lundi 17 décembre 2018

3e Journal des infos dont on parle plutôt peu (2018-19)

... Car loin du psittacisme médiatique, il y a bon nombre d'événements qui nous interpellent autrement dont on ne parle que peu ou sous l'angle de la propagande unique. Nous essayons de repérer et de glaner des faits/sujets/positions en dehors de l'actu ou de l'éditocratie. Voici notre troisième sommaire de cette année scolaire passé en revue le 17 décembre 2018.
Et merci à mes élèves pour leur activité médiatrice de passeurs d'information !



1) Parmi les vidéos contenues dans ce journal, voici celle concoctée par Le Monde pour expliquer  le cas des implants médicaux dévoilé par le quotidien parisien et ses partenaires du Consortium international des journalistes d'investigation :


Le Monde et ses partenaires réunis autour de l’ICIJ (le Consortium international des journalistes d’investigation) révèlent un nouveau scandale de santé autour des dispositifs médicaux. Pour commercialiser en Europe un implant, un pacemaker ou une prothèse de hanche, par exemple, les fabricants doivent obtenir une certification CE.
Une soixantaine d’« organismes notifiés » privés fournissent ce précieux sésame, sans être trop regardants, en échange d’une rémunération. Les résultats d’études cliniques sur l’être humain ne sont par exemple pas toujours demandés.
Impossible de connaître exactement l’étendue des dégâts générés par ce système, qui aurait permis à une journaliste hollandaise de faire certifier un filet à mandarines en tant que prothèse. Les dispositifs médicaux ne sont pas tracés et trop peu d’incidents sont encore déclarés. Explications, en vidéo.

2) Voici une vidéo du Professeur Feuillage au sujet de la disparition du sable, une ressource naturelle qu'on ne peut pas renouveler au rythme de la consommation humaine :


On a tous au moins un bon souvenir sur une plage. Les châteaux de sable et les baignades de l’enfance, les feux de bois, les guitares et les planches de surf de l’adolescence, les balades, la pêche aux crevettes, les jeux, le soleil… Oui mais… Saviez-vous que les plages du monde entier disparaissent, inexorablement, un peu plus chaque année ? Les chroniques écologiques partent en chasse des pilleurs de sable !!

D'après une idée originale de Mathieu Duméry. Une création de Mathieu Duméry & Hadrien Genest. Réalisé par Lénie Cherino, Mathieu Duméry et Jean-Baptiste Besse. Scénario: Lénie Cherino et Mathieu Duméry

3) Le 7/12/2018, Guillaume Erner, dans son émission L'Invité des matins, de FRANCE CULTURE, s'est entretenu avec l'historien Gérard Noiriel à l'égard des Gilets Jaunes. Erner a choisi un titre impeccablement syndicat jaune, franchi toutes les lignes, blanches et jaunes, et recréé le péril jaune : Comment naît la violence dans les mouvements sociaux ?*

Historien et directeur d’études à l’EHESS, Gérard Noiriel est l'auteur de l'ouvrage "Une histoire populaire de la France". Il est notre invité pour comprendre l'émergence de formes d'action violentes dans les mouvements sociaux, une question plus actuelle que jamais alors que la mobilisation des #GiletsJaunes se poursuit. Pour en savoir plus

*Le 3 décembre 2018, sur le site Là-bas si j'y suis, Daniel Mermet avait déjà écrit un texte intitulé La vérité sur les casseurs. Il y rappelait un extrait d'un discours de Jean Jaurès devant la Chambre des députés, séance du 19 juin 1906 :
« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. [...] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »
D'autre part, mis à part la violence structurelle et anonyme du régime capitaliste, celui-ci dispose de ses "forces de l'ordre", c'est-à-dire, des forces destinées à garder l'ordre capitaliste. À cet égard, il est pertinent ces jours-ci de savoir, par exemple, qu'Amnesty International vient de publier un rapport (le 17.12.2018) où elle affirme : "Les forces de l’ordre ont utilisé des flashball, des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes contre des manifestants majoritairement pacifiques. Nous avons pu recenser de nombreux cas de recours excessifs à la force par des policiers." "Selon les chiffres officiels, 1 407 manifestants ont été blessés – dont 46 grièvement – depuis le début des manifestations le 17 novembre 2018." Une violence excessive. Y compris contre des journalistes, de vieilles personnes matraquées sans états d'âme (sans oublier les vieilles dames), des lycéens gazés, humiliés (voilà une classe qui se tient sage), blessés par des tirs de flashball...
Bref, un trop long florilège de sévices policières trop dur, je vous préviens, à regarder de près. Et sans compter les violences policières ordinaires, par rapport à quoi, Marc Ball vient de sortir un documentaire, Police illégitime violence (diffusé le 12 novembre 2018 sur France3), qui met les points sur les i au sujet de la fracture entre les jeunes des cités ouvrières et les bras armés du système.


4) L'Association des Victimes du Syndrome Aérotoxique nous rappelle un thème dont on ne parle nulle part :
Des études alertent sur la pollution de l’air respiré par les équipages et les passagers en avion. France 2 vous propose de découvrir un extrait du magazine Envoyé Spécial qui a enquêté sur le sujet et sera diffusée ce jeudi 26 avril au soir.
 
L’air que nous respirons dans les avions est-il sans danger ?

dimanche 16 décembre 2018

Marguerite Duras en 1985 à propos de l'an 2000

Production : TELE LIBERATION, Antenne 2. Septembre 1985.
Drucker pose une question à Marguerite Duras. Elle imagine l'homme en l'an 2 000 et évoque l'information, les écrans, les conditions du voyage...




AIDE À LA COMPRÉHENSION :

Michel Drucker : Les hommes ont toujours eu besoin de réponses, même si un jour, elles s'avèrent fausses ou seulement provisoires. Alors, à l'an 2 000, où seront les réponses ?

Marguerite Duras : Il y aura plus que ça... La demande sera telle que... y aura plus qu'des réponses. Tous les textes seront des réponses en somme. Je crois que l'homme sera... littéralement... noyé... dans l'information, dans une information constante... sur son corps, sur son devenir corporel, sur sa santé, sur sa vie familiale, sur son salaire, sur son loisir... C'est pas loin du cauchemar, y aura plus personne pour lire. Ils verront de la télévision, on aura des postes partout, dans la cuisine, dans le water-closet, dans le bureau, dans les rues,... Et où sera-t-on ? Tandis qu’on regarde la télévision, où est-on ? On n’est pas seul.
On ne voyagera plus, ce ne sera plus la peine de voyager, quand on peut faire le tour du monde en huit jours ou quinze jours, pourquoi le faire ? Dans le voyage, il y a le temps du voyage, c'est pas voir vite, c'est voir et vivre en même temps,... vivre du voyage, ce ne sera plus possible. Tout sera bouché, tout sera investi... Il restera la mer quand même, les océans. Et puis la lecture : les gens vont redécouvrir ça, un homme un jour en lira... et tout recommencera, tout... on repassera par la gratuité. C'est-à-dire que les réponses à ce moment-là, elles seront moins écoutées, ça commencera comme ça par une indiscipline, un risque pris par l'homme envers lui-même, un jour il sera seul de nouveau avec son malheur et son bonheur, mais... qui lui viendront de lui même. Peut-être que ceux qui se tireront de ce pas soient les héros de l'avenir, c'est très possible, espérons qu'il y en aura encore.
Je me souviens d'avoir lu dans un livre d'un auteur allemand, de l'entre-deux-guerres, je me souviens du titre : Le dernier civil, de Ernst Glaeser. Ça, j’avais lu ça, que "lorsque la liberté aurait déserté le monde, il resterait toujours un homme pour en rêver." Je crois... je crois que c’est déjà commencé même.

mardi 11 décembre 2018

Ma plus belle histoire d'amour, par Barbara

Oui, je m'en souviens...



Du plus loin que me revienne
L'ombre de mes amours anciennes
Du plus loin du premier rendez-vous
Du temps des premières peines
Lors, j'avais quinze ans à peine,
Cœur tout blanc et griffes aux genoux [Griffes : Blessure bénigne constituée par une déchirure superficielle de la peau]
Que ce furent, j'étais précoce,
De tendres amours de gosse
Ou les morsures d´un amour fou
Du plus loin qu'il m'en souvienne
Si depuis, j'ai dit "je t'aime"
Ma plus belle histoire d´amour, c'est vous

C'est vrai, je ne fus pas sage
Et j'ai tourné bien des pages
Sans les lire, blanches, et puis rien dessus
C'est vrai, je ne fus pas sage
Et mes guerriers de passage
A peine vus, déjà disparus
Mais à travers leur visage
C´était déjà votre image
C´était vous déjà et le cœur nu
Je refaisais mes bagages
Et poursuivais mon mirage
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous

Sur la longue route
Qui menait vers vous
Sur la longue route
J´allais le cœur fou
Le vent de décembre
Me gelait au cou
Qu´importait décembre
Si c'était pour vous ?

Elle fut longue la route
Mais je l'ai faite, la route
Celle-là, qui menait jusqu´à vous
Et je ne suis pas parjure
Si ce soir, je vous jure,
Que, pour vous, je l'eus faite à genoux
Il en eut fallu bien d´autres
Que quelques mauvais apôtres
Que l'hiver ou la neige à mon cou
Pour que je perde patience
Et j´ai calmé ma violence
Ma plus belle histoire d´amour, c'est vous

Mais tant d'hiver et d'automne
De nuit, de jour, et personne
Vous n'étiez jamais au rendez-vous
Et de vous, perdant courage,
Soudain, me prenait la rage
Mon Dieu, que j'avais besoin de vous
Que le Diable vous emporte
D'autres m'ont ouvert leur porte
Heureuse, je m'en allais loin de vous
Oui, je vous fus infidèle
Mais vous revenais quand même
Ma plus belle histoire d´amour, c'est vous

J´ai pleuré mes larmes
Mais qu'il me fut doux
Oh, qu'il me fut doux
Ce premier sourire de vous
Et pour une larme
Qui venait de vous
J´ai pleuré d´amour
Vous souvenez-vous ?

Ce fut un soir, en septembre,
Vous étiez venus m'attendre
Ici même, vous en souvenez-vous ?
A vous regarder sourire
A vous aimer sans rien dire
C'est là que j´ai compris tout à coup
J'avais fini mon voyage
Et j'ai posé mes bagages
Vous étiez venus au rendez-vous
Qu'importe ce qu'on peut en dire
Je tenais à vous le dire
Ce soir je vous remercie de vous
Qu'importe ce qu'on peut en dire
Je suis venue pour vous dire
Ma plus belle histoire d´amour, c'est vous

samedi 24 novembre 2018

2e Journal des infos dont on parle plutôt peu (2018-19)

... Car loin du psittacisme médiatique, il y a bon nombre d'événements qui nous interpellent autrement dont on ne parle que peu ou sous l'angle de la propagande unique. Nous essayons de repérer et de glaner des faits/sujets/positions en dehors de l'actu ou de l'éditocratie. 
Voici le sommaire de notre second journal de cette année scolaire passé en revue les 19 et 21 novembre 2018. 
Merci à mes élèves pour leurs contributions !




Ces infos renvoient parfois à des vidéos ou des documentaires, dont The Dark Side of The Italian Tomato ou, à l'egard des commémorations de la I GM (sans oublier la Chanson de Craonne),...


Côté arnaque cotée en bourse...


mardi 6 novembre 2018

La Chanson de Craonne

Propaganda was developed and refined by Edward Bernays 
in the 1910s to help the Wilson administration sell WWI to a
skeptical public. (...) The distinction between political and 
commercial propaganda is based on intent, not method. Its use
by Woodrow Wilson (above) is instructive: a large and vocal
anti-war movement had legitimate reasons for opposing
the U.S. entry into WWI. The goal of Bernays and Wilson
was to stifle political opposition.
Rob Urie, 29/10/2018, counterpunch



C'est grâce à une initiative pour commémorer le centenaire de la fin de la I Guerre mondiale à Tournon-Saint-Martin, dans l'Indre-et-Loire, et à l'opposition d'un directeur académique que j'ai eu vent de La Chanson de Craonne (prononcez « crâne »), chanson singulière, et du cas qu'elle représente. Encore un cas de morts PAR la France, par la patrie...

Récapitulons. C'était en 1917. Sur la mélodie d'une vieille chanson sentimentale très populaire, Bonsoir, m'amour, éclata une chanson de la France que nous adorons, genre Fuenteovejuna, anonyme, universelle, composée pour crier non ! et dire ses quatre vérités à messieurs les gros, les actionnaires des vies des autres, les cannibales mangeant les vies —pas les corps— des autres. Une chanson hymne de révolte qui serait interdite jusqu’en 1974. Et que d'aucuns veulent toujours censurer.
Ça se comprend, car une chanson comme celle-ci se compose et se chante quand les purotins, les sacrifiés se rebiffent contre l'obéissance aux gros et contre le sacrifice pour le fric des gros, ce qui constitue une dangereuse leçon éternelle, comme celle de Frelinghien, comme celle de Boris Vian. Et il faut barrer les idées que ce genre de leçon pourraient donner aux élèves, le but de l'école étant le contraire.

Quant aux poilus de la chanson, le bilan des représailles qu'ils eurent à endurer fut cruel : cette fois "la répression touch[a] quelque 30 000 mutins ou manifestants, d'où 3 427 condamnations, dont 554 à mort" (Cf. Wikipédia).

En souhaitant que toutes les troupes de damnés se refusent à avancer à leur détriment, j'en profite pour rendre mon hommage à Marc Ogeret, qui nous a quittés en juin 2018.





Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête

Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

Refrain

C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu d'se cacher tous ces embusqués
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défend' leur bien, car nous n'avons rien
Nous autres les pauv' purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr' les biens de ces messieurs là

Refrain :
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les troufions
Vont tous se mettre en grève
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros
D'monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerr'
Payez-la de votre peau

_____________________________________
D'autre part, le 26/10/2018, nous avions appris par Thomas Wieder, correspondant du Monde à Berlin, que d'autres voix de poilus duraient toujours...
Quelques-uns des 2 000 enregistrements de prisonniers de guerre français en Allemagne durant la Grande Guerre vont sortir des archives de l’université Humboldt.
Cliquez sur le lien pour en savoir plus.

_____________________________________
À propos de la I Guerre Mondiale

14-18 : “On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels (où s'avère que les grands poissons bouffent les petits).
Par Investig'Action, sur Vimeo


_______________________________
Mise à jour du 8/11/2018 :

— Chronique de Florence Aubenas à Craonne, sur le Chemin des Dames (pour le quotidien Le Monde) :

Centenaire du 11-Novembre : « Je les sentais là, tous ces morts sans sépulture »

Un reportage de Daniel Mermet de 1997 pour Là-bas si j'y suis.
— Daniel Mermet : Ni Pétain, ni aucun !
     Extrait :
(...) Le chauvinisme a servi à détruire le profond mouvement social du début du 20eme siècle. Dans les neufs premiers mois de la guerre, 500 000 petits français furent tués. Par consentement ? Pour que la France reste la France ? Oui, celle de Nivelle, de Foch, de Mangin, de Pétain, des banques et de la grande industrie, et du monde politique à leur service, c’est à dire le monde de Macron, le beau monde avec du sang de pauvre sur ces gants blancs, le beau monde qui porte l’entière responsabilité de ce massacre, le beau monde criminel. « Un massacre entre des gens qui ne se connaissent pas au profit des gens qui se connaissent et ne se massacrent pas » disait Paul Valéry. Est-ce là, une manière de voir a posteriori, après la bataille en somme ? Non. En 1915, depuis la prison où elle était enfermée pour incitation à la désobéissance, Rosa Luxembourg écrivait dans son journal :
« La guerre entre les nations est venue imposer la lutte des classes, le combat fratricide du prolétariat, massacre d’une ampleur sans précédent. Ces millions de morts, neuf sur dix sont des ouvriers et des paysans, c’est une guerre inédite, industrielle, déclenchée au nom du nationalisme mais menée pour la domination des marchés. Cette guerre ouvre en vérité la voie à la mondialisation du capital, à la conversion de toute richesse , de tout moyen de production en marchandise et en action boursière. Elle transforme les êtres en matériel humain. C’est l’avenir d’un socialisme humaniste que cette guerre est en train de détruire ».
Nous, nos héros, nos résistants, sont les 15 000 qui désertèrent chaque année, ce sont d’abord les mutins, les milliers de mutins qui mirent la crosse en l’air, les 3 700 qui furent condamnés, les 953 fusillés pour l’exemple, nos héros sont aussi les mutilés volontaires et tout ceux qui fredonnaient la chanson de Craonne, quitte à se faire casser les dents à coups de crosse. Oui, ceux là « se battirent pour que la France reste la France ». La nôtre. Celle de Georges Mermet, mon père. Pas un héros non plus celui là, mais « de la viande », une de ses expressions quand il nous racontait le Chemin des Dames, la Somme, l’Italie, « On était de la viande ». Né en mai 1897, mon père, apprenti orfèvre de Belleville, mobilisé au début de 1916 fut de tous les fronts et de toutes les blessures jusqu’au bout. Éventré, brûlé, traumatisé, il n’a pas fait ça pour votre France monsieur Macron. (...)
Là-bas si j'y suis : Extraits du film « Howard Zinn, une histoire populaire américaine »




mardi 23 octobre 2018

Morts par la France. Thiaroye 1944

Le 19 décembre 2017, ce blog s'était déjà penché sur le massacre de Thiaroye, au Sénégal.

Il y a quelques semaines, je lisais un article de Cyril Bensimon, Charlotte Bozonnet et Laurence Caramel (Le Monde, l sur ces dossiers mémoriels qui resurgissent maintenant en France, après la reconnaissance officielle par le président Emmanuel Macron de la responsabilité de la République française dans l'assassinat au couteau de Maurice Audin, crime perpétré à Alger en présence de sa femme Josette et de son fils Pierre par des parachutistes français sous le commandement du futur général Paul Aussaresses, militaire très versé en arrestations massives, renseignement, torture et exécutions.
Dans le corps du texte du Monde, on évoquait, entre autres, ledit massacre de Thiaroye : on nous apprenait à son égard que l’opiniâtreté de l'historienne Armelle Mabon avait récemment inspiré à Patrice Perna et Nicolas Otero la bande dessinée Morts par la France. Thiaroye 1944 (Éd. Les Arènes, 146 p., sortie le 2 mai 2018. 20 ). Dont acte. Faudra la chercher.


Entretemps, voici l'info que l'on peut lire à son propos sur le site des Arènes :
« LʼHistoire est une compagne de voyage intransigeante et parfois impitoyable… Elle vous fait prendre des chemins escarpés, des sentiers semés de pièges, dʼembûches et de déceptions. Celle que je mʼapprête à vous raconter a été trop longtemps dissimulée. Enfouie sous des tonnes de mensonges, sous des tombereaux dʼhypocrisie. Mais la vérité est comme la vie, elle trouve toujours un chemin. »
Le 1er décembre 1944, à Thiaroye, au Sénégal, lʼarmée coloniale française ouvre le feu et assassine des centaines de soldats « indigènes », anciens prisonniers de guerre. Depuis, lʼÉtat français ment sur cet épisode tragique en niant ce meurtre de masse. Armelle Mabon, historienne, se bat depuis vingt ans pour rétablir la vérité.
Morts par la France rend hommage à ces soldats oubliés et tente de réhabiliter leur honneur bafoué.
Et voici l'info éditoriale sur les auteurs :
Pat Perna quitte le monde du journalisme en 2006 pour se consacrer uniquement à la bande dessinée. En 2010, il reprend, avec Jenfèvre, les rênes du Joe Bar team, pour le tome 7. Chez 12bis, il a également signé La Question de Dieu, avec Laetitia Coryn. Il est l’auteur de Forçats (Les Arènes BD, 2016-2017).
Nicolas Otero a ressenti très tôt le besoin d’exorciser le fait qu’il y ait un début et surtout une fin à chaque chose. La meilleure solution fut pour lui d’illustrer des histoires. Il a dessiné la série AmeriKKKa (EP Éditions) et publié de nombreuses BD chez Glénat, telles que la série Le Sixième Soleil et le roman graphique Confessions d’un enragé (2016), dont il est aussi le scénariste.
Quant à Armelle Mabon, elle a accordé un long et détaillé entretien à Le Point / Afrique :
ENTRETIEN. Avec son enquête sur la répression sanglante du camp de Thiaroye dont le rendu est concentré dans sa BD « Morts par la France », Armelle Mabon lève bien des secrets d'un moment sombre des relations entre la France et les Africains.
PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN LE GROS
Publié le  - Modifié le  | Le Point Afrique
__________________________________
La presse en parle :
Presse écrite















Radio






TV






Web

























dimanche 21 octobre 2018

Radio Babel Marseille : Nous les peu


Radio Babel Marseille : ils seront à Madrid (Caixa Forum) le 23 octobre à 20h00.

Léon-Gontran Damas (Guyane, 1912-1978), in Black-Label, Ed. Gallimard, 1956 : Nous les gueux...

Nous les peu
nous les rien
nous les chiens
nous les maigres
nous les Nègres
Nous à qui n’appartient
guère plus même
cette odeur blême
des tristes jours anciens
Nous les gueux
nous les peu
nous les riens
nous les chiens
nous les maigres
nous les Nègres
Qu’attendons-nous
les gueux
les peu
les rien
les chiens
les maigres
les nègres
pour jouer aux fous
pisser un coup
tout à l’envi
contre la vie
stupide et bête
qui nous est faite
à nous les gueux
à nous les peu
à nous les rien
à nous les chiens
à nous les maigres
à nous les nègres


Cargocollectif.com :
Radio Babel Marseille groove vocalement ses compositions originales portées par la poésie du marseillais Louis Brauquier, navigateur poète. L’univers du voyage, de la mer et de l’exil est ici suggéré dans un mélange de beat-box, de mélodies et rythmes du monde chanté a capella.
Des univers différents et complémentaires, une fusion qui met en musique le voyage, la rencontre, le partage, les cafés, les marchés, les quais, un monde ouvrier oublié...

D I S T R I B U T I O N

Willy Le Corre
Chanteur, percussionniste aux couleurs africaines, ses compétences rythmiques, mélodiques, vocales, ainsi que son rayonnement enjoué offrent au groupe une énergie communicative.

Matthieu Jacinto dit "Joos"
Spécialiste du Human Beat-Box, il assure les rythmiques ethnique, hip-hop et jungle ainsi que de nombreux effets et illustrations sonores.

Fred Camprasse
Chanteur basse, rythmique et harmonique. D'origine antillaise, il étaye de sa voix profonde et ronde les compositions du combo.

Mehdi Laifaoui
Chanteur, percussionniste : de son chant aérien il amène en un souffle les mélopées du Maghreb et d'autre contrées africaines.

Gil Aniorte-Paz
Chanteur, compositeur, directeur artistique, co-créateur des groupes Barrio Chino et des Chants gitans sacrés de Provence. Il pilote ce combo vocal lui donnant sa fougue latine et composant avec le monde...

" Radio Babel Marseille s'annonce comme une promesse de découverte, humaine, puissante et colorée. Promesse tenue et livrée, jaillissante de ces cinq voix qui s'élèvent. Au dessus du Vieux-Port avec l'énergie d'une polyphonie polyglotte. Dans ce premier album Vers des Docks et des Quais, les cinq musiciens ont mis à l'honneur les textes de Louis Brauquier poète marseillais, marin au long cours, mais ils se sont aussi inspirés des poètes de la rue, ceux qui, dans une Marseille ouverte à vif, ont toujours un bagage à partager, une nostalgie à crever, une émotion qui déborde. Par les timbres variés des voix et le groove du beat-box, les cinq hommes de Babel créent une variété de rythmes, de sons et d'ambiances, et nous mènent d'un pays à l'autre, d'une langue à une autre. Blues, combo, volutes arabes, racines occitanes sont les alliés d'une même destinée et finissent ensemble dans un bouge ou sur les rivages. Dans une ville où l'on change de continent en traversant la rue, Radio Babel Marseille chante ce monde depuis la Joliette, entre embarcadère et débarcadère, le regard toujours tourné vers l'ailleurs. " - Cathy Jauffred -

Les cinq chanteurs de "Radio Babel Marseille" forment un combo polyphonique hors normes. Ancrés à Marseille, ces fils de La Joliette mélangent mélopées orientales, voix gitanes ou corses et hip hop vocal sur fond de beatbox et de percussions traditionnelles.