vendredi 27 avril 2012

Monolingüismo imperial y papanatismos proconsulares

Retour au Palacio de Anaya de la Faculté de Philologie de l'Université de Salamanque, invité par les très courageux membres du Seminario de Discurso, Legitimación y Memoria. Charla à propos d'un sujet actuel et éternel : Monolingüismo imperial y papanatismos proconsulares.


Ce sera à 19h00, dans la Sala de Juntas du Palais d'Anaya. Merci beaucoup à Fabio, Amelia, Fernando, Manuel Ambrosio, Patricia, Pedro... pour l'invitation.

vendredi 13 avril 2012

Annick Stevens démissionne de l’Université après dix ans d’enseignement

Je cède volontiers la parole à Annick Stevens, dont le geste relance un débat essentiel. Je colle également, un peu plus bas, la réaction du recteur de l'Université de Liège, ainsi que les amendements postérieurs et la nouvelle réponse d'Annick Stevens, le tout accessible en cliquant ici (site de "Sauvons l'Université"). À nous tous d'y réfléchir.

Les raisons d’une démission.
Lettre d’Annick Stevens, philosophe, universitaire belge, janvier 2012, et réponse de Bernard Rentier, recteur de l’université de Liège, février 2012

mardi 7 février 2012
, par Sylvie


Chères et chers Collègues,


Vous serez peut-être intéressés par ce texte explicatif que j’ai joint à ma lettre de démission de l’Université, qui prendra acte à la fin de cette année académique. En effet, il ne s’agit en rien de questions personnelles, mais d’une réflexion générale sur la dégradation de l’institution universitaire, non seulement belge mais européenne. Sachant que je ne suis pas la seule à faire ce constat, je propose cette contribution au débat, qui peut être diffusée et transmise à des collègues d’autres universités. Toutes mes excuses aux personnes que cela n’intéresserait pas.


Bien cordialement, Annick Stevens, Chargée de cours en philosophie.



Pourquoi je démissionne de l’Université
après dix ans d’enseignement


Plus que jamais il est nécessaire de réfléchir au rôle que doivent jouer les universités dans des sociétés en profond bouleversement, sommées de choisir dans l’urgence le type de civilisation dans lequel elles veulent engager l’humanité. L’université est, jusqu’à présent, la seule institution capable de préserver et de transmettre l’ensemble des savoirs humains de tous les temps et de tous les lieux, de produire de nouveaux savoirs en les inscrivant dans les acquis du passé, et de mettre à la disposition des sociétés cette synthèse d’expériences, de méthodes, de connaissances dans tous les domaines, pour les éclairer dans les choix de ce qu’elles veulent faire de la vie humaine. Qu’à chaque époque l’université ait manqué dans une certaine mesure à son projet fondateur, nous le lisons dans les critiques qui lui ont constamment été adressées à juste titre, et il ne s’agit pas de s’accrocher par nostalgie à l’une de ses formes anciennes. Mais jamais elle n’a été aussi complaisante envers la tendance dominante, jamais elle n’a renoncé à ce point à utiliser son potentiel intellectuel pour penser les valeurs et les orientations que cette tendance impose à l’ensemble des populations, y compris aux universités elles mêmes.

D’abord contraintes par les autorités politiques, comme on l’a vu de manière exemplaire avec le processus de Bologne, il semble que ce soit volontairement maintenant que les directions universitaires (à quelques rares exceptions près) imposent la même fuite en avant, aveugle et irréfléchie, vers des savoirs étroitement utilitaristes dominés par l’économisme et le technologisme.

Si ce phénomène repose très clairement sur l’adhésion idéologique de ceux qui exercent le pouvoir institutionnel, il ne se serait pas imposé à l’ensemble des acteurs universitaires si l’on n’avait pas instauré en même temps une série de contraintes destinées à paralyser toute opposition, par la menace de disparition des entités qui ne suivraient pas la course folle de la concurrence mondiale: il faut attirer le «client», le faire réussir quelles que soient ses capacités («l’université de la réussite»!), lui donner un diplôme qui lui assure une bonne place bien rémunérée, former en le moins de temps possible des chercheurs qui seront hyper productifs selon les standards éditoriaux et entrepreneuriaux, excellents gestionnaires et toujours prêts à siéger dans les multiples commissions et conseils où se prennent les simulacres de décisions — simulacres, puisque tant les budgets que les critères d’attribution et de sélection sont décidés ailleurs. De qualité, de distance critique, de réflexion sur la civilisation, il n’est plus jamais question. La nouvelle notion d’«excellence» ne désigne en rien la meilleure qualité de l’enseignement et de la connaissance, mais la meilleure capacité à engranger de gros budgets, de grosses équipes de fonctionnaires de laboratoire, de gros titres dans des revues de plus en plus sensationnalistes et de moins en moins fiables. La frénésie d’évaluations qui se déploie à tous les niveaux, depuis les commissions internes jusqu’au classement de Shanghaï, ne fait que renforcer l’absurdité de ces critères.

Il en résulte tout le contraire de ce qu’on prétend promouvoir : en une dizaine d’années d’enseignement, j’ai vu la majorité des meilleurs étudiants abandonner l’université avant, pendant ou juste après la thèse, lorsqu’ils ont pris conscience de l’attitude qu’il leur faudrait adopter pour continuer cette carrière ; j’ai vu les autres renoncer à leur profondeur et à leur véritable intérêt intellectuel pour s’adapter aux domaines et aux manières d’agir qui leur offriraient des perspectives. Et bien sûr j’ai vu arriver les arrivistes, à la pensée médiocre et à l’habileté productive, qui savent d’emblée où et avec qui il faut se placer, qui n’ont aucun mal à formater leur écriture pour répondre aux exigences éditoriales, qui peuvent faire vite puisqu’ils ne font rien d’exigeant. Hormis quelques exceptions, quelques personnes qui ont eu la chance d’arriver au bon moment avec la bonne qualification, ce sont ceux-là, les habiles médiocres, qui sont en train de s’installer — et la récente réforme du FNRS vient de supprimer les dernières chances des étudiants qui n’ont que leurs qualités intellectuelles à offrir, par la prépondérance que prend l’évaluation du service d’accueil sur celle de l’individu. Ces dérives présentent des variantes et des degrés divers selon les disciplines et les pays, mais partout des collègues confirment les tendances générales: concurrence fondée sur la seule quantité; choix des thèmes de recherche déterminé par les organismes financeurs, eux-mêmes au service d’un modèle de société selon lequel le progrès humain se trouve exclusivement dans la croissance économique et dans le développement technique; inflation des tâches administratives et managériales aux dépens du temps consacré à l’enseignement et à l’amélioration des connaissances. Pour l’illustrer par un exemple, un Darwin, un Einstein, un Kant n’auraient aucune chance d’être sélectionnés par l’application des critères actuels. Quelles conséquences pense-t-on que donnera une telle sélection sur la recherche et les enseignements futurs? Pense-t-on pouvoir encore longtemps contenter le «client» en lui proposant des enseignants d’envergure aussi étroite ? Même par rapport à sa propre définition de l’excellence, la politique des autorités scientifiques et académiques est tout simplement suicidaire.

Certains diront peut-être que j’exagère, qu’il est toujours possible de concilier quantité et qualité, de produire du bon travail tout en se soumettant aux impératifs de la concurrence. L’expérience dément cet optimisme. Je ne dis pas que tout est mauvais dans l’université actuelle, mais que ce qui s’y fait de bon vient plutôt de la résistance aux nouvelles mesures imposées que de leur application, résistance qui ne pourra que s’affaiblir avec le temps. On constate, en effet, que toutes les disciplines sont en train de s’appauvrir parce que les individus les plus «efficaces» qu’elles sélectionnent sont aussi les moins profonds, les plus étroitement spécialisés c’est-à-dire les plus ignorants, les plus incapables de comprendre les enjeux de leurs propres résultats.

Même les disciplines à fort potentiel critique, comme la philosophie ou les sciences sociales, s’accommodent des exigences médiatiques et conservent toujours suffisamment de conformisme pour ne pas être exclues de la bataille productiviste, — sans compter leur incapacité à affronter l’incohérence entre leurs théories critiques et les pratiques que doivent individuellement adopter leurs représentants pour obtenir le poste d’où ils pourront se faire entendre.

Je sais que beaucoup de collègues partagent ce jugement global et tentent héroïquement de sauver quelques meubles, sur un fond de résignation et d’impuissance. On pourrait par conséquent me reprocher de quitter l’université au moment où il faudrait lutter de l’intérieur pour inverser la tendance. Pour avoir fait quelques essais dans ce sens, et malgré mon estime pour ceux qui s’efforcent encore de limiter les dégâts, je pense que la lutte est vaine dans l’état actuel des choses, tant est puissante la convergence entre les intérêts individuels de certains et l’idéologie générale à laquelle adhère l’institution universitaire.

Plutôt que de s’épuiser à nager contre le courant, il est temps d’en sortir pour créer autre chose, pour fonder une tout autre institution capable de reprendre le rôle crucial de transmettre la multiplicité des aspects des civilisations humaines et de stimuler la réflexion indispensable sur les savoirs et les actes qui font grandir l’humanité. Tout est à construire, mais il y a de par le monde de plus en plus de gens qui ont l’intelligence, la culture et la volonté pour le faire. En tous cas, il n’est plus temps de perdre ses forces à lutter contre la décadence annoncée d’une institution qui se saborde en se trompant d’excellence.

Annick Stevens,
Docteur en Philosophie,
Chargée de cours à l’Universitéde Liège depuis 2001.
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Réponse du recteur de L’université de Liège

NDLA : Ce document a fait l’objet d’amendements signalés en italique dans le texte.

Madame,

jeudi 12 avril 2012

Dans les rues de la casbah d'Alger, par France24

Si vous avez aimé l'exposition de photos de Pierre Bourdieu (pour en faire une visite virtuelle, cliquez ci-contre) que nous avons pu voir dans le Círculo de Bellas Artes de Madrid, il y a presque trois mois, vous pouvez continuer sur internet votre découverte de l'Algérie à travers "Dans les rues de la casbah", un webdocumentaire réalisé par Céline Dréan, écrit avec la participation de Réda Sébih sous la direction scientifique de Thierry Bulot et Assia Lounici, chercheurs de l'université d'Alger et de Rennes, et produit par Vivement lundi !
Cette production audiovisuelle nous entraîne dans le dédale d'escaliers de la vieille citadelle d'Alger, la capitale algérienne. Quartier fascinant, ce vieil Alger est pourtant menacé par la ruine : l'écroulement de certaines habitations est une réalité visible.
Présenté par France24 et co-diffusé en partenariat avec l'Université ouverte des Humanités, ce film a été mis en ligne le 3 avril en français et en arabe. En fonction du débit de votre connexion, on peut le visionner en trois qualités, basse, moyenne et haute.
Voici le résumé des producteurs :
La Casbah d’Alger porte dans ses murs autant l’Histoire du pays que les problématiques urbaines de l’Algérie moderne. Symbolique de l’identité algérienne, elle se meurt peu à peu entre une rénovation complexe et une urgence sociale criante.
La Casbah ne se livre pas d’emblée. Mais au coeur de ses ruelles se racontent des histoires. Derrière ses murs épais, elle cherche son avenir, entre une mémoire vivante et des rêves esquissés.
Une immersion dans le mythique quartier d’Alger.
Après une introduction de presque deux minutes, le documentaire vous rappelle que vous pouvez vous connecter sur votre compte Facebook pour mémoriser les parcours empruntés dans les murs de la casbah. Vous pouvez entrer aussi, bien entendu, sans connexion Facebook. Ensuite, ce montage interactif s'ouvre sur trois grandes possibilités: au café, avec les femmes et à l'école.
Pour mieux aborder votre visionnement, vous disposez d'un plan. D'autre part, les différents témoignages s'organisent autour de cinq grands sujets comportant plusieurs sous-rubriques :
  1. Les langues, 
  2. L'histoire, 
  3. Le patrimoine et l'urbanisme, 
  4. L'identité
  5. La place des femmes.
Côté langues, on analyse les aspects suivants, extrêmement intéressants :
  1. Qu'est-ce que la sociolinguistique urbaine ?
  2. La casbah, référence symbolique des parlers d'Alger.
  3. Partout, les parlers bougent.
  4. Quelles langues parlent les algériens
  5. L'alternance des langues chez les filles et les garçons.
N'hésitez pas à consacrer un peu de votre temps à cette proposition captivante.
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NOTE du 4 juillet 2012 :
A l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, TV5 Monde a lancé Un été à Alger, un webdocumentaire sur la capitale algérienne.
Quatre jeunes cinéastes du coin ont filmé leur regard sur leur ville : c'est ainsi que nous pouvons voir "50 contre 1", par Lamine Ammar-Khodja, "En remontant Cervantes", par Hassen Ferhani, "Prends ta place", par Amina Zoubir, et "La Nuit", par Yanis Koussim.


D'autre part, Curiosphere.tv propose une frise chronologique interactive illustrant la colonisation, la guerre et l'indépendance d'Algérie : 132 années d'occupation française qui vont de la conquête du pays en 1830 aux accords d'Evian du 18 mars 1962. De nombreuses archives vidéo de l'INA font partie du dossier.
A l'occasion du 50e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie, curiosphere.tv propose différentes approches pour essayer de comprendre ce conflit et ses dérives. Des ressources d'éducation aux médias et une série de vidéos sur la pratique de la torture pendant la guerre viennent compléter cette frise chronologique. Pour une utilisation en classe, lesite.tv propose deux collections de vidéos.
Voici les vidéos à voir sur lesite.tv :
  1. Guerre d'Algérie, la déchirure
  2. La guerre d'Algérie filmée par René Vautier
  3. 1958 : la Ve République
  4. Le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958

Repas et boissons. Lexique de base en français

Dans des conditions de vie normale, pour un adulte en bonne santé, les besoins hydriques sont estimés à environ 2,5 litres par jour. Ils sont apportés tout à la fois par la boisson et les aliments qui contiennent de l’eau.
En quelques minutes, vous allez évaluer le volume d’eau contenu dans vos repas pendant 24 heures. Vous pourrez savoir si vos apports quotidiens en eau sont suffisants. S’ils sont insuffisants, rien de plus simple que de compléter avec de grands verres d’eau du robinet ! 
Voilà ce que vous dit le Centre d'information sur l'eau pour vous inciter à réaliser sur son site le bilan hydratation du Dr. Jean-Michel Leclerf, chef du service de nutrition de l'institut Pasteur de Lille. Il s'agit d'un questionnaire concernant vos habitudes alimentaires. En parcourant ses quatre étapes —petit déjeuner, déjeuner, goûter, dîner—, vous pourrez déterminer en un tournemain si vous satisfaites ou non vos besoins hydriques. Et puis, participer à ce jeu vous permettra de réviser l'état de votre lexique de base en matière alimentaire.
Au demeurant, le site du Centre d'information sur l'eau apporte d'autres soutiens pédagogiques, fiches et outils, pour découvrir l'eau dans tous ses états et savoir répondre à des questions comme celles-ci :  
Quel est son parcours dans la nature ? Comment arrive-t-elle jusqu’à nos robinets 24h/24 ? Quels sont les circuits de distribution ? Vos élèves savent-ils qui s’occupe de l’eau et pourquoi on la paie ? Que devient l’eau que l’on utilise ? L’eau, l’hygiène et la santé, quel rapport ?
Revenons à nos moutons ; voici une petite liste de sites qui s'occupent de la bouffe à l'intention des élèves de FLE (sauf celui des recettes, bien entendu) :
- Lexique basal de la nourriture, les repas, la cuisine (outils, parties, couverts) et un petit répertoire d'expressions clés pour le restaurant, avec des illustrations en couleur et des précisions sur le genre des mots à travers un bon usage des déterminants.
- Voie Expresse : site finlandais consacré a l'apprentissage du français, c'est une trousse à tout où foisonnent les vidéos. Vous y trouverez, parmi beaucoup d'autres, des pages dédiées au vocabulaire des boissons et de la nourriture en français ; vous pouvez y apprendre, par exemple, par l'intermédiaire de netprof.fr (1), comment lire l'étiquette d'une bouteille de vin.
- Recettes de la cuisine française (sans publicité).
- Le Point du FLE :

Finalement, je vous relaie une info qui montre le rapport qu'il y a entre nutrition et ressources économiques / instruction. Une étude de l'Inserm (Institut national de la Santé et de la Recherche médicale) publiée dans la revue PLoS One met en évidence la relation existante entre la fréquentation de certains hypermarchés et enseignes "hard discount", ces magasins libre-service où les prix sont au-dessous de la moyenne, et le surpoids ou tour de taille élevé des clients. Liens de cause à effet ? Il ne faut pas être Einstein pour comprendre que quand on remplit mal son frigo, faute d'argent ou de connaissances, on se nourrit mal.
_________________________
(1) Site de partage des connaissances fondé par Loïc Ader.

dimanche 8 avril 2012

Le flux des liquidités selon Antoine Peillon

"The few who understand the system, will either be so interested in its profits, 
or so dependent on its favors that there will be no opposition from that class, 
while on the other hand, the great body of people, mentally incapable of comprehending 
the tremendous advantages (... that we gain), will bear its burden without complaint, 
and perhaps without suspecting that the system is inimical to their best interests."
Rothschild Brothers of London,
Communiqué aux associés, New York le 25 juin 1863

« Le capitalisme a déclaré la guerre à la classe ouvrière, et il l'a gagnée. »
Lester Thurow : The Future of Capitalism, William Morrow, New York, 1995.


"There's class warfare, all right, but it's my class, the rich class, that's making war, and we're winning."
(« Il y a une guerre des classes, d'accord, mais c’est ma classe, la classe des riches,
qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. »)
Warren Buffett, sur CNN, le 25 mai 2005.
(Il trouvait scandaleux de payer moins d'impôts que ses employés.)



Le 3 avril, grâce au blog du sociologue Laurent Mucchielli, j'ai eu vent de la publication d'un livre qui devrait en délurer plus d'un : Ces 600 milliards qui manquent à la France, par Antoine Peillon, et dont l'introduction est téléchargeable sur le site de l'éditeur, Le Seuil (1) ; allez-y gaiement : ça vaut le clic.
Le bouquin, un roman d'évasion très vérité, permet de réfléchir à certains termes plus ou moins à la mode, genre crise, coupes, boucliers, contrôle au faciès (comme les enquêtes fiscales vraiment intéressantes n'aboutissent pas —les bureaux du siège d’UBS France, boulevard Haussmann, à Paris, n’ont toujours pas été perquisitionnés, par exemple—, il faut faire du chiffre autrement. C'est ainsi que, du beurre dans les épinards, coup monté génial, la dite sale gueule —l'allure erronée, non plausible— devient le portrait du délit dans l'imaginaire collectif et policier), liberté et droit de réponse, logements sociaux (parce qu'il y a un rapport entre abondance de sans-abri et bombance du fric à l'abri des taxes), amnistie fiscale oui, amnistie fiscale non (7.06.2010), (non) impôt sur les grandes fortunes, tolérance zéro (ah, Pécresse et ses rodomontades d'évasion !), privilèges et contreparties sociales, etc.
En effet, même les plus grands gogos de la Terre risquent de comprendre que la croissance des nababs est fonction de l'augmentation des pénuries sociales, que l'intensité des coupes en aval doit être égale au poids du volume des liquidités déplacées en amont —dont il est prudent d'immerger le plus possible. D'où l'existence de paradis de tout poil dans le meilleur des mondes démocratiques : les uns ("qui ne se sont jamais aussi bien portés") destinés à l'immersion (y compris les patries sans mer et les possibilités des îles, Vierges ou Caïmans : que personne ne s'atolle), les autres à la prestidigitation.
C'est comme cela qu'une oligarchie sans états d'âme de presque 200.000 personnes peut tenir en échec toute une société de 65.000.000 millions d'habitants, et la culpabiliser par-dessus le marché ! On dirait du vrai laisser-faire ! Dans Mars attacks, on laissait faire les Martiens, des Extraterrestres ; dans la démocratie formelle, on laisse faire les entités offshore, c'est-à-dire, la finance extraterritoriale paradisiaque dont la bonhomie est comparable à celle des Martiens de Tim Burton.
En voici le début du billet de Mucchielli :

Une évasion fiscale massive continue malgré les promesses gouvernementales



Le journaliste Antoine Peillon, grand reporter au journal La Croix,  vient de publier Ces 600 milliards qui manquent à la France (Seuil), un livre choc dans lequel il montre comment la banque suisse UBS organise, depuis la France, un système massif d’évasion et de fraude fiscale vers les paradis fiscaux. Et elle n'est pas la seule.
600 milliards d’euros : c’est la vertigineuse somme cachée depuis des décennies dans les paradis fiscaux, soit près de 10% du patrimoine des Français. Au terme d’un important travail de recoupement des sources, l’auteur affirme que depuis 2000, UBS France aurait soustrait en moyenne 85 millions d’euros au fisc français chaque année. Il estime ainsi à 590 milliards d’euros l’ensemble des avoirs français dissimulés dans les paradis fiscaux dont une partie en Suisse. Il conclut aussi que « chaque année, plus d’un tiers de l’impôt potentiel sur les revenus français – soit près de 30 milliards d’euros – n’est pas perçu, rien que par la dissimulation de ces avoirs et des produits financiers dans les paradis fiscaux ».
Comment cette évasion fiscale massive a-t-elle été rendue possible ? Pourquoi l’évasion de ce patrimoine fait-elle l’objet d’une telle omerta judiciaire, alors que les institutions de contrôle, la police, la justice, la douane, les services de renseignements, en possèdent l’essentiel des preuves ?
En lire la suite.

Écoutez ces explications d'Antoine Peillon sur France Info le 4 avril 2012. Il évoque des fuites représentant un sixième du budget français, c'est-à-dire, elles pourraient couvrir le coût total de l'Éducation nationale. L'arnaque est double car à ces avoirs non fiscalisés, il faudrait ajouter les croustillants profits qui en découlent et qui ne cotisent pas non plus.



Antoine Peillon, au coeur de l'évasion fiscale par FranceInfo


On ne peut donc pas s'étonner que l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale nous rappelle dans son rapport annuel, présenté le 29 mars, qu'en 2009, 8,2 millions d'êtres humains vivaient en dessous du seuil de pauvreté en France (13,5 % de la population !). On en tient près de deux millions pour très pauvres : leur revenu serait inférieur à 640 euros par mois.
___________________________________
(1) Cette introduction est déjà très concluante. L'auteur y affirme, entre autres, :
— (...) cette masse considérable d’avoirs et de dividendes non déclarés, qui avoisine 10 % de la richesse privée des nations européennes, fausse lourdement les comptes internationaux de toute la zone euro. Selon le Boston Consulting Group et Gabriel Zucman, en 2010, pas moins de 2 275 milliards d’euros n’entrent pas ainsi dans les comptes de l’Europe*, ce qui génère des distorsions importantes dans les statistiques mondiales et dégrade gravement la qualité des politiques économiques de l’Union européenne et des États. Le jeune économiste [Zucman] dénonce : « Pour l’Europe, cela produit l’idée absurde que cette région du monde est pauvre, endettée vis-à-vis de pays émergents comme la Chine, alors qu’elle est encore la plus riche de la planète ! Si la richesse manquante, masquée, revenait à sa source, on améliorerait beaucoup l’impôt et cela contribuerait à résoudre de façon substantielle les problèmes de financements publics. Cela ferait partie des solutions à la fameuse dette publique ! »
* La seule part de la fortune privée européenne placée sous le secret bancaire suisse est, selon le Boston Consulting Group, de 743 milliards d’euros en 2010 !
— (...) le 10 février 2012, le procureur de Nice, Éric de Montgolfier, a révélé qu’à l’époque où le ministre du Budget se lançait dans une communication bruyante sur sa liste HSBC de 3 000 noms lui-même travaillait judiciairement sur la même liste, mais qu’elle comportait en réalité 8 000 identités, dont celle de Patrice de Maistre qui était alors le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt et, à ce titre, l’employeur de Florence Woerth, l’épouse du ministre…  Le procureur de Nice a aussi dévoilé que le ministère de la Justice lui avait donné l’ordre, toujours à la même époque, de restituer les données du dossier HSBC aux autorités suisses afin de mettre fin à ses investigations.
— (...) Les chapitres qui suivent proposent une exploration totalement inédite des mécanismes concrets de l’évasion fiscale organisée en France à très grande échelle, au vu et au su de nombreux services d’enquête et de contrôle (renseignement, police, douanes, fisc, etc.), mais jusqu’ici en toute impunité judiciaire. Certaines pages pourront paraître parfois un peu techniques, de même que de nombreux documents cités en exclusivité sembleront relativement opaques à celles et ceux qui ne connaissent pas grand-chose à la finance ni aux techniques bancaires. Mais surmonter ces légères difficultés de lecture est sans doute le prix à payer pour s’assurer de l’exactitude et de l’authenticité des informations produites, ce qui, en matière d’investigation journalistique, est une double exigence nécessaire, surtout lorsque le sujet abordé est manifestement si politiquement sensible qu’il produit toutes les tentatives possibles et imaginables d’occultation, voire d’intimidation.

Mise à jour du 18/02/2016 : À propos de UBS...


Chez UBS, l’art maîtrisé de bien chasser le riche

LE MONDE |  • Mis à jour le  |

jeudi 22 mars 2012

Le don de moelle osseuse

La 7e Semaine nationale française de mobilisation pour le don de moelle osseuse se termine le 25 mars, donc dans trois jours. Il y va de la vie et de la joie de beaucoup de gens, malades et proches. Comme nous le rappelle le communiqué de presse de l'Agence de la biomédecine :
Chaque année, 2 000 personnes sont atteintes de maladies graves du sang, comme les leucémies, les lymphomes, mais aussi d’autres formes de pathologies sanguines moins connues. Aujourd’hui, ces maladies peuvent être soignées par une greffe de moelle osseuse. Chaque donneur de moelle osseuse peut ainsi offrir à un malade une chance supplémentaire de guérison. C’est parce que la compatibilité entre deux individus est très rare que plus les donneurs seront nombreux et plus la probabilité de sauver un malade augmentera.
L'Agence relève du Ministère français de la Santé et a lancé, à cette occasion, une grande opération de recrutement de donneurs. Cette campagne s'appuie sur un site web destiné à nous rendre tous plus conscients du problème et à mieux expliquer ses enjeux. Pour dissiper nos doutes, cette toile aborde les questions essentielles : Tout savoir sur le don, Comment s'effectue ce don, Les idées fausses..., et donne la parole à donneurs, greffés et experts qui apportent des témoignages vidéos, écrits ou sur le mur Facebook de l'Agence.

samedi 10 mars 2012

Métamorphose définitive de Giraud-Moebius

Le dessinateur et scénariste Jean Giraud, dit Moebius, est mort aujourd'hui à l'âge de 73 ans. Hommage.


Du plus loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours lu des BD, des "tebeos", nom castillan traditionnel dérivé du TBO des éditions Buigas, Estivil y Viñas. Je dois cette passion à ma grand-mère Luciana et sa librairie Úbeda, à Ciudad-Rodrigo, où j'ai passé mon enfance et ma première adolescence. Parmi les trésors de la librairie, les "tebeos" étaient particulièrement prisés par mon frère, ma sœur et moi : ils ont été pour nous une première éducation littéraire, artistique et sentimentale, mais surtout, quel plaisir nous avions à les lire ! Il y avait de tout : Astérix et Obélix, Tintin, El Capitán Trueno ou El Jabato, El Botones Sacarino, 13 rue del Percebe, Las Hermanas Gilda, Mortadelo y Filemón, le professeur Franz de Copenhague, Anacleto agente secreto... On en était tellement friands, qu'on les cachait pour les dévorer en solitaire, clandestinement. Voilà pourquoi, le mercredi était le vrai jour de fête : c'était celui de l'arrivée hebdomadaire à la Poste des bédés des éditions Bruguera et Valenciana. Le lieutenant Blueberry, de Giraud et Charlier, faisait partie du paquet de chez Bruguera, tout comme Lucky Lucke, de Morris, et tant d'autres.
Comme toute cette histoire serait longue à décrire, disons simplement que les créations de Gir-Giraud-Moebius nous ont toujours accompagnées le long des années insérées dans d'autres conteneurs : ses albums pour Dargaud ou pour les Humanoïdes Associés, où il venait juste de rééditer, en février 2012, Escale sur Pharagonescia ou Le Garage hermétique ; ses vignettes pour Métal Hurlant, Hara-Kiri ou L'Écho des Savanes...



Page 47 de l'album "Apaches", publié chez Dargaud en 2007, dont le scénario correspond comme d'habitude à Jean-Michel Charlier : c'est une réécriture faite à partir de pages parues dans des albums précédents auxquelles on a ajouté de nombreuses pages, images et textes inédits.

J'avais toujours souhaité dédier un billet de ce blog à Giraud-Moebius. J'y avais surtout pensé lorsque j'avais visité à Paris, le dimanche 31 octobre 2010, l'exposition "Moebius-Transe-forme", organisée par la Fondation Cartier, avec la participation active de l'artiste : c'était la première rétrospective qu'on lui consacrait. On projetait en plus « La Planète Encore », son premier film d'animation (en 3D) en tant que réalisateur.



La Fondation Cartier se trouve 261 Bd. Raspail, dans un bâtiment conçu par Jean Nouvel qui dispose à l'arrière d'un petit jardin rustique, un peu sauvage, avec buvette, qui a été dessiné par Lothar Baumgarten. Nomen omen... Quand on s'appelle comme cela, on risque de devenir paysagiste.
L'exposition permettait de jouir des différentes facettes d'un artiste intarissable qui avait osé aborder avec talent l'Histoire, le western, la fiction futuriste, l'univers onirique ou  psychédélique, l'érotisme... À voir tant de planches et vignettes, tant d'histoires, tant de personnages, tant de détails, tant de méticulosité géniale, on éprouvait toute sorte de réminiscences : Frank Margerin, Henry Moore, Alberto Giacometti, Milo Manara (dans tel visage féminin)...
Le 7 octobre 2010, le Nouvel Observateur divulguait un entretien avec Jean Giraud. Il fallait rendre compte et de l'exposition Cartier et de la publication de la suite des aventures d'Arzak, trente-quatre ans après la première et unique apparition de ce personnage. À la question Vous étiez reconnu sous le pseudonyme de Gir. Pourquoi avoir créé celui de Moebius?, il a répondu :
Le choix de ce pseudonyme a été pour moi une sorte de libération, une clé qui m’a permis d’échapper au système du genre, ensemble de lois implicites que l’on ne peut transgresser que de façon acceptable. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait à travers « Blueberry ». Mais ce n’était alors qu’une manière d’aménager ma prison. Sous le nom de Moebius, un nom emprunté au mathématicien et astronome allemand [August(us) Ferdinand Möbius], je me suis offert la possibilité d’un programme sans limites. Je passais d’un système de commande extérieure —celle d’un univers commercial— à un système de commande intérieure. Cette liberté, il me fallait la conquérir, l’apprivoiser. Quand je travaille sous l’identité de Moebius, je commence toujours par une sorte de jet incontrôlé, que je reprends par la suite. C’est pour moi la seule possibilité d’engendrer une transformation. Je dois me déconnecter de moi-même, entrer dans une sorte de transe. Cette idée a d’ailleurs donné son titre à l’expo de la Fondation Cartier, « Transe-forme ».
Un peu avant, il avait déclaré, dans la même conversation, à propos de l'ambiance chez Pilote lors de Mai 68 :
Quand Mai-68 est arrivé, « Pilote » n’a pas échappé à l’effervescence générale : il fallait qu’il y ait du sang qui coule, même si c’était du sang symbolique. Ça a été terrible, parce que qui s’est retrouvé le bouc émissaire de la situation ? C’était Goscinny, le rédacteur en chef. Dans les numéros de « Pilote » de l’époque, il y a de l’Uderzo (Astérix), du Morris (Lucky Luke), mais aussi du Gébé, Cabu, Fred, Gotlib, Mandryka, soit une drôle de cohabitation. Les « classiques » devaient être inquiets de l’arrivée de ces farfadets qui n’avaient qu’une envie, ébranler les colonnes du temple pour que tout s’écroule. Du côté des « transgressifs », je n’étais pas le dernier à rouspéter. Pourtant, j’étais le traître absolu parce que j’avais un pied dans « Blueberry » et un autre dans Moebius, du délire, de la drogue, de la provocation. Mais je n’avais pas honte, parce que j’étais l’agent actif d’une mutation en train de se produire.
Les images ci-dessous correspondent au catalogue de l'exposition de la Fondation Cartier et à deux photos de l'accès à celle-ci.



Fondation Cartier, Paris.


vendredi 9 mars 2012

Le corps humain en français

Le Corps humain virtuel est un outil d'enseignement proposé sur le site de son éditeur, Québec Amérique. Il permet une navigation interactive et il y est question des différentes composantes de nos anatomies, masculine et féminine : morphologie, squelette, muscles, système nerveux, système lymphatique, système cardiovasculaire, système respiratoire, appareil digestif, appareil urinaire et appareil reproducteur. Le site offre en outre un dictionnaire anatomique.
Voici leur présentation :
Ikonet.com vous invite à explorer l’anatomie du corps humain, de la tête aux pieds et de la peau aux os, avec le Corps humain virtuel. Plus dynamique que des planches anatomiques traditionnelles, le Corps humain virtuel vous permet, grâce à sa fenêtre de navigation interactive, de superposer à votre guise muscles, organes, squelette et autres composantes du corps humain, et d’ainsi visualiser les liens qui les unissent.
Grâce à notre modèle hyperréaliste, découvrez un mode unique d'exploration de l'anatomie humaine. Il suffit de survoler le modèle 3D avec votre curseur pour obtenir le nom exact des différentes structures représentées. Pour en savoir plus, cliquez sur un nom et accédez à sa définition et à un enregistrement audio de sa prononciation dans l’étiquette qui se déploie alors.
Pour plus d’information sur les options de navigation, consultez l’aide du site.

Pour apprendre le vocabulaire du corps d'une manière beaucoup plus simple, avec des exercices à l'appui, vous disposez aussi, par exemple, du site de Thierry Perrot. Cliquez sur le lien pour essayer.




 
 
 

lundi 27 février 2012

Vers où Israël, webdoc de Camille Clavel

À partir du 24 février et jusqu'au 6 avril, le site de Courrier international diffuse un dossier spécial sur le webdoc écrit et réalisé par Camille Clavel, Vers où Israël, une production de Mélisande Films. Quant à Camille Clavel, il est pertinent de rappeler que son arrière-grand-mère est morte dans un camp de concentration nazi.
Le film a été tourné en Israël et en Cisjordanie en mai 2011, cinq mois avant la demande du Président de l'Autorité palestinienne de reconnaître la Palestine comme État membre de l'ONU. Suite à cette demande, la Palestine est devenue le 195e membre de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). L'annonce a été officialisée lundi 31 octobre.
Le premier épisode des sept qui composent le film a donc été mis en ligne vendredi. On compte en diffuser un chaque semaine. Dans ce premier volet, on voit bien que le documentaire s'appuie sur les interventions de nombreux Israéliens, juifs ou arabes, anonymes ou bien connus, dont le romancier et poète Aharon Appelfeld, l'historien médiéviste Gadi Algazi et l'historien Shlomo Sand, professeur à l'université de Tel Aviv et auteur de Comment le peuple juif fut inventé.
Ce documentaire a été sélectionné par le festival Visions du réel 2012 (section Media Library), qui se déroulera à Nyon du 20 au 27 avril.

dimanche 26 février 2012

¿Hablando se entiende la gente? Lenguaje: ¿Limitación o posibilidad?

Le 26 février 2012, au Café El Fin del Mundo, calle Dr. Fourquet 28, Madrid, Café Philo nº 26 autour du langage :

¿Hablando se entiende la gente? Lenguaje: ¿Limitación o posibilidad?


Moderadora: Zara Fernández de Moya

Ponentes:

Rosana Acquaroni: Es poeta y doctora en Filología Hispánica (Universidad Complutense de Madrid).  Ha publicado varios libros de poesía: entre ellos, Del Mar bajo los puentes, (1988) o Discordia de los dóciles (2011). Ha sido incluida en diversas antologías: Ellas tienen la palabra (1997) o Poetas en blanco y negro (2006). En este enlace está su intervención en la sesión: Rosana Acquaroni.

Juan Luis Conde: Escritor de novela y ensayo, es profesor en Filología Clásica (Universidad Complutense de Madrid) y ha colaborado varios años en la Escuela de Letras de Madrid.  De sus cursos sobre creación literaria, nació El segundo amo del lenguaje (Debate, 2001). En 2008 publica La lengua del Imperio.

Antonio Carlos Martín: Doctor en Psicología de la salud y psicólogo clínico. Ha publicado su investigación Infertilidad femenina y psicosomática (2007). Ha publicado varios artículos en revistas especializadas y en prensa.

Ángela Tejero: Formadora de Programación Neuro-Lingüística (PNL) y Directora de Formación en PNL Madrid donde desarrolla diferentes programas enfocados al Liderazgo tanto Personal como Profesional. Está especializada en Comunicación, Lenguaje Persuasivo y Creatividad.

Alberto Conde Calvo: Filólogo, traductor entre otros de Le Clézio y profesor de francés en la Escuela Oficial de Idiomas. Actualmente, ha desarrollado también su investigación en nuevas tecnologías y aprendizaje.
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Voici le lien du nouveau blog, "Filosofar en Libertad" .

samedi 25 février 2012

À Dakar comme à Valencia, dommage - Hommage au Sénégal

À Dakar (voir plus bas), à Valence (Valencia, Espagne), à Saint-Denis de la Réunion... Nous voilà beaux.

Sénégal Sénégal, par Ismaël Lô.


Le 1er février 2012

Sénégal: affrontements entre étudiants et forces de l'ordre à Dakar

Des affrontements opposaient mercredi sur le campus de l'université publique à Dakar les forces de l'ordre à des étudiants protestant contre la mort la veille d'un des leurs lors de la dispersion d'un rassemblement de l'opposition par la police, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des affrontements opposaient mercredi sur le campus de l'université publique à Dakar les forces de l'ordre à des étudiants protestant contre la mort la veille d'un des leurs lors de la dispersion d'un rassemblement de l'opposition par la police, a constaté un journaliste de l'AFP. ( © AFP Seyllou Diallo)

DAKAR (AFP) - Des affrontements opposaient mercredi sur le campus de l'université publique à Dakar les forces de l'ordre à des étudiants protestant contre la mort la veille d'un des leurs lors de la dispersion d'un rassemblement de l'opposition par la police, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les incidents ont éclaté lorsqu'un groupe d'étudiants de l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) a voulu sortir du campus pour aller assister dans un hôpital voisin à la levée du corps du manifestant tué, étudiant en Lettres modernes.
Il est décédé des suites de ses blessures après avoir été renversé par un véhicule lors de la dispersion du rassemblement des opposants à la candidature du chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade à la présidentielle de février.
Les affrontements, jets de pierres contre gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc, se poursuivaient dans l'après-midi.
Quelques dizaines de policiers déployés à deux sorties du campus de l'université tentaient de disperser de petits groupes d'étudiants qui les harcelaient de pierres à partir de bâtiments du campus.
© 2012 AFP
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Sanou Mbaye, économiste et écrivain sénégalais, auteur de L'Afrique au secours de l'Afrique (L'Atelier, Ivry-sur-Seine, 2009), a publié un article à propos du « marasme sénégalais » dans Le Monde diplomatique de février 2012, page 17. En voilà un extrait —qui prouve la pertinence absolue de l'avant dernier roman de Michel Rio, Coupe réglée, Fayard 2009, une « non-enquête » de son héros de B. D. le commissaire divisionnaire Francis Malone— :
« (…) De tels phénomènes s’inscrivent dans un rapport de soumission à la France et à ses intérêts, qui durent depuis cinquante ans. Le secteur privé est entièrement aux mains de groupes hexagonaux : Bolloré, Bouygues, Total, France Télécom, Société Générale, BNP Paribas, Air France… En outre, les politiques de change et de crédit, si cruciales pour le développement, sont liées à l’Hexagone à travers les mécanismes de la zone franc [1]. Contre le dépôt de 50% des réserves de devises des pays membres sur un compte du Trésor français, le franc CFA est convertible et arrimé à l’euro à un taux de change fixe surévalué, alors que toutes les autres monnaies du continent ont, elles, des cours flottants. La convertibilité permet aux entreprises françaises et aux classes dominantes de transférer librement les fortunes qu’elles engrangent en étant prémunies contre toute dépréciation monétaire. (…) »

[1] Franc CFA : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Mali, Niger, République centrafricaine, Sénégal, Tchad et Togo). Le franc comorien a été rattaché à l’euro comme le franc CFA.

jeudi 16 février 2012

100jours : courts métrages sur plusieurs thèmes

Je vous relaie telle quelle une dépêche du Monde sur le projet "100 jours" -un film documentaire par jour du 27 janvier au 6 mai- qui pourrait vous intéresser :

Un documentaire par jour jusqu'à la présidentielle
Le projet "100 Jours" a été lancé en 2007, à l'approche de l'élection présidentielle, par les documentaristes Odile Magniez, Zoé Liénard et Isabelle Taveneau. Leur collectif mettait en ligne un court documentaire quotidiennement et ce pendant les 100 jours précédant l'élection. Le projet renaît cette année (Rue89 y consacre d'ailleurs un article). Depuis le 27 janvier et jusqu'au second tour de la présidentielle, le 6 mai, un court-métrage est diffusé chaque jour sur 100jours.org. Cent réalisateurs français et étrangers ont été sollicités pour réaliser, bénévolement, un film de cinq minutes sur un thème "politique au sens large". Ces films sont également diffusés dans des cinémas, des établissements scolaires ou encore dans le cadre de festivals. Le site du collectif comporte par ailleurs une rubrique intitulée "100 Nuits", ouverte à d'autres formes de création (photo, dessin, bande dessinée, son, texte). Afin de stimuler le débat et de rendre accessibles les travaux au plus grand nombre, toutes les créations sont sous licence Creative Commons, donc librement téléchargeables et diffusables.
Voici le MANIFESTE qui est à la base de cette initiative :
Cinq ans plus tard, le rituel des élections reprend son cours, les protagonistes sont identiques, la représentation spectaculaire et les enjeux confisqués.En 2007, nous avions réuni soixante réalisateurs et réalisatrices pour créer et diffuser 100 films les 100 jours précédant le deuxième tour des élections présidentielles. Cinq ans plus tard, nous décidons de renouveler l’expérience avec 100jours en 2012.
Nous voulons réinventer ce projet politique, cinématographique et artistique. Nous voulons à nouveau créer collectivement et bénévolement.
Et nous faisons le pari de mettre en œuvre un décalage : un autre rapport à l’individu, à l’esthétique, à l’actualité, un autre rapport à l’Autre, où notre système est un espace qui s’invente.
Imaginer des rencontres, approcher des trajectoires, capturer des instants, considérer cette période comme un moment d’expérimentation, de création, d’ouverture des possibles, un moment pour prendre la parole, brutalement ou joyeusement, empli de colère ou d’espoir.
En se projetant de la place du village à l’utopie bien nommée, nous affirmons par ce projet notre désir de saisir le présent. 100jours, c’est 100jours et 100nuits.
Dans 100jours nous proposons à des auteurs et à des collectifs la réalisation de 100 films documentaires de 5 minutes. Nous imaginons ces films comme des créations singulières, des points de vue affirmés, des tentatives documentaires, des essais.
Dans 100nuits, d’autres expressions documentaires, sous différentes formes (photo, dessin, bande dessinée, son, texte…) seront produites par des auteurs invités.
100jours s’envisage autant comme une succession de propositions que comme une œuvre singulière, un espace d’expressions libres et un tout pensé et construit. De 100jours doit émaner une entité propre, où chaque œuvre vient en écho aux précédentes, où les publications se répondent, se mêlent ou se heurtent pour au final se compléter et former un tout cohérent. Durant cette période (de janvier à mai 2012) il s’agira donc de faire : faire des films et des créations, organiser des diffusions, débattre, faire de la politique. En réinventant notre place, en tant que créateur et spectateur, individu et collectif, nous souhaitons réaffirmer que ce sont les rencontres qui produisent le politique.
Collectif 100jours (100jours.org) 
“C’est l’art qui dispose constitutivement de tous les moyens d’affecter, parce qu’il s’adresse d’abord aux corps, auxquels il propose immédiatement des affections : des images et des sons. Non pas que l’art aurait pour finalité première de véhiculer des idées (…). Mais il peut aussi avoir envie de dire quelque chose. Sans doute cette forme de l’art a-t-elle largement perdu les faveurs dont elle a pu jouir dans la deuxième moitié du XX° siècle, au point que l’art engagé soit presque devenu en soi une étiquette risible, dont on ne voit plus que les intentions lourdement signifiantes, les propos délibérés et le magistère pénible. On peut bien avoir tous les griefs du monde pour l’art -qui- veut- dire, le problème n’en reste pas moins entier du “côté opposé” : car en face de l’art qui dit, il y a les choses en attentes d’être dites. Or elles ont impérieusement besoin d’affections et, l’art politique refluant, les choses à dire menacent de rester en plan -ou bien de vivoter dans la vitalité diminuée, dans la débilité, de la pure analyse.”
Frédéric Lordon – Post-scriptum de “D’un retournement, l’autre”, Seuil, mai 2011.

mardi 14 février 2012

Puro teatro

... lo tuyo es puro teatro, falsedad bien ensayada, estudiado simulacro.

Nouvelle mise en scène de l'Élysée. Pour l'intox, il fallait utiliser bon nombre de figurants dans le but que le cabotin Nicolas Sarkozy joue les vedettes. À moins huit, il ne fallait pas filmer à froid et quand on n'a pas froid aux yeux... Un tripotage à la hauteur de sa taille.
Version du Monde :

L'Elysée compose un public pour accueillir le président sur un chantier
LEMONDE.FR | 03.02.12 | 07h46   •  Mis à jour le 09.02.12 | 08h39

Quelques jours après ses annonces télévisées, le président de la République était, jeudi 2 février, dans l'Essonne pour défendre son plan, très critiqué, pour tenter de régler la crise du logement par la hausse de 30 % des droits à construire. Afin de mettre le tout en images pour les médias audiovisuels, il a visité un chantier à Mennecy où il fut accueilli par des ouvriers, en tenue de travail : la photo a depuis été reprise par toutes les rédactions, dont Le Monde.fr.

Nicolas Sarkozy parle avec des ouvriers lors de la visite d'un chantier à Mennecy, près de Paris, le 2 février 2012.
REUTERS/PHILIPPE WOJAZER

Mais Europe 1 révèle ce vendredi matin qu'une partie des ouvriers présents ne travaillaient pas sur ce chantier. Certains ne seraient même pas des ouvriers en bâtiment, mais de simples figurants. Selon un cadre du chantier qui s'est confié à la radio :"Ils voulaient plus de monde autour de Nicolas Sarkozy". L'Elysée aurait été jusqu'à demander de doubler les effectifs le temps du passage du président.
Selon Europe 1, ce seraient ainsi plusieurs dizaines de personnes n'appartenant pas au chantier qui seraient venues jouer la comédie en se glissant parmi les soixante vrais ouvriers. Certains aurait été rapatriés de chantiers voisins, d'autres seraient des fournisseurs, des chefs de chantiers...


Des ouvriers "sont venus d'autres chantiers" par Europe1fr
 
Les présents auraient par ailleurs été priés de faire semblant de travailler devant la presse alors qu'en raison des températures glaciales des derniers jours, il leur aurait été normalement interdit de travailler. Selon Europe 1, ils seraient d'ailleurs rentrés chez eux juste après le chantier.

Interrogé, l'Elysée n'a pas nié. "Nous avons simplement voulu donner la possibilité d'être présents, à tous ceux qui ont, par le passé, ou qui auraient à l'avenir à travailler sur ce chantier", a expliqué le service communication de la présidence à Europe 1.
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RÉACTIONS
Denise 04/02/12 - 19h47 - Et que pensez-vous de la petite phrase de Sarkozy à un travailleur noir : "Cela change du pays, quand il fait moins 8". ? De quel pays parle-t-il donc ? Parce qu'il est noir son pays ne serait évidemment pas la France ?
LES GUIGNOLS DE L'INFO (voir à partir de 1' 05'')
Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

samedi 11 février 2012

Langue de bois et sacré culot de Masuch à Dublin

Dublin, le 19 janvier 2012.
Lors d’une conférence de presse de la Troïka UE (Istvan Szekely, de la Commission européenne, renforcé par Barbara Nolan), BCE (Klaus Masuch) et FMI (Craig Beaumont), Vincent Browne interpelle Klaus Masuch sur la légitimité du plan de sauvetage financier et les ravages qu'il entraîne. C'est-à-dire, cet insolite journaliste irlandais tient à savoir exactement pourquoi la BCE veut ratisser encore plus un perplexe peuple irlandais qui ne comprend toujours pas très bien pourquoi on lui demande de payer des milliards d’euros à des porteurs de bons ou obligations non garantis pour cause de dettes (d'une banque défunte) qui ne le concernent pas.
Cinq minutes suffisent à sortir du bois la profondeur et le rôle important de la langue de bois économique qu’on nous inflige. Cinq minutes suffisent à sortir du bois l’ouverture des discussions ouvertes et des débats encore plus ouverts en la matière. Cinq minutes suffisent à sortir du bois l’efficacité informative de l’expression corporelle et son déni d’une expression verbale effarante, qui balbutie des bourdes à son corps défendant. Désolé pour la gueule de bois concomitante.
Il se peut qu'il s'ensuive la parution d'un néologisme que je m'apprête à définir :
Masuchisme : Comportement des financiers orthodoxes persuadés que le peuple a besoin de ressentir de la douleur pour accomplir la jouissance sans entraves des membres de la Caste et qu'il finit toujours par obtempérer grâce à sa croyance en Santa Klaus.
[Note postérieure : une anacycle ou anacyclique est une expression dont la lecture à l'envers produit un autre sens. Mon ami Arturo me fait remarquer qu'en castillan Masuch égale Chusma. Et chusma veut dire racaille.]



Transcription du cafouillage central pur bois de Klaus Masuch :
Klaus Masuch: “(...) I can understand that this is a difficult decision to be made by the government and there’s no doubt about it but there are different aspects of the problem to be, to be balanced against each other and I can understand that the government came to, came to the view that, all in all, the costs for the, for the Irish people, for the, for the stability of the banking system, for the confidence in the banking system of taking a certain action in this respect which you are mentioning could likely have been much bigger than the benefits for the taxpayer which of course would have been there. So the financial sector would have been affected; the confidence of the financial sector would have been negatively affected, and I can understand that there were, that there was a difficult decision but that the decision was taken in this direction.”
Dans La dette ou le vol du temps, article publié par Le Monde diplomatique de février 2012, page 28, le sociologue et philosophe Maurizio Lazzarato nous rappelle un aveu peu conventionnel de la part d'un ministre des finances européen de cette époque particulièrement renflouante :
Peu avant son décès, l’ancien ministre des finances irlandais Brian Lenihan déclarait : « Dès ma nomination, en mai 2008, j’ai eu le sentiment que nos difficultés –liées au secteur bancaire et à nos finances publiques- étaient telles que nous avions pratiquement perdu notre souveraineté. » En appelant l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) à l’aide, poursuivait-il, « l’Irlande abdiquait officiellement sa capacité à décider de son propre destin » (The Irish Times, 25 avril 2011).
Et c'était lui qui les avait appelés. N'empêche, il savait que l'Irlande avait livré son destin à l'Empire du discours masuchiste et il l'admettait, tout près de la mort.

Enfin, dans ce même article, Maurizio Lazzarato nous prévient des dangers d'autres dettes qui commencent à jouir parmi les amis de Santa Klaus d'un solide prestige très bien induit par les libéraux et leurs média (de formation) de masse :
Aux États-Unis, par exemple, 80% des étudiants qui terminent un master de droit cumulent une dette moyenne de 77 000 dollars s’ils ont fréquenté une école privée et de 50 000 dollars s’il s’agit d’une université publique. Un étudiant témoignait récemment sur le site du mouvement Occuper Wall Street, aux États-Unis : « Mon emprunt étudiant s’élève à environ 75 000 dollars. Bientôt, je ne pourrai plus payer. Mon père, qui avait accepté de se porter garant, va être obligé de reprendre ma dette. Bientôt, c’est lui qui ne pourra plus payer. J’ai ruiné ma famille en essayant de m’élever au-dessus de ma classe. »
C'est l'un des témoignages cités par Tim Mak dans « Unpaid student loans top $1 trillion », 19 octobre 2011. Il y en a beaucoup d'autres : cliquez dessus, si cela vous tente, pour mieux comprendre la logique esclavagiste à laquelle vous acculent ces emprunts universitaires qu'on nous vend comme des panacées. Du coup, vous saisirez également peut-être pourquoi il faut que les masters soient presque obligatoires et... payants. Bien entendu, la première conséquence de la hausse des droits de scolarité, c'est d'extirper de l'enseignement supérieur bon nombre de candidats... pauvres. C'est ainsi qu'au Royaume Uni, par exemple, pays où les frais d'inscription se sont envolés, 10 % des "bacheliers" britanniques renoncent maintenant à aller à l'université, tandis que d'autres envisagent de partir, etc. : témoin The Guardian.