Quatre grands
syndicats et des collectifs avaient organisé des manifestations pour réclamer plus de moyens pour
l’hôpital public. Plus de 220 rassemblements étaient prévus partout
en France.
Voici une vidéo filmée par QG (Quartier Général), "le média libre" créé par Aude Lancelin, qui montre le traitement accordé aux soignant.es français lors de leur manifestation pour l'hôpital, ce mardi 16 juin, dans ce cas à Paris :
Notre reporter Adrien AdcaZz, était hier pour QG à la manifestation de l’hôpital public à Paris, où le personnel soignant a défilé du ministère de la Santé jusqu’aux Invalides
L'historienne Mathilde Larrère, David Dufresne ou Sabrina AliBenali ont aussi leur mot à dire en la matière. Il y en a qui évoquent la réaction excédée d'une infirmière d'1 mètre 55 sans expliquer que les forces de l’ordre établi avaient noyé la manifestation sous les gaz lacrymo, avaient lancé des grenades de désencerclement, avaient chargé contre les manifestants.
_________________________________ Mise à jour du 19 juin 2020 :
Entretien avec Farida, infirmière, par Là-bas, si j'y suis.
Sa fille, la journaliste Imen Mellaz, explique :
Cette femme,
c'est ma mère. 50 ans, infirmière, elle a bossé pendant 3 mois entre 12
et 14 heures par jour. A eu le covid. Aujourd'hui, elle manifestait pour
qu'on revalorise son salaire, qu'on reconnaisse son travail. Elle est
asthmatique. Elle avait sa blouse. Elle fait 1m55. https://t.co/kinCQYJTAn
Soignants, blouses blanches, bravo à nos héros ! Ça, c’était hier. Aujourd’hui, voilà une infirmière par terre, blessée, menottée, en garde à vue.
"Je me suis fait gazer pour la énième fois et sans aucune raison, voilà. C'est une façon de nous étouffer, encore plus, c'est une façon de nous clouer le bec, c'est pour qu'on se taise, c'est pour qu'on arrête de dire « on va pas bien ». Y'avait rien qui justifiait les gazages comme ça. Déjà j'étouffais... et je ne comprenais pas pourquoi, pourquoi on gaze des soignants, on vient réclamer nos droits, on vient vous dire « au secours », l'hôpital brûle, ça fait longtemps qu'on est en train de vous dire qu'on va mal, ça fait longtemps qu'on est en train de vous dire qu'on ne peut plus soigner les gens dans la dignité, qu'on ne peut plus honorer nos missions. Vous n'entendez pas, vous nous envoyez des gaz. (...)
Je croyais que c'était fini ça, je croyais qu'on était les héros de la République, je croyais qu'on était les soldats de M. Macron, je croyais qu'on nous avait confié le sort de la France entre nos mains et on a répondu (...), les gens sont restés, les gens ont remplacé, les soignants ont annulé leurs vacances, les soignants ont fait des heures supplémentaires, et quand on dit à l'État, rappelez-vous ce que vous nous avez promis, vous nous avez promis que vous alliez améliorer nos conditions de travail, vous nous envoyez des gaz, vous nous étouffez ? J'étais révoltée, je suis révoltée."
JOURNALISTE : TAHA BOUHAFS.
IMAGE ET SON : Mohammed-Taha Gueffaf.
_________________________________ Mise à jour du 23 juin 2020 :
"Expliquez-moi pourquoi un policier qui fait son devoir tire toujours sur un arabe, en tombant, derrière dans le dos ? Expliquez-moi ce que les policiers foutent dans le dos des Arabes avec un révolver à la main,
et à chaque fois, ils tombent ! Racontez-moi pourquoi !" Coluche, le 10 mars 1980, Antenne 2 Midi (France 2 aujourd'hui).
Il y aurait (...) une sorte de satisfaction politique
Bob Dylan chante "Only A Pawn In Their Game" à Washington, le 28 août 1963, en hommage à Medgar Evers, activiste noir étasunien assassiné le 12 juin 1963.
Y a-t-il des George Floyd en France ? Malheureusement, on dirait que oui.
Si l'on réfléchit à la manière, à l'aspect purement technique (le plaquage ventral et le manque d'air qui tuent), deux cas
me sont venus rapidement à l'esprit : celui de Lamine Dieng (en 2007) et celui, plus récent, de Cédric Chouviat, un livreur de 42 ans qui a été étranglé en janvier 2020 sur le quai Branly, dans le 7e arrondissement de Paris (1).
Pas de mystère, oui, il y a des George Floyd en France, même si le ministère français de l’Intérieur refuse de fournir des chiffres officiels. On le sait depuis longtemps, depuis toujours (2), malgré certains négationnistes, y compris des récidivistes dans le déni célèbres pour leur amour de la castagne, nomen omen, et du LBD.
Autrement dit, tout le monde le sait, sauf les déclarations de politiciens, keufs au pouvoir et chiens de garde, qui ont néanmoins cette vérité très présente à l'esprit : cen'est pas par des lois et des professions scélérates qu'on vient à bout d'extirper l'évidence.
Il arrive de surcroît que la liste des Floyd français est trop longue, malgré le silence avenant des grands moyens de la communication de référence et sérieuse (les moyens de fabrication du consentement).
Voilà pourquoi un (vrai) journaliste (David Dufresne) s'est proposé de lancer des signalements à l'adresse de la place Beauvau —pour pas que leur cynisme ne dise au moins qu'ils n'en savent que dalle.
Voilà pourquoi on déniche tellement de citoyen.ne.s dénonçant ici (3), ici (4) ou là (ouuuh là là), par exemple, ces dites bavures —imaginez à quel point les dicos se leurrent quand ils définissent le mot bavure par « erreur grave, voire tragique ». Erreur ? Sauf qu'on admette directement que l'erreur, actede l'esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et inversement, est la substance intellectuelle même de la Maison Poulaga.
À cet égard, je vous suggère la lecture complète de l'avant dernier article de Frédéric Lordon (7). Il porte sur les violences policières comparées en France et dans la nation de George Floyd. En voici deux extraits :
Comme toujours, la levée des censures révèle les vraies natures. Même si nous étions déjà très au courant, la police [française] a parfait son autoportrait en deux mois de confinement. Le site Rebellyon tient les comptes que le reste de la presse ne veut pas tenir : 12 morts pendant le confinement, dans des conditions qui sont claires comme du jus de chique, ou plutôt qui ont la seule clarté des rapports de police. Mais il y a aussi toutes les interpellations qui ont montré le vrai visage de la police : celui qu’elle se donne quand elle est laissée à elle-même.
Le journal Regards en a fait une compilation et c’est un enchantement républicain.
Comme la police se surpasse elle-même chaque jour, les compilations sont obsolètes au moment même où elles sont publiées. Entre-temps, la police française, qui n’est pas économe de son courage, a décidé de s’en prendre à un môme de 14 ans. En général, les policiers s’y mettent à quatre ou cinq sur un seul homme, ou s’arment jusqu’aux dents pour
envoyer à l’hôpital une femme de 70 ans (comme Geneviève Legay).
(...)
Là où la comparaison devient spectaculairement accablante — pour la France — c’est que, si la police américaine est structurellement
comme on la voit — casquée, armée, violente, raciste —, des shérifs,
des chefs de police, de simples flics, sans doute très minoritaires,
peut-être diversement sincères, mais tout de même, sont au moins
capables d’oblats symboliques, font connaître publiquement leur
sentiment de scandale au meurtre de George Floyd, mettent le genou à
terre. Ça ne modifie aucune interprétation, mais ça donne des éléments
de comparaison péjorative. Car ça n’est pas en France qu’on verrait des
errements pareils. Chez nous la maison est bien tenue, et le front
syndical bétonné. Quand un manifestant se fait arracher une main devant
l’Assemblée nationale, le secrétaire général de Unité SGP Police
commente sobrement que « c’est bien fait pour sa gueule ». On comprend dans ces conditions que poursuivre Camélia Jordana lui soit la moindre des choses.
Pour aller plus loin, en ciné, je vous conseille le visionnement de À nos corps défendants, un film documentaire sorti le 4 avril 2020, réalisé et monté en 2019 par IanB, avec l’aide précieuse de DoraBenderra (montage son).
IanB est membre fondateur d’un collectif qui existe et se bat depuis 2012 contre les violences d’Etat, Désarmons-les !
Ce film, il l’a pensé à la fois comme une manière de clore un chapitre dans son combat personnel, une déclaration de guerre et un message sans concession à l’attention de celles et ceux qui oseraient encore nier le caractère systémique des violences policières.
Intervenant.es, par ordre d’apparition :
Zohra, Aziz, Wassil KRAIKER ; des habitants d’Argenteuil ; Amine et Mustapha MANSOURI ; Ali ALEXIS ; Ramata DIENG ; Farid EL YAMNI ; ainsi que Amal BENTOUNSI ; Assa TRAORÉ.
Musique : « Breil », NOOJ. En hommage à toutes celles et ceux, rencontrés depuis 2012, qui luttent pou leur dignité face aux violences d’État :
Amal Bentounsi, pour Amine (Noisy le Sec),
Farid El Yamni, pour Wissam (Clermont-Ferrand),
Hamid Aït Omghar, pour Lahoucine (Montigny een Gohelle),
Jessica Koumé, pour Amadou (Paris/Saint Quentin),
Abourahmane Camara, pour Abdoulaye (Le Havre),
Awa Gueye, pour Babacar (Rennes),
Le Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri (Argenteuil),
Sylvie, pour Abou (Nantes),
Milfet Redouane, pour Zineb (Marseille),
Aurélie Garand, pour Angélo (Seur),
Isabelle Shaoyao, pour Liu (Paris),
Geoffrey, son père Christian (IDF),
Pierre Douillard, sa mère Emmanuelle (Nantes),
Aymen, son père Lies (Villiers sur Marne),
Bediss, sa mère Wedad (Sartrouville),
Hadi (Saint-Étienne),
Laurent Théron, Florent Castineira, Joachim Gatti, Yann Zoldan, Davy Graziotin, Quentin Torselli, Damien Tessier, Jean-François Martin, Robin Pagès, ainsi que tou.tes les Gilets Jaunes mutilé.es par les armes des forces de l’ordre...
Avec le soutien du « Collectif DÉSARMONS-LES ! » et de l'« Assemblée des blessés ».
Hommage particulier à...
Ali ZIRI, 69 ans. Interpellé et violenté par la police d’Argenteuil le 9 juin 2009. Meurt deux jours plus tard des suites de ces violences.
Zineb Redouane, 80 ans. Blessée au visage par une grenade à Marseille le 1er décembre 2018. Meurt le lendemain des suites des blessures.
Synopsis :
Ce film ne raconte pas une histoire. Il se veut une approche sensible et radicale des violences psychologiques et physiques infligées aux habitant·es des quartiers populaires par la police. Les récits prennent place dans la France des vingt dernières années, celle de l’après Sarkozy, et sont rapportés par les premier·e·s concerné·e·s : pas de sociologue, pas d’historien, pas de journalistes ni de storytelling. Juste la parole de celles et ceux qu’on voudrait voir silencieux·ses : Wassil Kraiker et ses parents Zohra et Abdelaziz, des jeunes d’Argenteuil, Amine Mansouri et son père Moustapha, Ali Alexis et son épouse, Ramata Dieng et Farid El Yamni…
On y aborde la question de la domination, ou comment l’Etat traite les corps étrangers pour mieux les contrôler. Il est question de racisme, de torture et d’un combat vital pour la vérité. Les protagonistes de ce film n’avaient pas choisi de devenir un jour visibles, mais les violences systémiques en ont fait des combattant·e·s, à leurs corps défendants.
Disons que IanB s'est fait interpeller le 25 mars 2019 à la gare Montparnasse pour "port d'arme prohibée de catégorie A". Je vous propose de ne pas louper l'explication de IanB à la suite de cette garde-à-vue (en cliquant ci-contre) pour port d'armes.
Selon le site Désarmons-le !...
Le journaflic du Point Aziz Zemouri, habitué de ce type de papiers
puants, s'est empressé de pondre un article diffamatoire à partir
d'informations confidentielles fournies par une taupe de la police, se
rendant coupable de recel d'informations couvertes par le secret de
l'enquête.
Cette vidéo est une réponse à cet article et une clarification
concernant le matériel transporté, qui a d'ailleurs été restitué à la
fin de la garde-à-vue et l'affaire classée sans suites...
La police, force de frappe du système, a toujours été au service du racisme. Réjouissons-nous donc (même combat) du déboulonnage et du renversement des statues des idoles négrières du libéralisme —sœurs dans la cupidité et la cruauté d'un Saddam Hussein—, dont celle de l'ancien marchand d'esclaves Edward Colston, par exemple, à Bristol, qui vient d'être jetée dans l'eau. Justice fut faite. Jubilons de ce mouvement mondial de dignité, à Madrid aussi.
_________________________
(1) Bastamag, le 22 janvier 2020 :
Le 3 janvier, Cédric Chouviat, livreur de 42 ans, fait l’objet d’un contrôle par des agents de la police nationale, tandis qu’il circule à scooter dans le 7ème arrondissement de Paris. Alors qu’il filme le contrôle avec son téléphone, le livreur est plaqué au sol par plusieurs fonctionnaires puis fait un arrêt cardiaque causé, selon l’autopsie, par une asphyxie avec « fracture du larynx ».
Une base de données de Bastamag, compilé et analysée par Ivan du Roy et Ludo Simbille, recense 676 morts, en 43 ans (de janvier 1977 à décembre 2019), à la suite d'interventions policières ou du fait d'un agent des forces de l'ordre établi en dehors de son service (77 cas ; ces drames surviennent souvent lors de violences familiales).
Parmi ces 676 personnes, 412 ont été tuées par arme à feu (61%). Précisons que parmi ces 412 personnes, 235 n’étaient pas armées, soit 57%. 68 des suspects abattus avaient préalablement attaqué les policiers. Les parties du corps les plus fréquemment touchées par les balles mortelles sont la tête, le cœur et la nuque.
Parmi ces 676 personnes, 77 étaient des enfants ou des adolescents de moins de 18 ans. La moitié des morts recensés avaient moins de 26 ans. 82 personnes sont mortes alors qu’elles étaient en état d’arrestation dans un commissariat ou une gendarmerie, ou lors de leur transfèrement alors qu’elles venaient d’être interpellées. 149 personnes sont mortes
dans le cadre d’un contrôle d’identité ou de ses suites.
Près de la moitié de ces affaires se concentrent en région parisienne et au sein des agglomérations lyonnaises et marseillaises. Pourtant, ces territoires n’abritent qu’un quart de la population française.
Concernant la scène de l'asphyxie de Cédric Chouviat, on peut voir aussi le site de l'Obs, par exemple, qui propose une chronique de Lucas Burel du 7 janvier 2020 contenant une vidéo très dure après contextualisation :
L’avis médical de cet homme de 42 ans, donné à la famille, a fait état d’un décès par « hypoxie », causé par « un arrêt cardiaque consécutif à une privation d’oxygène ».
Et selon de nouvelles images, obtenues dans le cadre d’un appel à témoins lancé par les avocats de la famille, le décès du livreur pourrait être lié aux conditions violentes dans lesquelles il a été interpellé.
VIDÉO
(...)
Les images diffusées par la défense de la famille, réalisée par des témoins présents quai Branly, le montrent dans un premier temps en train d’essayer de filmer les forces de l’ordre qui procèdent à son contrôle. Puis, sur deux vidéos, on voit Cédric Chouviat au sol, allongé sur le ventre, plusieurs policiers sur lui. Les images permettent de distinguer les jambes du chauffeur, toujours casqué, en train de se débattre quelques secondes. « La Préfecture de Police n’a jamais évoqué ce plaquage ventral », ont rappelé les avocats de la famille, qui ont dénoncé les nombreuses « incohérences » de « la communication vaseuse de la Préfecture de Police » et « le risque létal de ce type de plaquage ventral » – une technique d’immobilisation dénoncée par Amnesty international.
Le Monde avec AFP.Publié le 05 juin 2020 à 12h15 - Mis à jour le 05 juin 2020 à 21h01.
(7) Frédéric Lordon, La pompe à phynance, blog hébergé par Le Monde diplomatique, le 2 juin 2020.
[NOTE POSTÉRIEURE : le dernier est bon aussi, il s'intitule Clusters et il date du 5 juin 2020 ; il arrive que je n'avais pas eu le temps de le lire au moment de la rédaction de ce billet]
Quant au...
Site de Rebellyon :
(Je me permets de reproduire ci-dessous cette information dans toute son intégralité à cause de son importance. Cliquez ci-après pour accéder à sa SOURCE)
Meurtres et mensonges d’État : la police française a tué au moins 12 personnes durant le confinement
|
Durant ces 2
mois de confinement, si un certain nombre de violences policières ont pu
être dénoncées grâce aux images et aux révoltes dans les quartiers
populaires et mises en lumière dans les médias, les morts liées aux
interventions de la police sont restées dans l’angle mort. Malgré un
article publié le 20 avril sur cette situation, largement relayé et suivi de tribune,
aucun média national n’a titré sur ces morts. À la fin de ce
confinement, ce sont 12 personnes qui sont mortes à cause de la police. À
ce rythme, personne ne peut continuer à parler de bavures isolées. Ils
s’agit de meurtres systémiques validés par l’État français.
Le macabre bilan
5 personnes mortes dans un commissariat
3 personnes mortes suite à des tirs à balles réelles
2 personnes mortes suite à une poursuite routière
2 personnes mortes en sautant dans le vide
Liste des morts et contre-analyse de leurs traitements par la presse
Le 4 avril à Toulouse :
Jimmy Boyer, 47 ans, est tué par balle dans le quartier Soupetard de
Toulouse. La police aurait été appelée pour un différent conjugal. Un
premier équipage est arrivé sur place suite à l’appel et aurait enjoint
l’homme à quitter le lieu. L’homme, apparemment alcoolisé, aurait fait
durer en rassemblant ses affaires. Un deuxième équipage a ensuite été
appelé. Les policiers affirment que l’homme se serait précipité sur l’un
d’eux avec un couteau, et que ce dernier aurait riposté en lui tirant
dessus, le blessant mortellement à l’abdomen. La police parle de
légitime défense. Sa femme, elle, affirme que ce n’est pas le policier
incriminé qui a tiré mais un autre, et que le couteau ne se trouvait pas
dans les mains de son mari mais sur la table. Le Procureur de la
république a répondu que les flics étaient formels et que la femme se
trompait et vu l’angle n’avait pas pu voir directement la scène,
l’enquête est close pour lui. Pour la femme de Jimmy, ce meurtre ne sera
jamais clos [1].
Le 8 avril à Béziers :
Mohammed Gabsi, 33 ans, est mort au commissariat de Béziers vers 23h30
le mercredi 8 avril, après son interpellation par la police municipale
pour “non respect du couvre-feu”. Ce n’est pas une des armes à feu dont
est équipée la police municipale de Béziers qui l’a tué, mais sans doute
une “technique d’immobilisation”. Au moins l’un des agents s’est assis
sur l’homme allongé à plat ventre et menotté dans la voiture. La presse
insiste dès le lendemain sur le caractère instable de l’homme, qui
serait un SDF... Bien qu’elle semble
difficilement prouvable faute de témoin, la vérité semble simple : les
flics l’ont tué par étouffement en s’asseyant sur lui. [2]
Le 10 avril à Cambrai :
Les flics veulent arrêter deux hommes qui, pris de panique - car dehors
sans autorisation de sortie - prennent la fuite. Les flics les prennent
en chasse, puis en pleine ligne droite la voiture part en tonneau au
milieu de la route... pas de caméra, pas de témoin, on ne saura sans
doute jamais ce qu’il s’est passé. Pourtant faire un tonneau au milieu
d’une ligne droite sans aucun obstacle ne semble que peut probable. [3]
Le 10 avril à Angoulême :
Même scénario : Boris, 28 ans, est intercepté par les flics, sûrement
lui aussi sans autorisation de sortie. Il prend la fuite et, pris de
panique, stoppe sa voiture au milieu d’un pont et saute dans l’eau. Il
n’en ressortira pas vivant. On ne saura là encore sûrement jamais ce
qu’il s’est passé, faute de témoin. Entre se soumettre à un contrôle
censé être "routinier" et sauter d’un pont, certains font donc le choix
de sauter... Ce constat en dit long sur l’état de confiance de la
population envers la police [4].
Le 10 avril à Sorgues :
Un homme de 49 ans est arrêté pour une rixe avec son colocataire au
cours d’une soirée alcoolisée. Légèrement blessés, les deux hommes sont
d’abord transportés à l’hôpital puis emmenés à la brigade de gendarmerie
de Sorgues pour y être entendus. Ils auraient ensuite été placés en
cellule de dégrisement avec une audition prévue le lendemain. Pendant la
nuit, à deux et cinq heures du matin, les deux hommes auraient réagi au
passage des gendarmes lorsque ceux-ci ont effectué leur ronde. Les
gendarmes affirment qu’ils auraient trouvé l’homme décédé dans sa
cellule vers 9 heures, au moment de venir le chercher pour procéder à
son audition. La police affirme aussi qu’il serait mort de cause
“naturelle”, sans aucun témoin pour confirmer ou infirmer cette version [5].
Le 15 avril à Rouen :
Un homme, âgé de 60 ans, est décédé en garde à vue dans la nuit du mardi
au mercredi 15 avril, au commissariat de police de Rouen. Le
sexagénaire avait été placé en garde à vue la veille en fin de journée,
pour une conduite sous l’emprise de l’alcool. Vers 5h, alors qu’il était
extrait de sa cellule pour être entendu, il fait un "malaise". Malgré
les tentatives de réanimation, il décède. Selon la police, les causes de
sa mort ne sont pas encore connues. Comme bien souvent, avec des
policiers comme seuls témoins, il sera bien difficile d’imputer une
quelconque responsabilité à ses geôliers ou aux conditions de détention. [6]
Le 15 avril à la Courneuve (93) :
Un jeune de 25 ans est aperçu par des flics à cheval dans le parc de La
Courneuve (qui est fermé pour cause de confinement). Ils s’approchent de
lui et, selon eux, le voient tenir un couteau. Le jeune aurait alors
attaqué un des chevaux, suite à quoi les flics auraient pris la fuite
avant de prévenir leurs potes à vélo, qui l’encerclent un peu plus loin.
Selon eux, l’individu se serait jeté sur eux et les flics n’auraient eu
d’autres choix que de lui tirer 5 balles dont 3 en pleine tête... Comme
d’habitude avec les flics, on ne comprend pas comment 3 personnes
entraînées et armées avec des lacrymos et taser en viennent à tuer
quelqu’un de plusieurs balles... Bien sûr les journaux ont titré sur le
fait que le jeune était afghan, tout en précisant à la marge que sa
situation était parfaitement en règle. Certains retiendront que les
flics ont fait leur boulot... Nous retiendrons que les flics ont encore
tué quelqu’un de 5 balles parfaitement ajustées, non pour désarmer mais
pour tuer. [7]
Le 28 avril à Clermont-Ferrand :
Après avoir tenté d’esquiver un contrôle de police, un adolescent de 14
ans au volant de la voiture d’une amie aurait perdu le contrôle du
véhicule en raison d’un dos-d’âne et se serait encastré dans une
devanture de magasin et serait mort sur le coup. Le passager, âgé de 17
ans, a été légèrement blessé. Mais la police est-elle entrée sur le
parking ? Surveillait-elle les jeunes depuis longtemps ? A-t-elle mit son gyrophare ?
Selon le Proc’ les flics se sont rendu compte dès le départ qu’il
s’agissait d’ados au volant. Dans ce cas, le fait d’engager une
poursuite était-il vraiment approprié ? Les conducteurs de la voiture étaient-ils en état d’ébriété ? Pourquoi ont-ils tourné en pleine ligne droite ? Le Proc dit que le conducteur aurait paniqué. Mais qu’est-ce qui l’a fait paniquer à cet endroit précis plutôt que 100m avant ?
Des questions, il y en a en réalité beaucoup, et il ne fait nul doute
que, comme d’habitude, la famille n’aura jamais toutes les réponses. [8]
Le 29 avril à Albi :
Le 28 avril, vers 18h30, un quadragénaire est arrêté par les flics alors
qu’il serait complètement ivre. Les flics le conduisent aux urgences où
un certificat de non-admission est délivré. Au lieu de le ramener chez
lui ou dans un foyer hébergement, les agents le balancent alors en
cellule de dégrisement. Dans la nuit, il aurait été découvert « inconscient »
dans sa cellule de dégrisement à l’occasion d’une ronde et n’a pas pu
être réanimé par les secours. Le Proc du Tarn a indiqué quelques heures
plus tard dans un communiqué qu’une enquête a été ouverte visant à la « recherche des causes de la mort »,
et que les images de vidéosurveillance de la cellule ont été placées
sous scellés et qu’une autopsie a été diligentée. Nulle mention par
contre de potentielles caméras dans le bureau des policiers pour
vérifier s’ils regardaient les caméras ou s’ils étaient en train de
regarder une vidéo de chat sur Instagram pendant ce temps-là. Et si les
caméras montrent quelque chose, nul doute que comme d’habitude, elles
seront en panne... [9]
Le 1er mai à Saint-Denis :
Romain B., 30 ans, a été interpellé en état d’ivresse dans la rue. Il a
été conduit dans la foulée au commissariat et admis en cellule de
dégrisement, son état ne permettant pas un placement en garde à vue. Ne
se sentant pas bien, il aurait été consulté par un médecin, qui aurait
délivré à 18h55 un certificat de non-admission. Il serait finalement
mort dans la nuit vers 1h30. Les premiers actes de l’enquête sont
confiés aux mêmes policiers du commissariat de Saint Denis où la victime
est morte. La famille n’a été informée que 48h après sa mort. Les
informations transmises ont déjà changé 2 fois depuis le début. Dans
quelles circonstances s’est passée l’interpellation de Romain ? Peut-on attester qu’elle s’est déroulée sans altercation ou sans violences de la part des policiers ? Y a-t-il des témoins ? Romain a-t-il été réellement transporté à l’hôpital dans un premier temps ? Le cas échéant, pour quelle raison ? Romain a-t-il été réellement placé en garde-à-vue (ou en dégrisement) ? Le cas échéant, pour quel motif, le “tapage” étant un délit contraventionnel ne justifiant pas un placement en GAV ? Romain est-il mort en cellule sans que personne ne s’en aperçoive ? Le cas échéant, peut-on établir s’il a tenté d’appeler à l’aide alors qu’il se sentait mal en cellule ? Ou était la police à 1h30 ? Toutes ces questions restent pour l’instant sans réponse. [10]
Le 7 mai à Grenoble :
Les policiers de la brigade spécialisée de terrain (BST)
interviennent en tout début d’après-midi, au 54 avenue de Constantine à
Grenoble à la demande du bailleur social qui gère cet immeuble, pour
vérifier qu’un des logements était illégalement occupé. Les deux
occupants flippent et tentent de s’échapper en descendant sur le balcon
d’en dessous. L’un d’eux chute du treizième étage et meurt sur le coup.
Pour rappel, la trêve hivernale qui interdit toutes les expulsions
locatives a été prolongée deux fois depuis le début du confinement et
court désormais jusqu’au mois de juillet. Le bailleur aurait dû
simplement envoyer un huissier de justice pour constater l’occupation
puis demander par voie de justice une expulsion locative à la fin de la
trêve hivernale. Oui mais voilà : pourquoi payer un huissier de justice
quand on peut envoyer des cow-boys gratuitement. Comment s’est déroulée
exactement cette intervention ? Nous ne le
saurons jamais, par contre le casier judiciaire de la victime fuitait
dans la presse avant même toute autopsie. Une seule chose est sûre, sans
intervention des flics, personne n’aurait sauté par la fenêtre. [11]
Le 10 mai vers Bordeaux :
Au nord de Bordeaux, dans le petit village de Saint-Christoly-Médoc vers
6h30 un homme de 53 ans, alcoolisé, serait allé sans motif apparent
agresser et blesser avec un couteau un voisin. À l’arrivée des
gendarmes, l’homme armé d’un fusil a tiré à plusieurs reprises en
direction des militaires, blessant « très légèrement »
l’un d’entre eux, a-t-on précisé de source proche de l’enquête. Les
flics ont riposté et se sont mis à l’abri, avant que le forcené ne se
retranche dans sa maison. Le GIGN est appelé.
Vers 14 h 15, alors que l’homme apparaissait à sa fenêtre et s’apprêtait
à tirer une nouvelle fois, avec un fusil à lunette, un gendarme du GIGN a procédé à un « tir de neutralisation ».
L’homme n’a pas pu être ranimé malgré les efforts des secours, et est
décédé sur place. Deux enquêtes ont été ouvertes, a indiqué le parquet :
l’une pour violence avec arme [sur le voisin] et tentative de meurtre
sur personne dépositaire de l’autorité publique, et l’autre sur
l’intervention du GIGN, confiée au Bureau des
enquêtes judiciaires de la gendarmerie. Oui mais voila, les journaux
parlent de "sources concordantes" sauf que les seuls présent était bien
les gendarmes et le GIGN. Sachant que ce sont les gendarmes qui vont enquêter sur le GIGN
on se demande bien où est la neutralité dans l’enquête. Surtout, se
pose cette éternelle question avec concernat la Police Française :
comment l’une des polices les mieux formées du monde, avec des tireurs
d’élites appuyés par des forces de gendarmerie ayant bouclé tout un
village pendant 6h, n’arrive pas à arrêter sans tuer un quinquagénaire
alcoolique retranché avec un fusil de chasse ? Pourquoi ne pas attendre qu’il n’ait plus de munitions ? Pourquoi ne pas balancer de tas de lacrymo dans la maison ? Pourquoi faut il toujours que la police tue ? [12]
La question de la preuve
Les 12 affaires évoquées ci-dessus ont un plusieurs points communs : pas de preuve, pas de témoins, pas d’enquête journalistique.
Globalement c’est le cas dans la majorité des affaires de morts liées
à la police. Les flics enquêtent sur eux-mêmes avec des preuves qu’ils
apportent eux-mêmes et la presse recrache les communiqués de la
préfecture ou du procureur comme s’ils étaient irréfutables. Pas même
d’enquête de voisinage bidon dans la presse locale en mode "oui c’était
un voisin sympathique on ne pensait pas que ça arriverait". Non juste du
copier/coller indécent.
Si les familles de victimes ne se mobilisent pas, l’affaire s’arrête
là. Si elles se mobilisent, on cherche par tous les moyens à ressortir
en toute illégalité des affaires sur la victime qui devient forcément
"délinquant·e", donc coupable.
Et même quand, dans de rares cas, des témoins sont présent·es, iels
ne sont pas écouté·es. Quand des experts internationaux sont diligentés
par les familles [13]et
publient des rapports incontestables montrant que les experts de la
police se sont trompés, les juges refusent de lire les dossiers.
La preuve quand elle n’est pas apportée par la police elle-même n’a
aucune valeur. Dans ce cas comment prouver que la police cache ses
meurtres ? Pourquoi les enquêtes et les procès durent-ils toujours 10 ans si les flics sont si innocents ? Des exaction en Algérie Française à aujourd’hui en passant
par le massacre du 17 octobre 1961 à Paris, les violences et meurtres
policiers n’ont pas changé. Les violences et meurtres policiers n’ont
rien d’accidentel, il n’existe pas de bavure. Il s’agit d’un
fonctionnement normal et rationnel produit et régulé par l’État.
Pour adoucir nos confinements, voici un projet intéressant où l'on peut participer ; on pourrait l'appeler l'Écoutothèque de nos Paysages. Vous pouvez juste écouter les paysages décrits ou enregistrer et envoyer vos propres récits souvenirs.
Je vous en colle ci-dessous l'idée et les principes.
DES PAYSAGES INCORPORÉS
En ces temps de confinement, les notions de lieux, de dedans et de dehors, de corps et de mouvement résonnent
différemment...mais le désir "d'aller vers" un ailleurs, qu'il soit
géographique, social, politique ou autre, nous met, de fait, en
mouvement, par la pensée, l'imagination...
Dans
l'intention de soutenir ce mouvement intérieur, de rester en éveil et
d'apporter un peu d'horizon dans une période sédentaire faite de
bouleversements RADIO Horizons-Paysagesrécolte des récits enregistrés réalisés à partir des questions suivantes et posées à plusieurs personnes :
Y'a-t-il un paysage dont vous vous souvenez, dont vous avez fait l'expérience,
et qui s'est déposé dans votre mémoire ?
Un paysage que vous auriez particulièrement apprécié, un lieu que vous aimez re-convoquer en vous ?
Pourriez-vous en faire une description afin de le partager et de le donner à voir, à imaginer, à d'autres ?
Quels sont les paysages que l'on porte en soi et qui nous constituent ?Ces
paysages qui sont passés par le filtre de notre perception et dont
l'existence se situe alors seulement dans notre souvenir et imaginaire,
ces paysages qui ont même parfois disparu pour nous-mêmes et qui sont
enfouis sous des couches d'autres images, d'autres vécus... il s'agit
d'en dé-couvrir les vestiges, bribes, fragments, traces, un peu comme
une recherche archéologique, afin de donner forme concrètement à ces
"images" que chacun.e.s porte en soi, de les rassembler, de créer un
corpus commun, pour créer une bibliothèque de nos paysages, que nous viendrions nourrir tou.te.s ensemble par un geste collectif, ce mouvement d'ensemble.
Ces
paysages pourront alors circuler jusque dans d'autres imaginaires, à
travers les voix, à travers les ondes...et permettre de partager une expérience-pratique de déplacement,
alors que nous sommes contraints à une certaine sédentarité, en
proposant un mouvement, un voyage, une évasion, à partir de soi, de nos
endroits investis au présent et en direction d'autres, auditeurs/trices.
N.B.: Ce projet se situe dans le prolongement de l'installation audio "Récolter Paysages" réalisée en 2011 dans la Drôme. Il a été réactivé sous une autre forme au moment de la période de confinement en Avril 2020.
Voici une longue analyse en la matière, prenant en considération presque toutes les approches possibles en la matière. Le fil que je vous présente ici est le résultat d'un boulot minutieux, touffu et bourré de conseils pertinents, bref, à ne pas négliger.
Organisé en petites pilules informatives ou courtes réflexions, remarques ou questions (en fait, des tweets), il insère des vidéos, infographies, citations et autres références que vous pourrez consulter aussi au fur et à mesure de vos besoins.
Le Premier Mai n'est pas pour moi la fête du travail —ni du travail ni du télétravail, nous rappellent Les Mutins de Pangée dans un courriel—, mais la fête où les travailleurs peuvent penser à leurs luttes du passé et à leur réalité d'aujourd'hui. Le travail n'est pas à revendiquer, loin de là. C'est une autre société, une autre manière de vivre qu'il nous faut, d'autres valeurs, d'autres rapports.
Connaître l'histoire devrait nous aider à mieux réfléchir là-dessus, et grâce à Daniel Mermet et son site d'information et de débat Là-bas si j'y suis, ancienne émission de radio sur France Inter, nous disposons d'enregistrements audio et vidéo en français pour connaître celle très anarchiste du 1er Mai. À ce sujet, n'hésitez pas à visiter le site de Là-bas.
L’appel à la grève générale du 1er mai 1886 pour la journée de travail de 8 heures, lancé par l’American Federation of Labor, fut largement suivi : il y eut 350.000 grévistes dans tout le pays.
À la grande usine de matériel agricole McCormick Reaper Works, à Chicago, August Spies, militant anarchiste, fut le dernier à prendre la parole devant la foule des manifestants. Au moment où celle-ci se dispersait, 200 policiers firent irruption et chargèrent les ouvriers. Il y eut un mort et une dizaine de blessés. Spies lança alors un appel à un rassemblement de protestation contre la violence policière, qui se tiendrait le 4 mai. Ce rassemblement se voulait pacifiste, mais une autre exhortation invitait les prolétaires à venir armés dans un seul but d’autodéfense. Albert Parsons avait imprimé le tract mais Spies s’opposa à sa diffusion. Parsons était l’un des meilleurs orateurs en anglais du Parti des Travailleurs ; il avait été renvoyé du Times de Chicago l’été 1877.
Le massacre de Haymarket Square survint le soir du 4 mai 1886, après un meeting tranquille. À la fin de la manif, la police chargea inopinément, puis une explosion à la dynamite retentit : 66 policiers furent blessés, dont 7 mourraient. Nouveau sale boulot de l’agence de détectives privés Pinkerton, véritable milice patronale ? La réaction de la police entraîna beaucoup de morts et 200 blessés parmi les travailleurs.
À la suite des ces événements, la police arrêta, sans preuves, 8 dirigeants anarchistes organisateurs de la concentration —qui n’étaient pas allés à Haymarket ce jour-là, à l’exception de Samuel Fielden, l’orateur qui parlait lors de l’explosion de la bombe.
Ces 8 syndicalistes furent condamnés à mort, sentence qui provoqua un tollé international ; il y eut des réactions en France, aux Pays Bas, en Russie, en Italie et en Espagne. À Londres, George Bernard Shaw, William Morris et Pierre Kropotkine (Пётр Алексеевич Кропоткин), entre autres, soutinrent un rassemblement de protestation. Les condamnations d’Oscar Neebe, Michael Schwab et Samuel Fielden furent commuées en prison à perpétuité.
Le 10 novembre 1887, Louis Lingg se suicida dans sa cellule. C’était la veille de leur exécution. Les 4 autres condamnés —George Engel, August Spies, Albert Parsons et Adolf Fischer— furent pendus le 11 novembre 1887. Le Chicago Mail, fidèle au rôle traditionnel de la Presse sérieuse ou "de référence", avait condamné d’avance Parsons et Spies. Les capitaines d'industrie purent assister à la pendaison par invitation, ce qui prouve que la Police et la Justice ne sont pas de classe.
Ces lynchés par la Justice étasunienne furent réhabilités juste six ans plus tard, en 1893. August Spies avait déclaré avant d’être pendu : « The day will come when our silence will be more powerful than the voices you are throttling today. » (« Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui. »)
Le gouverneur de l'Illinois, John Peter Altgeld, déclara que le climat de répression brutale instauré depuis plus d'un an par l'officier John Bonfield était à l'origine de la tragédie :
« While some men may tamely submit to being clubbed and seeing their brothers shot down, there are some who will resent it and will nurture a spirit of hatred and seek revenge
for themselves, and the occurrences that preceded the Haymarket tragedy indicate that the bomb was thrown by some one who, instead of acting on the advice of anybody, was simply seeking personal revenge for having been clubbed, and that Capt. Bonfield is the man who is really responsible for the death of the police officers. »
« Alors que certains hommes se résignent à recevoir des coups de
matraque et voir leurs frères se faire abattre, il en est d'autres qui
se révolteront et nourriront une haine qui les poussera à se venger, et
les événements qui ont précédé la tragédie de Haymarket indiquent que la
bombe a été lancée par quelqu'un qui, de son propre chef, cherchait
simplement à se venger personnellement d'avoir été matraqué, et que le
capitaine Bonfield est le véritable responsable de la mort des agents de
police. »
L'incontournable site de Là-bas nous fournit également, entre autres contenus, cette vidéo qui montre le journaliste radiophonique et historien oralisteLouis Studs Terkel à Haymarket Square, Chicago, en mai 1996 :
Studs Terkel : « il y a 110 ans, ici même, l’histoire a été écrite »
En mai 1996, 110 ans après le massacre de Haymarket Square, le
journaliste Studs Terkel rendait hommage à la lutte des travailleurs
pour la journée de huit heures. Une églantine au poing, il concluait : « let’s keep battling », continuons le combat !
Là-bas nous suggère aussi deux lectures essentielles en la matière :
J'ai beaucoup eu recours au grand ouvrage de Howard Zinn, tout comme au film d'Azam et Mermet, pour reconstruire l'histoire du massacre de Haymarket et de la condamnation des huit boucs émissaires anarchistes. Hommage.
Mise en ligne le dimanche 26 avril 2020, voici une vidéo à visionner attentivement dans le but de mieux penser la pandémie du coronavirus. Ses sous-titres constituent une aide précieuse à la compréhension pour ceux qui auraient encore des difficultés dans cette compétence en français.
C'est une élaboration réalisée et produite par les membres et proches du séminaire Politiques des Sciences (Politique des Sciences, Un regard critique sur les réformes de l'enseignement supérieur et la recherche).
Le déconfinement relève d’une décision politique. Cette décision, en démocratie, doit pouvoir être prise après un débat contradictoire. Elle doit se fonder sur la compréhension des phénomènes épidémiques par les sciences, toutes les sciences : virologie, épidémiologie et infectiologie, mais aussi sciences humaines et sociales. Si l’on pense aux errements politiques qui ont conduit au confinement pour tous au même moment et aux conséquences économiques, sociales, individuelles d’un tel choix, encore difficiles à mesurer, si l’on observe que suivre l’expérience chinoise signifierait pour la France un déconfinement entre mi-juin et fin juillet, on voit l’intérêt de discuter les stratégies possibles de déconfinement en mobilisant des disciplines et des savoirs complémentaires.
Documents et références cités par Politique des Sciences que je me suis permis de réviser pour vous en élaborer une présentation :
Pascal Marichalar, Savoir et prévoir. Première chronologie de l’émergence du Covid-19, le 25 mars 2020. Que pouvait-on savoir et prévoir de l’actuelle pandémie et de son arrivée sur le territoire français ? Premiers éléments de réponse à partir d’un corpus bien défini : le très réputé magazine « Science », et les déclarations de l’OMS depuis fin décembre 2019. Voir ici et là.
Maître Pandaï : « Avant les commissions d'enquête et les procès, examinons dès à présent les responsabilités de l'exécutif dans la désastreuse gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19. » Le 29 mars 2020. L'Humanité : Pour vous faire votre opinion, l'Humanité.fr confronte les déclarations des autorités sanitaires (en particulier de l'Organisation mondiale de la santé) et celles des responsables gouvernementaux. Depuis le début de la crise... voire quelques mois auparavant. Découvrez notre rétrospective des dates et événements clés dans la propagation du coronavirus et les réponses qui y ont été apportées.
François Bonnet, Covid-19: chronologie d’une débâcle française, Mediapart, 11/04/2020. Comment le pouvoir français apprend-il l’émergence d’une épidémie devenue pandémie ? Comment a-t-il réagi, englouti qu’il était dans la réforme des retraites et les municipales ? Comment s’est-il préparé ? Éléments de réponse en dates.
Ce
texte est amené à être modifié, enrichi et éventuellement corrigé
régulièrement au fur et à mesure des nouveaux éléments. Nous espérons
qu’il vous sera instructif voire utile.
Les regrets d'Agnès Buzyn : « Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au
coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La
dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai
vécu cette campagne de manière dissociée. »
Corinne Bensimon, 1968, la planète grippée, Libération, le 7 décembre 2005.
Un an après être partie de Hongkong, la grippe fait, en deux mois, 31 226 morts en France, deux fois plus que la canicule de 2003. A l'époque, ni les médias ni les pouvoirs publics ne s'en étaient émus. Alors que la propagation de la grippe aviaire inquiète, retour sur cette première pandémie de l'ère moderne.
Le Théâtre National de La Colline a été fondé en 1988 et implanté dans 20ᵉ arrondissement
de Paris (15 Rue Malte-Brun) et c'est l'un des six théâtres nationaux français avec la Comédie-Française,
le Théâtre de l'Odéon, le Théâtre national de Chaillot, le Théâtre
national de l'Opéra-Comique et le Théâtre national de Strasbourg.
Il est dirigé depuis le 6 avril 2016 par l'auteur et metteur en scène libano-québécois Wajdi Mouawad [(1968-) Cf. ici, ici et là]. En savoir plus. Dédié à la création théâtrale contemporaine, le projet
de Mouawad prône l'hospitalité et
l'ouverture à la jeunesse.
Grâce à Mat, toujours alerte, j'ai eu vent du Journal de Confinement de Wajdi, qui intègre la rubrique Les Poissons Pilotes de La Colline. Ce sont des documents audio correspondant à chaque journée de confinement à compter du Jour 1: le 16 mars 2020. Je me figure que l'auteur pourrait en dire Ce sont des lectures qui parlent de la tentative de rester humain dans un confinement forcé. Il les introduit ainsi :
Nous
ne pouvons plus ni nous voir, et encore moins entrer en contact
physique les uns avec les autres, alors l’esprit prend ici toute sa
puissance. Penser aux autres, avoir en tête le souci, l’inquiétude des
autres, c’est là un travail purement spirituel. C’est donc, dans ce
malheur et cette tristesse, une possibilité de renouer avec cette
puissance. C’est, précisément, cette capacité à penser aux amis, penser
aux lieux secrets, aux paysages qui nous ont touchés, qui a permis
souvent à tant de gens de tenir dans les moments difficiles. Nous, en
plus de la pensée, nous avons cet outil merveilleux, le net, pour
pouvoir le faire savoir à ceux et celles vers qui notre pensée est
tournée.
Si, aujourd’hui, l’essentiel est que le service public des soins puisse
aider tous ceux qui en ont besoin, si le plus important sont les
hôpitaux, les médecins et les aides-soignants ; que peuvent et doivent
faire les artistes ? Si la santé est aujourd’hui le grand requin blanc
se battant contre la maladie, qui sont alors les petits poissons pilotes
qui accompagnent les squales ? Nous sommes peut-être ces petits
poissons pilotes… Comment la poésie peut-elle soigner ? Et comment
peut-elle le faire lorsqu’il n’est plus possible de sortir de chez soi ?
À cette question, il y a quantité de réponses joyeuses que l’équipe de
La Colline invente et vous propose dès aujourd’hui et jusqu’à nouvel
ordre.
Wajdi Mouawad
Ensuite, en bas à gauche de la toile, l'on dispose d'une nouvelle introduction aux fichiers audio à proprement parler :
Wajdi Mouawad, directeur de La Colline vous donne rendez-vous du lundi
au vendredi à 11h pour un épisode sonore inédit de son journal de
confinement, de sa propre expérience à ses errances poétiques : Une
parole d'humain confiné à humain confiné. Une fois par jour des mots
comme des fenêtres pour fendre la brutalité de cet horizon.(Nota bene : Il n'existe pas d'enregistrement datant du vendredi 20 mars.)
Lien renvoyant à l'enregistrement d'aujourd'hui lundi 13 avril. Aujourd'hui... les Espagnols doivent se rendre au boulot en métro, RER, bus, etc, alors que samedi, ils se faisaient verbaliser pour assister aux funérailles de leurs grands-mères, par exemple.
Pour conclure, sachez que Mouawad et La Colline vous proposent encore une autre section...
Nos corps contraints, profitons-en pour tisser un lien privilégié
entre nous. Depuis lundi 23 mars et jusqu’à la fin du confinement, les
artistes amis de La Colline proposent d’appeler chaque personne
intéressée pour lui faire lecture de poésie, de théâtre, de littérature
ou lui interpréter un extrait musical, quelques minutes ou plus…
Les 180 artistes engagés dans cette initiative sont tous bénévoles et
très investis pour faire de ces petits instants de théâtre murmurés de
vrais rendez-vous artistiques. Nous comptons donc sur vous pour profiter
pleinement de cette expérience inédite : notez bien dans votre agenda
le créneau entier que vous avez réservé pour être sûr d’avoir votre
téléphone disponible à portée de main, vous-même confortablement
installé dans un endroit calme et propice à l’écoute au moment où
l’artiste vous offrira ce temps suspendu et privilégié de poésie, et
prévenez-nous si un imprévu venait à ne pas réunir ces conditions ! Et
si vous inscrivez une autre personne, prévenez-la de se tenir prête et
de s’engager dans le même sens…
Si cet instant au creux de l’oreille vous séduit, complétez ce formulaire en veillant bien à la conformité de votre numéro de téléphone et votre adresse mail.
du lundi au vendredi, de 16h à 19h ou de 19h à 21h