexe...

Écoutez-visionnez la présentation de Collon :

Gaza : les 10 dernières infos pas vues à la TV - MICHEL MIDI



lundi 5 février 2024

La Palestine et son droit d'exister au Parlement européen

Honneur à la Gauche dans le Parlement Européen (THE LEFT in the European Parliament), car elle vient de nous proposer une table ronde sur la Palestine d'une importance énorme. Une table ronde nécessaire, pressante, lumineuse —aux effets, espérons, multiples : sans espoir, la résistance s'avère impossible— concernant la Palestine, son martyre interminable et son droit d'exister. 
Cet objectif exige, comme le signalait le sous-titre de la table ronde, et notre solidarité envers un peuple qui souffre d'une manière extraordinaire et notre lutte contre l'impunité de l'État colonial et génocidaire d'Israël.
Je me permets néanmoins d'exprimer une distance vis-à-vis de la formulation présentant cette table ronde. La "solution" à deux États —fausse, injuste, coloniale, aujourd'hui d'ailleurs irréalisable ; c'est Israël qui a tout fait pour la rendre absolument non-viable— n'est pas la mienne, ne l'a jamais été, et je la conteste —comme c'est le cas, j'en suis persuadé, de plusieurs des invité.e.s à cette tribune bruxelloise —ou de la One Democratic State Campaign
Je comprends que le plus urgent aujourd'hui, c'est d'en finir avec le massacre en cours et de secourir les Palestiniens de Gaza, en détresse absolue, sans oublier ceux de la Cisjordanie, harcelés, expulsés et tués tous les jours par les colons et l'armée sionistes, sans oublier ceux d'Israël et Jérusalem, sans oublier les réfugiés palestiniens, citoyens de deuxième classe au Liban, en Syrie ou en Jordanie, ou dans la diaspora. 
Ceux-ci, les réfugiés palestiniens à l'extérieur, tout comme les Palestiniens mal-habitant en Israël, sont d'ailleurs majoritairement partisans d'une solution à un seul État. Au bout du compte, ladite "solution" à deux États a toujours été en elle-même une spoliation. Mini-digression en rapport : Craig Mokhiber et Phyllis Bennis ont publié le 8 janvier 2024 un article splendide intitulé A Crack in a 75-year-old Wall of Impunity: South Africa Challenges Israeli Genocide in Court, FPIF.org. Je traduis en français son premier paragraphe, tout à fait pertinent :
1948 fut une année d’ironie tragique.
Cette année-là a vu l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, promettant ensemble un monde dans lequel les Droits de l’Homme seraient protégés par l’Empire de la Loi. La même année, l’Afrique du Sud a adopté l’apartheid et les forces israéliennes ont exécuté la Nakba, la violente dépossession massive de centaines de milliers de Palestiniens. Les deux systèmes s’appuyaient sur le soutien colonial occidental. (...)
Retournons à notre table ronde dans le Parlement européen. Voici d'abord la vibrante intervention de Miko Peled, frère de Nurit (cf. ICI et ), Israéliens absolument et justement excédés. Écoutez-la très très attentivement [transcription complète en bas de billet], car elle jaillit des entrailles mêmes de la connaissance du sujet, de la dignité et de la plus juste indignation humaines. Honni soit qui en dise du mal :


Voici, ensuite, la vidéo complète de cet événement bruxellois ainsi que quelques éléments de contexte.

PALESTINE: THE RIGHT TO EXIST. SOLIDARITY & STRUGGLE AGAINST ISRAEL’S IMPUNITY
Le 31 janvier 2024, , de 15:16 à 18:58
European Parliament – Brussels
15:00 – Spinelli 1G2 “Manolis Glezos”
Over 24,000 Palestinians have lost their lives in Israel’s most recent assault on Gaza. Since the beginning of these still unfolding horrors, The Left in the European Parliament has been constantly calling for a ceasefire. Lasting and fair peace in the region must be achieved in line with international law and human rights based on UN resolutions. This event brings together voices from the ground, from Israel and Palestine, advocating for peace based on a two-state solution.

Plus de 24 000 Palestiniens ont perdu la vie lors de l'actuelle attaque israélienne contre Gaza. Depuis le début de ces horreurs qui continuent de se dérouler, La Gauche au Parlement européen n’a cessé d’appeler à un cessez-le-feu. Il faut instaurer une paix durable et juste dans la région conformément au droit international et aux Droits de l’Homme, sur la base des résolutions de l’ONU. Cet événement rassemble des voix sur le terrain, en Israël et en Palestine, plaidant pour une paix basée sur une solution à deux États.


PROGRAMME (TBC)  
15h00 Welcome by Manu PINEDA / Idoia VILLANUEVA.
15h15 Opening by Francesca Albanese (UN Special Rapporteur on the occupied Palestinian territories) and Ilan Pappé (both will participate remotely)
15h30 “What is happening in Palestine?
Moderator: Idoia VILLANUEVA.

• Khadeja Ibrahim, The Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy – MIFTAH – Gender impact
• Khaled Quzmar, Defense for Children International – Palestine – The Children.
• Yousef Habash, Palestinian Journalists Syndicate (PJS). – Journalists.
• Ahmed Abou Foul, Al-Haq. Palestinian non-governmental human rights organisation

17h15 Palestine’s right to exist.
Moderator: Manu PINEDA.

• Olga Rodríguez. Journalist.
• Miko Peled. Israeli author and peace activist.
• Sahar Francis. Addameer. Prisoner Support and Human Rights Association. – Arbitrary Detentions/Hostages.
• 18h30 Debate and closing by Mick WALLACE.

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TRANSCRIPTION DE L'INTERVENTION DE MIKO PELED (les liens et crochets sont de mon cru) :

Thank you for inviting these excellent Palestinian voices that we heard in the previous panel. I want to echo something that my colleague just said, but also that was said by our brother Yousef Habash, who was up here earlier, that Palestinians are fighting not only for their own human rights, but for ours; not only for their own dignity, but for ours, and how are we going to face our children and our grandchildren when they ask us how did we allow this to happen on our watch? How did we let this happen? Where were you? Where were we and where did we stand?
This is happening not only in our watch, this is happening in broad daylight, this is happening with the full support of our elected officials, full support of our elected officials. How do we let this happen?
When I was listening to Francesca Albanese remarks, it sounded a lot like… a list of the successes of the state of Israel. These are all things… all the things that she mentioned were things that Israeli public figures claim with pride: the hunger, the disease, the deaths, the destruction… these are all things that they are proud of: they claim them that not only do, they not deny them, they claim them on a regular basis, publicly, and they do this with pride. These are things that are being broadcast openly and… major Israeli figures, policy makers, government ministers are discussing very openly, and in great detail, the forced transfer of millions of Palestinians, and they discuss this as though… as a matter of fact, openly.
I remember hearing, as a child growing up, about Freedom Fighters, the resistance, the partisans… fighting fascism, fighting Nazis, fighting dictatorships, fighting against apartheid… the Algerian resistance… and I don't recall, and I may be wrong, but I don't recall ever anyone saying yes, these were very brave, but we need to denounce them first. I don't ever being… I don’t recall anybody saying we condemn the resistance fighters who fought the dictatorships, and the Nazis, and the fascists, and apartheid and so on; I never heard that until it came to the Palestinians, that's the first time I've ever heard and again, I may be wrong, but this is the first time I've ever heard that there's a need to condemn and say yes, but, of course, they're suffering, but first, we need to condemn. Are we out of our minds condemning the resistance of the people who are being oppressed and killed, [Applause] subjected to genocide for 75 years??? Are we out of our minds?????? Are we out of our minds???? Are we outside of our minds when we let this ridiculous narrative take hold and spread, and then, participate in it, nodding our heads like sheep??? Oh, and, by the way, yes, there is a genocide going on, and it's terrible, but, first, we have to condemn the Palestinians who dare to stand up, Palestinians who’ve shown an ability to sacrifice and amounts of courage that, as far as I can remember, are unprecedented, facing this horrific, horrific oppression.
But what are we really talking about? Again, we've heard lists and lists and lists of crimes committed by the state of Israel, lists and lists of crimes against humanity. And there's always seems to me like there's a little bit of a sense of surprise, a little bit of shock, a little bit as though… this was somehow not predictable. What we are seeing now in Gaza was not only predictable, it was preventable, and we did not prevent it. The previous massacre in Gaza was predictable too, and that was not prevented. And we can go on and on and on and on back 75 years, because what could possibly be expected from an apartheid regime, established after a massive campaign, open, massive campaign, of ethnic cleansing, massacres and the beginning of a genocide that is still going on today, what could possibly be expected??? That was the founding moment of the state of Israel, close to a million people forced out of their land, God knows how many were massacred. And that was the beginning!!!!! That was 1948!! So, now, we're shocked? All these lists and lists and lists and lists: there's nothing new about them! except, this time, the numbers are higher, this time the numbers are the… you know, even by Israeli standards, it is shocking. But this was predictable, and this was preventable. And every time something happens, we rise, we protest, we demand, and we forget. Instead of standing there and demanding an end, an absolute end to the oppression and the killing of Palestinians, an end to it. Not a ceasefire to it, an end to it! A political solution that will guarantee the lives, the security, the safety of Palestinians: that has never been discussed. I don't recall it ever being discussed, that guarantees need to be put in place, guarantees need to be put in place! For the life and security and the safety of Palestinians, because Palestinians have been living in a state of Terror for 75 years, not just now, but for 75 years living in a state of Terror, whether in the West Bank, whether they're in the Gaza Strip, whether they're citizens of the state of Israel, or so-called citizens, they have been living in a state of Terror and they still do today, granted the level of Terror has increased since October the 7th. Are we going to prevent the next death? Are we going to prevent the next assault, the last… the next savagery by Israel? —that we know is going to come, we know it's coming, of course; this chapter hasn't ended yet. Are we going to prevent it? Are we going to allow the Israeli flag to still fly in capitals in Europe? This flag that represents hate, murder, genocide… How long are we going to allow representatives, diplomatic representatives, economic representatives, cultural representatives, academics and on and on and on… of the apartheid state to sit among us, like equals? Because they too have a right. How long? Because as long as we allow them to sit here, they will continue to kill, they will continue the genocide and, by the way, of course, we're all very grateful to what South Africa has done, but what has it taken for the world to finally take Israel to Court on the crime of genocide? It's taken 75 years plus close to 30,000 deaths that we know of now. 30,000 deaths!! I've lived in cities that have less than 30,000 people in them. Wiped out!! gone!! Entire families, as we know, completely erased from the registry. And, once again, I ask what are we expecting? What did we expect? Three years!! Three years!!!!!! after the end of the genocide of Jews in Europe, three years after the end of the Holocaust, the world allowed the genocide of the Palestinian people to commence. In 1948! the world allowed an apartheid regime to take hold in Palestine. Not some remote place that maybe people didn't know about: in Palestine!!!! What is a three hours flight from here.
The world allowed an apartheid regime to take hold, the world allowed a brutal campaign of ethnic cleansing, and the world allowed the genocide to commence.
All three crimes against humanity… to commence against the Palestinian people... What are we expecting? What are we expecting? As long as that regime is permitted to continue to exist, THIS… WILL… CONTINUE. If we do not put an end to it, we will see more Palestinians die, more Palestinians suffer, more Palestinians arrested and tortured.
There's a tendency to focus on the West Bank and Gaza, maybe to mention Jerusalem from time to time. You know, Palestinians in Jerusalem, right now, Palestinians right now are prohibited from entering the old city of Jerusalem, their own capital!!! Settlers who arrived yesterday, as colonisers, parade through the old city. Palestinians, some of whom have families that have resided in The Old City for 800 years, 500 years, can lose their status like that! and their property. I've been gone for over 25 years: I can go back tomorrow. I don't have that kind of history in Palestine. Settlers parading in Al Aqsa, while Palestinians have less and less and less rights to enter. Tens of thousands of home demolitions in the Negeb, where some 300,000 Palestinian Bedouins, citizens of Israel, reside in some of the poorest conditions, while Israeli settlers enjoy in the Negeb some of the highest standards of living. And again, home demolitions, arrests of activists… this is nothing new. Armed militias terrorizing Palestinians in Lid, in Ramallah [al-Ramla], in Jaffa. Increased numbers of hate crimes in Haifa. By the way, all Palestinian cities occupied in 1948, where the Palestinian communities suffer enormous discrimination and, again, live… and have been living under a reign of terror for over 75 years.

Issa Amro, which I'm sure many of you know, human rights defender, recognized by the EU. He was kidnapped and tortured on the 7th of October. Every morning, I wake up wondering if his son Watan is an orphan. He now lives in hiding, he had to cover his windows with cement blocks. Where are we? Why are we not protecting him? Where are we? Why are we not making sure that his son will not be an orphan? Where are the guarantees to his life? A man who has dedicated his life not only to the freedom of his people and his community, but to unarmed resistance!! dedicated!! almost religious dedication to unarmed resistance!!! where are we? Why are we not there in the midst, between him and the settlers, and him and the Israeli army that want to kill him? I have seen, with my own eyes, soldiers and settlers openly!! in front of cameras!! threatened to come and kill him in his home. Where are we?

Bassem Tamimi —I'm sure many of you know, another heroic figure— dedicated his life to an unarmed resistance, is now in jail. His daughter Ahedwhich, again, I'm sure you know — was arrested again and then, released [among those freed as part of truce agreement between Hamas & Israel]. And, you know, it was quite telling when she was arrested a few years ago for daring! daring!!! to push a soldier, an officer out of her home. Daring!!!!! A 17-year-old who for her whole life has seen the army kill her family members, invade her home, invade her privacy… She finally pushed a soldier away, and was arrested and, of course, we all saw her as a hero. It wasn't her job, it was our job!!!! It was our job to keep those soldiers out of her home, out of her village, not hers: it shouldn't be the job of a 17-year-old girl to do this! That was our responsibility and we failed. So, she had to be in jail and be tortured by the Israelis, by the people who murdered her family and terrorized her village. Of course, we made big posters of her, and sweatshirts and t-shirts of her, were solidarity with her… Where were we when it counted?
The only reason those soldiers feel comfortable doing what they do is because they know we will never act. That's why they do it. Or, if we act, our actions are limited. We do not go all the way when it comes to Palestinians.
You may recall in the 2021 Tokyo Olympics, an Algerian athlete competed in Judo; Fethi Nourine [il fut suspendu par la Fédération internationale de Judo pour avoir refusé d’affronter un Israélien]. We all know how hard it is, how hard an athlete has to work to make it to the Olympics. When he was called up to compete against a member of the Israeli team, he put his career on the line and said “no”!!!!! He was kicked out of the Olympics and prohibited, prohibited!!! from competing in Judo by the Judo Federation for 10 years, which is an entire career. Of course, he was received in Algeria as a hero, but that was not his responsibility, it was ours! He should not have to risk his career for standing up: we need to demand the Olympic Committee never allow Israel to participate, because it is an apartheid state and, by the way, that was after Amnesty came out with the apartheid report. Let's say before the apartheid report, people could say well, we didn't know. Amnesty's Apartheid report was already out, there is no justification for allowing Israel to participate in the Olympics, or any other Arena, by the way, athletic or otherwise. It's our responsibility and we're failing every day. It's our responsibility and we are failing every day: what are we going to tell our children and our grandchildren? Why didn't we try harder? Why is there this gap, this glass ceiling between voices of the people that we see in the streets, granted only when there's a catastrophe, but they're out in the streets, and the halls of power and the decision makers? Why is that message not getting through and what do we need to do more, to demand of our elected officials? Because we all have elected officials. So, they understand: if they support Zionism, they lose their job!!!! How dare they claim zero tolerance for racism and then allow Israel to participate? and then support Israel and Zionism? Zero tolerance to racism means zero tolerance to Zionism! It is a racist ideology [Applause] that produced an apartheid, genocidal State!!!

People talk about solidarity. We are past the point of solidarity, we are past the point of solidarity, we need to be part of the Palestinian resistance. I'm not saying we need to all pick up arms. There are many many forms of resistance. We must make sure that no Israeli Zionist presence is allowed in any public Arena, absolutely not allowed, not tolerated, that's it!! There has been a genocide going on for 75 years, and apartheid regime going on for 75 years, an ethnic cleansing campaign going on for 75 years. It's up to us to stop it. Palestinians are doing everything they can, and above and beyond [qui va au-delà de toutes les attentes], they've showed an ability, like I said, to sacrifice and to demonstrate courage that is above and beyond. It's our time, it's our job now.

People like to fall back on this idea of a two-state solution. I don't want to… being insensitive here to anyone, but two-state solution is something that people fall back on when they either don't want to tell the truth or they are not in possession of the information, and I'm saying it delicately. And I'm being very delicate here. The two State solution is what people fall on when they either don't want to tell the truth, or they are not in possession of all the information. Those are the only two types of people that talk about two states. There are two options for Palestine: a single state apartheid, which is what we have now, and we see where that's leading, or a free Democratic Palestine from The River To The Sea! That's it! [Applause] Where do we stand? Where do we stand? Where do we stand? This is not a difficult question, where do we stand? It's not a question of politics, it's not a question of religion, where do our values lead us? You ask the question of yourself. Do we support racism, apartheid and genocide? Then, yes, support Israel, because that's only Israel there is! Or do we believe in justice, in humanity, in democracy, in human rights…? In which case, we need to do everything we can to dismantle the apartheid state and allow for a free Democratic Palestine to take its place, and the sooner the better! Because Palestinians are being killed. That's the only question we need to ask of ourselves and then we need to demand this, not ask it, demand it of people in the halls of power, demand it of our elected officials, and if they choose to support Israel, they should lose their job, they will not get our vote, they should be ashamed. Because supporting racism and violence, supporting apartheid and genocide is no longer acceptable, and they need to get it. And, like I said, so far, they don't get it.
You know, I want to… I'll say just a couple more things, my time's probably up soon. People always ask me these questions: will Israelis agree? Who cares if Israelis agree? Nobody ever agrees: fascists, racists, racist societies… never agree. It's not up to them to agree! It's up to us to force them to agree. It's not about agreement. You know, I'm not one to promote the idea of, you know, military intervention, but why is the US Navy not blockading Israel? Why are they not supporting providing humanitarian aid in Gaza? Why are they not imposing a no-fly zone over Gaza? Why? There's no explanation, there's no reasonable explanation. Why is it that there is no demand for no-fly zone over Gaza? Demand for immediate humanitarian aid! Even if it means involving a military force, enough is enough! enough is enough!

People also ask what Israelis think. Well, if you want to know what Israelis think, we have a 75-year history. They thought it was okay to do what was done in 1948, they thought it was okay to maintain this apartheid state and to maintain the ethnic cleansing and genocide for 75 years. They still think it's okay! [cf Abby Martin’s interviews for Empire Files]. Look at the makeup of these Israeli Knesset, look at the makeup of the Israeli government and look at Israelis, how they behave now. We know what Israelis think, it's not a mystery, it's not up to them and we know… Even Haaretz newspaper, which many people think is this wonderful liberal publication, they had a cartoon the other day showing an UNRWA uh… you know, somebody with a UN uniform riding a motorcycle and, behind him, there was a Hamas fighter, and the caption was “Well, the poor guy needed a ride to go to Be’eri, which is one of the kibbutzim that was taken; in other words, they are saying that UNRWA is complicit in the attacks, Haaretz is saying this in a cartoon, you know, what can we expect from the rest of the state of Israel…? I want to invite everybody here to stop talking about Israel and the occupied territories. There is no Israel and the occupied territories, there's one occupied Palestine. [Applause] It's been subjected to genocide, [Applause] it's been subjected to ethnic cleansing, it's been subjected to an apartheid regime. It's up to us to stop it, it's up to us to stop it. And for no other reason, so that we can face our children and our grandchildren, and our Palestinian brothers and sisters, and say honestly, we are doing everything we can, cause at this point we're not.
Thank you very much.