vendredi 28 octobre 2011

ALCINE41 et ses courts métrages en français

Le jeudi 17 novembre, nous nous déplaçons à Alcalá pour notre rendez-vous annuel avec ALCINE, le Festival de Cine de Alcalá de Henares, qui nous invite à voir les courts métrages francophones de sa section "Idiomas en corto". Au programme, neuf films qu'on envisage de projeter en deux séances. La séance matinale commencera à 11h30 (café Teatro El Sueño de Lola) et celle du soir, celle qui nous concerne, aura lieu à 17h30 dans le TEATRO SALÓN CERVANTES, c/Cervantes s/n : veuillez lire une petite information à son égard, agrémentée de deux photos, en bas de cet article.

Voici le programme "Idiomas en corto" en français pour cette 41e édition du festival :

1. L’harmonie cosmique, de Jean-Marc Rohart. France, 2005. 7 min. Animation. Sélection Festival d'Annecy 2007.
Un conférencier vaincu par les pièges du langage revisite l'Histoire de l'Art.

2. La queue de la souris, de Benjamin Renner. France, 2007. 4 minutes 10. Animation. Film de fin d'études. Technique: papier découpé sur ordinateur.
Dans une forêt, une souris remonte une montagne... qui accouche en fait d'un lion. Celui-ci capture la petite bête et menace de la dévorer. La souris lui propose alors un marché désespéré dont la contrepartie éthologique est un flot interminable de victimes : quand le lion est là, les souris travaillent, dirait-on, dynamique qui ne servira pourtant aucunement à rassasier cet assis, ou couché, souhaitant se tailler la part également interminable du lion.


Coup de théâtre, le lion —le prédateur— est lié avec sa ficelle, ou tel est lié qui croyait tirer les ficelles : on dirait une suggestion déliée pour en finir d'une fois pour toutes avec la soi-disant Crise...

3. Tadeus, de Philippe Jullien et Jean-Pierre Lemouland. France, 2000. 5 minutes 30, 35 mm. Animation multiplane et papier découpé.
Dans une classe de CM1 débarque un nouveau venu. Tadeus vient de Tchétchénie et intrigue les élèves : il mange tout ce qu'on lui donne à la cantine, il est nul au foot mais se fait une copine… Les enfants le laisseront-ils entrer dans leur cercle ? Auteur : Karim Aït Gacem.

4. Ligne de vie, Serge Avédikian. France, 2002. 13 min. Animation.
Un camp de concentration. Des bourreaux et des victimes. Présence de la mort. Jeux de concurrence pour combler le vide. Un chronomètre pour mesurer la vitesse d'exécution des travaux. On dort éveillé pour ne pas rêver. L'un des prisonniers se surpasse : il gagne, bat son record et meurt. Un autre, l'homme barbu, le remplace. Il dessine sans cesse leur vie, en cachette. Les autres l'admirent. Un soir, un gardien vient, sans rien dire. Ils se mettent à dessiner ensemble. Puis, d'autres gardiens débarquent. Le lendemain, le gardien est pendu et le prisonnier a perdu ses mains : on les lui a coupées. Mais seule la mort l'empêcherait de dessiner ; il trace malgré tout, la Ligne de vie, aux yeux de tous.



5. Tong, de David Cellier, Florent Limouzin, Arnaud Real. France, 2006. 10 min. Animation.
Un scientifique chinois très maladroit invente par hasard une machine qui désintègre et qui servira finalement à supprimer un astéroïde et, par là, à sauver la planète. Science, hasard, prestige et pouvoir...


6.
Le loup blanc, de Pierre-Luc Granjon. France, 2006. 9 min. Animation.
Dans un village en lisière de la forêt, un enfant réussit à apprivoiser un loup pour en faire sa monture. Son frère et lui sont ravis, mais un jour, pour nourrir la famille, le père ramène de la chasse un gibier plus gros que d’habitude, le loup blanc.


7. Blindspot (‘Angle mort’), de Johanna Bessière, Cécile Dubois-Herry, Olivier Clert, Yvon Jardel, Nicolas Chauvelot et Simon Rouby. France, 2007. 4 min. Animation.
Un voleur entre dans une boutique. Une vieille dame qui ne voit pas très bien tente de faire ses courses... Où l'on va voir que l'on juge vraiment trop sur les apparences.



8. Merveilleusement gris, de Geoffroy Barbet Massin. France, 2003. 6 min. Animation.
Quelque part, la propriétaire du chien que les deux protagonistes, un blanc mouton et un petit lascar, vont essayer de manipuler va tromper ses deux voisins : « Tel est pris qui croyait prendre » serait encore l’adage dissimulé de cette fable à laquelle peut également s’adjoindre la locution : « tant de bruit pour rien »… La chanson finale est délicieuse.


Note : la SPA, c'est la Société protectrice des Animaux. Un macchabée est un cadavre.

9. Premier voyage, de Grégoire Sivan. France, 2007. 10 min. Animation.
C’est le premier voyage que font ensemble un jeune papa et sa petite fille Chloé, mais c’est également celui qui fera passer les deux personnages d’état d’homme et de bébé à celui de père et fille.

 

Teatro Salón Cervantes

 Calle Cervantes, Alcalá de Henares
Source : www.redescena.net

Le Teatro Salón Cervantes fut bâti en 1888 et a connu dès lors deux rénovations, en 1925 et en 1989, celle-ci après son acquisition par la Communauté de Madrid. Il dispose d'un orchestre rectangulaire aménageable en salon, deux étages de loges, une scène à l'italienne et une façade Art Nouveau.


jeudi 27 octobre 2011

Carte de France des bises

Chers débutants, si c'est le moment d'apprendre à saluer en français, il va falloir aussi faire attention à certaines pratiques sociales extralinguistiques. C'est pour cela que je vous invite à visiter une carte de France des bises : vous allez voir que le nombre de fois qu'il faut embrasser l'autre varie sérieusement en fonction des bleds. L'autre ? Traditionnellement, en dehors de la famille, c'étaient les femmes qui faisaient la bise à tout le monde alors que les hommes ne posaient leurs lèvres que sur les joues des femmes.
Le site Combiendebises demande à chaque internaute de participer à sa grande enquête pour savoir le nombre de bises données dans son département : le chiffre peut fluctuer de 1 à 4 (voire 5, marginalement) et mieux vaut savoir s'intégrer, le cas échéant ! Pour comprendre la profondeur de l'arcane, figurez-vous qu'un blogueur crie au secours et implore aux sociologues de nous aider à comprendre ce mystère. Je me rappelle encore l'impression que m'a produit mon premier voyage en Bretagne (il y a belle lurette !) à cet égard-là : on faisait la bise à 4 reprises...
Décidément, c'est une pratique sociale qui risque de vous laisser bouche bée, comme on vérifie en visionnant la vidéo qui suit :

jeudi 20 octobre 2011

How much ?

L'Élysée côté jardin est un blog d'Arnaud Leparmentier, journaliste au Monde. Il y a une semaine, le 13 octobre 2011, il y commentait l'inauguration par Nicolas Sarkozy du Centre Pompidou mobile à Chaumont-sur-Marne (1),...
(...) un musée itinérant qui a choisi de présenter 14 chefs d’œuvre, pas un de plus, au public, sur le thème de la couleur.
Nicolas Sarkozy ne choisit pas la facilité, lorsqu’il partage ses sentiments, à l’issue de la visite, avec un groupe d’écoliers. "Et Klein, le monochrome orange ?", demande le chef de l’Etat. Pendant toute la visite, M. Sarkozy n’a cessé de s’extasier sur l’œuvre : un rectangle orange, daté et signé, premier monochrome de l’histoire de l’art. Elle vaut sûrement une fortune. "Ça, c’est plusieurs millions", assure le président.
Combien ça coûte ? La question revient invariablement, chez Nicolas Sarkozy, qu’il rencontre des agriculteurs ou visite un musée. "Léger, c’est cher ? Klein, plus que Léger ? Moins que Matisse ?", demande le chef de l’Etat.
Art et cote. De l'argent, encore de l'argent et toujours de l'argent : voici toute l'audace de la Sarkozie. On dirait que le président français ne saurait se dispenser un seul instant —côté cour ou côté jardin— de sa formation d'excellence bling-bling —voire de se vautrer sans retenue dans sa caricature même— qui illustre de manière irréprochable le bouillon de culture pathogène où pataugent nos élites, miroir de tant d'émulations.


(1) Description extraite du site :
Le Centre Pompidou mobile est un concept muséal inédit : musée nomade, il offre à tous les publics, notamment ceux que l'on dit les plus éloignés de la culture, l'expérience irremplaçable du contact direct et personnel avec les chefs-d'oeuvre de l'art moderne. Plusieurs modules juxtaposés, conçus par l'architecte Patrick Bouchain dans l'esprit festif des chapiteaux forains et du cirque, vont ainsi parcourir le territoire et offrir une exposition des oeuvres des plus grands maîtres de l'art moderne issues des collections du Centre Pompidou.
L'itinérance du Centre Pompidou mobile commence avec une première étape de trois mois à Chaumont. Cette exposition inaugurale célébre "la Couleur" avec des oeuvres de Matisse, Kupka, Picasso, Braque... La structure ambulante de 650 m2 est installée dans l’ancien quartier Foch, avec une ouverture six jours sur sept et dix heures par jour. L'entrée est gratuite.
Le Centre Pompidou Mobile envisage de faire le tour de France pendant deux ans.

lundi 17 octobre 2011

"Femmes de la Méditerranée" à l'Institut français de Madrid

Je vous relaie l'information ci-dessous concernant le projet "Femmes de la Méditerranée" promu par l'Institut français de Madrid. Il est question d'une exposition et d'une mise en scène de Sylvie Imbert sur le sujet. L'exposition se tiendra du mardi 18 octobre au vendredi 4 novembre. La pièce sera jouée le mercredi 19 octobre à 20h (entrée gratuite).
Pour en savoir plus, cliquez sur le lien ci-contre et accédez au site medifemmes.net.

Projet "Femmes de la Méditerranée"

FDM

L’exposition « Femmes de la Méditerranée, entre tradition et modernité » est le point culminant d’un travail de recherche et de création artistique réalisé par les élèves et les équipes pédagogiques de 38 établissements issus de 13 pays du pourtour méditerranéen.

L’exposition tente de refléter, le plus fidèlement et le plus exhaustivement possible, la variété des problématiques abordées ainsi que l’originalité des productions réalisées par les 1280 élèves qui, de la maternelle à la terminale, ont participé à cet ambitieux projet.

De grands axes se sont dégagés de l’ensemble de leurs travaux, autour desquels on a pu construire cette exposition dont l’objectif principal est de restituer une expérience inédite :  celle d’un travail collectif et simultané, réalisé par des élèves de tous âges et de pays et de cultures différents, sur un thème commun et une civilisation éternelle : la femme d’hier et d’aujourd’hui dans le monde méditerranéen.

Du mardi 18 octobre au vendredi 4 novembre
Galerie de l’Institut français de Madrid
Entrée libre, du lundi au vendredi de 10h30 à 20h
Inauguration le 18 octobre à 19h30

Dans le cadre de cette exposition, découvrez un spectacle inédit : la pièce de théâtre “Mère Méditerranée”.

Création-collage à partir des textes dramatiques d’hier et d’aujourd’hui, pour mieux connaître les femmes de la Méditerranée.
Création et mise en scènes de Sylvie Imbert, professeur de lettres au lycée français de Madrid. Interprétation par les élèves du lycée, actuels et anciens.

Mercredi 19 octobre à 20h
Entrée libre, dans la limite des places disponibles.
Vous pouvez voir la vidéo de la journée du jeudi 13 janvier 2011 dédiée à ce projet, composée d'activités pédagogiques et culturelles à destination des élèves du collège et du lycée :
Journée "Femmes de la Méditerranée" au Lycée Français de Madrid from Communication LFM on Vimeo.

Un webdocumentaire commémore les 50 ans du Massacre du 17 octobre 1961


« J’ai maintes fois souhaité que la honte d’avoir été
le témoin impuissant d’une violence d’État haineuse
et organisée puisse se transformer en honte collective.
Je voudrais aujourd’hui que le souvenir des crimes
monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré
de toutes les horreurs de la guerre d’Algérie, soit
inscrit sur une stèle, en un haut lieu de toutes les villes
de France, et aussi, à côté du portrait du président de
la République, dans tous les édifices publics, mairies,
commissariats, palais de justice, écoles, à titre de mise
en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciste. » 
[Pierre Bourdieu, in Le 17 octobre 1961. Un crime d’État à Paris
(collectif, dir. Olivier Le Cour Grandmaison), La Dispute, 2001.]



La date du 17 octobre 1961 reste dans l'Histoire associée à un massacre : une manifestation organisée à Paris par la Fédération de France du F.L.N. (Front de Libération Nationale ; Jabhat al-Taḩrīr al-Waţanī, en arabe) en faveur de l'indépendance de l'Algérie fut réprimée dans le sang. Les forces de l'ordre françaises, dirigées par le préfet de police Maurice Papon, tuèrent deux centaines d'Algériens par balle, à coups de matraque, étranglés ou noyés. Beaucoup des manifestants furent internés pendant quatre jours dans des centres de détention où ils auraient subi des tortures. Début octobre, Papon avait exprimé clairement qu'il couvrirait les excès policiers ; devant le personnel réuni pour les obsèques du brigadier Demoën, assassiné par le FLN, il avait déclaré dans son allocution : "Pour un coup, nous en rendrons dix."
Le 5 octobre, Papon renchérit et décréta un couvre-feu parfaitement discriminatoire car il ne concernait que les Français musulmans d'Algérie. L'appel du FLN à manifester pacifiquement serait contesté par une boucherie et Maurice Papon ne rencontrerait aucune difficulté à rester en poste jusqu'en 1967.

Pour commémorer les 50 ans de cette répression honteuse, un documentaire conçu pour le web sort justement aujourd'hui. Voici l'information que nous fournit le quotidien Le Monde, y compris un visuel interactif très pertinent intitulé La nuit oubliée :
Il y a 50 ans jour pour jour, une manifestation organisée à Paris par l'antenne française du Front de libération nationale (FLN), en faveur de l'indépendance de l'Algérie, se heurtait à une répression sanglante. Des dizaines d'Algériens sont morts dans cette confrontation avec les forces de l'ordre, alors dirigées par Maurice Papon. Le webdocumentaire 17 octobre 1961 sort aujourd'hui à l'occasion de ce triste anniversaire. A grand renfort d'images d'archives, servi par un graphisme soigné, il retrace les événements depuis leur origine et les recontextualise. Le documentaire a été réalisé par Raspouteam, une équipe de 3 geeks travaillant anonymement, spécialisés dans les événements qui ont secoué Paris. Le groupe est aussi l'auteur d'un webdocumentaire sur la Commune et a sévi dans les rues de la capitale avec un projet d'art urbain, Désordres publics.
(Le Monde, 17/10/2011)
Geek : (Anglicisme) Personne passionnée d'informatique et de nouvelles technologies.

La nuit oubliée : Visuel interactif d'Olivier Lambert et Thomas Salva, proposé par Le Monde, comportant plusieurs documents d'intérêt dont des matériaux d'archives ou les témoignages de Khaled Benaïssa, Catherine Lévy, Khelifa Mouterfi, Rahim Rezigat, Clara et Henri Benoîts, et Georges Azenstarck : ils vécurent la répression sanglante et l'on sait très bien que les victimes gardent toujours la mémoire que les bourreaux s'évertuent —sans succès cette fois-ci, heureusement— à enterrer.
Le Monde présente également une infographie contenant des clichés inédits du photographe Henri Georges qui travaillait pour le Libération de l'époque. Ces photos ont été fournies par l'historien Gilles Manceron qui commente les images. Et, en édition abonnés, on peut lire une enquête sur la manière dont l'affaire a été censurée ou étouffée par la suite. En voici un échantillon :
(...) Cantonnés habituellement aux bidonvilles de banlieue, plus de 20 000 hommes, femmes et enfants défilent alors pacifiquement dans les rues du Quartier latin, sur les Grands Boulevards, aux abords des Champs-Elysées. La violence policière est inouïe : les agents les attendent à la sortie du métro et dans les rues pour les rouer de coups en les insultant. "Les plus faibles, ceux qui étaient déjà en sang, ils les achevaient jusqu'à la mort, je l'ai vu", racontera, en 1997, Saad Ouazen lors d'une réunion de commémoration organisée par le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP). Bien qu'ils n'opposent aucune résistance, des dizaines de manifestants sont tués par balles, d'autres sont noyés dans la Seine. Au total, plus de 11 000 Algériens sont arrêtés et transférés au Palais des sports ou au stade Pierre-de-Coubertin.
Entassés pendant plusieurs jours dans des conditions d'hygiène effroyables, ils sont violemment frappés par les policiers, qui les traitent de "sales bicots" et de "ratons". Au Palais des sports, les internés, terrorisés, n'osent plus aller aux toilettes, car la plupart de ceux qui s'y risquent sont tués. "Trois jours comme ça, assis sur une chaise, ni à manger, ni à boire, ni une cigarette, rien du tout. Autour de moi, il y en avait cinq ou six qui étaient blessés. On était là, on pleurait tous. On croyait tous mourir", raconte Ali Djermani dans Scènes de la guerre d'Algérie en France, de Jean-Luc Einaudi (Le Cherche Midi, 2009). Le lendemain matin, la préfecture recense officiellement trois morts - deux Algériens et un Français de métropole. Le mensonge s'installe. Le silence, bientôt, le recouvrira. Il durera plus de vingt ans. (...) Au Sénat, la commission parlementaire demandée par Gaston Defferre est écartée avec fermeté : elle ne ferait que "jeter un peu de doute, un peu de trouble, un peu de confusion dans l'esprit et le cœur d'un grand nombre de fonctionnaires de police", affirme le ministre de l'intérieur, Roger Frey. Le 27 octobre, Claude Bourdet, directeur du magazine France Observateur, demande - en vain - une commission d'enquête au conseil municipal de Paris. "Ce qu'il nous faut, c'est très simple et très clair : l'autorisation et suffisamment de bateaux (pour y mettre les Algériens), répond le conseiller Alex Moscovitch. Le problème qui consisterait à faire couler ces bateaux ne relève pas, hélas, du conseil municipal de Paris." Les récits qui remettent en cause la version officielle sont censurés : Octobre à Paris, le film que Jacques Panijel tourne dans la foulée du massacre, est projeté clandestinement dans la capitale en 1962, mais les bobines sont saisies par la police - il ressort aujourd'hui en salles. François Maspero tente d'éditer un livre de la journaliste Colette Péju, mais il est interdit. L'amnistie qui accompagne l'indépendance de l'Algérie, en 1962, scelle ensuite le silence de la société française : toutes les plaintes sont classées. (...)

D'autres informations concernant le massacre :

Algeria-Watch : Massacre du 17 octobre 1961: la date sans nom de l’histoire de France.
Rebellyon.info : Le massacre du 17 octobre 1961 à Paris : « ici on noie les Algériens ! »
L'Express : Retour sur une tragédie.
Le Nouvel Observateur : 17 octobre 1961, une nuit noire à Paris.
Union Juive Française pour la Paix : Communiqué.

À lire ou à voir :

—Didier Daeninckx : Meurtres pour mémoire, Gallimard, coll. "Folio policier", Paris, 1998 (polar dont l'édition princeps date de 1984). Adapté au cinéma par Laurent Heyneman.
—Michel Levine, Les Ratonnades d'octobre : un meurtre collectif à Paris en 1961, 1985. Éd. Jean-Claude Gawsewitch, coll. Coup de gueule, Paris, 314 pages, 19,90 €. (Selon Wikipédia, Paulette Péju publia chez Maspero en 1961, sous le titre Les ratonnades d'octobre, un recueil d'articles de presse qui fut rapidement interdit à la vente).
—Agnès Denis et Mehdi Lallaoui : Le Silence du fleuve (documentaire), 1991. 52 minutes. Prod. Au nom de la mémoire.
—Philippe Brooks et Alan Hayling : 17 octobre 1961, une journée portée disparue. Consultant historique : J-L. Einaudi. 52 minutes, 1992. Prod. Point du jour pour Channel 4. Diffusion en France : France 3 (le 2 mars 1993) puis sur Planète câble et sur ARTE (le 17 octobre 2001).


Mise à jour du 18.10.19 - 17 octobre 1961 : le témoignage de Daniel Mermet, producteur de Là-bas, si j'y suis.
À l'époque du massacre, il était étudiant aux Beaux Arts.
Trente ans plus tard, en 1992, suite au livre de Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris, et à la série d’émissions de Là-bas, Daniel Mermet témoignait dans le film de Philipp Brooks et Alan Hayling, Une Journée portée disparue, 1992, 52 min, Point du jour, Channel Four et France Régions 3.

—Bourlem Guerdjou : Vivre au Paradis, 1998. Film de fiction.
—Tewfik Farès : C’était le 17 octobre 1961, Opération télécité, n° 7, 26 minutes, série. Alizé prod./France 3 Paris Île-de-France Centre, diffusé le 17 octobre 1999.
—Ali Akika : Les enfants d’Octobre, 52 minutes, 2000, prod. Les Films de la lanterne.
— Collectif (sous la direction d'Olivier Le Cour Grandmaison), Le 17 octobre 1961. Un crime d’État à Paris, La Dispute, Paris, 31/08/2001.
—Alain Tasma : Nuit noire, 2005. Film.
—Jean-Luc Einaudi : La Bataille de Paris, Seuil, coll. "Points histoire", Paris, 2007.
—Jean-Luc Einaudi : Octobre 1961. Un massacre à Paris, Fayard, coll. "Pluriel", Paris, 2011, 640 pages, 12€.
Le 17 octobre 1961 par les textes de l'époque, Les Petits Matins, Paris, 2011, 128 pages, 5€. Préface de Gilles Manceron.
—Marcel et Paulette Péju : Le 17 octobre des Algériens, La Découverte, Paris, octobre 2011, 199 pages, 14€. C'est le témoignage inédit rédigé par les Péju en 1962 suivi de La triple occultation d'un massacre, de Gilles Manceron.
—Daeninckx et Maco: Octobre noir (bande dessinée), Adlibris, Anthy-sur-Léman, 2011, 60 pages, 13,50€. Préface de Benjamin Stora.
—Jacques Panijel : Octobre à Paris, documentaire inédit, interdit jusqu'en 1973 ; en salles à partir du 19 octobre 2011.

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Mise à jour du 16.11.16 :

France, 2013, 48', vidéo

Publié le 9 juin 2015
Films Blue Meridien Créations - Mail : bluemeridien@gmail.com
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Copie mail :
de Jean-Luc Einaudi, historien, auteur, entre autres, de La bataille de Paris, sur le massacre des Algériens, en Octobre 1961, par la police de Maurice Papon.
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À Jean-Jacques Beryl - 07/01/2013

Bonjour,
Merci pour l'envoi de votre film "17 octobre 1961-L'ordre français"-que j'ai regardé avec beaucoup d'intérêt et qui permet de percevoir le caractère conflictuel du rapport à ces événements durant les vingt et quelques dernières années mais aussi le cheminement du processus de reconnaissance. N'hésitez pas à me contacter si besoin. Tous mes voeux pour que votre film rencontre le meilleur accueil.
Cordialement.

Jean-Luc Einaudi
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Copie mail :
Olivier Le Cour Grandmaison, historien, auteur , entre autres, de La République impériale : politique et racisme d'État, Paris, Fayard, 2009.
Président de l'association 17 octobre 1961 : contre l'oubli
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À Jean-Jacques Beryl - 18/10/2013

Cher Monsieur
Mille merci et bravo pour votre beau film. Au plaisir de vous revoir et de le revoir.
Très amicalement.

Olivier Le Cour Grandmaison
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Mise à jour du 20.10.17 :

Dans son blog sur Mediapart, Gilles Manceron vient de nous apprendre, le lundi 16 octobre 2017, qu'il y a Du nouveau sur le 17 octobre 1961 :
(...) en 2017, les notes de Louis Terrenoire, l’un des ministres qui soutenaient totalement la politique du général de Gaulle pour la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie, publiées dans un ouvrage émouvant de sa fille, Marie-Odile Terrenoire, Voyage intime au milieu de mémoires à vif. Le 17 octobre 1961 [3], confirment [l’existence au sein même du gouvernement du désaccord du premier ministre, Michel Debré, avec la politique algérienne du général de Gaulle. Debré n’avait plus aucune prise sur le dossier algérien et conservait la responsabilité du maintien de l’ordre en France, et, quand, en août 1961, suite aux concessions du président sur la question du Sahara, un accord avec le FLN devenait rapidement possible, il s’est agi pour lui de lancer, a contrario de la politique de sortie du conflit choisie par le Général, une guerre à outrance contre la fédération de France du FLN].
Il y aurait eu, donc,
(...) une coupure au sein du gouvernement entre ceux qui soutenaient la volonté du Général de reconnaître l’indépendance de l’Algérie et ceux qui étaient en désaccord avec lui. Il en ressort que la répression de septembre et octobre 1961 contre l’immigration algérienne ne relevait en rien d’une volonté du chef de l’Etat, préoccupé, comme le GPRA, à mener à terme les négociations. Il était, au contraire, à la recherche d’une forme de réconciliation avec les nationalistes algériens, de l’établissement de rapports de confiance avec eux, pour construire ensemble la transition la plus pacifique possible vers une indépendance algérienne compatible avec de bonnes relations futures avec la France. EN LIRE PLUS.

"17 octobre 2011, « cinquante ans après je suis là », d’Ariane Tillenon, commence par un témoignage troublant, celui de Georges Azenstarck, photographe à l’époque à l’Humanité, qui montre les photos d’un amas de cadavres de l’autre côté du boulevard, qu’il a prises alors du balcon du 3e étage de l’immeuble du journal et qui en ont ensuite mystérieusement disparu. Ce film orchestre des images de la marche de la fraternité organisée, en 2011, par de multiples associations, avec le soutien de La Parole errante du dramaturge Armand Gatti, qui avait confectionné pour elles quelque 200 silhouettes que les participants ont brandies (...)" (Gilles Manceron, © Mediapart)

Le mardi 17 octobre 2017, Henri Maler a publié un article sur le site d'ACRIMED analysant l'attitude des moyens de communication français de l'époque vis-à-vis du massacre. Une époque, les débuts de la Ve République, où la censure était un épouvantail trop présent pour que vérité et protestations éclatent : « Sur ce qu’a été cette tragique journée d’hier, nous ne pouvons tout dire. La censure gaulliste est là. Et L’Humanité tient à éviter la saisie pour que ses lecteurs soient, en tout état de cause, informés de l’essentiel », écrivait L’Humanité, le 18 octobre 1961. Encore une occasion de vérifier comment on écrit l'Histoire.
À cet égard, Maler nous incite à lire notamment ce qui est, selon lui, la meilleure étude publiée à ce jour sur le traitement médiatique du 17-Octobre : un article de Mogniss H. Abdallah intitulé « Le 17 octobre 1961 et les médias. De la couverture de l’histoire immédiate au “travail de mémoire” », paru dans la revue trimestrielle Hommes & migrations (issu concrètement du n° 1 228, novembre-décembre 2000 : L’héritage colonial, un trou de mémoire) et téléchargeable sur son Web en PDF. Cet article est également consultable sur le site « Nouveau millénaire. Défis libertaires » ou sur celui de Persée.

Le magazine indépendant Là-bas, si j'y suis s'est traditionnellement beaucoup penché sur cette affaire. Ce média agissant actuellement sur internet propose à son tour une nouvelle écoute de quatre de ses vieilles émissions radiodiffusées sur France Inter. La page en question, du 17 octobre dernier, contient, de surcroît, des informations, des photographies et des liens très utiles au sujet du massacre du 17 octobre 1961.

Enfin, le collectif Vérité et Justice a envoyé une lettre ouverte au Président de la République pour qu'il y ait formellement la reconnaissance du crime d'État et a lancé un appel à un rassemblement dans ce but.
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Mise à jour du 16.10.21 : 
 

Massacres du 17 octobre 1961 : « Il s’agit bien d’un plan concerté exécuté pour des motifs politiques et raciaux à l’encontre de civils »

L’Etat français doit réparation aux manifestants tués ce jour-là ainsi qu’à leurs descendants qui sont des victimes de « discriminations mémorielles et commémorielles », estime, dans une tribune au « Monde », l’historien Olivier Le Cour Grandmaison.

 

mercredi 12 octobre 2011

Festival Paris-Banlieues-Tango

"Pendant six semaines, Paris et plusieurs villes en Ile-de-France vivent au rythme du Tango : concerts, bals, cours de danse et de chant, cycles audiovisuels, débats, rencontres littéraires, expositions, soirées gastronomiques". Voilà ce qu'on nous annonce sur le site du festival Paris-Banlieues-Tango, qui proposera sa 14e édition et se déroulera du 12 octobre au 30 novembre 2011. Cliquez sur le lien si le sujet vous intéresse !

mardi 4 octobre 2011

Hoffmann, Nobel de Médecine

Nous apprenons par les journaux que le prix Nobel de Médecine 2011 a été attribué hier à trois chercheurs -Jules Hoffmann (Français d'origine luxembourgeoise), Bruce Beutler (Étasunien) et Ralph Steinman (Canadien)- pour leurs travaux sur le système immunitaire favorisant la vaccination et la lutte contre le cancer. C'est justement cette maladie qui a causé la mort de Ralph Steinman, décédé le vendredi 30 septembre d'un cancer du pancréas, soit trois jours avant l'annonce officielle de sa récompense.

Permettez-moi de reproduire le billet que les nobelisations suggèrent à Hervé Le Tellier, collaborateur quotidien du journal Le Monde :


papier de verre
Hervé Le Tellier
On a attribué hier le prix Nobel de médecine. Mais le monde est ainsi fait qu'un Français sur trois n'a plus les moyens de se soigner, et sans doute à cause d'un prix Nobel d'économie.

Nos grèves et Spinoza

"(...) C'est pourquoi quiconque cherche les véritables causes
des miracles, et s'efforce de comprendre les choses naturelles
en philosophe, au lieu de les admirer en homme stupide, est tenu
aussitôt pour hérétique et pour impie, et proclamé tel par les hommes
que le vulgaire adore comme les interprètes de la nature et de Dieu.
Ils savent bien, en effet, que l'ignorance une fois disparue ferait
disparaître l'étonnement, c'est-à-dire l'unique base de tous
leurs arguments, l'unique appui de leur autorité."
Spinoza : Éthique, partie I, proposition 36, Appendice. 
Traduction de Robert Misrahi.

"Les chaînes des prisonniers sont les mêmes que
celles de tous les individus qui n’ont aucun pouvoir
sur leurs vies, elles sont simplement plus visibles".
Devise du Comité d’Action des Prisonniers, 1972



Cela fait quelques mois que j'ai lu l'ouvrage de Frédéric Lordon Capitalisme, désir et servitude (La Fabrique Éditions, 2010). Je me rappelle qu'un jour, en fouillant des bouquins dans une librairie, je me suis esclaffé à la vue de ces trois synonymes alignés composant le nom d'une œuvre. Dans son essai, Lordon envisage de combiner un structuralisme des rapports et une anthropologie des passions, un mélange de Marx et de Spinoza appliqué à nos très cruelles structures sociales et économiques, et aux affects qui en découlent.
J'y pense et, imbu d'éthique spinoziste, je me dis qu'après les grèves de septembre, face à la perverse persévérance dans leur être des sympathisantes madrilènes du Tea Party, face à leurs intoxications de tout poil destinées à ternir la réputation des enseignants, il faut tenir. Je sais que le Pouvoir a le temps d'attendre beaucoup plus longtemps que les salariés, mais drôle de vie que celle perdue à se résigner ou à la gagner. Mieux vaut la résistance, donc la rébellion. C'était Spinoza le géomètre (1) qui disait :
(...) ; plus grande est la tristesse, plus grande est la puissance d'agir par laquelle l'homme s'efforce de lutter contre la tristesse (...).
Spinoza : Éthique, partie III, proposition 37, démonstration. Traduction de Robert Misrahi.

(1) Celui pour qui connaître et aimer sont équivalents. Ah, la langue comme cosmovision : le verbe hébreu iodah recouvre les deux concepts. En tout cas, comme nous le rappelle Lordon, Spinoza modifie volontiers et souvent l'usage habituel des noms, notamment de ceux des affects, « pour ne pas se laisser prendre aux pièges des mots de la connaissance du premier genre » (« par expérience vague » ou compréhension affective spontanée). L'« amour » spinoziste n'est rien d'autre, insiste Lordon, qu'une « joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure » et « épouse la variété de tous les objets de satisfaction possibles, des plus modestes aux plus sociaux ».





 

Note du 5/10/2011 : Bien entendu, l'enjeu est mondial. N'oublions pas l'exemple du Chili, le premier laboratoire des Chicago Boys dans le monde, car on récolte toujours ce qu'on a semé et que les sévices de l'Économie sont vraiment durables. Le 28/08/1976, 24 jours avant d'être assassiné par des agents de Pinochet, Orlando Letelier (1932-1976) publia l'article "The Chicago Boys in Chile: Economic Freedom's Awfull Toll" dans The Nation. Vers la fin de son texte, il nous prévenait :
 (...) concentration of wealth is no accident, but a rule; it is not the marginal outcome of a difficult situation -- as they would like the world to believe -- but the base for a social project; it is not an economic liability but a temporary political success. Their real failure is not their apparent inability to redistribute wealth or to generate a more even path of development (these are not their priorities) but their inability to convince the majority of Chileans that their policies are reasonable and necessary. In short, they have failed to destroy the consciousness of the Chilean people. The economic plan has had to be enforced, and in the Chilean context that could be done only by the killing of thousands, the establishment of concentration camps all over the country, the jailing of more than 100,000 persons in three years, the closing of trade unions and neighbourhood organizations, and the prohibition of all political activities and all forms of free expression. While the Chicago boys have provided an appearance of technical respectability to the laissez-faire dreams and political greed of the old landowning oligarchy and upper bourgeoisie of monopolists and financial speculators, the military has applied the brutal force required to achieve those goals. Repression for the majorities and economic freedom for small privileged groups are in Chile two sides of the same coin. There is, therefore, an inner harmony between the two central priorities announced by the junta after the coup in 1973: the 'destruction of the Marxist cancer (which has come to mean not only the repression of the political parties of the Left but also the destruction of all labor organizations democratically elected and all opposition, including Christian-Democrats and church organizations), the establishment of a free private economy and the control of inflation à la Friedman.
La concentration de la richesse n'est pas un accident, mais la règle, le but essentiel. Répression pour la majorité et liberté économique pour de petits groupes privilégiés étaient et sont, au Chili et partout, les deux faces d'une même pièce —oui, cher, très cher Granados, vous le privilégié qui nous voulez tous précaires et joyeux. Il est vrai que de nos jours, le couple soixante-dixard généraux-économistes a été remplacé par celui plus présentable de politiciens-économistes.
Notre soutien aux étudiants chiliens, bel exemple de résistance.

vendredi 30 septembre 2011

Les "directores de instituto" exigent la destitution immédiate de la Consejera de Educación de Madrid

... car le ton dont elle parle fait retentir les bois.
Eh oui, l'ADIMAD, Assemblée générale de l'Association des proviseurs ("directores") des lycées ("institutos") de la Communauté de Madrid, qui s'est tenue avant hier 28/09/2011, a adopté le texte que je relaie ci-dessous et qui se passe de commentaires. À bonne entendeuse, salut :

La Asamblea General de la Asociación de Directores de Instituto de la Comunidad de Madrid, reunida en el día de hoy para analizar el principio de curso 2011/2012 constata con enorme preocupación e indignación que se han cumplido con creces las peores previsiones en lo relativo a la organización de los centros y a la calidad del servicio público educativo.
La aplicación de las Instrucciones de la Viceconsejería de Educación de la Comunidad de Madrid que regulan el curso 2011/12, ha ocasionado enormes dificultades y graves consecuencias para la organización y funcionamiento de los centros por:
  • La inseguridad jurídica planteada a equipos directivos y al profesorado.
  • Las constantes interpretaciones contradictorias de la normativa entre los distintos niveles de la Administración.
  • La improvisación e incoherencia en la aplicación de normas muy relevantes de la legislación vigente.
  • La disminución de apoyos, desdobles y laboratorios en todos los grupos y niveles de enseñanza.
  • La reducción muy significativa de los desdobles para prácticas en Formación Profesional, incluso en Ciclos Formativos en los que la permanencia en talleres los hace imprescindibles.
  • Los graves problemas con los cupos de profesorado para los Programas de Cualificación Profesional Inicial que, dada su estructura, es imposible ajustarlos a la carga horaria del profesorado.
  • La reducción importante de medidas de atención a los alumnos con necesidades especiales.
  • La nueva reducción del profesorado del Programa de Compensatoria .
  • La reducción drástica de las horas de atención al alumnado por carecer del número suficiente de profesores de guardia.
  • Las dificultades para el desarrollo de Planes de Convivencia, de Acción Tutorial, de Orientación Académica y de Mejora e Innovación Educativa.
  • El cierre de Bibliotecas escolares
  • La desaparición de las horas necesarias para la preparación y realización de actividades complementarias tales como: visitas culturales, intercambios escolares, viajes de estudio etc.
  • El aumento de profesores que imparten asignaturas no propias de su especialidad y de profesores que imparten docencia en varios centros simultáneamente.
  • La disminución del número de grupos de materias optativas.
  • Las enormes dificultades para mantener a los coordinadores de los programas de las nuevas tecnologías
Las Instrucciones de 4 de julio no solo han situado a los Institutos públicos en la excepcionalidad permanente como si estuviéramos en un estado de emergencia nacional, que sólo pudiera arreglarse con el sacrificio de la enseñanza pública, sino que, además, los profesores estamos sufriendo una campaña de descrédito sin precedentes, con continuas vejaciones, humillaciones e insultos por parte de nuestros máximos responsables, que parecen instalados en la mentira como única forma de justificar sus decisiones atropelladas, mal medidas y peor ejecutadas. Los hechos acaecidos y las actuaciones de la Consejería de Educación en este inicio de curso no han hecho más que agravar una situación, ya de por sí preocupante y difícil.
Las “instrucciones orales” dictadas de forma improvisada y contradictoria por la Consejería, contravienen lo dispuesto en su propia normativa en temas como el de la Tutoría, y en la asignación de las horas complementarias de los profesores, y deja a los equipos directivos y al profesorado en una situación de indefensión jurídica impropia de un Estado de Derecho.
La forma de legislar y de actuar de la Consejera de Educación de Madrid parece que solo pretende deteriorar la escuela pública, menospreciando el nivel de calidad alcanzado en nuestras aulas.
Ante esta grave situación, los Directores de Institutos públicos de la Comunidad de Madrid queremos:
1.- Resaltar las enormes dificultades habidas en la puesta en marcha de este curso por la aplicación de las citadas Instrucciones y por la actuación inadecuada de la Consejería de Educación.
2.- Reivindicar la labor docente realizada en los últimos quince años en la escuela pública en cuanto a:
  • Integración de un alumnado diverso.
  • Consolidación de planes de convivencia.
  • Desarrollo de programas de innovación didáctica.
  • Mejora de resultados académicos.
3.- Reconocer el esfuerzo, compromiso y la comprensión de padres, alumnos y profesores en defensa de una escuela pública de calidad.
4.- Pedir a la Presidenta de la Comunidad de Madrid y a la Consejera de Educación mayor sensibilidad y respeto hacia los profesores y apoyo firme y decidido a la enseñanza pública, soporte fundamental de una sociedad justa, igualitaria y democrática.

Las circunstancias que estamos viviendo, están suponiendo una enorme dificultad para gestionar los centros, una seria desmotivación y un gran malestar en los Claustros de profesores y una profunda preocupación por el futuro de la enseñanza pública en nuestros alumnos y sus familias.
De ahí que resulte imprescindible aprovechar la ocasión para plantear la necesidad de un debate sereno y constructivo sobre la enseñanza que necesitamos y queremos.
No es necesario reiterar nuestra opinión sobre las Instrucciones, manifestada en la Asamblea de Directores celebrada el día 8 de julio, en las que mostramos nuestro profundo rechazo y pedimos su retirada, ni tampoco señalar los esfuerzos de los equipos directivos por minimizar su impacto negativo en los Institutos, pero sí manifestar que la gestión que de sus propias Instrucciones ha hecho la Consejería de Educación ha sido nefasta. En consecuencia, por responsabilidad, y dada la altanería, maledicencia e insolvencia de la Consejería, hemos de reiterarnos en nuestra petición formulada en el mes de julio, y que no es otra que la destitución inmediata de la Consejera de Educación.
Madrid a 28 de septiembre de 2011 

Complétons l'info par une suggestion littéraire. Si vous lisez les Fables de La Fontaine, concrètement le Livre III, 3, vous tomberez sur celle que je vous colle ci-dessous [après l'avoir copiée sur le site www.lafontaine.net, auquel je rends hommage]. Elle s'intitule...

LE LOUP DEVENU BERGER

C’est Verdizotti, le secrétaire du Titien qui, dans son livre paru en 1570 « Cento favole morali » a écrit le poème « Il Lupo e le Pecore » qui servira de base de travail à La Fontaine. Verdizotti fut le premier à écrire des récits ésopiques en langue vulgaire.

Un loup, qui commençait d'avoir petite part
            Aux brebis de son voisinage, 
Crut qu'il fallait s'aider de la peau du renard,
            Et faire un nouveau personnage. 
Il s'habille en berger, endosse un hoqueton
            Fait sa houlette d'un bâton, 
            Sans oublier la cornemuse.
            Pour pousser jusqu'au bout la ruse, 
Il aurait volontiers écrit sur son chapeau: 
«C'est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau.» 
            Sa personne étant ainsi faite, 
Et ses pieds de devant posés sur sa houlette, 
Guillot le sycophante approche doucement. 
Guillot, le vrai Guillot, étendu sur l'herbette,
            Dormait alors profondément;
Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette
La plupart des brebis dormaient pareillement. 
            L'hypocrite les laissa faire;
Et pour pouvoir mener vers son fort les brebis,
Il voulut ajouter la parole aux habits, 
            Chose qu'il croyait nécessaire. 
            Mais cela gâta son affaire,
Il ne put du pasteur contrefaire la voix. 
Le ton dont il parla fit retentir les bois, 
            Et découvrit tout le mystère. 
            Chacun se réveille à ce son, 
            Les brebis, le chien, le garçon. 
            Le pauvre loup dans cet esclandre, 
            Empêché par son hoqueton, 
            Ne put ni fuir, ni se défendre.
Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre
          Quiconque est loup agisse en loup
            C'est le plus certain de beaucoup

S'aider de la peau du renard: Agir avec ruse. Expression proverbiale du temps de La Fontaine qui fait référence à la ruse du renard. Elle remonterait au moins à Plutarque qui écrivait dans « Les vies des hommes illustres », chapitre XI « Quand la peau du lion n'y peut fournir, il y faut coudre aussi celle du renard. Jacques Schiffrin note que dans sa « Lettre à Monsieur de Turenne », La Fontaine écrit « Quoi ! la bravoure et les matoiseries ?... / Vous savez coudre . . . / Peau de lion avec peau de renard » (« La Fontaine - OEuvres complètes, tome I » ; préface par E. Pilon ; édition établie et annotée par R. Groos et J. Schiffrin ; NRF Gallimard ; bibliothèque de la Pléiade ; 1954, p. 692). Un hoqueton: Une casaque paysanne faite de grosse toile, courte et sans manches (le mot provient de l'arabe al-qoton, signifiant « le coton »). 
La houlette est ce bâton de berger se terminant à une extrémité par un petit fer en forme de bêche (pour envoyer des mottes de terre aux moutons trop aventureux) et à l'autre par un crochet permettant de saisir les animaux par une patte. 
La cornemuse: Les bergers utilisaient couramment cet instrument de musique à vent composé de tuyaux à anches et d'une outre destinée à emprisonner l'air qui sera ensuite libéré au gré du musicien.
Guillot: Diminutif de Guillaume. On le retrouve souvent chez La Fontaine, par exemple dans « Le Berger et son troupeau » (Livre IX, fable 19, vers 12 et 23) mais aussi dans un conte « Le baiser rendu » (troisième partie, conte 9, vers 1, 5, 10 et 11). 
Le sycophante: Le sens de fourbe, trompeur est déjà donné par les comiques latins - dont Plaute - à ce mot d'origine grecque désignant les délateurs professionnels 
La musette: Désigne ici la cornemuse. 
Le fort: Le repaire d'une bête sauvage. 
Que quiconque est loup agisse en loup: La Fontaine reprendra le thème dans son opéra « Le Florentin » « Car un loup doit toujours garder son caractère» écrira-t-il au vers 5.

Au mot "sycophante" La Fontaine ajouta une note en bas de page dans son texte originale : "Trompeur".
Il est possible aussi de trouver sur le Net des versions vidéo de cette fable —la domination masculine traditionnelle rendant franchement improbable la conception d'une fable plus ciblée genre La louve devenue bergère, défi qui pourrait être relevé par les nouvelles générations.

Lingu@net, ressources multilingues pour l'apprentissage des langues

Grâce à la collaboration d'une trentaine d'institutions européennes, le site linguanet-worlwide.org propose une aide en ligne pour initier les adultes souhaitant apprendre gratuitement de nouvelles langues.
Qu’est-ce que Lingu@net World Wide ? Laissons-les parler :
Lingu@net World Wide est un centre de ressources linguistiques multilingues, destiné à l’apprentissage des langues étrangères.
Il propose des informations et des liens vers une sélection de ressources en ligne pour l’apprentissage et l’enseignement des langues provenant du monde entier.
Lingu@net World Wide est fondé sur le principe suivant : si vous apprenez ou enseignez une langue, vous êtes susceptible d’être intéressé non seulement par les ressources que vous pourriez trouver en faisant des recherches dans votre langue maternelle, mais encore par d’autres ressources dans les langues que vous êtes capable de comprendre.
Lingu@net World Wide offre un accès multilingue à plus de 3.500 ressources en ligne cataloguées, destinées - pour la plupart d’entre elles - spécifiquement aux apprenants. Il propose également une assistance aux apprenants adultes sur les sujets suivants : comment apprendre une langue, comment évaluer son niveau ou comment communiquer en ligne avec d’autres apprenants. Ces différentes rubriques ont été élaborées par des spécialistes de l’apprentissage des langues issus de l’Europe entière.
L’ensemble du site est à présent accessible en allemand, anglais, arabe, basque, bulgare, catalan, chinois, danois, espagnol, estonien, finnois, français, galicien, grec, hindi, hongrois, irlandais, islandais, italien, japonais, letton, lituanien, maltais, polonais, portugais, roumain, russe, slovaque, slovène, suédois et tchèque.
Lingu@net World Wide est un projet porté par 34 institutions issues de 25 pays européens.

En fait, le site donne accès aujourd'hui (ça bouge) à "4 819 ressources certifiées pour leur qualité" (sic). Vous pouvez affiner vos fouilles en fonction de plusieurs variables, telles la langue source, la langue cible, le niveau d'aptitude (débutant, intermédiaire, avancé), le type de recherche (cours, chansons, journaux, radio,...), les aptitudes et compétences (vocabulaire, prononciation, orthographe, grammaire, expression écrite, expression orale,...) ou le secteur professionnel pour lequel la ressource pourrait être utile ou pertinente (droit, éducation, agriculture, environnement, ingénierie, sciences, technologie, art...).
Plan du site :
  1. Quel est votre niveau ?
    1. Compétences linguistiques et niveaux
    2. Tests de langues et outils d’auto-évaluation
  2. Modes d’apprentissage
    1. Styles d’apprentissage
    2. Conseils pour les apprenants
    3. Histoires à succès
    4. Liens utiles
  3. Point de rencontre
    1. Discussions en ligne
    2. ePals
    3. Forums de discussion
    4. Blogs
    5. Mondes virtuels
    6. Ecrivez-nous
  4. Rechercher
    1. Rechercher des supports pédagogiques
    2. Recherche avancée
    3. Mots-clés de A à Z
En suivant les différents menus et leurs filières successives, vous pouvez accéder à d'innombrables possibilités. Vous souhaitez, par exemple, faire un test en ligne pour mieux connaître votre niveau en FLE ou seconde ? Cliquez dessus...

lundi 26 septembre 2011

Illustration de l'abandon de l'École publique à travers un vaudeville servi par Chico Buarque

Au cas où il y aurait encore beaucoup de braves gens ignorant les raisons de la rage de l'École publique madrilène contre ses dirigeantes, je vais me permettre d'utiliser "Sem compromisso", une chanson de Geraldo Pereira (1918-1955) qui date de 1943, en guise de jeu à portée illustrative. Nombreux sont les Brésiliens convaincus que Chico Buarque de Holanda en est l'auteur. En fait, il l'a rendue célèbre dès qu'il l'incorpora à son répertoire. Choisissons donc la fine interprétation de Chico, cette fois-ci en duo avec Mart'nalia, collaboration extraite du délicieux DVD Mart'nalia em Berlin de 2009 —qui fait partie des extras du DVD et du CD homonyme.
Quand au jeu, je vous propose de faire un effort musclé de fantaisie : imaginons maintenant que ce sambinha ne soit qu'un vaudeville "chulapo" à trois personnages dont...

Você (Vous ou toi) : Esperanza Aguirre (présidente de la Communauté privatisable de Madrid) ou Lucía Figar (Conseillère d'Éducation privée mode d'Emploi*), peu importe —tanto faz.
Eu (Moi) : le service public en général, ou l'enseignement public, peu nous chaut.
Ele (Lui) : le domaine privé, ou l'enseignement privé, à votre aise.

La chanson, la pièce, occupe les premières 2 minutes 46 secondes de la vidéo qui suit :


Traduction personnelle à la va-vite :

Você só dança com ele / E diz que é sem compromisso /
É bom acabar com isso /
Não sou nenhum Pai-João /
Quem trouxe você fui eu
/ Não faça papel de louca /
Prá não haver bate-boca dentro do salão /
Quando toca um samba /
E eu lhe tiro pra dançar /
Você me diz: Não, eu agora tenho par
/ E sai dançando com ele, alegre e feliz
/ Quando para o samba
/ Bate palma e pede bis 

Tu ne danses qu’avec lui / Et en plus, tu m’ dis Écoute ! / Arrête de déconner / Chuis pas tout à fait benêt / C’est moi qui t’amène ici / Joue pas le rôle de loufoque / Pour pas que ça barde un brin dedans le salon / Quand r’sonne la musique / Et qu’ j’te dis de venir danser / Tu répliques Non !, j’ai déjà mon partenaire / Et tu r’danses avec lui, allègre et ravie / Quand le tube se termine / Battant des mains, t’implores un bis

* Depuis cette année 2011, les Friedmaniens ou Friedmanites au pouvoir à Madrid appellent "Consejería de Educación y Empleo" la vieille "Consejería de Educación".

mercredi 21 septembre 2011

Et l'École publique en France ?

Frédéric Lordon glosait vendredi 16, sur Là-bas, si j'y suis, l'histoire récente de la Finance mondiale et ses dégâts : en bref, somptueuse et arrogante, elle s'est mangé un gadin qui fera date, mais elle a la mauvaise habitude de ne jamais choir seule : elle le fait toujours en compagnie. Une fois survenus les ravages économiques et sociaux qu'il évoquait (récession carabinée, chômage, contraction du crédit, envolée des déficits et des dettes), la Finance foldingue exige l'ultrarigueur... publique.


Et les vautours sentant le sang se déchaînent à travers la planète, lancent leur croisade privatisatrice globale en vue de se ruer sur l'affriolante manne de toutes les niches qui n'ont pas encore été exploitées, monétisées. Les effets en sont partout pareils ou analogues et donc, en matière d'enseignement, en France comme en Espagne, les établissements privés ont également très soif, une capacité d'absorption archimédéennement proportionnée aux surcoûts et au dépouillement qu'elle déclenche, et une idéologie qui ne plaisante pas non plus.
Qu'en est-il donc de l'École publique française ? Laissons s'exprimer à cet égard un groupe d'enseignants de l’Éducation nationale. Ce collectif excédé dénonce « l’abandon par l’État de sa mission de service public d’éducation ». Aujourd’hui, « l’école est nue », selon eux.
Je vous propose la lecture complète du Manifeste contre le dépouillement de l'école publique qu'ils ont rédigé et que l'on peut signer :

Manifeste contre le dépouillement de l’école

Nous, collectif contre le dépouillement de l’école, déclarons que les « réformes » appliquées à l’Éducation nationale n’ont de réforme que le nom, et qu’elles masquent en réalité, le plus insupportable, le plus dangereux des dépouillements. Aujourd’hui, selon une logique comptable et technocratique à courte vue, les fondements de l’école républicaine sont menacés, et l’idéal d’une éducation de qualité pour tous sapé à la base.
Nous proclamons aujourd’hui que « l’école est nue ».
Nue non seulement parce qu’elle est privée de moyens financiers, mais aussi et surtout parce qu’elle est amputée progressivement de son sens, expurgée de la visée humaniste qui, depuis les Grecs, lui donne son nom d’« école ».
L’école est dépouillée quand le gouvernement tarit les concours de recrutement de professeurs, quand il n’assure plus la relève des enseignants retraités, ni les remplacements de professeurs malades ou en congé, et qu’il fait appel à des « viviers de vacataires » non formés et corvéables à merci.
L’école est abandonnée, quand l’État se décharge de son financement sur les collectivités locales, supprime la carte scolaire et impose l’« autonomie des établissements », instaurant de telles inégalités entre académies, filières et élèves, qu’il bafoue ses principes républicains.
L’école est dégarnie, quand elle est vidée de sa présence humaine (surveillants, conseillers d’orientation-psychologues, médecins et infirmiers scolaires, assistants sociaux, assistants pédagogiques…), remplacés par des caméras de surveillance et autres portiques de sécurité.
Les professeurs sont démunis, placés devant des élèves sans formation pratique sérieuse quand ils débutent ; obligés, au détriment de la qualité de leurs cours, d’assumer des tâches de plus en plus nombreuses ; sommés, dans certaines filières « réformées », de se convertir à des disciplines qu’ils ne maîtrisent pas en l’espace de quelques semaines ; travaillant souvent sans manuel scolaire et sans savoir à quel examen ils préparent les élèves, car les nouveaux programmes sont appliqués dans la précipitation ; contraints de bricoler, de s’agiter, de faire semblant, de s’adapter à tout et surtout à n’importe quoi sous couvert d’innovation pédagogique.
Les professeurs sont destitués, désormais recrutés, selon leur conformité idéologique au modèle du « fonctionnaire responsable » davantage que pour leur maîtrise d’un savoir ; bientôt réduits à des employés lambda, privés de l’essentiel de leur liberté pédagogique, soumis à une concurrence absurde ; obligés pour mendier des moyens de vendre leurs « projets » comme une soupe, et de se battre contre d’autres professeurs pour conserver leurs heures de cours ou leur poste.
Les élèves sont spoliés, parqués à 35 ou 40 dans les classes, livrés à la loi des « flux », broyés dans la masse ; privés de centaines d’heures de cours dans les différentes disciplines, au profit d’activités-gadgets ; privés de dispositifs efficaces de soutien ; leurs familles rendues responsables de leur échec via des « contrats de réussite » ou des « stages d’été » inadaptés.
Les élèves sont appauvris parce qu’on leur refuse d’apprendre le latin et le grec, les langues dites « rares » (c’est-à-dire toutes hormis l’anglais), les arts et ce qui n’est pas « rentable » ; parce que les nouveaux programmes leur proposent de l’anglais sans Shakespeare, de l’histoire sans passé, du français sans grammaire, des mathématiques sans démonstration – toujours moins de culture, et plus de procédures.
Les élèves sont dépecés, eux que l’on doit calibrer avec des « items » selon les nouvelles « grilles de compétences », comme si l’intelligence humaine pouvait se découper en tranches ; eux à qui l’on doit inculquer un « socle commun de connaissances et de compétences » davantage fondé sur l’idéal de l’O.C.D.E que sur celui de Montaigne.
Aujourd’hui nous appelons tous les « dépouillés » de l’Éducation nationale à nous rejoindre. Professeurs, parents, élèves, citoyens, il est encore temps d’inverser le cours délétère des pseudo-« réformes » qui transforment l’école en garderie sociale et transfèrent ses missions vers le secteur privé, au profit des plus riches et des mieux informés. Il suffit d’une volonté politique, celle de démocratiser le savoir, jadis portée par un Condorcet, un Jules Ferry, ou le comité national de la Résistance (qui a produit la commission Langevin-Wallon). Nous en appelons aux responsables politiques français, pour qu’ils agissent résolument contre le dépouillement de l’Éducation nationale.

Vidéo insérée postérieurement sur les aventures des petits Télémaque de l'école sarkozyste lors de la rentrée 2011 :

jeudi 15 septembre 2011

L'École publique et ses ennemi(e)s. Sur le 14 septembre à Madrid


Nous avons participé hier, mercredi 14 septembre, à une manifestation contre les atteintes répétées au service public en général, à l'École publique en particulier. De la même façon que le Saint Office mit à l'Index Copernic, Galilée et l'héliocentrisme ou l'Encyclopédie de D'Alembert et Diderot —autrement dit, la liberté et le savoir—, les autorités madrilènes ne visent qu'au remplacement de l'École de tous —égalitaire, plurielle et ouverte— par une école privée à l'idéologie obligatoire conçue pour évangéliser (pardon : plutôt vaticaniser) les élèves sur l'autel de la Finance —tout en réprimant des professeurs qui sont recrutés sans concours. Car le gouvernement madrilène est occupé par un parti politique qui ne jure que par la déprédation et l'endoctrinement confondus et tous azimuts, ce qui explique ses coupes budgétaires très sélectives et ses choix en la matière.
Rappelons quelques faits pour établir des liens qui contribuent à y voir beaucoup plus clair et à savoir qui fait quoi ou quel est le but de chacun. J’insère mes remarques entre crochets :

— Le gouvernement d’Esperanza Aguirre, Comtesse de Murillo, finance des collèges privés religieux impeccablement sexistes ou cède du terrain pour qu’on en construise. Exemples : El País, 13/09/2006. Público, 12/08/2009. El País, 8/05/2010.
Dans ce but, on peut aussi faire du forcing auprès des maires d’un autre parti. La preuve : El País, 2/03/2005

— La Consejería (« conseillerie », en ancien français plus ou moins repris de nos jours) d’Éducation commandite une association prônant que les préservatifs vont à l’encontre de la loi naturelle. Simultanément, elle retire ses allocations aux associations qui préconisent l’usage du préservatif pour éviter des grossesses non désirées, voire des avortements. El País, 28/09/2005.

— Août 2010. Lucía Figar (conseillère d’Éducation de la Communauté de Madrid) explique à Rimini (Italie) son bilan et ses projets en matière de cession de terrains publics gratuits pour la création de collèges catholiques sous contrat, c'est-à-dire, « soutenus par des fonds publics mais avec une gestion privée ». Voir vidéo de son intervention. En italien. Sur la toile d'El País (12/09/2011).


[Bien entendu, Mme Figar est pressée d'adapter en Espagne —tout comme Luis Peral avant elle— l'aubaine étasunienne des "charter schools", ruse très du goût de Milton Friedman et de ses acolytes ultralibéraux (cf. le Chili de Pinochet ou la Louisianne après le Katrina). Pour mieux savoir à quoi s'en tenir, on peut lire, par exemple, l'article de Diane Ravitch, The Myth of Charter Schools, publié par The New York Review of Books le 11 novembre 2010. Elle y dit, entre autres, :
"(...) charter schools were created mainly at the instigation of Albert Shanker, the president of the American Federation of Teachers from 1974 to 1997. Shanker had the idea in 1988 that a group of public school teachers would ask their colleagues for permission to create a small school that would focus on the neediest students, those who had dropped out and those who were disengaged from school and likely to drop out. He sold the idea as a way to open schools that would collaborate with public schools and help motivate disengaged students. In 1993, Shanker turned against the charter school idea when he realized that for-profit organizations saw it as a business opportunity and were advancing an agenda of school privatization."]
— Quant aux affaires de l'éducation privée parmi nous...


— Juin 2011. [Comme la convoitise débridée se transforme aisément en violence concrète,] une institutrice est sanctionnée à Madrid pour avoir mis un teeshirt vert sur lequel figurait le slogan École publique, de tous pour tous. Público, 23/06/2011. [Les tyrans font souvent cadeau de beaux symboles et les profs manifestent aujourd'hui plus vertement.]
[Note du 9 avril 2014 : la répression libérale s'est tapé une jolie déconvenue à cet égard. Cliquez sur le lien ci-contre pour en savoir plus. Les libéraux madrilènes ont ouvert jusqu'à présent plus de 500 enquêtes-sanctions administratives contre des profs. En cause... leur liberté d'expression. Bon courage à tous les concernés.]

@Álvaro García, El País 14/08/11.

— Août 2011. La Consejería d'Éducation de la Communauté de Madrid affiche les messages suivants sur la façade de son siège : “Todos estamos llamados a la santidad”, “Dejaos sorprender por Cristo”, “Abrid vuestro corazón a Dios”, “María, háblanos de Jesús” y “Arraigados en Cristo podréis vivir en plenitud lo que sois”. [Traduction approximative, vu la teneur de ces arcanes : « Nous sommes tous appelés à la sainteté », « Laissez-vous surprendre par le Christ », « Ouvrez tout grand votre cœur à Dieu », « Marie, parle-nous de Jésus » et « Enracinés dans le Christ, vous pourrez vivre pleinement ce que vous êtes »]. Elplural.com, 14/08/2011.
Tant de propagande de la foi catholique aux frais de tous a contraint l’association Preeminencia del Derecho à porter plainte pour prévarication : quelqu'un se serait servi de sa charge « pour favoriser ses croyances ». [Croyances qu'on étale démagogiquement et qu'on ignore à longueur d'existence car nos tartuffes madrilènes détestent les pauvres et ne chassent précisément les gros marchands ni des temples ni des institutions qu'ils contrôlent et qui devraient être les nôtres]

— 17/07/2011. Réunion d'Esperanza Aguirre et Jesús Núñez, président d'ACADE (association patronale de l'enseignement privé), où elle aurait montré sa « totale disposition » à satisfaire les demandes patronales, au point qu'on annonce une réunion de Núñez et Figar pour la rentrée. L'essentiel des demandes guillerettes d'ACADE ? Augmentation sensible du financement direct (chèque scolaire) et indirect (déductions fiscales) du système d'endoctrinement privé par l'argent de tous ; interdiction par le gouvernement de laisser construire de nouveaux établissements scolaires publics ou, le cas échéant, gestion privée de ceux-ci. [Autrement dit, alors que l'École publique devra ramer et gérer la pénurie, les établissements privés souhaitent de nouveaux transferts de l'argent de tous —en harmonie avec cette stratégie si libérale qui consiste à privatiser les profits et collectiviser les pertes— et une concurrence qui consiste au boycott du service public par le gouvernement qui le contrôle et est censé le protéger] :
Desde el punto de vista de la financiación, Jesús Núñez solicitó un incremento en el número de familias beneficiarias del cheque escolar, así como un aumento de las cuantías del mismo. Para el resto de los niveles educativos, el Presidente de ACADE hizo hincapié en la necesidad de ampliar la deducción fiscal de los gastos de enseñanza, basándose en que la actual deducción resulta insuficiente para las familias del sector educativo privado.
En cuanto a la construcción de nuevos centros, ACADE solicitó a la Presidenta que se evite la construcción de nuevos centros de educación infantil públicos en aquellas zonas en los que la oferta ya está suficientemente cubierta por escuelas infantiles privadas. Si por necesidades de escolarización, resultase necesario establecer más plazas, se ha solicitado que los centros privados de la zona tengan prioridad en el acceso a la adjudicación de la gestión de los centros públicos que se construyan.
Asimismo, en cuanto al resto de la enseñanza no universitaria, ACADE ha solicitado, que se evite la construcción de nuevos colegios públicos o concertados en zonas donde la oferta ya está cubierta. En aquellas circunstancias en las que sea necesaria la creación de nuevos centros, Jesús Núñez, solicitó prioridad en la adjudicación de los conciertos para los centros privados de la zona.

— 30/08/2011. Esperanza Aguirre envoie une lettre à tous les enseignants de la Communauté de Madrid où elle annonce que nous devrons « compléter [notre] emploi du temps jusqu’à 20 heures, au lieu des dix-huit actuelles » [alors qu’elle sait parfaitement que nous signons au début de l’année scolaire un emploi du temps comportant 37,5 heures de travail par semaine. Ce document est d’ailleurs visé par l’Inspecteur éducatif de notre zone.
Au demeurant, il ne faut pas oublier que, selon notre statut légal, toute heure dépassant les 18 de cours que nous devons effectuer par semaine, et jusqu'à une limite de 21, devra être réglementairement compensée par 2 heures complémentaires. Ça nous fait donc 4, dans ce cas. Et ce que cela entraîne... Comme comparaison, un professeur certifié français assure 18 heures de cours hebdomadaires.] 

— Rentrée 2011 : l’année scolaire va commencer. Nous aurons 1.127.342 élèves, soit 3,1% d’augmentation par rapport au chiffre précédent. Mais il va y avoir une réduction considérable du nombre d’enseignants : 3 000 professeurs en moins, à peu près. El País, 01/09/2011. [À ajouter aux coupes budgétaires de tout poil et à la réduction d'effectifs de l'année dernière : l’école publique madrilène avait déjà perdu 2 000 professeurs environ. El País 23/06/2010. Ces suppressions d'emplois entraînent évidemment une augmentation sensible de la charge de travail de tous les enseignants du public].

— 1/09/2011. Madame Aguirre renchérit et déclare aux moyens de communication que « 20 horas son, en general, menos de las que trabajan el resto de los madrileños » (20 heures sont, en général, moins de celles que travaillent le reste des Madrilènes). [Elle ment de nouveau et dénigre publiquement les professeurs et leur travail dans le but de les discréditer et de les mettre aux abois de l'opinion publique, prestidigitation destinée à masquer ses vrais desseins, éloquemment expliqués par Lucía Figar à Rimini (cf. supra).] RTVE, 1/09/2011.

— [Bien entendu, comme il faut enfoncer le clou jusqu'au bout,] la conseillère municipale Ana Botella signale que les fonctionnaires de la mairie de Madrid travaillent « muchísimas más horas » que les enseignants [« beaucoup plus d’heures, et de loin ». 6/09/2011], et Lucía Figar affirme que dans les assemblées des profs, on trouve « ceux qui tabassaient les pèlerins » [9/09/2011]

— 2/09/2011 - Les inspecteurs pensent que l'élargissement généralisé du nombre hebdomadaire des cours par professeur comporte une interprétation "torticera" (illégale ou injuste) de la norme et alertent des conséquences d'une mesure de ce calibre. El País 2/09/2011.
[Note postérieure : L'Association des Inspecteurs dénonce l'insécurité juridique dans laquelle se retrouvent désormais inspecteurs et proviseurs à l'heure d'élaborer et de signer les horaires enseignants. La Vanguardia, 6/10/2011.]

— Selon Esperanza Aguirre, la réduction de professeurs comporte une épargne de 80 millions d’euros. Elle en claque 111 millions en propagande par an. ELPLURAL.COM. [Sans compter l’usage qu’elle fait des moyens de communication publics de Madrid, y compris Telemadrid et Canal Metro].
La Communauté de Madrid dépensa plus de 37 millions d'euros en cours de religion l'année dernière dans nos établissements : au lieu de financer convenablement le savoir, elle marraine les superstitions les plus porteuses aux yeux de ses dirigeant(e)s.
Les déductions fiscales octroyées par le gouvernement Aguirre aux parents dont les enfants sont scolarisés dans des établissements privés atteignent presque 90 millions d'euros cette année. En juillet 2010, ACADE, alarmée par la notable réduction d'élèves inscrits dans l'éducation privée madrilène pour la rentrée 2010, instigua sa déesse tutélaire à lui offrir un cadeau urgent et conséquent, et l'obtint illico. Le patronat du secteur s'y complut. Et nous savons très bien que ce genre de réussites ne manquent jamais d'entraîner leurs contreparties sociales. Cliquez ici pour en savoir plus sur les réformes parallèles notifiées cette même journée-là du 12/11/10 et entérinées le 22/12/2010, avec d'autres mesures édifiantes, bingo !, lors de l'approbation officielle du budget madrilène 2011.
Modifications légales que l'on peut lire dans le journal officiel madrilène, le BOCM, du 29 décembre 2010 ; voir l'article 1 de la LEY 9/2010, de 23 de diciembre, de Medidas Fiscales,  Administrativas y  Racionalización del Sector Público. [Comme la vérité ne saurait être criée sur tous les toits, au lieu de choisir une expression exacte du type "Dépouillement", "Coupes", "Spoliation" ou, peut-être, "Rationnement", le gouvernement de la Comtesse de Murillo lui a préféré le terme "Racionalización" (Rationalisation) aux connotations autrement plus scientifiques. La manipulation linguistique est la base de toute machination.]


Et puisque nous y sommes, concluons par d'autres faits à portée extrascolaire...

— La dette cumulée des ménages et des entreprises ibériques atteint 220% du PIB. Le Figaro, 6/06/2010.

— [Elle atteint respectivement 900 et 1 200 milliards d’euros. À son tour, la dette publique espagnole s’élevait à 680 milliards d’euros en juin 2011].

— Espagne: le Sénat adopte la réforme constitutionnelle sur le déficit public. La réforme portant sur la limitation du déficit public dans la Constitution espagnole, proposée par le gouvernement et soutenue par le principal parti de l'opposition, a été adoptée, mercredi, par le sénat espagnol (Chambre haute du Parlement). La réforme, qui porte sur l'amendement de l'article 135 de la Constitution espagnole en y introduisant une " règle d'or " relative à la stabilité budgétaire, a été adoptée, dans le cadre d'une procédure d'urgence, par 233 voix contre trois. AtlasInfo.fr, 7/09/2011.

— [Il n’y a pas de règle d’or budgétaire pour ménages et entreprises car justement, le système capitaliste actuel construit une Économie spéculative irréelle, chimérique ou fantasme qui se base, entre autres, sur le crédit, son combustible essentiel. D’ailleurs, nous souffrons d’une manière permanente une transformation de la dette privée en dette publique grâce à l’activité frénétique de politiciens nationaux et organisations internationales qui ne travaillent que pour la Chimère, autrement dit le Grand Capital ou la Grande Finance.
Pour animer vos réflexions à propos des petites dettes privées remboursables par petites mensualités, je vous propose la lecture d’un bouquin anonyme plutôt court (ou lettre un peu longue) : Insolvables ! Lettre d’espoir au monde, Flammarion, mai 2011, 63 pages. Depuis juin, il existe édition castillane introduite par Maruja Torres, chez Espasa, avec traduction de Patricia Cañizares.]

— Le soutien public de l’UE à la dette des banques privées a coûté environ 600 milliards d'euros [cf. Le Monde diplomatique, juillet 2010 et, NOTE POSTÉRIEURE, le blog decigarrasyhormigas 28/09/2011]. Rappel : 1 milliard d'euros = 1 000 000 000 euros.

À vous d'y réfléchir.
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NOTA POSTERIOR para castellanohablantes. Si no lees francés, pulsa aquí para tener un esquemita que no dice todo pero aclara bastante.

7/04/2014 : Répression de la liberté d'expression, intimidations et sanctions dans l'école publique madrilène.